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Débordements des activités industrielles dans la cité PDF

314 Pages·2012·3.25 MB·French
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Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement Durable, des Transports et du Logement Direction générale de l’Aménagement du Territoire - Plan Urbanisme Construction Architecture Débordements des activités industrielles dans la cité Etudes de conflits et d’interventions publiques du 18e au 20e siècle r a p p o r t f i n a l 1 3 j u i n 2 0 1 1 Centre D’Histoire des Techniques et de l’Environement (C ) dhte Conservatoire National des Arts et Métiers (C Paris) nam Le présent document constitue le rapport scientifique d’une recherche collective réalisée avec le soutien du PIRVE et financé par le PUCA (convention de recherche n°M08.19 (0005464). Son contenu n’engage que la responsabilité de ses auteurs. Toute reproduction, même partielle, est subordonnée à l’accord de son commanditaire. Remerciements Nos remerciements vont en priorité aux membres des comités scientifiques et de coordination du PIRVE pour leur soutien apporté tout au long de l’étude et les nombreux échanges qu’ils ont permis entre les chercheurs. Ils s’adressent également aux responsables du Centre d’Accueil et de Recherches des Archives Nationales à Paris (CARAN), des Archives Nationales et du Monde du Travail à Roubaix (ANMT) et au Centre d’Histoire des Sciences et des Techniques de l’Université de Liège pour leur accueil et leur précieuse contribution à la conduite dans de meilleures conditions les travaux de ce collectif de recherches 997 - Cdhte - CNAM 2009-2011 La présente synthèse rend compte des principaux résultats issus des travaux collectifs engagés entre 2009 et 2011 sur l’histoire des conflits émergents dans l’espace public, conflits dont les motifs ont été des débordements industriels et leurs contestations. L’étude a été menée à partir de plusieurs cas observés entre les 18e et 20e siècles, c’est-à-dire au cours de l’industrialisation. Sa logique a été programmatique et visait la mise à l’épreuve d’une histoire interdisciplinaire, l’interdisciplinarité constituant ici l’une de ses caractéristiques, mais aussi l’une de ses difficultés. La perspective initiale, l’engagement pris de mobiliser une équipe de chercheurs interdisciplinés n’a sans doute pas tout à fait pleinement atteint les objectifs désirés, c’est-à-dire comportant des d’éléments suffisamment forts d’intercognitivité, ou pour reprendre les termes consacrés dans le cadre du Pirve, ceux d’une « interdisciplinarité radicale ». Le résultat brut peut bien alors paraître modeste au premier abord, il s’avère toutefois avoir ouvert nombre de perspectives probléma- tiques et méthodologiques, méritant selon nous la poursuite des travaux initiés, mais dans un cadre peut être moins ambitieux, basé sur un terrain d’étude plus resserré voire unique, comportant des échelles restreintes de temps et d’espaces. Ce constat tient en réalité autant à la nature de l’objet qu’au dispositif sur lequel s’est appuyée la recherche. Nous tentons dans un premier temps de cer- ner les raisons de ce qui peut être considéré comme la dilution progressive de l’interdisciplinarité pour l’essentiel dans l’histoire et les sciences sociales, mais aussi de tirer de cette expérience les enseignements nécessaires. Dans un second temps, nous présentons la restitutions de chacune des études de cas sous la forme d’un article scientifique. Le dispositif initial et son évolution La proposition initiale était portée par une équipe constituée pour l’essentiel par les membres de l’axe « histoire de l’environnement » du Centre d’histoire des techniques et de l’environnement (CDHTE) au Conservatoire national des arts et métiers à Paris. Ce « noyau dur » d’historiens des techniques versés dans les problématiques environnementales, essentiellement autour de la pollution, bénéficiait pour la plupart de formations et de pratiques propres à développer un re- gard et des méthodes des plus originales pour l’étude concrète des débordements industriels, de leurs contestations, des controverses et de l’intervention publique. Les disciplines représentées 5 Débordements industriels dans la cité et leurs conflits étaient la chimie, la biologie, la géographie urbaine, et bien entendu l’histoire. Interdisciplinarité qui peut être certes jugée encore insuffisante au regard des attentes globales, mais le pari du dispositif était, partant d’une première phase du projet, de structurer un réseau étendu de com- pétences et de capacités de recherche ouvert sur les sciences naturelles, les sciences de l’homme et de la société. Cette première phase de réalisation peut être considérée comme une relative réussite, tant du point de vue de l’extension du champ disciplinaire, que de la participation massive des collègues. Plus d’une cinquantaine de chercheurs a ainsi répondu à notre appel à contribution et participé à divers titres aux travaux collectifs tout au long de la conduite du programme (liste en annexe). Le noyau dur pouvait de cette manière apprécier les apports respectifs des géosciences, du droit, de la sociologie, de la chimie, de la géographie, de l’anthropologie, de l’économie, des sciences poli- tiques et de l’architecture. Tous ont contribué aux échanges collectifs qui ont eu lieu à l’occasion des séminaires, ateliers, journées d’études et colloques, et dont une part des résultats est en cours de publication sous la forme d’un ouvrage collectif. C’est cette implication importante de membres externes qui a très largement permis de com- penser la dissipation de l’équipe initiale, du noyau dur. Nombre des acteurs initiaux qui s’étaient engagés dans ce programme ont dû en effet soit renoncer à produire les travaux annoncés ou à engager les actions prévues, soit devoir quitter simplement le laboratoire. Les raisons tenaient autant aux circonstances individuelles (nouvelle affectation ou orientation professionnelle, dif- ficultés personnelles) qu’à l’environnement de travail, le laboratoire entrant alors dans une pé- riode de bouleversements liés à la situation même de l’établissement CNAM et à la réorgani- sation conséquente de la recherche. Le CDHTE en a pour une part été grandement affecté. L’une des conséquences a été la perte significative de ses capacités d’actions. Le laboratoire est actuellement en cours de réorganisation. Il se dirige désormais résolument vers une redé- finition de sa gouvernance et du périmètre de ses recherches, comme de celle de ses équipes. Ces difficultés expliquent pour une part les évolutions structurelles du programme, le fait aussi que la majorité des études produite l’a été finalement par des chercheurs non intégrés initiale- ment au programme. Au demeurant, ce dernier aspect du bilan témoigne de la forte attractivité qu’a exercée son objet, même si le constat doit bien être fait qu’il a surtout suscité l’intérêt des sciences humaines et sociales. 6 997 - Cdhte - CNAM 2009-2011 Le conflit environnemental, un objet d’histoire sociale La proposition initiale était clairement celle de pourvoir aux besoins de réflexion sur la manière de faire l’histoire interdisciplinaire des conflits générés dans le passé par les impacts environ- nementaux d’activités industrielles, et de façon plus générale, des dispositifs de production confrontés aux populations contestataires. Un phénomène de cette nature comporte toujours une multitude de registres d’analyse justifiant pleinement l’interdisciplinarité. Il commande de mobiliser tout le spectre des interprétations des processus sociaux et des phénomènes naturels dont l’histoire nécessite le croissement des regards, des outils, des traductions de ce qui est en conflit. Les motifs mêmes sur lesquels portent le conflit environnemental ne sont pas univoques mais protéiformes, négociables et négociés en permanence. Les raisons de la colère des rive- rains peuvent bien être clairement identifiées - par exemple comme celles de molécules toxiques émanant d’une usine voisine et présentes en quantité dans les organismes vivants – la recon- naissance de leur existence et de leurs effets concrets met toujours en jeu des intérêts contra- dictoires que les protagonistes se disputent, disons sous la forme de controverses portant sur la qualification de ce qui déborde le dispositif contesté et de leurs impacts environnementaux et sanitaires. Le résumé de la proposition reproduite ici et soumise en 2008 au comité de sélection ne compor- tait en ce sens aucune ambigüité quant à la nature de l’objet de l’étude : le conflit environnemental. Notre hypothèse est que la perception des risques et la dénonciation des nuisances liées à une activité industrielle, le sens même des tensions qu’elle génère, l’évolution des controverses associées, leur gestion par les pouvoirs publics et la clôture d’une crise qu’elle génère sont tou- jours enserrées dans des réseaux de contraintes différents de ceux qui seraient jugés pertinents à une échelle plus globale. Le projet porte donc sur l’étude historique de controverses locales émergeant au sein de l’espace public, suscitées par les débordements de sites industriels. Les débordements en question sont à comprendre au sens propre et figuré : hybrides, ils sont in- dissociablement physiques, politiques et sociaux. L’optique sera plus précisément de saisir, au travers des histoires locales et singulières, les modes de co-construction et de fonctionnement de ces lieux socio-techniques où s’élaborent, de façon concrète et empirique, une négociation et un arbitrage entre les différentes parties prenantes du débat public : populations, décideurs, dirigeants d’entreprises et responsables du développement local. 7 Débordements industriels dans la cité et leurs conflits La focale est donc le cadre immédiat, fixé au plus proche de l’implantation du site, du territoire, de l’activité contestée, de la source des nuisances ou des rejets polluants à l’origine de la controverse. On considère d’emblée que l’échelle locale est la plus pertinente pour comprendre les dynamiques à l’œuvre dans la fabrication sociale et culturelle des sociétés urbaines et de leur environnement naturel. Le local et la territorialité strictement délimités constituent notre parti pris méthodologique. Sont visés ici les cas de controverses oubliés ou méconnus, invisibles au prisme de la mémoire na- tionale. Ce sont les négociations et arbitrages qui ne dépassent que difficilement les limites du quartier, de la ville, tout au plus du département. Cette restriction porte en elle le potentiel de questionnements qui n’auraient pas de sens à d’autres niveaux. Il n’y a cependant pas de sché- mas pré-établis. Il faut repérer les activités, les sites industriels, les usines qui ont été l’objet de controverses, puis de les délimiter, d’en proposer une histoire locale, d’analyser les rouages de son évolution dans l’espace public, de son extension territoriale jusqu’à sa conclusion. Au travers de ces études de cas, on mettra en lumière la nature des enjeux pour chacun des acteurs locaux. On décryptera la singularité des modes de négociation, de médiation, de construction des espaces de débats publics. Il s’agit enfin de penser non seulement la comparaison entre les cas étudiés, mais encore l’articulation du local empirique et pragmatique avec les représentations nationales, porteuses de rapports plus abstraits vis-à-vis de l’industrialisation et de ses implications en termes d’impacts sur l’environnement, et dont la pertinence finalement se dilue d’autant qu’elle se rap- proche de l’espace plus confiné du local. Le terrain d’étude est dès lors un espace hétérogène du développement économique territorialisé où se mêlent cultures, identités et ambitions nationales traversées par des intérêts contradictoires, des préoccupations environnementalistes autant que sociales et politiques. La méthode de travail est basée sur la mise en réseau d’historiens-géographes, de scientifiques (sciences de la vie et de la terre, sciences économiques et sociales) à recruter principalement parmi les enseignants du secondaire insérés dans la vie locale, et dont certains s’adressent à notre labora- toire avec le souhait de (re)prendre une activité de recherche dans ce champ de l’histoire des tech- niques et de l’environnement. Ils seront chargés, encadrés par l’équipe, de problématiser les situa- tions locales qui ont défrayé hier la chronique, et d’entreprendre une étude selon une grille d’analyse imposée à l’ensemble des membres du réseau. 8 997 - Cdhte - CNAM 2009-2011 Le programme se concrétisera sous la forme de l’animation d’un séminaire de recherche et de conférences, d’une journée d’étude et de la publication d’un ouvrage collectif. Le conflit - objet par excellence de l’histoire sociale - est assurément plus proche de l’histoire des mouvements sociaux que de l’histoire naturelle. Le programme ne devait cependant pas interdire les approches visant à restituer la réalité des phénomènes biophysiques mis en jeu, de traduire l’observation des faits dans des termes et des formes d’objectivation indispensables à la pleine compréhension des phénomènes, en somme de mettre à l’épreuve du réel les récits de ces conflits environnementaux. L’interdisciplinarité devait permettre en définitive de porter une attention par- ticulière à la manière dont sont construites les données historiques sur l’environnement et dont elles peuvent être utilisées aujourd’hui en dehors du champ académique. C’est de ce point de vue un indéniable regret, mais aussi l’aveu d’une incapacité à convaincre les collègues des disciplines des sciences environnementales d’investir ce champ de la recherche aux croisements de la nature et du politique. Autrement dit, nous n’avons pas levé l’illusion d’une histoire linéaire opposant l’homme et la nature. Nous espérons néanmoins avoir montré par nos travaux que la profondeur historique permet de répondre à l’urgence du présent, combattant cette idée que nous serions face à des problèmes environnementaux si nouveaux que tout regard vers le passé serait inutile. Les études de cas historiques et singuliers peuvent ainsi paraître comme autant de fragments de retour d’expérience sur les modes de gestion de ces conflits environnementaux locaux. Toutes les études n’envisageaient cependant pas de rédiger rétrospectivement un bilan, celui après clôture éventuelle du conflit. Toutes peuvent en revanche avoir à fournir des éléments d’une réflexion dans ce domaine. L’historicisation engagée à cette occasion doit nous faire gagner en réflexivité et en compréhension sur un certain nombre de ces questions hautement conflictuelles. Un autre aspect de la difficulté de pratiquer de façon concertée l’histoire naturelle et sociale réside plus précisément dans l’échelle d’analyse envisagée au départ. Pour des raisons qui tenaient à la dimension programmatique (mise à l’épreuve de la pertinence d’une l’histoire interdisciplinaire) et analytique (élaboration d’une grille d’interprétation et de lecture des conflits environnementaux), le choix de départ était de ne pas se restreindre à un cas particulier, ni de limiter le travail collectif à l’analyse d’une seule activité contestée, un type de pollution par exemple. La tendance inverse aurait été au contraire de mobiliser l’équipe sur un territoire donné, un conflit clairement identi- fié, le temps précis d’une crise. Partant d’un même objet d’étude, cette façon de procéder aurait assurément autorisé une autre forme de synergie. La convergence forcée des regards sur un point aurait indéniablement commandé l’interdisciplinarité radicale. Elle commande toutefois un préa- 9 Débordements industriels dans la cité et leurs conflits lable : la maturité des questionnements, la délimitation des objets et de leur nature, l’apprentissage de l’écoute mutuelle, et de s’astreindre à concevoir la pluralité des modes d’existence dans le réel de ce qui observé. Rappel sur la conduite des opérations Ce document présente donc la synthèse des travaux engagés dans le cadre d’un programme de recherches qui a vu le jour en janvier 2009 sous la bonne étoile du Programme interdisciplinaire de recherche Ville-Environnement (PIRVE), un dispositif dédié au soutien des projets de recherche se situant au croisement des problématiques urbaines et environnementales, co-financé par le CNRS et le ministère de l’Écologie. Ce cadre institutionnel et scientifique a permis de mobiliser plus d’une cinquantaine de chercheurs versés dans les questions de la conflictualité environne- mentale et celles sous-jacentes de l’intervention publique, tant parmi les historiens que parmi les chercheurs en sciences humaines et sociales, de l’homme et de la société. Plus précisément, l’appel à contribution portait sur l’histoire des conflits provoqués par les « débordements industriels dans la cité », une formulation dont la vocation était de rassembler sous une interrogation commune des enquêtes menées sur des cas de conflits locaux observés entre les XVIIIe et XXe siècles. Sa logique visait la mise à l’épreuve de l’histoire interdisciplinaire pour éclairer sous un nouvel angle le passé industriel de l’environnement au travers de ses conflits. Dans ce but, le programme s’est structuré sous la forme d’un réseau d’échanges et de compé- tences, dont le point d’appui était le Centre d’histoire des techniques et de l’environnement (CDHTE-CNAM Paris). Il a donné lieu à l’organisation d’un premier colloque qui s’est tenu à Paris le 23 juin 2011 au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) : « Débordements, nuisances et risques industriels. Histoire des conflits de proximité au XIXe et XXe siècles ». Un séminaire ouvert et annuel avait adopté un intitulé lui aussi délibérément programmatique : « Dé- bordements industriels dans la cité et leurs conflits. Objets, approches et ressources d’une histoire interdisciplinaire (XIXe-XXe siècles) ». Il s’est tenu au Cnam en 2009-2010, et au Centre d’accueil et de recherche des Archives nationales à Paris (CARAN) l’année suivante. Il a permis d’animer les échanges nécessaires à l’avancée des travaux de chacun, mais aussi de confronter nos hypo- thèses de travail, propositions et méthodes aux critiques des collègues chercheurs, enseignants et étudiants. Parmi les initiatives conduites tout au long de ces deux années de travail, deux journées d’étude ont également été organisées afin de faire se rencontrer des chercheurs issus de champs disciplinaires différents de l’histoire, ainsi que des représentants de l’action publique. Le premier 10

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tendus que la production entretient avec son environnement réside dans la question spécifique du risque industriel. La menace environnementale, sanitaire ou industrielle et la nécessité de sa gestion .. est ainsi l'acte majeur pour la construction de ces territoires, lieux d'interactions, d'éc
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