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Cours ULSH - 1973-1974 - La finalité, approches philosophiques PDF

106 Pages·37.154 MB·French
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REVUE La PHILOSOPHIQUE de l’Université Libre des Sciences de l'Homme JUILLET 1997 N° 26 Série 9 : n°2 SOMMAIRE - Editorial .......................................................................p. 3 - Réponse à ceux qui nient la finalité M.-D. PHILIPPE .................................................................................................................... p. 5 - Première découverte de la finalité M. -D. PHILIPPE......................................................................................................................p. 21 - Les trois grandes finalités offertes au choix libre des hommes M.-D. PHILIPPE........................................................................................................................... p. 33 - La mort est-elle une limite de la finalité? M.-D. PHILIPPE .....................................................................................................................p. 57 - Possibilité radicale de l’anti-finalité : la liberté? M.-D. PHILIPPE .....................................................................................................................p. 73 - Devenir et finalité M.-D. PHILIPPE .....................................................................................................................p. 5 *** - Notes de lecture. Claude DUCOT.......................................................................p.105 Directeur de la Publication : M. Morfin Imprimé par Copie Edition — 59. rue du Faubourg Poissonnière — 75009 PARIS Université Libre des Sciences de l'Homme 115/117, rue Notre-Dame des Champs 75006 PARIS Tél. 01 56 24 02 13 Dépôt légal : Juillet 1997 ISSN 1244-5487 LA FINALITÉ APPROCHES PHILOSOPHIQUES EDITORIAL Notre culture moderne a notablement développé la notion de causalité efficiente et la question de l'origine. On retrouve cette tendance dans les sciences modernes comme l'astronomie, la phy­ sique, la biologie, la médecine, la sociologie, la psychanalyse ou la psychologie, entre autres. Le retour dans le passé ou la recherche de Γ « antécédent » semble avoir une grande importance pour comprendre le « conséquent » ou l'état actuel de la réalité. Cette recherche fait partie de la méthode scientifique et on ne peut en nier l'utilité. Cependant, une difficulté peut apparaître à partir du moment où l'ensemble d’une culture se laisse structurer par la dé­ marche ou l'analyse scientifique. En effet, la personne humaine semble ne pas pouvoir se suffire de l’analyse de la cause efficiente ou de celle des origines. Son autonomie, sa responsabilité, son esprit, poussent la personne à regarder aussi « en avant ». C'est sans doute la différence que l'on peut faire entre ces deux questions classiques : « d'où vient l'homme ? » et « où va l'homme ? ». Face à la question de la réussite de la vie, devant la question de la mort, l'homme a besoin de rechercher un pôle d'attraction, un « phare », même lointain pour guider le navire de son esprit. N'est-ce pas ici qu'intervient la question de la finalité ? Cette question n'est-elle pas inévitable pour une authentique quête de sagesse ? Et puisque la philosophie est « amour de la sagesse », on peut dire qu'une telle question sera éminemment philosophique. Cependant, pour étudier une causalité la recherche philo­ sophique a besoin d'abord de faire l'inventaire de ses différentes modalités d'exercice. Le Père Marie-Dominique Philippe nous propose dans les textes qui suivent - et qui sont la simple transcrip­ tion d'une série de conférences données à l'ULSH en 1973-74 - un parcours des différents niveaux où s'exerce la finalité. L'analyse de 3 La finalité l'oeuvre et du travail, de l'amitié ou de la contemplation permet­ tront de préciser un véritable « itinéraire » de la finalité, et de met­ tre en valeur ce qui, dans la personne humaine en est le plus dé­ pendant, à savoir l'esprit. Certes, il est des formes de pensée, des attitudes systémati­ ques ou des « conditions limites » qui assombrissent la quête de finalité dans l'esprit humain. Les connaître ou les analyser a donc toute son importance. Ainsi, le primat donné à la logique, la dia­ lectique, les conceptions trop subjectives de la liberté sont-ils autant d'écueils à éviter. La fin est considérée avec pertinence par saint Thomas d'Aquin comme causa causarum, la cause des causes (Som.Théo., la, 5, 2, ad 1). Elle est chez Aristote une cause immobile et donc transcendante (Mét. A, 7, 1072b 1). La philosophie a ainsi beau­ coup jl gagner dans l'étude de la finalité, jusqu'à la contemplation d'un Être premier. Enfin, il semble que notre civilisation moderne n'a sans doute jamais eu autant besoin de méditer sur un tel thème pour mieux discerner les chemins de la sagesse. Fr. Stéphane-Marie BARBELL1ON 4 RÉPONSE A CEUX QUI NIENT LA FINALITÉ a question que nous devons traiter ce soir est d'une ex­ L trême importance, car ce qu'il y a de plus terrible aujour­ d'hui, c'est la perte du sens de la finalité, et cela, non seulement dans la philosophie, mais d'une façon générale. C'est du reste normal, car la philosophie influe nécessairement sur la culture et sur le milieu dans lequel nous vivons. La finalité a été l’une des grandes découvertes de la philo­ sophie grecque et spécialement d'Aristote. Platon l’avait déjà entrevue, mais Aristote a été le premier à l'avoir précisée avec netteté. Très vite, d'ailleurs, il y a eu des abus - il suffit de nous rappeler un des exemples classiques des stoïciens : « Pourquoi y a-t-il des rats ? - Pour éveiller le donneur du matin ». Cette ré­ ponse est évidemment celle d'une philosophie qui, oubliant la vraie finalité, est tombée dans le finalisme. De même plus tard, au XIXème siècle, Bernardin de Saint Pierre se posant la ques­ tion : « Pourquoi le melon a-t-il des côtes ? » répondra : « Pour être mangé en famille ». 5 La finalité Ces finalités là n'ont rien à voir avec la vraie finalité. C'est de la rhétorique, c'est-à-dire la décomposition de la philosophie. Quand le philosophe devient rhéteur, il est mauvais rhéteur et mauvais philosophe parce qu'il oublie ce qu'est la philosophie. Le philosophe doit être sobre, précis et rigoureux. S'il donne des exemples, c'est par miséricorde, afin de faciliter la compréhen­ sion et de maintenir l'attention. Π doit avoir toujours une très grande rectitude de pensée. Le problème est particulièrement difficile lorsqu'il s'agit de la finalité. Comme nous allons le voir, la finalité n'est parfaite qu'avec l'esprit (l'intelligence et l'appétit spirituel) qui seul peut vraiment la découvrir. Nous ne pouvons faire cette découverte dans la vie ou dans la nature ; mais l’ayant faite dans l'esprit, nous comprenons comment il y a un appel très profond de la nature vers la finalité. Autrement dit, il faut être très prudent quand on quitte l'esprit. Il n'est pas si facile d'être finalisé dans sa vie. Il y a beau­ coup de personnes qui ne le sont pas, ce qui explique qu'elles se découragent si vite. La finalité nous donne une très grande force de vie. Si nous ne savons pas où nous allons, nous perdons beaucoup de temps et très vite nous nous décourageons, n'ayant pas cette force intérieure, cette orientation que donne la finalité. Elle ne s'ajoute pas de l'extérieur (ce serait très mal la compren­ dre), mais elle vient de l'intérieur, permettant un véritable dépas­ sement. C'est quelque chose qui est à la fois transcendant et im­ manent, étant au-delà des deux et dépassant ce schéma que nous faisons si facilement d'une « transcendance » et d'une « immanence ». Saint Thomas n'emploie jamais ces termes, qui ont été forgés plus tard et utilisés comme des passe-partout, si bien qu'au bout d'un certain temps plus personne ne sait ce que veulent dire « transcendant » et « immanent ». H faut com­ prendre que l'esprit possède une immanence plus grande que tout et que cet esprit est capable de découvrir une réalité qui est bonne et vers laquelle il tend. C'est la bonté qui nous finalise, c'est le bien qui nous attire, nous prend, nous saisit de l'intérieur, et c'est l'attraction du bien qui nous fait comprendre la finalité. 6 Réponses à ceux qui nient la finalité Il n'y a pas de finalité dans l’ordre spirituel sans amour, de même qu'il n'y en a pas dans l’ordre biologique, ni dans l’ordre de la nature, sans un appétit. C'est l'appétit qui nous fait com­ prendre la finalité. Or, l'amour et l'appétit proviennent de l'inté­ rieur. Dire à quelqu'un : « Je veux que tu aimes », lui donner l’« impératif catégorique » d'aimer, serait la meilleure manière pour qu'il n’aime jamais. Cela arrêterait tout, parce que l'amour doit jaillir de l'intérieur, comme la réalité la plus profonde et la plus spontanée d'un être. Il est d'ailleurs très difficile d’éduquer l'amour pour qu'il soit quelque chose de très grand. On ne com­ mande pas à un être d'aimer, puisque l'amour est cette attraction profonde que nous subissons au fond de nous-mêmes à l'égard d'un bien que nous connaissons et avec lequel nous avons une certaine connaturalité qui s'actue par cet amour même. C'est pour cela que la finalité est le lieu du dépassement. Nous ne pouvons nous dépasser que quand nous sommes finalisés. Une personne qui ne l'est pas se replie immédiatement sur elle-même, tandis qu'un être finalisé a ce dynamisme intérieur qui fait que jamais il ne s'arrête. Quelqu'un qui « plafonne » est un être qui n'avance plus et qui s'enfonce peu à peu, car « qui n'avance pas recule ». Dès qu'on n'est plus finalisé, dès qu'on n'a plus de but dans sa vie, dès qu’on ne sait plus ce qu'on doit faire - non pas comme un « devoir », mais comme une exigence profonde de notre être - il n'y a plus cet élan qui permet de se dépasser. La finalité se traduit dans notre conscience par le sentiment que nous devons toujours aller plus loin. Certes, on nous dira parfois « Vous allez trop vite, vous voulez en faire trop !... ». Non.... Il y a une force intérieure qui nous prend, qui nous sai­ sit, nous conduisant toujours plus loin. Dans l'ordre chrétien, on dira que la finalité, c'est la sainteté. Car c'est cela, la sainteté... C'est d'être pleinement finalisé par le Père, être attiré vers Lui. L’Ecriture le souligne en parlant de l’« attraction » du Père, de l’« attraction » de Jésus. Et cette attraction, c’est la finalité. La sainteté provient de Dieu, c’est un don de Dieu, mais elle de­ mande notre coopération... Elle nous demande de ne jamais nous arrêter... parce que quand on aime, on ne peut pas s’arrêter. La finalité a donc été découverte par Aristote et reprise par Saint 7

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