Céline Flory De l'esclavage à la liberté forcée Histoire des travailleurs africains engagés dans la Caraibe française au XIXc siècle Préface de Catherine Coquery-Vidrovitch KARTHALA -Société des Africanistes DE L'ESCLAVAGE À LA LIBERTÉ FORCÉE Visitez notre site : www. karthala.com Paiement sécurisé Illustration de couverture: © 2015-Elise Flory & Farid Mekbel-Mass Confusion mconfusion. corn Composition et mise en page: Nathalie Collain (CNRS-CIRESC) ©Éditions KARTHALA, 2015 ISBN: 978-2-8111-1339-1 Céline Flory De l'esclavage à la liberté forcée Histoire des travailleurs africains engagés dans la Caraïbe française au XIXe siècle Éditions KARTHALA 22-24, bd Arago 75013 Paris Cet ouvrage est issu de la thèse de doctorat en histoire de l'auteur, qui a reçu le prix de thèse de la Société des Africanistes en 2011 et celui du Comité pour la Mémoire et l'Histoire de l'Esclavage 2012. A la mémoire de Jean-Pierre Flory Remerciements Ma reconnaissance va tout d'abord à la Société des Africanistes et au Comité pour la Mémoire et l'Histoire de l'Esclavage. La Société m'a fait l'honneur de me décerner en 2011 son prix de thèse, ce qui a rendu pos sible cette publication aux éditions Karthala. Grâce au prix que m'a attri bué le Comité en 2012, j'ai pu me consacrer à l'écriture dans des conditions matérielles favorables. À la source de ce livre, il y a une thèse de doctorat soutenue en mai 2011. J'exprime ma vive gratitude à Myriam Cottias pour son soutien, sa bienveillance et son enthousiasme si encourageants. Sa direction attentive et stimulante a fait de ces années de recherche une aventure intellectuelle et humaine passionnante. J'adresse également mes remerciements à Elikia M'Bokolo, François-Joseph Ruggiu, Christian Schnakenbourg et Ibrahima Thioub, membres de mon jury de soutenance de thèse. Leurs lectures et leurs suggestions ont beaucoup apporté à ma recherche. Mes pensées reconnaissantes vont aussi à mes collègues du Centre In ternational de Recherches sur les Esclavages (CIRESC) pour leur soutien tant logistique que scientifique et le cadre de travail dynamique et stimu lant dont ils m'ont fait bénéficier. Je tiens à remercier tout particulière ment Nathalie Collain dont le soutien fut constant et si amical, ainsi qu'Elsa Geneste, Antonio de Almeida Mendes et Silvina Testa pour nos précieux échanges. Les discussions avec Ana Lucia Araujo, Dimitri Béchacq, Christine Chivallon, Patrick Demangue, Silyane Larcher, Paul Lovejoy, Beatriz Mamigonian, Anna Seiderer, Alessandro Stanziani et Stella Vincenot m'ont permis de progresser dans mes réflexions. Qu'ils en soient chaleureusement remerciés. Merci aux guides avertis des fonds des Archives départementales de la Guadeloupe, de la Guyane et de la Martinique, qui m'ont fait découvrir des documents rares. Ce travail doit beaucoup à la relecture attentive et aux constructives remarques de Patricia Cagnet, Pascale Comuel, Danièle Flory et Violaine Tisseau. Qu'elles en soient très vivement remerciées. Pour leur amour et leur soutien inconditionnel tout au long de mon parcours, j'exprime toute mon affectueuse gratitude à ma sœur, Élise, mes frères, Antoine et Thibault, ma tante, Sylvie, mes parents, Jean-Pierre, Danièle et Sandrine, ainsi qu'à Malcom Ferdinand pour sa précieuse pré sence durant 1' élaboration de cet ouvrage et à la grande famille de cœur de tous mes amies et amis. Préface Le livre de Céline Flory est important, car il est le premier à aborder de front et de manière exhaustive la question jusqu'à présent peu étudiée et souvent minimisée des travailleurs africains « engagés sous contrat ». Cet «engagement» a, en quelque sorte, remplacé l'esclavage africain après son abolition dans les îles appartenant aux grands puissances (1833 pour les Caraïbes britanniques, 1848 pour les îles et la Guyane françaises). Certes, comparé aux quelque 78 000 individus originaires de Madère, d'Inde et de Chine importés dans les Antilles et la Guyane françaises, le nombre d'engagés africains importés/déportés entre 1854 et 1862, à peine 20 000, peut paraître faible. Mais ils présentaient une spécificité : seuls 7% d'entre eux partirent libres d'Afrique subsaharienne, entre 1854 et 1856. Tous les autres étaient des « rachetés », c'est-à-dire des esclaves achetés par le truchement de recruteurs/transporteurs professionnels, à charge pour les « rachetés » de rembourser le prix de leur liberté par un contrat de travail d'une durée de dix ans outre-Atlantique. Le procédé était discutable, puisque 1' esclavage et, à plus forte raison, la traite étaient in terdits dans les colonies ; or cela revenait à reconnaître officiellement la pratique esclavagiste des sociétés africaines non encore colonisées. Le système de ces « libres forcés » fonctionna tant bien que mal de 1856 à 1862. La justification en était un contrat d'engagement où ils figuraient en qualité de « noirs libres » et bien que les conditions de rapatriement y eus sent figuré, seuls revinrent en Afrique, généralement au bout de six ans, la petite minorité des engagés libres. Quasiment tous les autres se fixèrent définitivement, contraints de fait de conclure un nouveau contrat une fois leur liberté supposée remboursée. Ce travail a de multiples qualités. Élégamment écrit, il est clair et pré cis, et remarquablement documenté grâce à 1' exploration systématique de toutes les archives possibles, publiques et privées, aux îles, en France, en Afrique. Il s'agit surtout d'une véritable histoire connectée où sont exami nés tour à tour tous les éléments de la chaîne d'Afrique en Amérique. La première partie, consacrée à la politique française sur la question des en gagements rachetés, fait découvrir le processus en Afrique, et révèle à quel point la question a préoccupé, voire empoisonné les relations franco britanniques pendant la seconde moitié du XIXe siècle, les Anglais n'étant pas dupes. Le rachat d'esclave n'était pas une nouveauté du travail forcé en Afrique : le missionnaire et explorateur du XIXe siècle, Livingstone, 1' utilisa couramment pendant une quarantaine d'années en Afrique cen trale et orientale pour recruter et mener à la baguette les hommes qui lui servaient à défricher les fermes dont il rêvait de faire de nouveaux pôles
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