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Complexités du posthumanisme. Trois essais dialectiques sur la sociologie de Bruno Latour PDF

245 Pages·2006·0.67 MB·French
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COMPLEXITÉS DU POSTHUMANISME Trois essais dialectiques sur la sociologie de Bruno Latour Collection diagonale critique dirigée par Henri Vaugrand Sans exclusive ni centre académique, la collection diagonale critique se propose de fendre la verticalité, l’horizontalité et l’homogénéité des édifices théoriques et des théories édifiées. Dans une dynamique pluridisciplinaire et sans paradigme d’interrogation des phénomènes anthropo-sociaux, elle compte notamment travailler les potentialités de l’oblique, de la diagonale et de la négativité présentes dans les postures critiques des penseurs de l’école de Francfort. En s’opposant à la théorie traditionnelle comme catégorie idéologique réifiée, la collection diagonale critique entend promouvoir des travaux où l’attitude critique tend à dépasser la tension, ou l’harmonie trop parfaite, entre ceux qui produisent la théorie et ceux à qui elle est destinée. Dernières parutions Rudolf J. SIEBERT, Le Relatif et le Transcendant. La sociologie critique de la religion de Max Horkheimer, 2005. Pierre V. ZIMA, L’École de Francfort : dialectique de la particularité, nouvelle édition revue et augmentée, 2005. ©pour la traduction française, L’Harmattan, Paris, 2006. ISBN: 2-296-01502-6 EAN : 9782296015029 Frédéric VANDENBERGHE COMPLEXITÉS DU POSTHUMANISME Trois essais dialectiques sur la sociologie de Bruno Latour Traduit de l’anglais par Henri Vaugrand L’Harmattan L’Harmattan L’Harmattan 5-7, rue de l’École-Polytechnique Kossuth L. u. 14-16 Via Degli Artisti, 15 75005 Paris 1026 Budapest 10124 Torino FRANCE HONGRIE ITALIE Du même auteur : La Sociologie de Georg Simmel, Paris, La Découverte, 2001. Une histoire critique de la sociologie allemande. Aliénation et réification, (tome I: Marx, Simmel, Weber, Lukács; tome II: Horkheimer, Adorno, Marcuse, Habermas), Paris, La Découverte/MAUSS, 1997-1998. Chaque époque doit découvrir son humanisme, en l’orientant vers le danger principal d’aliénation. SIMONDON, 1969, p.102. Introduction à la révolution de la déconstruction LAPOST-MODERNITÉ, c’est le post-modernisme réalisé. À petit pas, insidieusement, nous sortons de la modernité tardive pour entrer dans la post-modernité (Freitag, 2002). Les contours de cette post-modernité demeurent vagues, mais nous savons déjà que la civilisation de l’avenir sera à la fois hypercapitaliste et hypertechnologique. La transition d’une modernité vers une autre ne se fait pas sans turbulences. La mouvance de résistance contre la mondialisation mercantile fait entrevoir la nature et l’enjeu de la société-monde techno-capitaliste qui se construit devant nos yeux. À défaut d’une autre mondialisation, d’un contre-projet hégémonique capable de domestiquer et de re-réguler le capitalisme déchaîné, on peut s’attendre à la commercialisation universelle de tous les biens — la nature, la culture, la conscience, le corps, l’amour et, enfin, la vie elle-même™. Le temps n’est pas à l’optimisme1. Depuis un quart de siècle, le capitalisme tardif est entré dans une phase exacerbée de «création destructive» des acquis sociaux des Trente Glorieuses. Rien ne résiste. Contre toutes les attentes, nous n’avons pas assisté à l’effondrement final du capitalisme, comme le vieux Marx l’avait prédit, mais à l’effondrement final du socialisme. La révolution a bien eu lieu, mais elle s’est faite contre l’arrangement néo-corporatiste de 1.Je ne parle même pas de la conjoncture géopolitique: la révolution conservatrice aux États-Unis, la montée de la xénophobie en Europe, la restauration de l’autoritarisme en Russie, le léninisme de marché en Chine et l’intégrisme au Moyen-Orient sont de mauvais augure. Depuis le 11 septembre 2001 le monde va de mal en pis. Seules l’Amérique latine et l’Inde sont sources d’espoir, pourvu qu’elles réussissent à redresser l’inégalité et pacifier les «classes dangereuses». 8 Complexités du posthumanisme l’après-guerre, contre le keynésianisme et le fordisme, contre la social-démocratie européenne. On est passé des Trente Glorieuses (Fourastié) au Vingt Piteuses (Baverez). Désormais, on ne peut plus que rêver de la stabilité et de la sécurité qu’offrait la vieille Europe à ses citoyens-producteurs-consommateurs. La nouvelle gauche est désemparée et désorientée, tandis que la vieille droite se reconvertit à la nouvelle religion de la compétition, sans voir que le néo- conservatisme et le néo-libéralisme sont difficilement compatibles. L’utopie, c’est les années soixante et soixante-dix que nous avons tant aimées (même si nous étions trop jeunes pour l’apprécier, nous l’avons retrouvée à Amsterdam — avant que les Pays-Bas ne basculent dans le populisme). L’utopie, c’est la croissance économique, le plein-emploi et la contestation libertaire du mode de vie productiviste-consumériste. «Calme, luxe et volupté», comme disait Marcuse à la suite du poète, en exprimant les aspirations post-matérialistes des nouveaux mouvements sociaux et culturels des sixties dorées (New Left, Flower Power, tiers- mondisme, etc.). En un quart de siècle, le néo-libéralisme a tout bousculé. En introduisant de force les principes du marché dans la politique, le capitalisme transnational s’est emparé de l’État pour le liquid(ifi)er et, de l’intérieur, il l’a investi pour privatiser les services publics et planifier la transition vers la société mondiale du marché. Le laisser-faire et le laisser-aller sont désentravés, tandis que le laissez-passer est strictement régulé par l’État qui assume de plus en plus les fonctions d’un hôtel de police (l’Estato- carabiniere). Tout en excluant une bonne partie de l’humanité (le Quart Monde, le Tiers Monde, les prolétaires, les chômeurs, les sans-papiers, les sans-terre), le capitalisme a intégré les segments les plus compétitifs de l’économie dans un réseau mondial unifié sans frontières. Désormais, les marchés financiers à travers le monde sont intégrés et opèrent comme une unité en temps réel. La «phynance», ce mélange insalubre d’argent propre spéculatif et d’argent sale d’origine criminelle, est le phylum vital du capitalisme collectif mondial. Le capitalisme financier, spé- culatif et virtuel, fonctionne comme un casino. Rien ne va plus. Depuis que les États-Unis ont abandonné la convertibilité du dollar en or, les monnaies flottent librement. Déconnecté de la sphère Introduction à la révolution de la déconstruction 9 productive, le capitalisme financier spéculatif devient propre- ment spéculaire. Il s’accumule, mais on se demande d’où vient la plus-value. Elle ne provient pas du travail, puisque le capitalisme n’a plus besoin du travail pour se reproduire. Trop chers, le capital ne peut plus ou, en tout cas, ne veut plus se permettre les frais du travail. Il veut un capitalisme sans classes et, si possible, sans impôts et sans charges sociales. Dans les pays développés, l’armée des travailleurs de réserve a disparu en même temps que les armées de conscription de masse. Il est peu probable que les économies avancées retrouvent le plein-emploi. Dans les pays en voie de développement, les travailleurs sans travail transforment le vice en vertu. Comme le capitalisme n’a plus besoin des travailleurs, les travailleurs en concluent qu’ils n’ont plus besoin du capitalisme et réinventent les coopératives. L’économie solidaire offre une solution locale pour un problème global. Dans la mesure où il s’agit d’une économie des pauvres, l’économie populaire n’offre malheureusement qu’une pauvre alternative fonctionnelle à la richesse des nations. Si le capitalisme peut se passer du travailleur, il a en revanche toujours besoin du consommateur. Systématiquement ciblé par les techniques de séduction de la mercatique, inventée dans les années trente par Edward Bernays, le consommateur est devenu un des personnages centraux du nouveau capitalisme. Dans la société de consommation, tout est esthétisé, emballé, voilé, fétichisé. Tout comme la marchandise est de l’art commodifié, l’art est de la marchandise esthétisée. Avec l’esthétisation de la marchandise, c’est toute la culture qui finit par devenir marchandise. La culture internationale populaire est diversifiée et divertissante. Voyez MTV, allez aux Halles ou aux Malls! Vous y verrez un capitalisme insolent et intelligent, jeune et original, provocateur et séducteur, qui expose des modes d’existence et propose des styles de vie à tout preneur 1. À travers les médias de communication de masse, le capitalisme a investi 1.Contrairement à ce que pensent certains intellectuels, il faut insister que le marché ne traite pas le consommateur comme un abruti. On n’échappe pas au consumérisme. Il y a en a pour tout le monde et pour toutes les bourses. Il suffit d’aller à la FNAC pour s’apercevoir de l’attraction que la marchandise du livre peut exercer sur les esprits les plus rétifs à la consommation.

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