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Denys d'Halicarnasse: Opuscules rhétoriques. Tome I: Les Orateurs antiques PDF

315 Pages·2002·4.601 MB·French
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COLLECTION DES UNIVERSITÉS DE FRANCE publiée sous le patronage de l'ASSOCIATION GUILLAUME BUDÉ DENYS D'HALICARNASSE OPUSCULES RHÉTORIQUES TOMEI LES ORATEURS ANTIQUES TEXTE ÉTABLI ET TRADUIT PAR GERMAINE AUJAC Professeur à l'Université de Toulouse · L· Mirad Deuxième tirage PARIS LES BELLES LETTRES 2002 Conformément aux statuts de VAssociation Guilfaume Bude, ce volume a été soumis à l'approbation de la commission technique, qui a chargé M. Jacques Bompaire d'en faire la révision et d'en surveiller la correction en collaboration avec Mlle Germaine Aujac. Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous les pays. © 2002. Société ďédition Les Belles Lettres 95 boulevard Raspati, 75006 Paris wtvw.lesbelleslettres. com Première édition 1978 ISBN : 2-251-00094-1 ISSN : 0184-7155 AVANT-PROPOS L'édition des Opuscules rhétoriques de Denys d'Halicarnasse dans la Collection des Universités de France comprendra cinq tomes et sera accompagnée d'un index du vocabulaire rhétorique, établi par ordi nateur grâce à l'aide généreuse du Laboratoire d'Analyse Statistique des Langues Anciennes de l'Université de Liège. Pour la commodité des références à venir, et notam ment pour faciliter l'établissement et la lecture de l'index, des numéros d'ordre ont été attribués à chacun des traités ; la division traditionnelle en chapitres a été conservée, mais les chapitres ont été divisés en para graphes·. Les références sont donc données à l'aide de trois nombres : le premier, en chiffres romains, désigne l'opuscule, le second, en chiffres arabes, le chapitre dans cet opuscule, le troisième, également en chiffres arabes, le paragraphe de ce chapitre. La nomenclature des Opuscules s'établit comme suit : Tome I : I Prologue des orateurs antiques II Lysias III Isocrate IV Isée Tome II : V Démosthène Tome III : VI Traité de la Synthesis (ou De Compo- sitione Verborum) Tome IV : VII Thucydide VIII Lettre à Ammée sur les particularités du style de Thucydide (ou Seconde lettre à Ammée) 8 AVANT-PROPOS Tome V : IX Traité de l'imitation : fragments X Lettre à Ammée sur Démosthène et Aristo te (ou Première lettre à Ammée) XI Lettre à Pompée Géminos XII Dinar que. INTRODUCTION I LA VIE DE DENYS D'HALICARNASSE Natif d'Halicarnasse, comme l'historien Hérodote, Denys, fils d'un certain Alexandre1 qui ne nous est pas autrement connu, vint s'installer à Rome en 30 avant J.-C. pour y composer le grand ouvrage historique qu'il avait en projet, les Antiquités romaines, dont la publication eut lieu vingt-deux ans après, en 8 avant J.-C. Ces deux dates, qu'il indique lui-même dans les chapitres liminaires des Antiquités*, sont les seuls jalons sûrs de la vie de Denys : pour situer dans le temps sa naissance ou sa mort, on en est réduit à des suppu tations fondées sur des vraisemblances. On convient généralement qu'il naquit entre 60 et 55 avant J.-C. et qu'il mourut peu après la publication des Antiquités, Il exerça à Rome le métier de professeur de rhétorique, pour assurer sa subsistance durant la préparation de sa grande œuvre; cette activité n'était pourtant pas un pis-aller, comme le montrent assez la ferveur avec laquelle il étudiait les grands écrivains du passé et le zèle qu'il mettait à répondre à des interlocuteurs intéressés par ses jugements littéraires. Ces libelles et ces lettres, que Denys rédigea durant son séjour à Rome et sans y prêter semble-t-il une grande attention, sont au demeurant l'un de ses meilleurs titres de gloire8. 1. Cf. Antiquités romaines, I, 8 4 : « L'auteur, c'est moi, Denys, fils d'Alexandre, originaire d'Halicarnasse t. 2. Cf. Ant. Rom. I, 7, 2. 3. Sur la vie et l'œuvre de Denys d'Halicarnasse, voir M. Egger, Denys d'Halicarnasse, Paris, 1902. Sur Denys, professeur de 10 INTRODUCTION I HALICARNASSE, LA PATRIE D'ORIGINE. Halicarnasse, située sur un promontoire du golfe Céramique, à l'extrême pointe sud-occidentale de l'Asie mineure, se trouvait en territoire carien. Des Doriens venus de Trézène s'y étaient installés, à une époque assez reculée1. La Carie était ensuite tombée sous robédieiice des rois de Perse. Durant la seconde guerre Medique, la souveraine d'alors, Artémise, avait officiellement aidé Xerxès de ses navires et de ses conseils; un stratagème hardi, au cours de la bataille de Salamine, lui valut la vie sauve, et c'est elle qui fut chargée par Xerxès de ramener ses fils à Éphèse*. Après l'expulsion des tyrans, Halicarnasse était devenue membre de la ligue maritime de Délos. Mais ce furent en grande partie les subsides de Mausole, satrape de Carie (377-353 av. J.-C), qui permirent aux alliés, Rhodes, Cos, Chios et Byzance, de se rebeller contre Athènes. Abandonnant l'ancienne capitale Mylasa, Mausole établit à Halicarnasse la résidence royale et fit de cette ville un centre intellectuel et artistique fort actif. Le tombeau de marbre blanc que lui dédia, à sa mort, sa veuve Artémise, était considéré comme rhétorique et critique littéraire, cf. J. D. Denniston, Greek Literary Criticism, Londres, 1924 ; W. Rhys Roberts, Greek Rhetoric and Literary Criticism, Londres et New York, 1928 ; J. X. H. Atkins, Literary Criticism in Antiquity, Londres, 1934 ; S. F. Bonner, The Literary Treatises of Dionysius of Halicarnassus, Cambridge, 1939, réimp. Amsterdam 1969 ; G. M. A. Grube, The Greek and Roman Critics, Londres, 1955. En 1949, P. Costil a soutenu, sur L'esthétique littéraire de Denys d'Halicarnasse, à Paris, une thèse restée dactylographiée, à laquelle j'ai fait large ment appel pour la rédaction des notes. 1. Cf. Hérodote, VII, 99. Strabon cite également Anthès et les gens de Trézène parmi les colons installés à Halicarnasse (XIV, 2 16 С 656). 2. Cf. Hérodote, VII, 68 à 107. En VII, 99, Hérodote exprime son admiration pour Artémise, restée veuve avec un flls tout jeune, et qui « osa partir en guerre contre la Grèce... Son énergie, son courage viril la portèrent à prendre part à l'expé dition, alors que rien ne l'y obligeait ». INTRODUCTION 11 Tune des sept merveilles du monde1 et attirait des visiteurs en foule; il servit de modèle, bien plus tard, pour le tombeau de l'empereur Auguste à Rome2. Passée sous la domination des Ptolémées, puis sous l'administration romaine, Halicarnasse avait perdu beaucoup de son lustre; elle restait pourtant célèbre pour ses monuments. Des concours littéraires s'y tenaient régulièrement en l'honneur du roi Mausole : l'historien Théopompe, l'orateur et poète tragique Théodecte avaient été parmi les premiers à y gagner des prix. Une bibliothèque publique y était encore prospère sous l'empire. Pourtant Strabon, contemporain de Denys et qui visita peut-être la ville (il vint suivre à Nysa en Carie les leçons du grammairien Aristodème), signale malicieusement la présence à Halicarnasse d'une fontaine Salmacis « dont on prétend, je ne sais pour quoi, qu'elle amollit les gens qui boivent de son eau », et d'ajouter aussitôt : « C'est une habitude chère aux hommes de rendre l'air qu'ils respirent ou аи еГ qu'ils boivent responsables de leur mollesse; les vrais respon­ sables de la mollesse, ce sont l'argent et la débauche » (XIV, 2, 16 С 656). Est-ce la pauvreté, particulièrement amère quand elle voisine avec la richesse, est-ce le désir d'échapper à la mollesse inhérente au pays, qui a poussé Denys à s'expatrier? Il est de fait que Denys ne semble pas avoir joui d'une fortune personnelle qui lui aurait permis de composer dans le calme de la retraite le grand ouvrage historique qu'il méditait. Et qui songerait à accuser Denys de mollesse? Peut-être pourtant y eut-il des motifs plus profonds à cette transplantation. On est frappé, à la lecture des Opuscules rhétoriques, de la hargne constante de Denys contre cette forme de style qui a nom asianisme et dont le plus illustre repré sentant fut Hégésias de Magnésie3. Une Muse « sortie 1. Cf. Strabon, XIV, 2, 16 С 656. 2. Cf. Strabon, V, 3,8 G. 236. Pausanias signale (VIII, 16,4) que les Romains prirent l'habitude d'appeler « mausolée » tout tombeau qui sortait de l'ordinaire. 3. Strabon, contemporain de Denys, cite en premier lieu, 12 INTRODUCTION de quelque bourbier asiatique, Mysienne peut-être, ou Phrygienne, ou encore une Garienne de malheur * dit-il dans les Orateurs antiques (I, 1, 7), est parvenue à triompher quelque temps de la Muse ancienne et authen tique, « la grossière répudiant la raisonnable, la folle chassant la sage » ; elle continue encore à triompher, assure-t-il, dans quelques cités retardataires d'Asie mineure. Halicarnasse, dont Strabon à la même époque dénonçait le luxe et l'inconduite, ne serait-elle pas Tun de ces îlots dé résistance du mauvais goût? II ROME, LA PATRIE D'ADOPTION. Quoiqu'il en soit, et quels qu'aient été les motifs de cet exil volontaire, Denys, après une jeunesse et des études sur lesquelles nous ne possédons aucun rensei gnement, vint se fixer à Rome. Ceci se passait au milieu de la 187θ Olympiade, dit-il dans la préface des Antiquités romaines. Octave venait de triompher d'Antoine, mettant fin à la guerre civile. Ce fut le point de départ d'une ascension rapide, par concentra tion progressive de tous les pouvoirs entre les mains de celui qui, en 27, recevait du Sénat le titre honorifique d'Auguste. A l'extérieur, une série d'actions engagées aboutirent, par conquêtes ou par accords, à l'établis sement de la paix romaine, symbolisée par la consé cration en 9 avant J.-C. de l'autel de la Paix sur le Champ de Mars. C'est l'année suivante que Denys publiait les Antiquités romaines qui, en vingt livres, retraçaient l'histoire ancienne de Rome, depuis sa fondation jusqu'à la première guerre Punique. Dès son arrivée à Rome en effet, Denys s'était mis courageusement à l'élaboration de son grand projet, apprenant le latin et réunissant une documentation parmi les personnages célèbres de Magnésie, « Hégésias l'orateur, celui qui a donné la plus vive impulsion à la mode de l'asianisme et corrompu l'ancien usage attique » (XIV, 1,41 C. 648). Sur le problème de l'asianisme, cf. U. Wilamovitz-MoellendorfT, « Asia- nismus und Atticismus », Hermes, 35, 1900, p. 1-52. INTRODUCTION 13 considérable1. Son métier de rhéteur le mettait en con tact avec les milieux intellectuels de Rome, férus d'histoire, ou plutôt de légende. A-t-il rencontré Tite-Live, son contemporain (50 av. - 17 ap. J.-C), qui retraçait l'histoire de Rome depuis sa fondation? Sans doute put-il lire au moins les premiers livres de cet immense ouvrage (142 livres en tout) car, groupés par décades ou semi-décades, ils furent publiés progres sivement dès 25 avant J.-G. ; les quinze premiers livres traitaient de la même période que les Antiquités romaines. Vers 22, Virgile commençait à faire des lectures publiques de certains fragments de Y Enéide; publié après 19 av. J.-C, date de sa mort, le poème chantait les origines légendaires de Rome. L'originalité de Denys est d'avoir été le premier Grec à traiter un tel sujet avec toute l'ampleur qu'il méritait8. A Rome, Denys faisait partie du cercle des Tubéron8. Cette famille, dont bien des membres jouèrent un rôle important dans la vie politique romaine, était particu lièrement versée dans les études de droit et d'histoire. Quintus Aelius l'Ancien fut un juriste et un orateur eminent, très estimé de Panétios; Poseidonios avait dédié l'un de ses ouvrages (cf. Ciceron, Tusculanes, 11,61) à Lucius Aelius Tubéron, père du Quintus Aelius qui réclamait à Denys son avis sur Thucydide. Ce Quintus, s'aidant de la documentation déjà réunie 1. Cf. Ant. Rom., I, 7, 2-3 : « Certaines informations, je les ai recueillies oralement des hommes influents que je fréquentais ; le reste, je l'ai lu dans les Histoires rédigées en latin par des auteurs bien vus à Rome, Porcius Cato, Fabius Maximus, Valerius Anuas, Licinius Macer, les Aelii, les Geilii, les Calpurnii, etc. » 2. Denys indique en effet (Ani. Rom. I, 6, 1) qu'avant lui, des Grecs ont touché à l'histoire ancienne de Rome, Hiéronyme de Cardia, Timée de Tauromenium, et aussi Polybe ; mais il reproche à ces auteurs de n'avoir fait que des études très partielles, et sans aucun esprit critique. 3. Sur ce sujet, cf. en particulier W. Rhys Roberts, « The Literary Circle of Dionysius of Halicarnassus », Classical Review, 14, 1900, p. 439-442 ; G. P. Goold, « A Greek Professorial Circle », T.A.P.A., 92, 1961, p. 168-192; G. W. Bowersock, Augustus and the Greek World, Oxford, 1965. 14 INTRODUCTION par Lucius, composa des Histoires en quatorze livres au moins dont l'édition, postérieure à la mort de César et sans doute à la fin de la guerre civile, précéda la publication de la première décade de Tite-Live, et, à plus forte raison, la parution des Antiquités romaines. Denys comptait également au nombre de ses amis un rhéteur d'origine sicilienne, Caecilius de Calé-Acté1, atticiste fervent et grand admirateur de Lysias. Caecilius composa, mais sans doute après la parution des Orateurs antiques, une analyse du Caractère des dix orateurs, et un traité sur Lysias. Il est aussi l'auteur d'un traité sur Le Sublime auquel répond le traité du même nom du Ps. Longin. Caecilius occupait à Rome une place de choix dans le domaine de la critique littéraire. Les relations entre les deux hommes furent certainement fructueuses. A côté de ces personnages illustres, ou du moins nettement identifiés, Denys a fréquenté bien d'autres amis restés obscurs, grecs ou romains, qui sollicitaient ses avis et le soutenaient dans ses recherches par l'intérêt parfois critique qu'ils portaient à ses écrits. III LA PERSONNALITÉ DE DENYS. Quel était donc ce Denys, fort peu prolixe sur son compte et qui pourtant semble avoir retenu l'attention de bon nombre de ses contemporains, bien qu'on le trouve rarement cité dans les œuvres de l'époque? Un premier trait, frappant, est son sérieux, son austérité même, que tempère très rarement une pointe d'humour. Grec d'Asie mineure, il n'a pas craint de s'attaquer à un vaste sujet totalement étranger à sa propre culture. La grande fresque du passé de Rome qu'il projetait devait constituer une sorte de préface aux Histoires de Polybe; mais le lointain passé, qui 1. Les fragments de son œuvre ont été réunis par E. Ofenloch (Leipzig, 1907).

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