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Comoedia togata: fragments PDF

223 Pages·2002·5.523 MB·French
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COLLECTION DES UNIVERSITÉS DE FRANCE publiée sous le patronage de l'ASSOCIATION GUILLAUME BUDÉ COMOETDOIGA ATA FRAGMENTS TEXTE ÉTABLI, TRADUIT ET ANNOTÉ PAR ANDRÉ DAVIAULT Professeurà l'UniversitéI nval (Québec-Canada) Deuxième tirage PARIS LES BELLESL ETIRES 2002 INTRODUCTION La comédie latine nous est connue surtout par la Palliata, qui est seule à fournir des œuvres complètes, c'est-à-dire les pièces de Plaute et de Térence ; cela ne laisse pas d'être paradoxal, puisque la Palliata, comme son nom l'indique 1, est un genre d'inspiration étrangère Conformément aux statuts de l'Association Guillaume Budé, présentant des personnages dont les mœurs et les habi ce volume a été soumis à l'approbation de la commission tudes ne correspondent pas beaucoup à celles de la technique, qui a chargé M. Jacques Heurgon d'en faire la société romaine du ne siècle 2• Ce décalage entre les spec révision et d'en surveiller la correction en collaboration avec tateurs et un spectacle qui leur était, pour ainsi dire, M. André Daviault. extérieur a dû gêner quelque peu les Romains et est sans doute à l'origine de la Togata. En effet, on devine aisé ment l'intention de ceux qui prirent l'initiative de mon ter une comédie avec des acteurs vêtus de la toge ro maine : ils voulurent supprimer la distance qui séparait la scène du parterre et adapter le divertissement au pu- . blic auquel il était destiné ; ils se sont donc efforcés de « romaniser » les personnages et leur milieu. Toutefois ne nous y méprenons pas, il ne s'est pas agi de tourner le dos à la comédie d'essence grecque, mais plutôt de lui donner un caractère actuel, de la rajeunir 3• Towi droits de traduction, de reproduction et d'adaptation Une telle entreprise, si elle n'était pas vouée à la créa réservés pour tous les pays. tion d'un théâtre radicalement nouveau, pouvait néan- © 2002. Société d'édition Les Belles Lettres 1. La Palliata tire son nom du manteau de ses acteurs, le pallium, 95 boulevard Raspail, 75006 Paris qui est grec. www.lesbelleslettres.com 2. P. Grimal, Le Truculentus de Plaute et l'esthétique de la Palliata, Dioniso, XLV, 1971, p. 534~535. Première édition 1980 3. L'inspiration grecque de la Togata est d'ailleurs attestée par un de ses poètes, Afranius, qui proclame dans le prologue de ses Compitalia, ses emprunts à Ménandre (v. Afran. 25; aussi Cie., ISBN: 2-251-01315-6 Fin., 1, 2, 7 ; Hor., Ep., 2, 1, 57 et Macr., 6, 1, 4). ISSN: 0184-7155 8 INTRODUCTION INTRODUCTION 9 moins entrainer ses auteurs et leurs émules vers une ici quelques explications sur cette épithète à laquelle transformation assez profonde du genre, leur permettre les Anciens ont prêté tantôt un sens spécial, tantôt un d'ouvrir d'autres voies; en outre, et cela n'a pas un in sens général. térêt moindre pour nous, grâce à son effort de moderni , . Quiconque aborde la ter- sation dans lequel elle tirerait résolument parti des réa Togata au sens etro,t. mm. o 1o g.i e an t·1· que d u th,e aA tr e lités de la vie quotidienne aussi bien que des événements latin est surpris de l'obscurité des systèmes de olassifi contemporains, à l'intérieur des limites permises par la oation proposés et, par conséquent, de l'imprécision qui censure, la Togata prétendait offrir une image plus fidèle entoure le nom de Togata1 ; cette confusion néanmoins de la société de la Rome républicaine. Malheureusement ne règne qu'entre les doctrines des grammairiens, car les hasards de la transmission des textes, bien loin de l'usage courant ne reconnait jamais qu'une seule accep nous livrer une seule pièce complète, n'ont laissé que tion du terme Togata, réservé exclusivement à la comédie quelques centaines de débris épars appartenant à des de mœurs romaines. Cela ressort de nombreux témoi pièces différentes. Même si l'importance de la perte est gnages provenant des horizons les plus divers : en premier considérable, qui prive l'historien du théâtre et l'histo lieu Horaoe, quand il rend hommage aux poètes qui ont rien tout court d'une source inestimable de renseigne osé monter sur scène des œuvres d'inspiration nationale ments, faut-il pour autant renoncer à savoir quelle a été au lieu de reproduire les pièces grecques, met sur le même la Togata, si ses auteurs ont réalisé le programme qu'ils pied la Praetexta ou tragédie romaine et la Togata, c'est-à annonçaient? Sans vouloir se dissimuler les difficultés dire ce qui correspond au même mouvement littéraire de pareilles recherches, qui aboutissent fatalement à dans le domaine comique2• De la même façon Sénèque plus d'une incertitude, il convient d'essayer de voir les possibilités qu'elles offrent : les principales sources d'in nissaient souvent le nom des genres dramatiques : par exemple, le nom de la tragédie Praetexta est issu de la toge prétexte de ses per formation dont nous disposons, le témoignage des An sonnages, celui de la Trabeata provient de la trabea des chevaliers ciens eux-mêmes ainsi que les indications contenues dans qui étaient exclusivement représentés dans cette sorte de spectacle les fragments, permettront, sinon de les résoudre à coup (Suet., Gramm., 21), la Grepidata évoque la chaussure crepida des tragiques grecs et la Planipedia fait probablement allusion aux pieds sûr, du moins de bien cerner les problèmes de la Togata, nus des mimes (v. Atta, 1, n. ad loc.). touchant son origine et sa disparition, et d'en proposer 1. Sur les problèmes de terminologie du théâtre latin, voir entre un historique vraisemblable ; quant à la nature de oe autres J. H. Neukirch, De fabula Togata Romanorum, 1833, p. 48-49; L. Lersch De fabula Togata, Palliata et Praetexta, Rh. Mus., 1839, théâtre comique national, c'est par l'analyse des frag p. 509-521 ; F. Marx, Afranius, R. E., I, 1, 1893, col. 708-710; E ..C our ments qu'on pourra se former une idée suffisamment baud, De comoedia Togata, 1899, p. 1-7; Persson, Wortgeschichtliche claire de la comédie Togata, qui a eu en son temps autant Miszellen, Eranos, 1921-1922, p. 77-78; M. Bieber, Krepis, R. E., XI, 1922, col. 1710-1714; W. Kroll, Togata, R. E., VI, A, Il, 1937, d'éclat que la Palliata. col. 1660-1662 ; W. Beare, Grepidata, Palliata, Tabernaria, Togata, Glass. ReP., 1939, p. 166-168; et en dernier lieu : A. Lesky, Fabula Grepidata, Rh. Mus., 1952, p. 857-869; V. Ussani jr., Problemi del 1. LE NOM DE LA TOGATA teatro arcaico latino, Appunt. dalle lezion. di lang. e lett. lat., 1968, p. 11-38, et Per la storia del teatro latino, 1 : Su alcune testimonianze Tout comme la Palliata, la Togata doit son nom au antiche, Rir,. di cult. class. e med., X, 2, 1968, p.141-167; R. Tabacco, vêtement de ses acteurs 1. Il est nécessaire d'apporter Il problema della Togata nella critica moderna, Ball. di stud. lat., V, 1975, p. 83-57. 1. Chez les Latins, les particularités du costume des acteurs four- 2. Hor., Ars, 285-288 : Nil intemptatum nostri liquere poetae / nec 10 INTRODUCTION INTRODUCTION 11 et Velleius Patercu.lus, en opposant les Togatae aux tra Comme il arrive souvent en Togata au sens général gédies latines, laissent entendre implicitement qu'elles matière de dénomination, et Tabernaria. sont des comédies en toge 1• Par ailleurs pour apprécier celle qui devient usuelle n'est les bons mots de la Togata, Fronton ne songe pas à les pas forcément la plus appropriée. Si on s'avise, par rapprocher des sentences de la tragédie, mais des plai exemple, que les acteurs de la comédie à sujet romain santeries de la farce Atellane 11. Il y a en outre une grande ne furent pas les seuls à jouer en toge, mais que les person quanti{é de passages, où le terme Togata accompagne nages tragiques romains .ont aussi porté une toge, la toge le nom d'auteurs ou de pièces que nous savons, grâce aux prétexte des hommes de haut rang, on ne fait pas de fragments, être comiques Enfin, comme s'il était besoin difficulté pour admettre que le nom de Togata aurait pu 3. d'autres indices il reste les commentaires non équivoques également convenir à la tragédie nationale. C'est donc de quelques scoliastes 4• Ainsi est-il clair qu'une opinion pour tâcher de combattre un usage à leurs yeux mal largement répandue et persistant jusqu'à la fin de la fondé, que les grammairiens ont remplacé le sens res latinité, a identifié la Togata à la comédie qui représen treint de Togata par une signification plus générale com tait sur scène les mœu,rs romaines, par opposition à la prenant aussi bien la tragédie prétexte que la comédie Palliata directement inspirée de la N éa grecque. en toge à laquelle était désormais attribuée la nouvelle appellation de Tabernaria, qui impliquait une référence minimum meruere decus uestigia Graeca / ausi deserere et celebrare spéciale au décor de la pièce 1. domestica (acta / uel qui Praetextas, 11eql ui docuere Togatas. Ces modifications s'intégraient dans une nouvelle 1. Sén., Ep., 8, 8 : Non adtingam tragicos nec Togatas nostras. H abent enim hae quoque aliquid seueritatis et sunt inter comoedias et nomenclature dramatique qui avait l'avantage de dis tragoedias mediae. Vell., Hist., 2, 9, 3 : Clara etiam per idem aeui tribuer également sous leur dénomination générale propre spatium fuere ingenia in Togatis Afranii, in tragoediis Pacuuii atque les divers genres scéniques grecs et latins : la Palliata Attii, usque in Graecorum ingeniorum comparationem euecti. 2. Front., Ep., II, 2, p. 110 van den Hout (sententias arriperetis) grecque comprenait quatre sortes de spectacles : les uel urbanas ex Togatis uel ex Atellanis lepidas et facetas. spectacles tragiques, comiques, satyriques et mimiques 3. Varr., L., 5, 25 : Afranius (inc. XXIII) putilucos in Togata auxquels correspondaient les quatre variétés de la Togata appellat; Cie., Sest., 55, 118 : cum ageretur Togata Simulans; Hor., Ep., 2, 1, 57 : dicitur Afrani toga conuenisse Menandro; Quint., romaine, la Prétexte, la Tabernaria, l'Atellane et la Jnst., 10, 1, 100 : Togatis excellit Afranius; Suét., Nér., 11, 4 : inducta Planipédie. Nous devons le meilleur exposé de cette re Afrani Togata, quae Jncendium inscribitur, Gramm., 21, (Melissus) fecit et nouum genus Togatarum inscripsitque Trabeatas (voir infra, classification érudite au grammairien Diomède 2. Elle Introduction, p. 12, n. 1); Gell., 10, 11, 8 : sicuti Afranius dixit in Togata cui Titulus nomen est, 13, 8, 3 : uersus Afranii sunt in Togata Schol. Juv., 1, 3 : Togatae sunt comoediae latinae ... , quales Afranius cui Sellae nomen est; Porph., Ep., 2, 1, 57 : Togatas enim scripsit fecit. Afranius, 79 : Atta Togatarum scriptor est; Ser. Sam., Med., 58, 1. Tabernaria, dérivé de taberna, • cabane, boutique •• est une 1037-1038 : alia praecepit Titini sententia necti / qui ueteri claras dénomination qui fait appel exceptionnellement au décor de la comé expressit more Togatas ; Aus., Epigr., 78, 4 : quam toga facundi scaenis die, constitué non pas de somptueuses façades de palais comme dans agitauit Afrani; Macr., Sat., 6, 1, 4 : Afranius enim Togatarum scrip la tragédie, mais de demeures privées moins importantes : Diom., 3, tor in ea Togata quae Compitalia inscribitur; Isid., Nat., 44, 4 : Atta 489, 29-32 : Tabernariae dicuntur et humilitate personarum et argu in Togata sic ait. mentorum similitudine comoediis pares, in quibus non magistratus 4. Eugr., Eun., 769: quoniam (haec) comoedia Athenienses personas regesue sed humiles homines et priuatae domus inducuntur, quae quidem kabet, idcirco pallium dixit; sunt enim (et) comoediae, quae Togatae olim quod tabulis tegerentur, communiter tabernae uocabantur. dicuntur et personas romanas habent; Ps. Ascon., Diuin. in Caecil., 48 : 2. Diom., 3, 482, 27-29 : poematos dramatici uel actiui genera sunt nam latinae fabulae ... , ut Atellanae, Togatae et huiuscemodi aliae; 12 INTRODUCTION l,VTRODUCTION 13 si longue que fût sa durée, cette doctrine a toujours été remonte cependant à une époque bien antérieure, puis artificielle et n'a jamais pu supplanter la terminologie qu'on relève d'abord chez Varron puis chez Festus deux habituelle, même dans l'esprit des grammairiens, qui exemples du nom Togata au sens large 1; d'autre part s'embrouillaient souvent entre les deux systèmes, cé son existence semble être attestée très tardivement par une scolie du Pseudo-Acron 2• Mais il faut observer que, daient parfois à l'ancien usage ou allaient jusqu'à prendre carrément parti pour lui 1. En ce qui nous concerne, nous quattuor : apud Graecos, tragica, comica, satyrica, mimica; apud Romanos, Praetextata, Tabernaria, Atellana, Planipes; ibid., 489, et comoediarum fuit antiquus ; dans ce passage, Togata sert de déno 23-490, 4 : Togatarum fabularum species tot fere sunt quot et Palliatarum. mination commune à la tragédie et à la comédie romaines. Deux autres Nam prima species est Togatarum quae Praetextatae dicuntur, in quibus scolies du Pseudo-Acron livrent des renseignements aberrants sur la imperatorum negotia agebantur et publica et reges Romani uel duces Togaia, erreurs manifestement issues du système érudit de Varron inducantur, personarum dignitate et [personarum] sublimitate tragoediis Festus-Diomède qui a été mal compris: Ps.-Acr., Ars, 288 : alii autem similes; Praetextatae autem dicuntur, quia fere regum uel magistratuum dicunt Praetextam et Togatam comoedias esse, sed Togatas, in quibzts qui praetexta utuntur in eius modi fabulis acta comprehenduntur; sum Graeca argumenta, Praetextas in quibus szmt Latina. Praetextas secunda species (est) Togatarum quae Tabernariae dicuntur et humi et Togatas scripserunt A. Lamia, A. Rufus, Cn. Me/issus, Afranius, litate personarum et argumentorum similitudine comoediis pares, in Pomponius ... Comoediarum genera sunt sex : stataria, motoria, Prae quibus 11011 magistratus regesue sed humiles homines et priuatae domus textata, Tabernaria, Togata, Palliata; voir V. Ussani jr., Perla storia inducuntur, quae quidem olim quod tabulis tegerenmr, c0mmuniter del teatro latino ... , art. cit., p. 159-165. tabernae uocabantur; tertia species est fabulanim lotinarum quae a 1. Des énumérations confuses rangent parmi les représentations ciuitate Oscorum Atella, in qua primum coeptae, appellatae sunt Atel proprement romaines la comédie Togata et la comédie Tabernaria, lanae, argumenfis dictisque iocularibus similes satyricis fabulis Graecis; opérant par-là un mélange pour ainsi dire hybride de l'usage courant, quarta species est Planipedis, qui graece dicitur Mimus. qui utilise Togata. au sens étroit, et du système érudit, créateur du 1. Varr., L., 6, 18 : Togata Praetexta data eis Apollinaribus ludis; nom Tabernaria : Evanth., Fab., 4, 1 : illud uero tenendum est post l'origine de ce système ne remonte vraisemblablement pas au-delà, vw:v xwµepl>(cwL atinos multa fabularum genera protulisse, ut Togatas car Varron recourt encore à l'ancien usage dàns un chapitre antérieur ab scaenicis atque argumentis latinis, Praetextatas a dignitate personarum du même ouvrage (voir Introduction, p. '10, n. 3) ; A. Lesky suppose tragicarum ex latina historia, Atellanas a ciuitate Campaniae, ubi judicieusement que ce système était in statu nascendi dans le De ling!'~ actitatae sunt primae, Rinthonicas ab auctoris nomine, Tabernarias ab latina et qu'il a été définitivement mis au point dans un autre tra1~e humilitate argumenti ac stili, Mimos ab diuturna imitatione uilium consacré aux genres poétiques, le De poematis auquel Varron pensait rerum ac leuium personarum; Lyd., Mag., 1, 40 : 6 8è: µü0o,; -.tµve:'t'<Xt pendant la rédaction de son livre sur la langue latine : L., 7, 36 : e:!ç 800, (e:l,; 't'pC(yep8focxv, :,;t xwµw8(<X\I• wv -li 't'p<Xyep8loxco ct OCÙ't'~ ut (de) poematis cum scribam ostendam (voir A. Lesky, Fab. Crep., -œµve:'t'octe :!,; Mo), e:!,;K p1jm8ÔG'l'OxCo\Ic ! Ilpcr.m:Ç't'ÔG't'O· Cw\Iv -li µèv p. 361-363); Fest., 480 L. (= G. L., IV, p. 442) Togatarum·:· Kp'lj1tt8ÔG't'OÉ:CÀ À"Y)\ltXgOzeC:tÇ Ôïto0foe:tç, -li8 1: Ilpo:m:ç't'ÔG't'OpCœ µoct (17 lettres) ... omnium fastigi, quae (Praetextae uocantur) quod togis xw; · -liµ év't'ot xwµep8lct 't'éµve:'t'<Xdt, ; é:rc't'&.e, :!ç IlocÀÀtÔG't'CT(Voy, ôi. praetextis rem .. , (17 lettres} ... tur Tabernariarum, quia (in his cum -.ocv, 'A't'1)ÀÀ.rJ.V"YT)oV:~, epvo:p(C(v, 'Ptv0wvtx~v, IlÀC(VmE8C(p(o:Xv C(t hominibus ex)cellentibus etiam humiles (inducuntur, ut (ures, p)lo Mtµtxi)v ; -- Diomède, 3, 498, 8 : cuius planipedis Atta Togatarum giari, serui denique et (omnes qui ex tab)ernis hones~e prodean! ... scriptor ita in Aedilicia fabula meminit, qui considère Atta comme un (12 lettres). - Par contre, on ne doit pas chercher à v01r_d an~ S1;1et., auteur de Togatae, commet lui-même par distraction l'erreur commune Gramm., 21 (Melissus) fecit et nouum genus Togatarum inscripsttqu_e d'employer Togata dans le sens étroit de comédie romaine. - Donat, Trabeatas un autre exemple d'emploi de Togata au sens large, dési Com., 6, 1 : fabula generale nomen est : eius duae primae partes, tra gnant le théâtre romain dans son ensemble, dont un des genres goedia et comoedia; (tragoedia), si latina argumentatio sit, Praetexta serait la Trabeata. La Trabeata, qui n'a été représentée que par un dicitur; comoedia autem multas species habet : aut enim Palliata est seul auteur, Cn. Mélissus, n'a pas eu l'importance d'un genre drama aut Togata aut Tabernaria aut Atellana aut Mimus aut Rinthonica aut tique proprement dit et Suétone laisse simplement entendre _qu'elle Planipedia et Ad., 7 : ut apud Graecos 8piiµo:, sic apud Latinos gene était « un nouveau genre de Togata », une Togata renouvelée, 1. e. un raliter fabula dicitur, cuius species sunt tragoedia, comoedia, Togata, nouveau spectacle analogue à la Togata (voir E. Courbaud, De co Tabernaria, Praetexta, Crepidata, Atellana, Mtµo,;, Rinthonica men moedia Togata, p. 4, n. 1. Sur la Trabeata, voir i~fra, p. 51, ~- 1). tionne deux fois côte à côte Togata et Tabernaria, sans doute pour 2. Ps.-Acr., Ep., 2, 1, 79 : Atta (Tog)atarum scriptor tragoed1arum bien attester qu'il n'ignore pas la terminologie des érudits, au sujet H INTRODUCTION INTRODUCTION 15 entendrons le nom de Togata dans le sens spécial de théâtre latin, dont l'explication ne va pas de soi. Nous comédie à sujet romain, qui était le seul reconnu pen ne pouvons plus guère accepter l'opinion traditionnelle, dant que le genre était en honneur et qui est toujours qui considère la fabula Togata comme une réaction na resté en vigueur dans la suite 1. tionale à la Palliata devenue trop hellénique avec Té rence 1. Remettons à plus tard l'examen de la chronologie défendue par cette doctrine pour nous limiter d'abord Il. LA COMÉDIE TOGATA à la conception d'une Togata réactionnaire, qui nous apparait trompeuse, car il y a, loin de l'initiative des Comme nous l'avons sou Origine. hommes de théâtre romains à la volte-face des drama ligné au début, la Togata a turges romantiques par exemple, qui rejetèrent les ca été une nouvelle formule d'adaptation de la comédie nons du classicisme, ou plus près de nous, aux expé grecque au public romain. Déjà les Palliatae étaient riences du Living Theatre outrepassant les formes du bien autre chose que de plates traductions des livrets théâtre traditionnel. Le caractère grec de la Palliata grecs : le texte était librement « romanisé » dans l'expres est indéniable, tout autant que la grande fortune dont sion et dans la versification, les intrigues de deux ou plusieurs pièces étaient souvent combinées (contaminatio) elle a, joui longtemps auprès du public romain; cependant on peut imaginer qu'en dépit de son adhésion, une partie en une seule, l'importance des parties chantées et du jeu de l'auditoire ou l'auditoire par intermittence, devait mimique devenait prépondérante et, bien entendu, les sentir une certaine gêne à un divertissement dont le allusions aux réalités romaines ou italiques ne manquaient décor et les costumes lui rappelaient l'essence étrangère. pas, en particulier dans les œuvres de Naevius et de Plaute 2• Or, si la Palliata a procuré beaucoup de plaisir M. Grimal 2, pour expliquer ce sentiment en quelque sorte d'aliénation, compare la situation du spectateur moderne aux Romains, car elle a eu un grand succès, il faut croire en face d'un film western, c'est-à-dire d'un spectacle qu'elle n'est pas parvenue à satisfaire tout le monde, d'une autre époque aux coutumes bien différentes de puisque à un moment donné est apparue la Togata. Nous la nôtre. Ce surprenant rapprochement a des chances sommes donc forcés d'enregistrer un fait de l'histoire du d'être utile à notre propos, si l'on observe qu'une partie des adeptes de ce cinéma américain, en l'occurrence de. laquelle il ne manque pas de préciser par ailleurs, en la rejetant, qu'elle n'est le fait que d'un petit nombre de grammairiens : Com., les Italiens, ont mis au point un genre dérivé, ironique- ibid., 5 : comoediarum formae sunt tres, Palliatae Graecum habitum referentes, Togatae iuxta formam personarum habitum togarum desi• 1. Cette interprétation a été soutenue entre autres par O. Ribbeck derantes, quas nonnulli Tabernarias uocant, Atellanae salibus et iocis Geschickte der romiscken Dicktung, I, 1894, p. 200-204; F. Ritschl: compositae, quae in se non habent nisi uetustatum elegantias (voir Parergon ~lautinorum Terentianorumque, 1845, p. 194; E. Courbaud, V. Ussani jr., Perla storia del teatro latino, p. 150-151). De comoedia Togata, p. 17-27 ; F. Leo, Gesckickte der romiscken Lite• 1. Diom., 3, 489, H-15 : initio Togatae comoediae dicebantur, quod omnia in publico honore / confusa cernebantur; ibid., 19-21 : Togatas ratur, 1913 (réimpr. 1958), p. 374; G. E. Duckworth, The Nature of autem, cum sit generale nomen, specialiter tamen pro Tabernariis / Roman Comedy, 1952, p. 68 ; E. Paratore, Storia del teatro latino, 1957 non modo communis error usurpai, qui Afrani Togatas appellat, sed p. 198-199 ;P. Wuilleumier, Le théâtre à Rome, Les Cours de Sorbonne: p. 48-49; W. R. Chalmers, Plautus and kis Audience, Roman Drama, et / poetae, ut Horatius. 2. B. Gentili, Lo spettacolo nel mondo antico, 1977 p. 3-60; P. Gri 1965, p. 23; J. Bayet, Littérature latine, 1966, p. 92-93; G. Williams mal, Le siècle des Scipions2, 1975, p. 86-87 et 158-159; B.-A. Taladoire, Tr2a.d iPti.o nG raimnda l,O Lrieg iTnraulictuyl einnt usR odme aPnl auPtoee .t.r. y, ,p .1 956384,. p. 294-295, etc'. Essai sur le comique de Plaute, 1956, p. 62. 16 INTRODUCTION INTRODUCTION 17 ment qualifié de « spaghetti western », qui correspondait A quel moment cette in Date d'apparition; mieux à leur goût en la matière. Une pareille démarche novation a-t-elle été réalisée? l'inventeur : Naevius ou n'a pas été le fait de gens qui n'aimaient plus le western, aucun témoignage explicite ne Livius Andronicus? mais au contraire d'amateurs soucieux de parfaire un donne de renseignement à cet divertissement de prédilection auquel ils ont apporté leur égard, mais il est invraisemblable qu'après l'introduction touche personnelle pour l'ajuster à leur convenance du théâtre de forme grecque sur la scène de Rome, en propre. 240, les directeurs de troupe aient mis longtemps pour C'est un peu ainsi, toutes proportions gardées, qu'ont s'aviser que l'effet de surprise ne suffirait pas à assurer procédé les créateurs de la Togata, en façonnant la co un succès durable à un spectacle d'importation. Livius médie grecque à leur mesure : pour faire rire davantage Andronicus 1 en jouant ses pièces, n'a pas dû manquer de le public romain, la comédie devait favoriser le plus prêter attention au comportement du public romain possible l'illusion que le divertissement ne relevait pas qui n'avait certes pas les mêmes réactions que l'assis~ uniquement de l'esprit grec, mais qu'il participait da tance de Tarente. II devenait indispensable et même vantage de leur personnalité 1 ; il fallait donc en premier urgent, une fois satisfaite la curiosité de ce public nou lieu, puisqu'il s'agit de théâtre, faire intervenir l'élé veau, de prendre en considération les exigences du rire ment scénique de la représentation, qui d'entrée de jeu romain et de le solliciter avec un divertissement qui dévoile l'identité des personnages, partant de leur mi présentât plus d'affinités avec lui. Les indices de << ro lieu, et substituer la toge romaine au manteau grec. manisation» de la Palliata, invoqués plus haut, témoignent Dans ce coup d'audace des Romains, pour employer dès les débuts d'une telle volonté d'adaptation, et paral l'expression d'Horace 2, il est nécessaire de distinguer la lèlement il ne semble pas que l'orientation plus radicale part de leur antagonisme à l'égard de la civilisation supé de la Togata ait tardé à se manifester; en tout cas son rieure des Grecs, l'aspect pour ainsi dire réactionnaire de existence est déjà attestée au début du ne siècle, à l'époque de Plaute, car il est maintenant établi que le la Togata, du rôle considérable de leur admiration et de plus ancien auteur connu de la Togata, Titinius, qu'aucun leur attachement pour un genre dramatique qu'ils ont témoignage n'a jamais présenté comme le créateur du voulu en somme s'approprier plus étroitement et dont ils ont tiré une variété nouvelle qui n'excluait pas l'an genre, a produit sa comédie le Barbu vers cette période 2. cienne forme. 1. L'ép?que de la vie de Livius Andronicus n'est pas sûre. A la c~ronolog1e basse, attestée ~ar Accius (Cie., Brut., 72-73) et saint 1. Les aspirations qui, selon nous, donnèrent naissance à la Togata Jerôme (Chron., an 1830 de I ère d'Abraham) et récemment défendue nationale heurtent l'interprétation psychologique de la Palliata pro Pil; ~- ~arconi (La cronologia di Livio Andronico, Atti Accad. Naz. posée par E. Segal, d'après laquelle le déguisement grec aurait servi dei Lmcei, 1966, p. 125-213), nous préférons les données traditionnelles de • masque • aux Romains pour ce défoulement carnavalesque que q~i le fo~.t venir de Tarente ~ Rome en 240, où il présente les pre constituait la comédie, libératrice des contraintes quotidiennes du mières p1eces grecques, et qm placent sa mort aux environs de 204 rigorisme romain (voir E. Segal, Roman Laughter, The Comedy of (Varr. 320 Funaioli = Suét., Gramm., 1 ; Cie., Brut., 72-73, C. M., Plautus, 1968, p. 37-H); si tel avait été le cas, ils n'auraient pas 14, 50, Tusc., 1, 1, 3; Hor., Ep., 2, 1, 62; Liv., 7, 2, 8; Gell., 17, 21, senti le besoin de s'affirmer par la Togata. 42; Fest., 446-447 L., s. v. scribas; voir H. B. Mattingly, The Data 2. Hor., Ars, 286-287 : uestigia graeca / ausi deserere. of Li11ius Andronicus, Glass. Quai., 1957, p. 159-163). 2. Voir Introduction, infra, p. 33. 2 18 INTRODUCTION INTRODUCTION 19 Nous sommes en mesure de situer avec certitude dont la toge des acteurs symbolisait le programme et qui l'apparition de la Togata romaine avant Titinius, dans a certainement été assumée avec toute la fougue des la dernière moitié du me siècle1• L'initiative de cette débuts1• Néanmoins ces suppositions ne sont pas suffi innovation appartient donc vraisemblablement à l'un santes pour nous déterminer avec sûreté et rien ne nous des deux poètes dramatiques dont la tradition nous a autorise à écarter a priori la possibilité de l'intervention laissé le souvenir à cette époque, Livius Andronicus ou de Livius Andronicus lui-même : cet homme de théâtre Naevius. La personnalité fière de ce dernier, dont l'ac averti, auteur et acteur à la fois, qui le premier eut tivité de dramaturge commença dès 235 11, nous parait l'audace de rédiger en langue latine des comédies sur un convenir plus naturellement à cette entreprise de « ro sujet suivi et qui ne craignait pas de tenter, quand le manisation » de la comédie 3 : d'abord en écrivant des besoin s'en faisait sentir, des expériences scéniques 11, Togatae en plus des Palliatae, il n'aurait pas procédé n'aurait-il pas été capable de concevoir cette nouvelle pour le genre comique autrement que pour la tragédie, formule de spectacle dans le but de se ménager son public? domaine dans lequel il a composé à la fois des pièces à sujet grec (Cothurnatae) et des pièces à sujet romain En résumé, si nous ne pouvons pas préciser la date de (Praetextae); en second lieu, son œuvre comique, malgré naissance de la Togata, nous savons toutefois qu'elle a son état fragmentaire, conserve tout de même plusieurs suivi de peu l'apparition de la Palliata et que l'existence traits de la vie romaine ou italique 4, et on sait que de ces deux formes rivales de la comédie, dont l'une certaines des allusions politiques qu'elle contenait ont était plus manifestement romaine que l'autre, loin d'être valu l'emprisonnement à leur auteur 5• Il ne serait pas incompatible a été contemporaine. Il serait donc oppor• déraisonnable de présumer que c'est une pièce Togata tun maintenant d'examiner les caractéristiques de la Togata. qui conduisit le poète campanien en prison, une pièce appartenant à ce type de comédie résolument nationale, Essenceg recque L'important ne consiste pas . · à rechercher si la Togata a 1. A noter que l'éclosion de la Togata n'a pas été étrangère à l'exal• effectivement été plus romaine qu'hellénique, mais bien tation systématique du nationalisme romain, mobilisé pour les be soins de la seconde guerre punique. Sur les rapports entre la littél'ature plutôt à distinguer le fonds grec qu'elle a hérité et l'ori- dramatique et la propagande nationale à la fin du m• siècle, voir P. Grimal, Le siècle des Scipions, p. 124-125. 1. De son côté, Leo a prétendu que la comédie Ariolus Le devina : 2. Gell., 17, 21, 45 : anno ... post Romam conditam quingentesimo que Naevi_us aurait composée pendant son incarcération' (Gell., undeuicesimo ... Cn. Naeuius poeta fabulas apud populum dedit. 3, 15), était une Togata, parce que selon lui elle mettait en scène le 3. Cette opinion n'est pas nouvelle : J. H. Neukirch, De fab. Tog. milieu !talique (voir F._~ eo, Gesch. d. rom. Lit., p. 92). Rom., p. 66; G. Boissier, Le poète Attius, 1857, p. 92; F. Leo, Gesch. d. 2. L1v., 7, 2, 9 : dicitur, cum saepius reuocatus uocem obtudisset rom. Lit., p. 92; E. H. Warmington, Remains of Old Latin, 1936, uenia petita puerum ad canendum ante tibicinem cum statuisset canti: II, p. xv. Plus près de nous E. V. Marmorale, NaePius poeta, 1950, c~m egisse aliquanto magis uigente motu, quia nihil uocis usu; impe p. 48-49, p. 161-162, n'en rejette pas la possibilité. d,eb~t attest~ q?.e Livi~s A,ndronicus, par convenance personnelle, 4. Par exemple, plaisanteries concernant les mets préférés des a pris sur lm d mtrodmre 1 usage de confier les parties chantées à habitants de Préneste et de Lanuvium (21-24 Ribbeck), les vagues u~ chanteur pendant qu'il ne lui restait plus qu'à exécuter l'action peintures des dieux Lares recouvrant leurs autels des carrefours mimée correspondante. - Un renseignement de Donat non confirmé (99-102 Ribbeck) ou la dîme due à !'Hercule du Grand Autel de Rome par ailleurs, fait remonter l'inauguration de la Tog~ta à Livius : (27-29 Ribbeck). Voir E. V. Marmorale, Naepius poeta, p. 161-162. ~on., G_om.,5 , 4 : comoediam apud Graecos dubium est quis primus 5. Pl., Mil., 211-212; Gell., 3, 3, 5; 7, 8, 5; voir E. V. Marmorale, m'fener,t, .aJ?udR oman~s certum: et comoediam et tragoediam et Togatam Nae11iusP oeta, p. 89, 92-100. prrmus Lwius Andronicus repperit. 20 INTRODUCTION INTRODUCTION 21 ginalité de sa contribution. Malgré l'état résiduel de sa ment de prétexte pour reproduire, par exemple, l'at production, qui interdit la reconstitution des inirigues, mosphère d'une fête religieuse chère aux spectateurs, souci secondaire pour nous, les fragments et les titres de les mœurs des habitants d'une ville connue, les ridicules ses pièces renferment de nombreuses indications grâce des membres d'un corps de métier ou d'une catégorie auxquelles nous pouvons reconnaître le caractère géné déterminée de personnes1, et n'avaient d'autre but que ralement traditionnel du réperioire, de la siructure, des de réjouir l'auditoire en lui renvoyant l'image outrée du personnages et des procédés comiques1• Comme la monde quotidien. On imagine sans peine quelles pers Palliata, qui rompt avec la vieille Satura italienne pour pectives d'application à la réalité italienne un tel théâtre adopter l'affabulation dramatique de la Mésè et de la offrait à la Togata. Néa, la Togata développe le plus souvent une intrigue Rien ne permet de douter que la structure de la Togata amoureuse : il s'agit habiiuellement des aventures d'un ait été différente de celle de la Palliata 2 : tout porte à jeune homme passionné, qui, malgré l'opposiiion de son croire au contraire qu'il s'agissait d'une comédie simple entourage, parvient à obtenir les faveurs d'une courtisane ou la main d'une jeune fille, grâce aux expédients de son 82-83, sr., 85, 1or.? , 132-133, 175-176, 193-195, 226, 255, 295, 32a, esclave 2• Le drame d'une mésentente familiale est par 32lo (expression du triomphe : Titin., 150, 151-152, 175-176; Afran., 13lo-135); la déception : Afran., 333; la passion contrecarrée : Titin., fois combiné ou même substitué à cette intrigue, dont t.8-t.9, 9lo-96?, 97?; Afran., 250-251; l'opposition père-fils : Titin., 15, elle constitue une variante, puisque le but à atteindre 83-84, ir.2; Afran., 35-36, 9t., 2t.6-2t.7 ; la perfidie des femmes : est, sinon l'union des jeunes gens, du moins la réconcilia Titin., 153; Afran., 9, 323, 375-377; l'accouchement : Afran., 172, 218 et 341-3lo3 (allusions à la grossesse), 3lolo?,3 53, 35r.; le retour : tion des époux3• Les thèmes décelés dans les fragments Titin., 132?, Afran., 71-72; les reconnaissances : Afran., 208?, 236- appartiennent tous au patrimoine de la Comédie : la 237?, t.OO-t.01? , t.03?; Atta, 23-24?; le mariage : Titin., 106-111; ruse du meneur-de-jeu et la déception de la victime, la Afran., 87, 89-91, 160-169, 173, 337, 356-357; Atta, 9-10. 1. Près de la moitié des titres de Togatae sont inspirés de la Mésè passion contrariée, l'opposition entre un fils et son père, et de la Néa : ils évoquent des fêtes religieuses (comp. Compitalia, la perfidie des femmes, l'accouchement clandestin, le Megalensia et Ilcxv~yupiç, XcxÀxe:î.'cext )l e pays d'origine d'une femme retour d'un personnage en voyage, la reconnaissance (type de la Périnthienne), désignent de petits artisans (Cinerarius = Kouplç ; Fullones = Kvcxcpe:o; ç cf. aussi Augur = O!oovtcr-r~ç) finale et le mariage 4• Ces situations servaient naturelle- et des courtisanes (Psaltria = 'P'cxhplcx ; Tibicina = •A uÀ'l)-rplç; Thaïs = 0cx(ç) et constituent souvent des noms de parenté (type 1. Voir notre communication Togata et Palliata prononcée lors du de l'Hécyre). Il y a encore plusieurs autres calques : Abducta = IXe Congrès de l'Association Guillaume Budé, Rome, 1973 (= Bull. 'Ap1tcx~oµév'l); Aquae Caldae = Bcx).,cxve:ï;: oCvr imen = 'Eyxoc).oüv-re:ç; de l'Association G. Budé, 1979, r., p. t.22-t.30). Depositum = IIocpcxJ<oc-rcxtl~; JE<p'li)s tula = 'EntcnoÀ~ ; Exceptus = 2. Quoique les Togatae ne subsistent plus qu'à l'état de lambeaux, Nocucxy6ç?; lncendium = 'Eµmµrcpcxµév'l); Lucubratio = No~?; ceux-ci et les titres de pièces indiquent très souvent l'importance des Prodigus = "Acroo-roç; Repudiatus = 'ArcoÀe:lrcoucrocV; irgo = Ilocp• histoires d'amour dans le scénario : à preuve la Gemina, la Prilia, fle:vllltov? la Psaltria (ou Ferentinatis), le Quintus, la Setina, la Tibicina de 2. Ce n'est pas à dire que la structure de la Palliata est parfaite Titinius, les Aquae Caldae, la Conciliatrix, la Lucubratio d'Atta, ment identique à celle de la Néa. En effet, il est avéré que la comédie l'Abducta, le Diuortium, l'Emancipatus, l'Epistula, l'Exceptus, les latine a renoncé à la division en actes et aux intermèdes choraux Fratriae l'lda (?), les Mariti, les Megalensia, l'Omen, le Priuignus, (voir C. Questa, Alcune strutture sceniche di Plauto e Menandro, le Repudiatus, le Simulans, la Suspecta, la Thais, le Titulus, la Virgo Entr. sur l'ant. class., XVI, 1969, p. 200-202, 210-215), mais elle et le Vopiscus d'Afranius. . . . . . . procède néanmoins par grands mouvements coupés de points morts, 3. Voir les canevas des Fullones et de la Gemma de T1tmms ams1 si bien que sa rythmique dramatique se conforme assez à celle de la que ceux du Diuortium, du Repudiatus et du Simulans d'Afranius. comédie grecque. r.. Pour la ruse : Titin., 7lo-75,1 00-101, 1t.5-1r.6?, 158-159?; Afran., 22 INTRODUCTION INTRODUCTION 23 ou « contaminée »1, présentée sous la forme d'un spec ou quelque représentation allégorique et destiné à expli tacle lyrique comprenant des parties chantées avec quer le sujet de la pièce 1, soit un prologue cc littéraire » accompagnement de musique et de danse, mais proba dans lequel le chef de troupe, pour gagner la bienveillance blement sans chœur2; elle pouvait comporter soit un du public, prenait la défense de l'auteur de la pièce et prologue argumentatiuus, prononcé par une divinité se livrait à la polémique littéraire 2• La distribution des principaux personnages correspond 1. Il n'y a aucune raison pour que les auteurs de Togatae n'aient pas tout à fait à la galerie des types conventionnels de la eu recours à la contaminatio: Térence (Andr., 10-14), qui avoue l'avoir Néa et ne présente, sauf rare exception, aucune création; pratiquée et avoir ainsi suivi l'exemple de Naevius, Plaute et Ennius, autour du tandem formé par le jeune homme et l'esclave atteste que l'usage en était établi depuis longtemps ; Afranius, émule de Térence (voir Afran., Compitalia, frg. I, II), n'a pas dii procéder meneur-de-jeu, gravite la société habituelle du parasite, autrement. Cette méthode de composition n'est pas une innovation de la courtisane, du Iéno, du militaire, du barbon tendre latine, mais une habitude acquise des Grecs, qui pouvaient facilement travailler sur des anthologies dramatiques (voir B. Gentili, Lo spetta ou sévère, sans oublier la détestable épouse à dot 3• colo nel mondo antico, p. 27). 2. Les schémas métriques révèlent plusieurs extraits de cantica 1. Voir chez Afranius : la divinité Sagesse dans la Sella, le dieu déclamés ou chantés (voir l'index des mètres). Quant à la danse, elle Priape dans une comédie non identifiée (v. 404-405) et la personni se manifestait dans les entrées en cortège, les courses ou les rencontres fication Retardatrice dans le Proditus. Ce type de prologue explicatif, des personnages, les scènes de banquet, etc., qui donna_ient lieu _à qui apparaissait aussi dans la Palliata (voir Pl., Amp. : Mercure; toutes sortes d'exhibitions chorégraphiques ou acrobatiques (v01r Aul. : le dieu Lare ; Cas. : Bonne Foi ; Cist. ; Secours ; Rud. : Arc Atta, 1, n. ad toc.; B.-A. Taladoire, Essai sur le comique de Plaute, turus; Trin. ; Débauche et Misère), provenait de la comédie grecque p. 180-181}. Il est entendu que cela ne correspond pas du tout aux qui l'avait emprunté à Euripide (voir Ph.-E. Legrand, Daos, p. 497- intermèdes musicaux des chœurs de la Néa (sur le problème du rôle !.98). - D'autres fragments, qui procurent des renseignements sur l'ac de ce chœur, voir G. M. Sifakis, Studies in the Histo~y of H~llenistic tion et ses personnages, appartiennent sinon à un prologue narratif, Drama, 1967, p. 1U, n. 4), mais ce mode d'express10n lyrique des du moins vraisemblablement à une scène d'exposition : Titin., Gemina, cantica est commun à la Palliata et à la Togata, qui suivent ·la même frgs I et II; Tibicina, v. 132; Veliterna, frg. I; Afran., Brundisina, évolution, et est peut-être issu des spectacles des ~ôt~ria de Delphe~, frg. I ; Diuortium, frgs I-IV; Emancipatus, frgs I-III ; Epistula, à l'occasion desquels se produisait un acteur spécialisé dans la réci frgs 1-III; Exceptus, frgs I-VI; Simulans, frg. I; Vopiscus, frgs I-III; tation et le chant d'extraits de comédies avec accompagnement Atta, Socrus, v. 16. d'un musicien (voir B. Gentili, Lo spettacolo nel mondo antico, p. 23). 2. Ainsi, ceux des Compitalia (frgs I, II, III?), du Priuignus - L'argument en faveur de l'existence des chœurs de la Togata que (frg. I?) et de la Thaïs (frg. I) d'Afranius. L'origine de cette forme de G. Hermann (Opuscula, I, 1827, p. 298-302} tire d1;1c ompte ;endu _de prologue, mise à la mode à l'époque de Térence qui n'emploie que Cicéron (Sest., 55, 118} d'une représentation du Simulans d Afranms celle-là, est incertaine, mais elle remonte peut-être à la parabase de (v. 316-317, n. ad loc.) n'est pas sûr. Cicéron attest? ~ue la troup~ des l'ancienne comédie grecque (voir Ph.-E. Legrand, Daos, p. 517). acteurs ont chanté ensemble (caterua tota clarissima concentione) 3. Tous ces rôles traditionnels sont bien représentés : le jeune une réplique dirigée contre le spectateur Clodius : ce témoignage ~e amoureux (voir Titin., 73?, 90-91, 94-96, 98, 107-109, 112-113; semble pas concerner un chœur organisé, distinct des acteurs, mais Afran., 329, 362-369, les titres Repudiatus et Temerarius) ; le prodigue un groupe vocal improvisé ; une telle intervention des ac~eur_s,r om ou le débauché (voir Titin., 133, 139, 170; Afran., 5, 110-111, 112, pant l'illusion théâtrale pour attaquer un m~mbr? de 1 ass1s;ance, le titre Prodigus); l'esclave-meneur-de-jeu (voir Titin., 74-75, 127?, a dii être le résultat d'une mise en scène assez msohte pour qu on en 151-152; Afran., 4, 82-83, 84, 85?, 115?, 116-117?, 134-135?, 188, parlât (voir E. Courbaud, De comoedia Togata, p. ~2 ; W. Beare, 193-195, 255, 256?, 257?, 323, 324?, 333, le titre Panteleus; sur l'évo The Fabula Togata, Hermathena, 1940, p. 49). Toutefois, on ne peut lution de ce personnage dans le théâtre d' Afranius, voir Introduction, exclure l'hypothèse que certaines Togatae, de caractère plutôt tra p. 44 et n. 1); le parasite (voir Titin., 47, 48, 100-101; Afran., 389}; gique (voir infra, p. 43 et n. 3), aient reçu ~ un mo~ent do~né une la courtisane (voir Titin., 45-46, 69-70, les titres Psaltria ou Feren organisation semblable à celle des tragédies romames, qm, elles, tinatis et Tibicina; Afran., 152, 153-154, 190, le titre Thais; Atta, comportaient un chœur (v?ir_ P. Grimal, Le théâtre à Rome, Actes 3-4?, le titre Conciliatrix); le militaire (voir Titin., 115-121?; Afran., du IX• Congrès de l'Association G. Budé, I, 1975, p. 262-270). 388-393?) ; le vieillard débonnaire (voir Titin .. 55); Je vieillard sévère

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