SOCIÉTÉ DES NATIONS CONFÉRENCE EUROPÉENNE DE LA VIE RURALE 1939 Documentation technique CONDITIONS ET AMELIORATION DE LA PRODUCTION VÉGÉTALE ET DE LA PRODUCTION ANIMALE. INDUSTRIES RURALES CONTRIBUTION DE L’INSTITUT INTERNATIONAL D’AGRICULTURE (DOCUMENT N° 5) Parus précédemment: Rapport sur les SYSTÈMES DE CRÉDIT AGRICOLE ET D’ASSURANCES AGRICOLES présenté par M. Louis Tardy, Directeur général honoraire de la Caisse nationale de Crédit agricole. 124 pagesl Fr. suisses 2,50 Un examen de l’organisation et du fonctionnement des principaux instituts de crédit et d’épargne en relation avec l’agriculture, ainsi que des organismes d’assurances et de coopération agricole, forme la base de ce rapport qui est accompagné de quelques monographies sommaires relatives au fonctionnement du crédit agricole dans une quarantaine de pays. Dans ses conclusions, M. Tardy fait ressortir que pour exercer leur profession et assurer la prospérité de l’agriculture, les agriculteurs doivent pouvoir s’appuyer sur un système de crédit agricole bien organisé et pourvu de ressources suffisantes. Il formule une série de recommanda tions ainsi que des observations relatives au fonctionnement du système de crédit agricole et d’assurances agricoles. Étude sur les POLITIQUES NATIONALES DE L’ALIMENTATION, 1937/1939 126 pages Fr. suisses 2,50 Fait suite aux autres ouvrages que la Société des Nations a publiés sur le problème de l’alimentation. Contient une masse de données re cueillies auprès de sources officielles dans un grand nombre de pays. Cette étude n’est pas seulement un travail d’illustrations mais aussi un document qui peut apprendre aux experts ce qui est fait dans d’autres pays que le leur. Rédigé dans un style qui le met facilement à la portée du profane, cet ouvrage n’est pas seulement destiné à ceux qui s’occupent directe ment du problème de l’alimentation, mais au public des différents pays sur lesquels porte l’étude. SOCIÉTÉ DES NATIONS CONFERENCE EUROPEENNE DE LA VIE RURALE 1939 CONTRIBUTION DE L’INSTITUT INTERNATIONAL D’AGRICULTURE DOCUMENTATION TECHNIQUE N° 1. — Population et agriculture; le problème du surpeuplement rural N° 2. — Le régime foncier en Europe. N° 3. — Le capital et les revenus des exploitations agricoles en Europe d'après les résultats de la comptabilité pour la période 1927-28 à 1934-35. N° 4. — La bonification des terres en Europe. N° 5. — Conditions et amélioration de la production végétale et de la production animale. Industries rurales. N° 6. — Interventions des pouvoirs publics sur le marché et la pro duction agricoles. N° officiel: G. 22. M. 14. 1939. Conf. E, V. R. 10. SOCIÉTÉ DES NATIONS CONFÉRENCE EUROPÉENNE DE LA VIE RURALE 1939 Documentation technique CONDITIONS ET AMÉLIORATION DE LA PRODUCTION VÉGÉTALE ET DE LA PRODUCTION ANIMALE. INDUSTRIES RURALES CONTRIBUTION DE L’INSTITUT INTERNATIONAL D’AGRICULTURE (DOCUMENT N» 5) Série de Publications de la Société des Nations CONFÉRENCE EUROPÉENNE — DE LA VIE RURALE * TABLE DES MATIÈRES PAGE I. — Conditions actuelles et amélioration de la production agricole . 7 Conditions agissant sur la production agricole.............................................. 7 A. Progrès réalisés dans la production végétale par l’introduction de cultures nouvelles et par l’amélioration desp lantes. . . . 8 B. Progrès réalisés dans la production végétale par l'emploi des ma tières fertilisantes........................................................................................ 18 C. Progrès réalisés dans la production végétale par la mécanisation. 20 II. — Conditions actuelles et amélioration de la production animale . 22 Conditions générales.................................................................................................. 22 A lim entation.................................................................................................................. 26 Aviculture.......................................................................................................................... 30 Rapports entre la production animale de l’Europe et celle du monde entier, envisagés au point de vie technique..................................... 35 III. — Industries rurales ........................................................................................................ 38 Tendances manifestées dans l’évolution des industries agricoles. . . 38 Problèmes à résoudre de la récolte jusqu’à la livraison à l'usine de transform ation....................................................................................................... 39 L’industrie de l'alcool.................................................................................................. 42 Les industries du l a i t ............................................................................................. 45 Autres industries de transformation des produits agricoles........... 50 Industries à caractère artisanal......................................................................... 51 V 2-fr. CONDITIONS ET AMÉLIORATION DE LA PRODUCTION VÉGÉTALE ET ANIMALE INDUSTRIES RURALES (*) (*) Ce rapport à été préparé par le personnel du Bureau technique de VI. I. A. I. CONDITIONS ACTUELLES ET AMÉLIORATION DE LA PRODUCTION AGRICOLE Conditions agissant sur la production agricole. Le but poursuivi dans l’exploitation du sol est la réalisation d'un profit. Suivant les conditions dans lesquelles peuvent se faire les échanges commer ciaux, et suivant les besoins du marché, l’agriculteur oriente sa production, soit vers l’obtention des rendements les plus élevés, soit vers la production des produits de qualité, à faible rendement. Dans l’un comme dans l’autre cas, la production agricole est sous la dé pendance étroite des conditions du milieu, et il est bien évident que certaines de ces conditions échappent totalement ou presque à l’action de l’homme. C’est le cas pour les phénomènes météorologiques (pluies, gelées, sécheresse, etc.) et égale ment pour les ennemis et parasites des plantes et des animaux domestiques. D’où l'incertitude qui règne sur la production agricole, jusqu’au jour de la vente des produits récoltés ou obtenus. Ces conditions spéciales qui règlent la production agricole expliquent l’im possibilité de compter à coup sûr sur un bénéfice certain dans l’exploitation du sol, et justifient les moyens de lutte souvent très coûteux mis en œuvre contre les adversités et ennemis des cultures, et contre les agents des maladies infec tieuses atteignant les animaux domestiques. On a cherché depuis longtemps à affranchir plus ou moins complètement l’agriculteur en perfectionnant les méthodes de culture et en orientant correc tement l’exploitation du sol, notamment par le choix d’un plan de culture tenant compte au maximum des possibilités offertes par le milieu (sol, climat, etc.). I,es résultats obtenus, surtout depuis une cinquantaine d'années, sont extrêmement remarquables. Mais il reste toujours une crainte justifiée des calamités imprévisibles, telles que gelées, sécheresse, inondations, envahisse ment des cultures par des- parasites, apparition de maladies de plantes impos sibles à traiter, épizooties. Même en supposant que les conditions de la production agricole soient satisfaisantes, il demeure indispensable de donner aux produits destinés à la vente une apparence favorable (c’est l’objet de la préparation à la vente, de la standardisation), et d’assurer une conservation suffisamment longue des diverses qualités des produits. Le but poursuivi est en effet de pouvoir offrir à l’acheteur éventuel, une marchandise répondant à un ensemble de qualités au premier rang desquelles se place l’état de fraîcheur. Enfin, le travail agricole, qui serait déjà très absorbant dans le cas où l’on pratiquerait la monoculture, devient de plus en plus compliqué, du fait même 8 PRODUCTION VÉGÉTALE ET ANIMALE - INDUSTRIES RURALES de la variété des productions imposées par les exigences du consommateur, et par la nécessité d’équilibrer la production en fonction des productions de régions ou de pays concurrents, souvent très éloignés. On s'explique ainsi que l'exercice de la profession agricole demande à celui qui s’y consacre des connaissances très variées. En examinant rapidement dans les pages qui suivent les progrès les plus importants réalisés récemment dans l’exploitation du sol, on se propose de fixer les idées sur l’état actuel d’une question d’importance vitale pour tous les pays. On examinera successivement les conditions actuelles et l’amélioration de la production végétale, les conditions actuelles et l’amélioration de la produc tion animale, et enfin la question très importante également de la transforma tion industrielle des produits de la ferme. A. — Progrès réalisés dans la production végétale par l’introduction de cultures nouvelles et par l’amélioration des plantes. i) Introduction de cultures nouvelles . L’histoire du développement de l’agriculture dans les pays européens est caractérisée par des augmentations plus ou moins brusques suivies par des périodes d’ascension régulière. Or, les époques de développement accentué ont été souvent précédées par l’introduction de nouvelles cultures, qu’il s’agisse de nouvelles espèces, variétés ou races, créées ou sélectionnées dans un pays déterminé, ou importées de l’étranger. Il suffit de remonter jusqu’au début du siècle dernier pour se rendre compte de l’importance énorme qu’a exercée dans un grand nombre de pays européens l’introduction de la culture de la betterave à sucre, en donnant une impulsion décisive à toutes les branches de l’agriculture et en améliorant aussi l’économie nationale des pays betteraviers. Plus récemment, l’introduction de la culture des plantes utilisées comme engrais verts a marqué une étape dans les progrès de l’agriculture. En effet, l’introduction des lupins et des autres légumineuses, a pu rendre plus rémuné ratrice la culture de nombreux sols et a permis en outre de mettre en culture des terrains qui précédemment étaient restés toujours en friche. Il a semblé à un certain moment que l’agriculture avait définitivement dépassé la période de l’introduction de cultures nouvelles. Cependant, la ten dance affirmée par divers pays de suffire à tous leurs besoins, a ranimé les ten tatives d’introduction de nouvelles cultures ou de reprise des cultures abandon nées. C’est ainsi que nous assistons à une reprise très nette de la culture du lin et du colza, en Allemagne, de la culture du coton en Italie. La culture du soja est encouragée de toute façon, non seulement dans les pays à tendance autarcique, mais aussi dans les pays à échanges plus ou moins libres. On accorde également dans certains pays européens, un grand intérêt à la culture des plantes à caoutchouc, dans l’espoir de se libérer en partie de la nécessité d’acheter le caoutchouc uniquement fourni jusqu’ici par les pays tropicaux. Les efforts réalisés dans ce domaine ont abouti en U. R. S. S. à une production importante PRODUCTION VÉGÉTALE ET ANIMALE - INDUSTRIES RURALES 9 de caoutchouc fournie par différentes espèces de plantes introduites, acclimatées et sélectionnées à cet effet. Quoi que l’on pense de l’utilité de la remise en activité de cultures aban données et de l’introduction de nouvelles cultures peu appropriées aux con ditions européennes, il semble que l’agriculteur puisse tirer un profit de ces cultures, le plus souvent subventionnées par l’Etat, au moins dans la période d’essais. En ce qui concerne l’influence de l’importation de nouvelles variétés de plantes déjà cultivées, l’exemple le plus significatif est fourni par le Square head anglais qui, introduit dans tous les pays bordant la Mer du Nord et la Balti que, a donné lieu à une forte augmentation des récoltes de blé. Un résultat semblable a été obtenu avec le seigle de Petkus et les variétés de betteraves à sucre de Bohême et d’Allemagne. Tout récemment, le blé Mentana, intro duit d’Italie en Grèce, a produit dans ce pays une augmentation très considé rable de la récolte. Mais d’une manière générale, il semble bien que la période d’introduction sur une vaste échelle de nouvelles espèces et variétés, soit passée. Les progrès de l’agri culture, dans ces dernières années, se sont basés bien moins sur l’importation que sur la création sur place de nouvelles variétés dites nationales. L’amélioration des plantes est un domaine où effectivement chaque pays, tout en choisissant les géniteurs parmi la gamme des variétés du monde entier, peut essayer de se suffire à lui-même en créant des variétés adaptées aux conditions spéciales du pays. C’est la tendance qui apparaît nettement lorsqu’on observe le développement de l’amélioration des plantes au cours des dernières années. L’amélioration des plantes par simple sélection a eu des mérites incontestables qu’elle conserve dans les pays encore arriérés au point de vue agricole. Dans tous les pays d’ailleurs, l’amélioration des plantes a débuté par la simple voie de la sélection. Les effets en ont été bien souvent surprenants, et se sont manifestés partout par des progrès extraordinairement rapides. Mais aujourd’hui, dans les pays avancés, on s’en tient à l’hybridation. C’est la méthode la plus appliquée, la plus évoluée et la plus féconde. Parmi toutes les méthodes d’amélioration de la technique agricole telles que l’assolement rationnel, l’emploi d’engrais chimiques et d’engrais verts, l’intro duction des cultures sarclées, le labour profond du sol, la récolte perfectionnée et mécanisée, etc., rien n'a fait autant progresser l’agriculture que l’amélioration des plantes par la sélection et l’hybridation. Il ne faut d’ailleurs pas oublier que les méthodes d’amélioration énumérées ci-dessus impliquent en général des frais considérables et des soins constants, tandis que l’emploi de variétés améliorées ne demande, de la part de l’agriculteur, que la surtaxe de quelques centimes par quintal de semences constituant la modeste contribution aux frais encourus par les sélec tionneurs. L’introduction d’une meilleure race dans une province agricole si gnifie pour les cultivateurs un profit immédiat. Elle améliore la récolte, en quan tité ou bien en qualité, sans pratiquement augmenter les frais de culture. Il semble ainsi évident que la création de variétés à rendement et qualités améliorés, constitue l’un des moyens les plus simples et les meilleurs pour relever l’économie générale d’un pays. 10 PRODUCTION VÉGÉTALE ET ANIMALE - INDUSTRIES RURALES Cependant, pour qu’une race améliorée puisse manifester toute sa supério rité, il faut que les soins culturaux soient perfectionnés d’une manière qui corres ponde à la qualité supérieure de la race: de bons soins culturaux, une fumure intensifiée, doivent forcément accompagner l’emploi de races améliorées qui, grâce à leur valeur, justifient les soins qu’on leur accorde et permettent de tirer du sol le maximum de profit. Il est par contre inutile de vouloir décider quelle mesure doit précéder l’autre: l’introduction de races d’élite ou bien l’emploi de méthodes culturales perfectionnées et intensifiées. Il suffit de constater que les deux systèmes se complètent naturellement. C’est cette interdépendance entre l’amélioration des procédés culturaux et l'amélioration des variétés des plantes cultivées qui constitue l’un des meilleurs stimulants pour le progrès de l’agriculture. Par rapport à l’ensemble de toutes les activités propres à faire progresser l’agri culture, l’amélioration des plantes revêt à l’heure actuelle une énorme importance. On ne saurait à ce sujet - en se bornant à l’Europe - trouver une meilleure justification qu’en rappelant le cas de la betterave à sucre. L’introduction dans l’assolement de cette culture sarclée par excellence, a eu comme premier effet une importante amélioration de l’état physique du sol. Pour satisfaire les besoins élevés de la betterave en éléments nutritifs, l’agriculteur doit fournir une forte fumure, améliorant ainsi notablement les qualités chimiques du sol. La richesse accrue du sol conduit, pour les céréales cultivées après les bette raves, à adopter des variétés améliorées capables de tirer profit des bonnes con ditions du sol et capables surtout de résister à la verse. Cependant, cette suite de progrès n’aurait pu être enregistrée si les variétés de betteraves n’avaient été ainsi capables de concurrencer la canne à sucre d’outre-mer. En effet, lorsque la betterave à sucre fut introduite dans la culture européenne, sa teneur en sucre atteignait environ 8 %, dont au début il ne fut possible de retirer par extraction que 4 %; la production de sucre à l’ha. dépassait à peine 10 qx. Après un siècle, on est parvenu au chiffre de 50 qx. ce qui correspond à une récolte quintuplée, en partie grâce à de meilleures méthodes culturales et d’ex traction, mais surtout grâce à la sélection. I,’exemple de la betterave à sucre est typique, puisque dans cette culture, l’augmentation du rendement se base sur deux facteurs nettement séparables: i° l’augmentation de la récolte brute due en premier lieu à l’amélioration des mesures culturales; 20 l’augmentation de la teneur en sucre de la racine due presque exclusivement aux effets de la sélection. Or, dans la période allant de l’année 1850 à nos jours, la récolte de racines de betterave à sucre en Bohème, par exemple, est passée de 239 qx. à 278 qx. à l'ha., augmentation plutôt modeste, tandis que dans la même pé riode, la teneur en sucre, passée de 7,8 % à 17,7 %, a plus que doublé, succès extrêmement net et significatif dû à la sélection. Passons à un autre exemple: celui du Danemark. Le rendement moyen de la totalité des récoltes - exception faite pour le foin des prairies et la paille - a augmenté d’un peu plus de 50 % au cours de la période allant de 1889 à 1929. Il est indubitable qu’une très grande partie de cette augmenta tion est due à l’influence des variétés supérieures qui ont été introduites précisé ment dans cette période-là. On se rend plus exactement compte des effets de l’amélioration lorsqu’on sait que si l’on donne au blé Square head, (qui cepen
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