Compo Consommation et luxe.qxd 10-03-04 14:43 Page 2 Compo Consommation et luxe.qxd 10-03-04 14:43 Page 3 Benoit Duguay Consommation et luxe Compo Consommation et luxe.qxd 10-03-04 14:43 Page 4 Compo Consommation et luxe.qxd 10-03-04 14:43 Page 5 Benoit Duguay Consommation et luxe La voie de l’excès et de l’illusion Liber Compo Consommation et luxe.qxd 10-03-04 14:43 Page 6 Les éditions Liber reçoivent des subventions du Conseil des arts du Canada, du ministère du Patrimoine canadien (padie), de la sodec(programme d’aide à l’édition et programme d’aide à l’exportation) et participent au programme de crédit d’impôt- Gestion sodecpour l’édition de livres du gouvernement du Québec. Dépôt légal: 4etrimestre 2007 Bibliothèque nationale du Québec © Liber, Montréal, 2007 isbn978-2-89578-215-5 Compo Consommation et luxe.qxd 10-03-04 14:44 Page 7 À mon fils Mathieu Compo Consommation et luxe.qxd 10-03-04 14:44 Page 8 Compo Consommation et luxe.qxd 10-03-04 14:44 Page 9 introduction La consommation constitue depuis longtemps la colonne vertébrale de nos sociétés. Elle a explosé après la deuxième guerre mondiale, guidée par le souci de l’utilité et de l’accumulation, elle a été relancée dans les années 1970 et 1980 par le désir de paraître et d’appartenir à une civilisation gagnante, elle en est maintenant à la phase de la course à la distinction d’ego boursouflés, couplée à une quête d’émotions et de sensations inédites. Le goût du luxe, plus que le luxe lui-même et beaucoup plus que le goût tout court, est devenu le nouveau ressort de l’hyper- consommation. C’est lui qui est le sujet de ce livre. Le luxe n’est certes pas une invention récente. «Le dernier des mendiants a toujours une bricole de superflu! Réduisez la nature aux besoins de nature et l’homme est une bête», lit-on dans Shakespeare. Ce à quoi Lipovetsky ajoute que, «depuis longtemps, les meilleurs esprits ont souligné le caractère universel, anthropologique du luxe. […] Le luxe c’est le rêve, ce qui embellit le décor de la vie, la perfection faite chose par le génie humain1.» Certes, le luxe n’est pas le même pour tous. Il y a le luxe 1. G. Lipovetsky et É. Roux,Le luxe éternel. De l’âge du sacré au temps des marques, Paris, Gallimard, 2003, p. 19. Compo Consommation et luxe.qxd 10-03-04 14:44 Page 10 10 consommation et luxe du mendiant et celui du despote, le luxe de l’aristocrate et celui du parvenu, celui du poète et celui du petit- bourgeois. Il y a le vrai et le faux luxe, l’authentique et le kitch. Mais il y a sans doute chez tous un désir de quelque chose qui dépasse la simple utilité, le cours banal des choses, le désir d’un écart (dans le prix, dans la qualité, dans le choix des matériaux) par rapport à une norme ou à une conduite habituelle, écart grâce auquel la valeur de l’objet devient valeur (réelle ou imaginaire, peu importe) de celui qui le possède. De nos jours tou- tefois, cette attitude naturelle et universelle, qui a longtemps été «réservée» à une classe ou à une caste, à des moments particuliers, à des circonstances spéciales, s’est démocratisée et généralisée en modèle même de l’échange marchand sinon du mode d’être. En matière de consommation, nous assistons aujourd’hui, tant chez le producteur que chez le consommateur, chez le vendeur autant que chez le client, à un ensemble de compor- tements exagérés, égoïstes, souvent irresponsables, voire destructeurs, massivement adoptés au nom du luxe. On note ainsi une tendance chez les entreprises de plusieurs secteurs à délaisser leur marché naturel pour se consacrer à une clientèle sinon fortunée du moins prête à dépenser. Du côté du consommateur, le désir de la distinction est cause d’un endettement excessif. Qu’est-ce que le luxe? Quelles sont nos attentes vis- à-vis des produits et services de luxe? Comment se pra- tique le marketing du luxe? Y a-t-il des comportements qui peuvent faire contrepoids à l’hyperconsommation et la mettre en échec? Voilà quelques-unes des questions auxquelles je me propose de répondre dans ce livre. J’espère contribuer ainsi à faire réfléchir sur la consom- mation et à infléchir nos habitudes en cette matière. Je ne pense pas seulement, en disant cela, à la population en général, mais aussi et surtout aux entreprises et aux spécialistes du marketing qui se sont engagés dans