UNIVERSITE´ DE´PARTEMENT LABORATOIRE GEVREY DE DE DE BOURGOGNE MATHE´MATIQUES MATHE´MATIQUE PHYSIQUE ` THESE Pre´sente´epar Franc¸ois NADAUD Pourl’obtentiondutitrede DOCTEUR EN MATHE´MATIQUES DE L’UNIVERSITE´ DE BOURGOGNE ´ DEFORMATIONS ET ´ ´ ´ ´ DEFORMATIONS GENERALISEES Soutenuepubliquementle 21Janvier2000devantleJury suivant: —PRE´SIDENT — Alain CONNES —EXAMINATEURS — DidierARNAL Georges PINCZON Jacques SIMON Daniel STERNHEIMER Rapporte´eparDidierARNAL et OlivierMATHIEU. A` LA ME´MOIRE DE MOSHE´ FLATO Quandjesuisarrive´aulaboratoireGevrey,Moshe´ene´taitledirecteur et il m’y accueillit avec sa chaleur coutumie`re.Il s’inte´ressaitau travail dechacunetposaittoujoursdesquestionsessentielles,incitanta` prendre dureculet ouvrantde nouvellesvoies de recherche. Iln’e´taitpas seulementun mathe´maticienet unphysicien exception- nel, c’e´tait un eˆtre unique par son intelligence, sa ge´ne´rosite´, sa bonne humeur ponctue´e de since`res coups de gueule, sa franchise et par bien d’autresqualite´sque luiseulsavait re´unir. Comme beaucoup, j’ai e´te´ choque´ par sa disparition brutale et je me souviens toujoursdeluiavec beaucoupd’e´motion. AVANT PROPOS Avantd’eˆtreadmis au sein dulaboratoireGevrey, lavisionquej’avais dumonde delarechercheetdel’enseignementuniversitairee´tait,commecelledetoutautree´tu- diant, de´forme´e par latrop grandedistance qui lese´pare des enseignants. Celle-ci et mon regard sur les mathe´matiques en ge´ne´ral ont bien naturellement profonde´ment e´volue´ au coursdes troisanne´es etquelquesmoise´coule´s depuis. Latotalite´ del’ex- pe´rienceetdesconnaissancesquej’aiacquisespendanttoutcetempsn’estassure´ment pas inscritedans les pages qui suivent— pourmoi l’essentiel est ailleurs. Mais leur contenu,bienquemodeste,constitueunebasesurlaquellej’espe`rede´velopperdenou- vellesdiscussionsmathe´matiques.Pourcommencer, j’ailachancedepouvoirsoutenir cettethe`sedevantunjurysomptueux,compose´ de chercheurs actifsetreconnusdans desdomainesquej’affectionne.Verseuxvonttoutd’abordmesremerciements. Le nom d’Alain Connes, laure´at en 1982 de la prestigieuse Me´daille Fields, est mondialementconnuetreconnu.Sacultureestdesplusvastesetses travauxsontdes pluspointus;sesrecherchess’e´tendantenprofondeursurunlargedomainemathe´ma- tiqueontinfluence´ etdirige´cellesdenombreuxmathe´maticiens.Jeluisuisprofonde´- ment reconnaissant d’avoiraccepte´ de pre´siderce jury,sa pre´sence est pourmoi a` la foisgratifianteetstimulante. Jeremercietre`schaleureusementDidierArnaletOlivierMathieud’avoirrapporte´ surcettethe`se.J’aieuparfoisl’occasionderencontrerl’unetl’autreetd’appre´cierde chacunladisponibilite´,l’ouvertureetsurtout,lorsdeconversationsmathe´matiques,la patienceetlape´dagogiere´pondanta` lana¨ıvete´ oul’ignoranced’uninterlocuteur.Les remarquesqu’ilsm’ontadresse´essurlemanuscritontde´ja`bienalimente´mare´flexion. E´tante´tudiantenmaˆıtrisepuisenD.E.A.,j’aiassiste´auxcoursdeGeorgesPinczon. Ilyabordaitlesquestionsquiavaientmapre´dilectionetlesexposaitavec unerigueur et une clarte´ qui rendaient les se´ances tre`s agre´ables et te´moignaient de sa parfaite maˆıtrisedusujet.C’esttoutnaturellementsoussadirectionquej’aivouluentreprendre cette the`se et pas un instant au cours de ces trois anne´es je n’ai regrette´ ce choix. Il m’a laisse´ une grande liberte´, tout en m’apportant a` la fois la matie`re premie`re et sonpointdevuee´clairantpourlatraiter.Jeluidoise´galementunsoutieninde´fectible et inconditionnel,meˆme quand, succombant a` la fatigue et au de´couragement, je ne me serais plus soutenu moi-meˆme. Pour tout cela, je lui adresse mes plus since`res remerciements. J’aifre´quemmentleplaisirdecroiserJacquesSimondansleslocauxuniversitaires et d’y converser amicalement avec lui. A` mon grand regret j’ai moins souvent l’oc- casion de rencontrer Daniel Sternheimer, mais je lui doisd’avoir porte´ une attention AVANTPROPOS touteparticulie`resurmontravailetsesnombreusesremarquesm’ontpermisd’ame´lio- rerconside´rablementlemanuscrit.Jelesremercietouslesdeuxdemefairel’honneur etleplaisirdesie´gerdanscejury. Letempsafaitquej’ainoue´desliensamicauxavecquelquesmembresdelacom- munaute´ des mathe´maticiens. Parmi eux comptent Fre´de´ric Bidegain, PhilippeBon- neau,Ve´roniqueChloupetSe´bastienMiche´a,dontlecourageetleseffortsontdonne´ naissance aux Rencontres Mathe´matiques de Glanon, ainsi que Pierre Bieliavsky et JosephDitoquisontvenuscomple´terl’e´quipedesorganisateurs. Larecherchemathe´matiquesesatisfaitd’unelogistiquerestreintea` peudechoses, mais l’ambiance quire`gneautourduchercheur restetoutde meˆme capitale. Celledu LaboratoireGevreyestexcellente;ilyesttre`splaisantd’ydiscuter—souventautour d’uncafe´ —demathe´matiques,d’enseignementoudetouteautrechose.J’aimeyren- contrerdespersonnescommeJean-ClaudeCortet,ChristianeMartinouDanielBeau; Marylise Debret, Georgette Agostini et Jacqueline Alexandre, chacune tre`s efficace danssondomaine,contribuenta` yrendentlavieagre´able. Aquelquesreprisesjemesuisde´place´ a`l’universite´deMetzquim’aa`chaquefois chaleureusementaccueillietou` j’aitoujourseuplaisira` rencontrerSimoneGutt. Pourceux quiconside`rentde l’exte´rieurce mondeunpeufoude laplusabstraite desrecherches eta` quijenede´sespe`repasdepouvoirunjourexpliquerclairementen quoiconsistemontravail,jeveuxessayerdede´crireunpeucommentilestve´cu.Jean Dieudonne´, dans l’introductionde son Abre´ge´ d’histoiredes mathe´matiques,re´sume ainsile tragique delaviedumathe´maticien: (( )) Commechezbeaucoupdesavants,laviedumathe´maticienestdomine´eparune (( inlassablecuriosite´,unde´sirdere´soudrelesproble`mese´tudie´squiconfinea`lapassion, etarrivea`lefaires’abstrairepresquetotalementdelare´alite´ambiante;lesdistractions oubizarreriesdesmathe´maticiens ce´le`bres n’ontpas d’autreorigine.C’estquelade´- couverted’unede´monstrationnes’obtientenge´ne´ralqu’apre`sdespe´riodesdeconcen- trationintenseet soutenue,quise renouvelleparfoispendantdes moisoudes anne´es avantquelere´sultatfinalnesoitatteint:Gaussareconnuavoircherche´ lesigned’une expressionalge´briquependantplusieursanne´es,etilafalluaussilongtempsa`Kummer etDedekindpourposerlesbasesdelathe´oriedesnombresalge´briques. 1 )) Pendant ces anne´es de recherche, j’ai pume rendre comptequela productiondu chercheurcheminesurunecourbeendentsdescieetdela`quesonmoralpeutconnaˆıtre degrandesfluctuations,tantsonrapporta` sontravailestparfoispassionnel—voirob- sessionnel.Etceluiquide´butedoitveillera` nepasselaisserde´couragerparlasomme colossaledesconnaissancesqu’iln’apasetdontiln’apuentrevoirqu’uneinfimepartie aucoursdesese´tudes. Bref,larecherchemathe´matiqueestplusqu’uneactivite´a` tempspleinets’insinue touslesjoursdanslavieduchercheur.Jenepeuxoubliermes prochesqui,sans faire partiedemonunivers professionnel ,ontpulesubir.Ilyatoutd’abordmafamille (( )) etenparticuliermesparents,surquij’aitoujourspucompter.IlyasurtoutBe´ne´dicte, Nicolas,IsabelleetJe´roˆme,mesamislespluschers,a` quijesouhaitebienducourage pourmesupportera` l’avenir. 1.JeanDIEUDONNE´,Abre´ge´d’histoiredesmathe´matiques,Hermann,Paris,1978,p.3. –6– TABLE AvantPropos 5 I. Pre´sentationdelaThe`se 9 II. Re´solutionsProjectivesetCohomologiedeHochschild 19 III. De´formationsGe´ne´ralise´es 29 IV. De´formationsContinuesetDiffe´rentielles 51 V. Annexe 59 Re´fe´rencesBibliographiques 61 – I – PRE´SENTATION DE LA THE`SE PlanduChapitre Au 1 j’expose sommairement la the´orie des de´formations de Gerstenhaber, en x rappelantnotammentdequellemanie`relacohomologieyintervient.J’expliqueensuite l’inte´reˆtsuscite´ par cette the´oriedans lemonde de laphysique the´orique,en rapport avecleproble`medelaquantification.N’e´tantpasunexpertenlamatie`re,j’espe`reque lelecteur averti voudrabien mepardonnerlana¨ıvete´ duproposet j’engagecelui qui seraitcurieuxd’approfondirlaquestiona` consulterdirectementlesarticlesfondateurs [BFFLS]. Un des auteurs de ceux-ci, D. Sternheimer, a re´cemment faitun large tour d’horizondetouslesre´sultatsaccumule´sdepuisvingtanssurlesujet[Ste]. Le 2 re´sume le chapitre II de la the`se, ou` sont rassemble´s les de´finitions et les x re´sultats principauxutilise´spar la suite concernant lacohomologiede Hochschild et l’emploidesre´solutionsprojectives. Le 3pre´senteunenotiondede´formationplusge´ne´ralequecelledeGerstenhaber, x de´veloppe´eparG.Pinczon[Pin2]etmoi[Nad1],pourlaquelleleparame`tredede´for- mation n’estpluscentraldans l’alge`brede´forme´e, mais ve´rifieunerelationdutype t ,ou` estunendomorphismedel’alge`bredede´part.Cettethe´orien’estpas ta=(cid:27)(a)t (cid:27) pre´sente´e en de´tail par la suite car elle est un cas particulier de celle de´veloppe´e au chapitreIIIdelathe`se. Au 4 jege´ne´ralisede nouveaulathe´orie,pourfaireagirleparame`tre desdeux x t coˆte´s: et .C’estcettenotiondede´formationge´ne´ralise´equi t(cid:1)a=(cid:27)(a)t a(cid:1)t=(cid:28)(a)t este´tudie´eauchapitreIII. Le 5 expose le re´sultat suivant, dont la de´monstration est le sujet de l’article x [Nad2]et occupe lechapitre IV de lathe`se:les the´oriesdes starproduits— i.e., des de´formations de l’alge`bre des fonctions lisses sur une varie´te´ diffe´rentielle — utili- sant respectivement des cochaˆınes qui sont des ope´rateurs multidiffe´rentiels ou des cochaˆınes quisontseulementsuppose´escontinues—pourlatopologiede Fre´chetde l’alge`bredesfonctions—sonte´quivalentes. 1.De´formationsetQuantification x M. Gerstenhaber a introduitla notionde de´formation d’une structure alge´brique dansunarticle,paruen 1964,quipre´sentelathe´oriepourlesalge`bresassociatives et indiquecommenttraiterlescasdesalge`bresdeLieetdesalge`brescommutatives[Ger]. I. PRE´SENTATION DE LA THE`SE Un expose´ de´taille´ de lathe´oriese trouvedans un livre, publie´ en 1988,qu’ilae´crit avecS.D.Schack[GS]. Unede´formationd’une -alge`bre associative,deLieoucommutativeestladon- k A ne´e d’une structure de -alge`bre,du meˆme type, sur l’ensemble des se´ries k[[t]] A[[t]] formelles a` coefficients dans , telle que est isomorphe, comme - A A[[t]]=(t = 0) k alge`bre,a` .Leproduit decettestructuree´tant -biline´aire,ilestde´termine´ par A (cid:22)~ k[[t]] sarestrictiona` ,doncparlasuitedesapplications -biline´aires de´finiesparlacAon(cid:2)diAtion k (cid:22)n :A(cid:2)A!A , X . n 8a;b2A (cid:22)~(a;b)= (cid:22)n(a;b)t n2N L’alge`bre , de produit , est une de´formation de si, et seulement si, est le produitAde[[t]]. On dit que(cid:22)d~eux de´formations de soAnt e´quivalentes s’il exi(cid:22)st0e un A A isomorphisme de -alge`bresentrelesdeuxtelque pourtout . '~ k[[t]] '~(a)=a a2A A` chacune des cate´gories d’alge`bres conside´re´es est associe´e une the´orie coho- mologique:cohomologiedeHochschildpourlesalge`bresassociatives, deChevalley- Eilenbergpourlesalge`bresdeLieetdeHarrissonpourlesalge`brescommutatives.(On de´finite´galementunehomologie,quiest,quandleschosessepassentbien,dualedela cohomologie.)Danstouslescas, lescochaˆınessontdesapplicationsmultiline´airesde vers : ,etlecobordestde´finia` l’aideduproduitde .La (cid:15) (cid:15) A A C (A;A) (cid:26) L (A;A) A cohomologied’unealge`brepermetnotammentdeclassifiersesextensions. La connaissance de lacohomologie de l’alge`bre apportedes rensei- (cid:15) H (A;A) A gnementssursesde´formations.Parexemple, si de´finitunede´formationde ,alors (cid:22)~ A lepremierterme estuncocycleetl’ensembledescocyclescochomologuesa` est exactementl’ense(cid:22)m1bledespremierstermesdesde´formationse´quivalentesa` .E(cid:22)n1fait, (cid:22)~ une2-cochaˆıne estuncocyclesi,etseulementsi, (cid:11)1 (a;b)2A (cid:0)! (cid:22)0(a;b)+(cid:11)1(a;b)t estunproduitsur ,desorteque apparaˆıtcommel’ensemble 2 2 A[[t]]=(t = 0) H (A;A) desclassesd’e´quivalencedesde´formationsinfinite´simalesde .Delameˆmemanie`re, A , le quotient des de´rivations de par ses de´rivations inte´rieures, est inter- 1 H (A;A) A pre´te´commel’ensembledesautomorphismesinfinite´simauxde .Un2-cocyclee´tant A donne´, il se peut qu’il n’existe pas de de´formation commenc¸ant par celui-ci, auquel caslecocycleestditnoninte´grable.Quandonessaiedeconstruire,cranparcran,une de´formationcommenc¸antparuncocycledonne´,lesobstructionssuccessivesquiappa- raissentsontdese´le´mentsde :ilestpossibledecontinuerlaconstructionsi 3 H (A;A) cette obstructionest nulle. En particulier, si , alors toutes les obstruc- 3 H (A;A) = 0 tionsdisparaissentetdonctout2-cocycleestinte´grable.Enfin,si alors 2 H (A;A)= 0 estrigide,c’est-a`-direquetoutessesde´formationssonte´quivalentesauproduit A P P P . n p n+p (cid:22)0( ant ; bpt )= (cid:22)0(an;bp)t Ilest possiblede de´formerd’autresstructuresde lameˆme manie`re:coge`bres, bi- ge`bres,alge`bresdeHopf...Danschacunedecescate´gories,ilexisteunecohomologie dontlespremiersespaces sontrelie´sauxproble`mesd’inte´grabilite´etdetrivialite´dans lathe´oriedesde´formations. La the´oriedes de´formations apris une importance touteparticulie`reen physique the´oriquea` laparutionen 1978de deuxarticles fondamentaux,e´crits par unee´quipe comprenant M. Flato, qui lancent le programme de quantification par de´formation [BFFLS]. Cette the´oriefait apparaˆıtre la me´canique quantiquecomme une de´forma- tiondelame´caniqueclassique,desortequecelle-ciestlalimite,lorsquelaconstante –10–