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Cahiers du Service de Pédagogie expérimentale - Université de Liège - 3-4/2000 51 COMMENT APPRENDRE AUX ELEVES A DEVELOPPER UNE DEMARCHE EXPERTE ET REFLEXIVE DE RESOLUTION DE PROBLEMES ?1 Annick Fagnant, Isabelle Demonty, Michèle Lejong Présentation des axes directeurs de la recherche Pour une amélioration des pratiques d’enseignement de la résolution de problèmes au deuxième degré de l’enseignement primaire. INTRODUCTION La recherche dont s’inspire le problèmes. Le présent article se présent article a pour objectif propose de présenter les axes principal de créer et d’expérimenter directeurs du projet. des séquences d’enseignement de la résolution de problèmes. Ces La démarche experte et séquences visent à apprendre aux réflexive que l’on veut développer élèves à développer une démarche chez les élèves peut se schématiser experte et réflexive de résolution de comme suit2 : 1 Commanditaire : Ministère de la Communauté française, Administration générale de l’Enseignement et de la Recherche scientifique, Service général des Affaires pédagogiques, de la Recherche en Pédagogie et du Pilotage de l’Enseignement organisé par la Communauté française de Belgique. 2 Le schéma est inspiré de Greer (1997). Comment apprendre aux élèves à développer une démarche experte et réflexive de résolution de problèmes ? 52 Cahiers du Service de Pédagogie expérimentale - Université de Liège - 3-4/2000 Connaissances du monde réel Connaissances implicites concernant Contexte, buts le « jeu » problèmes Ressources Modèle de situation Modèle mathématique ENONCE « REPRESENTATION » « CALCUL(S) » SOLUTION Vérification Le processus de résolution se Axe 2 :Le désapprentissage des caractérise par quatre grandes stratégies superficielles et étapes : des croyances associées. • La représentation, où l'on La construction de séquences construit un modèle de situation. d’enseignement doit accorder une • La résolution, où l'on élabore un place importante au développement modèle mathématique que l'on des compétences et à leur intégra- résout. tion. En parallèle, elle doit être • La communication, où l'on trans- attentive à contrecarrer certaines met sa solution à autrui. stratégies ou croyances peu • La vérification, où l'on évalue sa compatibles avec la démarche que solution et l’ensemble de sa l’on veut développer. démarche. Apprendre cette démarche En suivant ces axes directeurs, experte aux élèves demande de on espère amener chaque élève à mettre en place un enseignement maîtriser toutes les facettes de la prenant en compte deux axes démarche réflexive de façon à ce directeurs : qu’il puisse la mettre en œuvre dans des situations variées. Axe 1 :L’apprentissage explicite, in- tégré et contextuel des diver- ses compétences requises. Comment apprendre aux élèves à développer une démarche experte et réflexive de résolution de problèmes ? Cahiers du Service de Pédagogie expérimentale - Université de Liège - 3-4/2000 53 AXE 1 : L’APPRENTISSAGE EXPLICITE, INTEGRE ET CONTEXTUEL DES DIVERSES COMPETENCES REQUISES Nous allons à présent dévelop- solutions » (Gagné, cité par Crahay, per les quatre grandes phases d'une 1997). démarche réflexive et, en parallèle, donner un bref aperçu des activités Selon Julo (1995), « compren- développées dans le cadre du projet dre quelque chose, ce serait, d’une de recherche1. manière ou d’une autre, construire une représentation de cette chose. Il faut insister tout de suite sur l’idée 1. LA PHASE DE REPRESENTATION de construction car elle est DE LA SITUATION inséparable de celle de représenta- tion… ». Julo a montré l’impact de Cette compétence est détermi- la représentation sur la résolution nante, car elle conditionne la réussite d’un problème. Il soumet un des étapes ultérieures. Apprendre problème « complexe » a un aux élèves à se représenter une ensemble d’élèves de 6e année, et situation problème est une activité montre que tous les élèves qui sont d’enseignement très importante. parvenus à résoudre le problème L’enseignant doit faire prendre correctement ont, au préalable, conscience à chaque élève qu’une construit une représentation adéquate bonne représentation du problème de la situation. A l’opposé, les élèves doit l’aider à résoudre correctement qui ne parviennent pas à résoudre le le problème posé. problème correctement ont une représentation incomplète, inadé- La représentation est un quate ou erronée. élément essentiel de la démarche de résolution : « C’est en fonction de la La représentation n’est pas représentation qu’il s’est faite du qu’une traduction de l’énoncé sous problème que le sujet détermine les la forme de calculs. Selon Julo connaissances qui doivent être (1995) cette idée de « simple traduc- activées dans sa mémoire à long tion » est un « raccourci » pouvant terme pour être mises à la éventuellement correspondre à la disposition de la recherche de démarche d’un mathématicien qui sait déjà résoudre le problème. En 1 Pour plus de détails, voir « Recueil d’activités » revanche, elle ne rend aucunement et « Justification et analyse des activités » - compte de ce qui se passe dans la Rapport de la recherche Pour une amélioration des pratiques d’enseignement de la résolution tête d’un sujet qui ne connaît pas de problèmes au deuxième degré de d’emblée le scénario de résolution. l’enseignement primaire – Août 2000. Comment apprendre aux élèves à développer une démarche experte et réflexive de résolution de problèmes ? 54 Cahiers du Service de Pédagogie expérimentale - Université de Liège - 3-4/2000 En effet, dans ce cas, la « traduction comment se représenter les mathématique » n’est possible situations problèmes (ils se trouvent qu’après avoir développé une bonne dépourvus face à ce type de tâche). compréhension de l’énoncé. Autre- Les activités à développer en lien ment dit, il faut d’abord construire avec cette étape de la résolution une représentation adéquate de doivent tenir compte de ces deux l’énoncé avant de le symboliser hypothèses. mathématiquement. L’étape d’écri- ture d’une équation (d’un calcul) fait Deux types d’activités ont été alors déjà partie intégrante de la proposés aux élèves pour apprendre résolution proprement dite. à construire des représentations de situations problèmes : La construction d’une • « les représentations dessinées » ; représentation est un processus • « la reformulation écrite ». complexe qui nécessite une compréhension globale de la Nous pensons qu’il est situation, la prise en compte des important de donner plusieurs outils données utiles à la résolution et le aux élèves afin qu’ils ne se sentent repérage de l’inconnue. Un autre pas dépourvus face aux situations aspect fondamental d’une bonne problèmes. Il convient de leur représentation consiste à établir les apprendre différentes démarches de relations unissant les données entre façon à ce qu’ils disposent d’un elles et avec l’inconnue à rechercher. bagage de compétences le plus riche Dans « l’idéal », la représentation et le plus diversifié possible. A eux doit être opérationnelle, c’est-à-dire de voir par la suite quel type de qu’elle doit permettre de dégager la démarche leur convient le mieux ! voie à suivre pour résoudre le problème (par exemple, donner une Les deux types d’activités indication des calculs à effectuer développées ont de nombreux points pour découvrir la solution). communs et permettent de mettre en évidence plusieurs aspects essentiels De nombreux résultats de de la construction d’une représen- recherches montrent que la plupart tation. Cette idée « d’aspects essen- des erreurs en résolution de tiels de la construction d’une problèmes peuvent être imputées à représentation » est importante. des difficultés survenant au niveau En aucun cas, il ne convient de de la phase de représentation. Suite à proposer des « dessins types » ou des ce constat, on peut faire deux « reformulations types ». Les acti- hypothèses : soit les élèves ne vités doivent amener les élèves à cherchent pas à se représenter les reconnaître les éléments importants situations problèmes (ils omettent d’une « bonne » représentation. cette phase parce qu’ils n’en voient Cette représentation pourra alors pas l’utilité) ; soit ils ne savent pas Comment apprendre aux élèves à développer une démarche experte et réflexive de résolution de problèmes ? Cahiers du Service de Pédagogie expérimentale - Université de Liège - 3-4/2000 55 prendre des formes variées, pour 2. LA PHASE DE RESOLUTION autant qu’elle intègre ces éléments ! PROPREMENT DITE Dans une démarche experte et « Lorsque l’élève a compris réflexive de résolution, l’important quelle était la nature du problème ou est que l’élève se représente ce qui était attendu de lui, il peut adéquatement la situation afin de la passer à la recherche d’une solution résoudre correctement. Dans l’idéal, ou élaborer une stratégie de l’élève devrait évaluer, face à chaque traitement et la mettre en œuvre. situation rencontrée, s’il peut se Pour cela, il faut générer un contenter de se représenter menta- scénario de résolution ou, plus lement le problème ou si la particulièrement, choisir ou inventer concrétisation d’une représentation, la (ou les) procédure(s) qu’il pense sous la forme d’un dessin ou d’une devoir être mise(s) en œuvre. Selon reformulation, pourrait l’aider à le cas, l’élève devra faire appel à mieux comprendre le problème. son savoir-calculer, à son savoir- mesurer, à sa maîtrise des nombres La construction d’une repré- rationnels, etc. » (Mathématiques sentation mentale est nécessaire pour de 10 à 14 ans. Continuité et résoudre tous les problèmes ; la compétences. Cellule de Pilotage, concrétisation de la représentation Secrétariat général, Ministère de est un truchement nécessaire dans le l’Education, de la Recherche et de la cadre de l’apprentissage, elle n’est Formation, 1996, p. 19). pas nécessaire en soi. On peut également faire l’hypothèse (cf. idée La phase de résolution défendue par Jaspers, 1991 - au proprement dite doit amener l’élève départ de représentations sous forme à découvrir la solution ; elle doit le de manipulations) que l’apprentis- conduire à répondre à la question sage de représentations externes posée dans le problème. (concrétisées sous forme de dessins ou de reformulations) va permettre On considère généralement d’aider à la construction de que la phase de résolution revient à représentations internes (on parle de « faire les calculs » nécessaires… schémas problèmes dans le jargon de Si cela est vrai dans la grande la littérature des recherches majorité des problèmes rencontrés scientifiques). Autrement dit, après habituellement en classe, il ne faut l’apprentissage, on peut espérer que pas non plus considérer ce lien les élèves auront acquis un certain (résolution = calcul) comme une nombre d’éléments leur permettant Vérité absolue ! En effet, la d’être plus efficaces dans la résolution de tout problème ne construction d’une représentation nécessite pas nécessairement de faire (même mentale) des situations des calculs. Dans certains cas, la problèmes. stratégie de résolution peut Comment apprendre aux élèves à développer une démarche experte et réflexive de résolution de problèmes ? 56 Cahiers du Service de Pédagogie expérimentale - Université de Liège - 3-4/2000 correspondre à mesurer des lien avec la phase de résolution dimensions, à tracer un plan, à proprement dite, le premier point à dessiner une « carte routière », à prendre en considération est de réaliser un classement, un tri, etc. proposer des problèmes variés, nécessitant de développer un En bref, la « forme » que peut véritable processus de recherche. prendre la phase de résolution proprement dite dépend du type de L’aspect « résolution » fait problème proposé, du but à atteindre partie intégrante de toutes les ou de la tâche à réaliser. En plus de activités développées dans le cadre ces aspects intrinsèques au problème du présent projet de recherche. De lui-même, on peut également manière à « coller » plus spécifique- considérer que la « forme » que ment à cette phase de la démarche de prendra la stratégie de résolution résolution, nous avons également dépend également du sujet qui résout créé des activités de type le problème. En effet, les « problèmes ouverts ». « résolveurs » de problèmes peuvent utiliser différents types de calculs, Selon Combier (1999), le mettre en œuvre une variété de problème ouvert doit permettre de stratégies de résolution présentant un placer l’élève dans une situation aspect plus ou moins formel, réaliser comparable à celle du mathémati- des dessins ou procéder à des cien : il est confronté à un problème tâtonnements, etc. nouveau pour lequel il ne dispose d’aucune procédure de résolution Ces aspects propres au sujet éprouvée. Dans ce type d’activité, sont importants à prendre en l’élève est amené à développer un considération si on veut que l’élève comportement de recherche (éla- se sente investi personnellement borer une démarche, faire des dans les tâches de résolution. Il faut hypothèses, les éprouver,…). Les prendre en compte la variété des problèmes proposés peuvent être approches de résolution pour résolus par différentes stratégies respecter la diversité des élèves, et nécessitant la mise en œuvre de ceci afin d’éviter de leur faire connaissances variées. En ce sens, ils développer une « croyance » selon permettent de prendre en compte les laquelle les mathématiques seraient différences entre les élèves. L’attrait des tâches totalement abstraites, de ces activités réside dans gouvernées par une série de règles l’accentuation qui est faite sur le formelles auxquelles seuls les processus : la phase de recherche est mathématiciens comprennent quel- primordiale. que chose ! Pour créer des activités visant Nous avons développé deux à développer des compétences en types d’activités qui visent à lutter Comment apprendre aux élèves à développer une démarche experte et réflexive de résolution de problèmes ? Cahiers du Service de Pédagogie expérimentale - Université de Liège - 3-4/2000 57 contre des « croyances » propres à réponse à la question posée dans entraver un processus expert et l’énoncé. Au sein de ce processus de réflexif de recherche de solution. En recherche, les étapes de représen- opposition avec ces croyances, les tation et de résolution lui appartien- activités s’intitulent « Problèmes nent ; elles constituent « sa zone de ouverts » ou « Il y a plusieurs travail ». Les élèves développent façons de résoudre un problème, et différentes stratégies qui peuvent il n’y a pas toujours qu’une et une être relativement informelles et se seule solution possible… ». présenter sous différentes formes. La solution du problème n'apparaît pas nécessairement de manière claire 3. LA PHASE DE COMMUNICATION pour un lecteur extérieur. Au terme DE LA SOLUTION de la résolution, il convient donc « d’extraire » la solution de la « zone Lorsque l’élève se trouve de travail » de manière à ce qu’elle confronté à un problème à résoudre, soit clairement identifiable et il doit mettre en œuvre diverses compréhensible par un lecteur compétences afin de chercher la extérieur. Tentons d’illustrer notre propos au travers d’un exemple concret. Supposons que l’élève réalise un schéma pour représenter la situation et qu’il résolve le problème en utilisant divers calculs, dont un calcul à trou. Exemple : Pierre avait 20 images. Il en a donné 5 à sa sœur et sa sœur lui en a donné quelques-unes en échange. Maintenant, il a 18 images. Combien d’images sa sœur lui a-t-elle données ? Pierre Ł 5Ł Soeur 20 15 18 (cid:231) 3 (cid:231) Calculs : 20-5=15 et 15+3=18 Le lecteur extérieur qui découvre le problème ainsi résolu ne peut, avec certitude, identifier la solution de l’élève. Il est important que la solution soit communiquée, c’est- à-dire rendue compréhensible. Exemple : La sœur de Pierre lui a donné 3 images. La communication de la bien précis, et ce but guide la forme solution est parfois l’enjeu essentiel que doit prendre la communication de la résolution d’un problème. On de la solution. résout alors le problème dans un but Comment apprendre aux élèves à développer une démarche experte et réflexive de résolution de problèmes ? 58 Cahiers du Service de Pédagogie expérimentale - Université de Liège - 3-4/2000 Illustrons notre propos au travers de quelques exemples concrets : 1 : Les enfants de 6e année vendent des boissons et des friandises tous les jours durant la récréation. Le directeur veut qu’ils lui remettent, une fois par mois, un tableau récapitulatif du total des dépenses et des recettes. Résolution : calculer le total des achats réalisés chaque mois, ainsi que le total des dépenses effectuées. Mode de communication : un tableau récapitulatif. 2 : Les élèves de 5e année vont faire une balade dans le village voisin. Ils doivent être très attentifs au chemin parcouru de manière à pouvoir en faire le plan précis. Le but est que les élèves de 4e année puissent faire une course d’orientation en se servant de ce plan comme « carte routière ». Résolution : transformer une balade en 3 dimensions sur un papier en deux dimensions. Mode de communication : un plan de type « carte routière ». 3 : Les élèves réalisent un concours de fléchettes. Il y a 5 élèves de 3e année qui participent au concours. Il faut calculer les points de chacun et réaliser une affiche pour présenter les résultats. Résolution : calculer le total des points de chaque enfant. Mode de communication : une affiche. En bref, communiquer sa • L’activité « Les puzzles de solution… problèmes » vise à mettre en évi- dence deux éléments : (a) • C’est, au minimum, présenter la l’importance d’identifier la solu- réponse à la question posée dans tion, soit en l’entourant au sein l’énoncé de façon à ce qu’elle du (ou des) calcul(s) effectués, soit compréhensible par un lec- soit en la précisant en dehors des teur extérieur. calculs et (b) l’importance • C’est aussi, dans certains pro- d’indiquer les unités, qu’elles blèmes, tenir compte d’exigences soient discrètes (ex. enfants, supplémentaires imposées par les bonbons, voitures,…) ou conti- modes de communication spécifi- nues (ex. mètres, litres, …). ques à la situation. • L’activité « Les problèmes à la suite » permet d’apporter le En lien avec les deux aspects troisième « critère » d’une précisés ci-dessus, nous avons déve- communication adéquate : l’im- loppé deux séries d’activités portant portance d’écrire une phrase qui sur la phase de communication. recontextualise la solution dans La première série d’activités la situation problème. porte sur les exigences minimales de la communication. Elle a pour objec- La seconde série d’activités tif de faire découvrir les différents porte sur un mode particulier de critères d’une communication adé- communication requérant des exi- quate dans un problème arithmétique gences supplémentaires. Elle conduit relativement simple : l’élève à se situer dans un contexte Comment apprendre aux élèves à développer une démarche experte et réflexive de résolution de problèmes ? Cahiers du Service de Pédagogie expérimentale - Université de Liège - 3-4/2000 59 particulier ; ici « Les jeux au moment de la planification de la olympiques ». La communication démarche et de sa mise en œuvre (cf. des résultats est soumise à des phase de résolution proprement exigences supplémentaires et doit dite), au moment de l’aboutissement prendre une forme particulière en de cette démarche vers les résultats fonction de l’utilisation que l’on veut de l’action (cf. phase de commu- faire de ces résultats. nication). La phase de vérification doit 4. LA PHASE DE VERIFICATION DE permettre de s’assurer de la validité LA SOLUTION ET DE L’ENSEM- de la démarche et du résultat. Quelle BLE DE LA DEMARCHE que soit la terminologie employée et que le processus soit continu ou qu’il Dans les différentes approches survienne au terme de la démarche, théoriques de la résolution de l’essentiel est qu’il porte sur les problèmes, les auteurs s’accordent différents moments clés du pro- généralement sur l’importance d’un cessus de résolution. processus de vérification. La mise en œuvre de ce type de processus Une des difficultés principales complexe est une des caractéristi- de la phase de vérification est qu’elle ques principales qui distingue les semble constituer une étape assez experts des novices en résolution de abstraite, qui se déroulerait dans la problèmes. tête du sujet et sur laquelle une personne extérieure aurait très peu Les terminologies employées de maîtrise ! Il paraît alors très diffèrent selon les auteurs : difficile d’enseigner des compéten- vérification, contrôle, régulation, ces propres à cette étape ! monitoring,… Certains distinguent une phase spécifique de vérification, Généralement, on essaie intervenant au terme du processus de d’impliquer les élèves dans un tel résolution, d’autres envisagent ce processus en leur faisant des processus comme continu et ayant sollicitations telles que « relisez cours tout au long de l’activité. votre travail », « vérifiez votre solution », etc. On sait malheu- Richard (1990) parle de reusement que ce type d’approche a contrôle de l’activité. En employant peu d’effets et que les élèves sont des termes plus simples et peu enclins à se lancer spontanément correspondant mieux à notre dans une démarche d’autorégulation terminologie, l’idée défendue par de leur travail. Ils préfèrent l’auteur est que le contrôle inter- demander à l’enseignant d’attester viendrait à différents moments de de l’aspect correct ou non de leur l’activité : au moment de la solution et se contentent habituelle- construction de la représentation, ment de ce feedback extérieur. Comment apprendre aux élèves à développer une démarche experte et réflexive de résolution de problèmes ? 60 Cahiers du Service de Pédagogie expérimentale - Université de Liège - 3-4/2000 Lorsqu’ils tentent d’évaluer De plus, il faudrait que l’élève eux-mêmes ce qu’ils ont fait, la puisse décomposer ces questions vérification se cantonne générale- générales en sous-questions plus ment sur l’aspect technique de la précises et qu’il dispose d’un certain résolution. On vérifie la justesse des nombre d’outils pour tenter d’y calculs effectués (ex. Est-ce que 4 répondre correctement. L’activité fois 5 est bien égal à 20 ?) mais on que nous avons développée dans ce ne remet pas en question le choix de but s’intitule « La vérification ». la stratégie choisie (ex. Est-ce qu’il Son objectif est d’amener les élèves fallait bien faire 4 fois 5 ?). De plus, à développer des stratégies efficaces l’élève évalue rarement la de vérification. Pour ce faire, on vraisemblance de sa solution (ex. cherche à conduire les élèves à se Est-ce possible de boire 20 litres poser un certain nombre de questions d’eau en 1 heure ?) et il ne vérifie pertinentes, en lien avec les trois pas s’il répond adéquatement à la premières étapes de la démarche question qui lui était posée (cf. réflexive de résolution (représenta- solutions mal communiquées et/ou tion, résolution et communication). peu claires). Les démarches spontanées des 5. L’INTEGRATION DES DIFFEREN- élèves (induites ou non par des TES PHASES DE RESOLUTION sollicitations générales telles que DU PROBLEME « vérifie ! ») sont donc loin de correspondre à des démarches Développer une démarche complètes de vérification ! Il faudrait experte de résolution de problèmes au minimum que la phase de impose l’apprentissage de compéten- vérification amène les élèves à se ces. Cet apprentissage doit être poser un certain nombre de questions INTEGRE et CONTEXTUEL. portant sur les différentes étapes de Gloser (cité par Tardif, 1992) estime son processus de résolution : que « la tâche fondamentale de l’enseignant est non seulement de Ł Ai-je bien analysé le pro- spécifier à l’élève les compétences blème ? (cf. construction d’une nécessaires pour résoudre le représentation appropriée) problème, mais également de l’aider Ł Ai-je bien résolu le pro- à organiser ces compétences ». blème ? (cf. démarche adaptée et justesse de la démarche) L’enseignant se doit de Ł Ai-je bien communiqué le proposer aux élèves des situations où solution (cf. adéquation de la toutes les phases de résolution se solution à la question posée, justifient, même si une compétence clarté de la communication, particulière est plus spécialement etc.). travaillée, et non des activités isolant Comment apprendre aux élèves à développer une démarche experte et réflexive de résolution de problèmes ?

Description:
à développer des stratégies efficaces de vérification. Pour ce faire, on cherche à conduire les élèves à se poser un certain nombre de questions pertinentes, en lien avec les trois premières étapes de la démarche réflexive de résolution (représenta- tion, résolution et communication)
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