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Denys d'Halicarnasse: Opuscules rhétoriques. Tome II: Démosthène PDF

310 Pages·2002·4.328 MB·French
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COLLECTION DES UNIVERSITÉS DE FRANCE publiée sous le patronage de l'ASSOClATION GUILLAUME BUDÉ DENÏS D'HALICARNASSE OPUSCULES RHÉTORIQUES TOME II DÉMOSTHÈNE TEXTE ÉTABLI ET TRADUIT PAR GERMAINE AUJAC /Professeur à Γ Université de Toulouse - Le Mirad Deuxième tirage PARIS LES BELLES LETTRES 2002 Conformément aux statuts de Γ Association Guilfoume Bude, ce volume a été soumis à Vapprobation de la commission technique, qui a chargé M. Jacques Bompaire d en faire la révision et den surveiller la œneciion en collaboration avec Mlle Germauie Aujac Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous les pays. © 2002. Société d'édition Les Belles Lettres 95 boulevard Raspati 75006 Paris www. lesbellesleitres.com Première édition 1988 ISBN : 2-251-00395-9 ISSN : 0184-7155 v DÉMOSTHÈNE NOTICE Le traité consacré à Démosthène par Denys d'Halicar- nasse, Tun des plus complexes, sinon le plus complexe de ceux qui ont été conservés, a suscité bien des contro­ verses entre les critiques, désireux d'en dater la rédaction et d'en expliquer les contradictions internes1. Mutilé du début, ce qui nous prive de son titre, déparé par de nombreuses et importantes lacunes, il pose en effet beaucoup de questions, d'ensemble ou de détail, auxquelles il n'est pas toujours facile de donner des réponses sûres. Pourtant la démonstration faite par P. Costil dans son Esthétique littéraire de Denys ďHali- carnasse, essai de classement des opuscules (Paris, 1949), paraît à la fois cohérente et convaincante : elle permet de résoudre un certain nombre de difficultés. Pour P. Costil en effet, dont nous adoptons les vues, le Démosthène dans sa première partie (jusqu'au chapitre 33) aurait été rédigé très peu de temps après les Orateurs Antiques, conformément à l'intention 1. Sur la chronologie des opuscules, cf. par exemple S. F. Bonner, The literary Treatises of Dionysius of Halicarnassus, Cambridge, 1939 (repr. Amsterdam 1969) ; E. Kalinka, Wiener Studien, 43, 1922-23, p. 157-168 et 44, 1924-25, p. 48-68; С Pavano, « Sulla cronologia degle scritti retorici di D. d'A. », Atti della R. Accademia di Scienze, Letteri e Arti di Palermo, serie IV, voi. Ili, part. II, fase. II, 1942, p. 335 sqq. ; W. Rhys Roberts, D.H. The three literary Letters, Cambridge, 1901, p. 4-7. G. Rönnet (Denys d'Halicarnasse, Sur le Style de Démosthène, introd. trad, et commentaire, Paris 1952) adopte le classement chronologique proposé par P. Costil. Cf. aussi t. I, p. 22 sqq. 8 NOTICE exprimée par Denys en IV, 20, 7, de rassembler en un tome II trois opuscules analogues à ceux du tome I, et consacrés successivement à Démosthène, Hypéride et Eschine1. Calqué sur le modèle utilisé dans le tome I, le traité sur Démosthène aurait donc dû comprendre d'abord une étude sur la forme, puis une étude sur le fond. Conformément à ce plan, Denys a commencé par rédiger l'étude sur la lexis de Démosthène, en se référant à la théorie des ς2ερήτκαραχ : Démosthène y est considéré comme Tun des meilleurs représentants du style mixte. Mais, pris par le temps, effrayé peut-être aussi par la lourde tâche que constituerait l'étude du ός κιταμγαρπ ος πότ chez un auteur aussi divers que Démosthène, Denys a probablement préféré en remettre à plus tard la rédaction, et livrer tout de suite à ses amis l'étude sur la lexis qui pouvait se suffire à elle- même. Absorbé ensuite par d'autres tâches, la prépara­ tion de son ouvrage historique, la rédaction d'autres opuscules, en particulier la réponse à Pompée Géminos qui lui avait fait part de l'étonnement éprouvé par certains lecteurs devant la vivacité des critiques adressées à Platon dans ce traité sur la lexis de Démosthène, il n'a jamais dû avoir le loisir (ou peut-être ne sentait-il plus la nécessité) de compléter l'opuscule sur Démosthène par une analyse du fond. Puis vint le tournant constitué par la rédaction du traité sur La Composition stylistique (= D.C.V.). Aux 1. Les opuscules annoncés sur Hypéride et Eschine n'ont vraisemblablement pas été composés. Mais le Rhéteur Anonyme (cf. infra, p. 40) semble considérer que le traité sur Hypéride a réellement vu le jour. Peut-être a-t-il confondu cet auteur avec Ieée qu'il ne nomme pas, bien qu'il enumere, dans le désordre, les traités sur « Lysias, Démosthène, Isocrate, Hypéride, Thu­ cydide ». 2. Pour les Caractères de style, classification d'origine théo- phrastienne, cf. J. D. Meerwaldt, Studia ad generum dicendi historiom pertinentia, Pars I, De Diony siana virtutum et generum dicendi doctrina, Amsterdam, 1920, et plus récemment, F. Quadl- bauer, « Die genera dicendi bis Plinius d.j. », Wiener Studien, 71, 1958, p. 55-111. NOTICE 9 ες ρήτκαραχ ως εξέλ qui avaient jusque là guidé sa classification des styles, Denys, par une innovation hardie (ou qu'il présente comme telle, cf. VI, 1,9), substitue les harmonies ou syntheseis, insistant désormais sur la valeur sonore des textes littéraires, prose ou vers, comme élément décisif de différenciation. D'où une répartition nouvelle des auteurs, en fonction des harmonies utilisées ; Démosthène y est aussi considéré comme Tun des meilleurs représentants de l'harmonie moyenne. Gomme le D.C.V. ne donnait qu'une descrip­ tion très sommaire, et parfois insuffisante, de l'harmonie moyenne, Denys va profiter d'un moment de loisir pour étudier cette harmonie moyenne sur un exemple précis, celui de Démosthène, ce qui lui permet en outre de compléter ou de rectifier sur certains points douteux la théorie précédemment exposée. Il est probable que le Démosthène II, du chapitre 35 к la fin, est Tun des derniers écrits rhétoriques de Denys ; il n'a jamais pourtant circulé seul ; Denys Га joint, dès sa rédaction, à l'opuscule précédemment consacré à la lexis démosthénienne. La juxtaposition de ces deux écrits, liés ensemble par un chapitre 34 composé probablement bien antérieurement au Démosthène II, montre à l'évidence le chemin parcouru par Denys et l'évolution de sa doctrine. Inutile de vouloir rendre cohérent ce qui ne l'est pas : les jugements de Denys ont varié du Démosthène I au Démosthène II, mais il a choisi de présenter côte à côte, comme ne faisant qu'un, des analyses contradictoires sur bien des points, mais qui n'en illustrent que mieux le talent de l'orateur. I. LE PLAN DU TRAITÉ A. LE STYLE DE DÉMOSTHÈNE. Privé de son introduction (qui devait comporter une adresse à son destinataire Ammée) par la perte d'un cahier dans l'archétype, le Démosthène commence abruptement dans le cours d'un extrait de Thucydide, 10 NOTICE exemple typique de style élevé. Il est probable que, dans les premières pages, Denys annonçait son intention de décrire les différents types de style, en donnant pour chacun des exemples empruntés aux auteurs les plus caractéristiques, afin de montrer que Démosthène avait pratiqué chacun de ces styles avec plus de talent que quiconque. 1) Les trois types de style: Denys présentait donc d'abord dans un premier chapitre le style élevé, dont l'initiateur pouvait être Gorgias1, et le meilleur représentant Thucydide. L'extrait de VOraison funèbre de Gorgias transmis par Syrianus devait servir de première illustration pour ce style, la seconde étant constituée par l'extrait de Thucydide par lequel débutent les manuscrits. A ce style insolite et recherché, s'oppose le style simple ou uni, le plus couramment utilisé ; Denys le décrit très brièvement (V, 2) parce que, son meilleur représentant étant Lysias, les traits principaux de ce mode d'écriture venaient d'être longuement analysés dans l'étude récente consacrée à cet auteur. Entre les deux, fait de mélange ou d'alternance, se situe le style mixte (V, 3) dont l'initiateur fut probable­ ment Thrasymaque2, et les bons représentants Isocrate et Platon. Pour illustrer son propos, Denys cite un extrait de Thrasymaque, évoque les analyses qu'il avait déjà consacrées, dans l'opuscule portant sur cet auteur, au style d'Isocrate (V, 4), puis présente avec quelque causticité les qualités et les défauts de l'expression chez Platon, à qui il reproche un usage excessif du style 1. Cf. II, 3, 5 où Denys indique, d'après Timée, que c'est à Gorgias que l'on doit l'engouement des Athéniens pour le style poétique et figuré, utilisé par la suite par Thucydide. 2. Sur le style de Thrasymaque, cf. par exemple, H. G. Go to ft, "Thrasymachus of Chalcedon and Ciceronian style", С Ph. 75, 1980, p. 297-311. Les rapports entre Thrasymaque, Théophraste et Denys sont examinés par G. M. A. Grube, A. J. .ЛР, 73, 1952, p. 251-267. NOTIGE 11 dithyrambique, citations tirées du Phèdre à иі рраГ (V, 5-7) : certains passages de Platon feraient penser à du Pindare, indique Denys qui en donne pour preuve un fragment de dithyrambe. Ces auteurs pourtant, qui ont pratiqué avec quelque bonheur le style mixte, ne soutiennent pas la compa­ raison avec Démosthène qui en est le modèle le plus accompli (V, 8). Aussi Denys, dans les chapitres suivants (V, 9-32), va-t-il s'ingénier à démontrer que Démosthène surclasse, dans chaque type de style, les auteurs qui y ont le plus brillé. 2) La supériorité de Démosthène. La démonstration n'est d'ailleurs pas conduite de façon systématique. Pour souligner la qualité du style élevé chez Démosthène, Denys cite deux exemples, l'un tiré de la Troisième Philippique, l'autre de la Midienne ; Démosthène s'y montre supérieur à Thucy­ dide, dit-il, en ce que l'orateur utilise le style élevé avec plus de retenue et d'à-propos que l'historien (V, 10), dont Denys ne cite pas de nouvel extrait. En matière de style simple en revanche (V, 11-15), Denys propose un parallèle entre deux narrations dues l'une à Lysias l'autre à Démosthène, décrivant des faits de même nature. Au Contre Tisis de Lysias, Denys oppose le Contre Conon de Démosthène pour en conclure que, mieux que Lysias, Démosthène sait allier avec beaucoup d'à-propos la grâce à l'intensité. Le style mixte, celui dans lequel excelle Démosthène, jouit d'un traitement de faveur (V, 14-32). Quelques courts exemples tirés de divers discours montrent à l'évidence et la supériorité de Démosthène et la supériorité du style mixte. Pour illustrer ces points et les fonder sur des analyses réputées objectives, Denys va comparer Démosthène aux deux meilleurs représentants après lui du style mixte, Isocrate et Platon. Un extrait du discours Sur la Paix d'Isocrate, opposant le passé au présent, est mis en parallèle avec un passage traitant le même sujet de la Troisième 12 NOTICE Olynthienne, pour la plus grande gloire de Démosthène. Puis plusieurs passages de lOraison funèbre du Ménexène, comparés à un extrait du discours Sur la Couronne, font ressortir clairement aux yeux de Denys la distance qui sépare Démosthène d'un Platon indûment adulé1. La récapitulation (V, 33), qui termine cette étude sur la lexis en rappelant le plan qui a été suivi, montre que rien d'essentiel n'a été perdu par la mutilation du début. 3) Appendice conclusif. Suit un chapitre (V, 34) qui tranche sur le reste du traité par son vocabulaire, et notamment par l'utilisa­ tion du terme stoïcien de α2μσάλπ que l'on ne trouve nulle part ailleurs dans le Démosthène. Il est probable que sa rédaction est largement postérieure à l'achève­ ment du Dèmoslhène I ; peut-être Denys avait-il encore le projet de joindre à son analyse sur la forme l'étude sur le fond qui était de règle dans les Orateurs Antiques ; il déclare en effet qu'il introduit ces réflexions « avant d'aborder ce qui lui reste à traiter dans ce qu'il avait annoncé џ (V, 33, 5). Son propos est de dégager certains traits spécifiques qui caractérisent le style de Démos­ thène quel que soit le type utilisé : élevé, simple ou mixte. En fait, dans chaque type de style, Démosthène se singularise par les qualités du genre opposé : il a de la clarté dans le style élevé, de la tension et du mordant dans le style simple, de l'à-propos et du pathétique dans le style moyen, mais par dessus tout de la conve­ nance. Ce chapitre, qui semble apporter des corrections aux développements précédents, trahit l'embarras de Denys 1. Sur la réputation littéraire de Platon dans l'Antiquité, cf. Fr. Walsdorff, Die antique Urteile über Piatons Stil, Leipzig, 1927, qui indique que Panétius rapprochait Platon d'Homère. 2. Maie ce terme est employé dans le D.C.V., VI, 4, 9, dans le De Imitat ione, IX, 3, 5 et dans la Lettre à Pompée G emi nos, XI, 4, 3, en relation à chaque fois avec l'adjectif ν.όκιρο τσΙ

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