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Darcy Emma PDF

169 Pages·2011·1.06 MB·French
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Soirée de Gala D’Emma Darcy Chapitre 1 — Je reconnais cet air triomphant, Sandra Dean! Alors, qu'as-tu gagné, cette fois? Sandra leva le nez de la lettre qu'elle était en train de lire. Bien qu'elle se sentît déjà tout excitée, elle ne put réprimer un soupir en voyant que Gavin s'était servi un verre de lait et qu'il mordait à belles dents dans l'unique pomme qui se trouvait encore quelques secondes plus tôt dans la corbeille de fruits. — La prochaine fois que tu viendras travailler chez moi, tu apporteras de quoi satisfaire ton insatiable appétit, Gavin Howes ! répliqua-t-elle. Gavin prit un air faussement indigné. — Tu me refuserais une malheureuse pomme alors que je viens partager avec toi mon immense savoir et mon génie? objecta-t-il. Quelle mesquinerie! D'ailleurs, tu me dois bien ça pour compenser les frais de transport. Gavin habitait à Glèbe, non loin de l'Institut où tous deux poursuivaient leurs études. Pour se rendre à Neutral Bay, là où vivait Sandra, il fallait prendre le ferry, ce qui coûtait relativement cher. Néanmoins, ils n'avaient pas le choix : l'appartement que Gavin partageait avec quatre autres étudiants était trop bruyant pour travailler sérieusement. Par conséquent, les deux amis avaient pris l'habitude de potasser dans le deux pièces de Sandra. Comme à l'accoutumée, Gavin avait dévalisé le réfrigérateur de son amie, mais aujourd'hui, Sandra était trop heureuse pour lui tenir rigueur de sa goinfrerie. — Je suis qualifiée pour la finale du concours ! annonça-t-elle avec jubilation. Cela signifie que j'ai déjà gagné une chaîne hi-fi, la collection complète des disques d'Adam Gale et deux billets d'entrée gratuits pour Rendez-vous. Alors, qu'en dis-tu? — Mmoui... pas mal. Ça me plairait assez d'assister à cette comédie musicale. Tu m'invites? — Peut-être... Sandra parcourut rapidement le deuxième feuillet de la lettre où l'on indiquait les conditions à remplir pour participer au jeu télévisé. Puis elle passa au troisième feuillet, un formulaire d'acceptation qui devait être signé et réexpédié. — Ce sera intéressant de voir le travail des techniciens en coulisses, reprit-elle, soudain pensive. — Tu as raison ! Voilà l'occasion rêvée de te faire des relations. Sandra et lui terminaient en effet leurs études en communication, et tous deux avaient choisi l'option audiovisuel. Par conséquent, tout ce qui touchait à la télé, à la radio ou au cinéma les intéressait au plus haut point. Malheureusement, il était plutôt difficile de pénétrer le monde du spectacle sans un petit coup de pouce, même si on était jeune, bourré d'idées et d'ambition. — Le Ross Elliot Show est l'une des émissions les plus regardées, fit remarquer Gavin avec enthousiasme. Comme Sandra, déjà occupée à remplir le formulaire, ne répondait pas, il saisit les deux premiers feuillets et s'installa dans le canapé pour en prendre connaissance. Une fois le document signé, la jeune femme alla chercher un verre d'eau dans la kitchenette avant de s'adosser au chambranle de la porte de communication. Puis, amusée, elle observa Gavin qui se concentrait sur sa lecture. Tous deux tenaient la tête de leur classe, et bien qu'une franche camaraderie les liât, il existait entre eux un esprit de compétition qui les incitait à donner le meilleur d'eux-mêmes pour chaque devoir rendu. Dans l'esprit de Sandra, il ne faisait aucun doute que Gavin trouverait la voie du succès, tant son envie de réussir le tenaillait. Sans compter qu'il possédait sur elle un sérieux avantage : il appartenait au sexe masculin, ce qui, dans l'univers du spectacle, représentait un atout certain. Toutefois, elle espérait que ses propres compétences joueraient en sa faveur quand elle se mettrait en quête d'un emploi. Cette petite rivalité entre eux n'empêchait pas Sandra de beaucoup aimer Gavin, et l'affection qu'elle lui portait était réciproque. Pourtant, leur relation ne dépassait pas le stade de l'amitié. La jeune femme aimait trop son indépendance pour supporter l'attitude dominatrice qu'affichait Gavin envers ses petites amies. Il les traitait avec une telle condescendance que Sandra s'étonnait toujours qu'il traîne derrière lui une cohorte d'admiratrices, d'autant qu'il était loin d'être beau : maigre et dégingandé en dépit des fringales qui le prenaient à toute heure de la journée, il avait un visage anguleux et des cheveux bruns frisés. Mais il compensait ce physique ingrat par une vive intelligence toujours en éveil, ainsi qu'un sens de l'humour dévastateur qui le rendait captivant aux yeux de la gent féminine. — Tu vas vraiment paraître au Ross Elliot Show? demanda-t-il enfin en relevant la tête. — Oui, pourquoi? — Je pensais qu'une féministe endurcie comme toi ne s'abaisserait jamais à participer à un jeu où la gagnante remporte... une soirée avec un chanteur! — Primo, je ne suis pas une féministe endurcie et secundo... Je n'ai pas l'intention de passer la soirée avec Adam Gale ! Gavin esquissa une moue dubitative. — Bizarre, n'importe quelle femme sauterait sur l'occasion, répliqua-t-il. Ma pauvre Sandra, tu es ravissante, tu as un corps superbe, mais je parie que tu n'as jamais laissé aucun garçon te toucher. Tu les prends de haut, et tu cherches toujours la bagarre pour leur prouver que tu es la meilleure, que tu peux les battre sur leur propre terrain. Ce n'est pas très féminin, comme attitude. Sandra eut un sursaut d'indignation. — J'imagine que, pour toi, une femme n'est qu'une charmante poupée docile, avec qui tu peux passer quelques heures agréables ! rétorqua-t-elle, dédaigneuse. — Tu sais, je ne te comprends pas. Tu prétends ne pas t'intéresser à Adam Gale, et pourtant, tu comptes te présenter en tant que finaliste à un jeu télévisé, à l'issue duquel il choisira celle qui aura l'insigne honneur de passer une soirée avec lui. — Tu oublies que les perdantes auront droit à un lot de consolation. Voilà ce qui m'intéresse ! Je vais m'arranger pour perdre, c'est tout. — Perdre, toi ? Laisse-moi rire ! — Je gagnerai ce que j'ai envie de gagner! Riposta Sandra avec obstination. D'un pas décidé, elle s'approcha de Gavin et lui arracha la lettre des mains. Avec ses sarcasmes, il ternissait la joie qu'elle avait ressentie en recevant la nouvelle de sa victoire. De plus, de quel droit critiquait-il sa vie privée ? Si elle refusait d'avoir des aventures sans lendemain comme la plupart des filles de son âge, cela ne regardait qu'elle. — Désolé de te contredire, Sandra, mais c'est Adam Gale qui aura le dernier mot, de toute façon. Et quelque chose me dit que, quand il te verra, il n'hésitera pas une seconde. Les vedettes adorent les jolies filles. Oh, je vois ça d'ici : lui en train de te faire des propositions malhonnêtes, et toi montant sur tes grands chevaux ! Je voudrais être là pour assister à cette scène du plus haut comique ! — Tu n'es pas drôle ! Apprends tout d'abord qu'Adam Gale ne verra pas la candidate qu'il sélectionnera. Ce jeu n'est qu'un prétexte pour promouvoir la comédie musicale dans laquelle il joue. Il posera à chaque candidate une série de questions et il se décidera en fonction des réponses. Et, vois-tu, je ne pense pas qu'il appréciera les miennes ! — Quel dommage ! L'expérience s'annonçait pourtant intéressante... J'imagine qu'un gars comme lui n'a jamais essuyé de refus de la part d'une femme. Avec toutes ces groupies qui l'adulent et le suivent dans chacun de ses déplacements, il doit avoir la grosse tête. — C'est justement pourquoi je ne tiens pas du tout à sa compagnie, même si j'adore sa musique. Bien, changeons de sujet. Tu n'as pas oublié ton livre? — Tu m'as déjà vu oublier quelque chose? Ils se mirent au travail et, durant les trois heures suivantes, il ne fut plus question du jeu télévisé. Enfin, Gavin se prépara à rentrer chez lui. — Tu sais, Sandra, tu devrais tout de même essayer de gagner le premier prix, dit-il en rangeant ses affaires. Adam Gale connaît sans doute de nombreuses personnalités influentes à la télévision. C'est une relation à cultiver. — Je n'ai pas l'intention de me vendre pour réussir. Gavin poussa un soupir exaspéré. — Tu es si obtuse, parfois! S’exclama-t-il. Le sexe, c'est le pouvoir, Sandra. — Et le pouvoir t'obsède, n'est-ce pas? — Oui, je l'avoue. D'ailleurs, tu devrais en prendre de la graine si tu veux faire ton chemin dans l'existence. — Pas question. Je réussirai en respectant mes propres valeurs. Gavin balança son sac sur son épaule avant de se diriger vers la porte. Mais, à la dernière seconde, il se retourna. — Par moments, je me demande si tu n'es pas encore vierge, murmura-t-il, une lueur taquine dans le regard. Son départ évita à Sandra de trouver une repartie adéquate. Elle aurait préféré mourir plutôt que de l'avouer, mais Gavin avait deviné juste. Et si par malheur il en avait confirmation, elle serait sans cesse en butte à ses plaisanteries douteuses... Les autres filles semblaient tomber amoureuses à tout bout de champ. Elles avaient régulièrement des aventures et ne s'en cachaient pas. Sandra ne les jugeait pas ; simplement, elle n'avait jamais aimé quelqu'un au point de lui faire don de son corps. Cela lui paraissait très naturel, mais aujourd'hui, pour la première fois, un doute l'assaillait. Etait-elle tout bonnement incapable de s'engager sur le plan émotionnel ? Cette pensée la perturba. Elle avait vingt-trois ans, et jusqu'à présent, aucun homme n'avait fait battre son cœur un peu plus vite. Jamais elle n'avait décoré les murs de sa chambre de posters de vedettes de la chanson ou de héros de séries télévisées. A la vérité, de tels élans romanesques la dépassaient complètement. Alors, était-elle anormale? Les murs de sa chambre étaient ornés de reproductions de Vlaminick et de Derain, ainsi que des principaux artistes du mouvement fauve. Etait-ce sa faute si ces peintures lui procuraient bien plus de plaisir que les visages figés des célébrités sur papier glacé ? En tout cas, elle n'était pas une féministe endurcie comme le soutenait Gavin. Cette même pensée lui revint à l'esprit dix jours plus tard, alors que, sur le point de partir pour les studios de la télévision, elle se contemplait une dernière fois dans le miroir. Non, les reproches de Gavin n'avaient aucun fondement. Elle aimait les jolies toilettes et n'avait pas la moindre inclination pour les vêtements de coupe masculine, comme le prouvait sa tenue du jour. Le chemisier blousant de soie rouge sombre était très féminin, avec son décolleté plongeant, et elle adorait la jupe de velours noir sur laquelle elle avait passé des heures à coudre un feston rouge. Les collants noirs et les escarpins à hauts talons ajoutaient à l'ensemble une note de sophistication, et ce fut à regret que Sandra enfila son vieux manteau de laine noire un peu usé aux manches pour se protéger du vent froid qui soufflait au-dehors. Heureusement, les intempéries n'auraient aucun effet désastreux sur sa coiffure.- Qu'il pleuve ou qu'il vente, ses épaisses boucles rousses étaient toujours aussi rebelles. La jeune femme avait renoncé à se maquiller en pensant qu'il valait mieux confier cette tâche à la maquilleuse des studios. De toute façon, avec sa peau claire, ses grands yeux bruns frangés de longs cils et ses sourcils naturellement arqués, elle n'avait pas besoin d'artifices. Par fierté, elle avait tenu à paraître à son avantage pour passer sur la chaîne nationale. Ses parents et ses amis seraient tous devant leur poste pour suivre le jeu télévisé, et elle ne voulait pas leur faire honte. Avec un petit sourire, Sandra se rappela comment son père avait éclaté de rire quand elle lui avait annoncé son intention de perdre.

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