GAGNON FRANÇOIS-MARC .Chronique du mouvement automatise . québécois 1941-1954 LANCTOT ÉDITEUR CHRONIQUE DU MOUVEMENT AUTOMATISTE QUÉBÉCOIS 1941-1954 de François-Marc Gagnon est le cinquante-cinquième ouvrage publié chez LANCTÔT ÉDITEUR et le onzième de la collection «L'HISTOIRE AU PRÉSENT». Autres titres parus dans la même collection Claude Corbo, Lettre fraternelle, raisonnêe et urgente à mes concitoyens IMMIGRANTS Georges Dor, Anna brailléeneshot (Ellea beaucoup pleuré), essai sur le langage parlé des Québécois Pierre Bourgault, La colère. Écrits polémiques, tome 3 Andrée Ferretti, Le Parti québécois: Pour ou contre l'indépendance? Guy Bouthillier, L'obsession ethnique Donald Guay, La conquêtedusport/Lesportetla sociétéquébécoiseaux/x*siècle Georges Dor, Ta mé tu là? (Ta mère est-elle là?), un autre essai sur le langage parlé des Québécois Robert Lahaise, Libéralisme sans liberté, 1830-1860 Le Cercle Gérald-Godin, Tantquel'indépendancen'estpasfaite, elleresteà faire André d'Allemagne, Le presque pays CHRONIQUE DU MOUVEMENT AUTOMATISTE QUÉBÉCOIS 1941-1954 du même auteur Jean Dubuffet, Aux sources de lafiguration humaine, Montréal, Presses de l'Université de Montréal, 1972 La conversion par l'image. Un aspect de la mission des Jésuites auprès des Indiens du Canada au xvif siècle, Montréal, éditions Bellarmin, 1975 Premiers peintres de la Nouvelle-France, Québec, ministère des Affaires culturelles, 2 vol., 1976. Avec la collaboration de Nicole Cloutier Paul-Êmile Borduas (1905-1960). Biographie critique et analyse de l'œuvre, Montréal, Fides, 1978 Paul-Émile Borduas. Écrits/Writings. 1942-1958, Halifax, The Press ofthe Nova Scotia Collège of Art and Design, 1978. Avec la collaboration de Dennis Young Ces hommes dits sauvages, Montréal, Libre Expression, 1984 Hommes effarables et bestes sauvaiges, Montréal, Boréal, 1986, avec la collaboration de Denise Petel Paul-Êmile Borduas, Montréal, Musée des beaux-arts de Montréal, 1988 Images du castor canadien xvf-xvuf siècles, Québec, Septentrion, 1994 François-Marc Gagnon DU MOUVEMENT CHRONIQUE AUTOMATISTE QUÉBÉCOIS 1941-1954 ANCTOT L ÉDITEUR LANCTÔT ÉDITEUR 1660A, avenue Ducharme Outremont, Québec H2V 1G7 Tél.: (514) 270.6303 Téléc: (514) 273.9608 Adresse électronique: [email protected] Site Internet: http://ww.total.net/~lanedit Illustration de la couverture: Paul-Émile Borduas, Sous leventdel'île, 1947,huile surtoile © Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. Photo de l'œuvre: J. Sargent. Mise en pages et maquette de la couverture: Folio infographie Distribution : Prologue Tél.: (514) 434.0306/1.800.363.2864 Téléc: (514) 434.2627/1.800.361.8088 Distribution en Europe: Librairie du Québec 30, rue Gay-Lussac 75005 Paris France Téléc: 43.54.39.15 Nous remercionsleConseildesArtsdu Canadadel'aideaccordéeà notreprogrammede publication. Nous remercions également la SODEC, du ministère de la Culture et des Communications du Québec, de son soutien. Cetouvragea été publiégrâceàunesubventiondela Fédérationcanadiennedessciences humaines et sociales, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. © lanctôt é—diteur et François-Marc Gagnon, 1998 Dépôt légal 4e trimestre 1998 Bibliothèque nationale du Québec ISBN 2-89485-057-3 Avant-propos L'ambition du gros ouvrage que nous présentons aujourd'hui au public est véritablement modeste. Nous nous sommes proposé de faire la chronique d'un mouvement d'art québécois, probablement le seul avec celui des plasticiens que nous ayons jamais eu, le mouvement auto- matiste, qui a regroupé autour du peintre Paul-Émile Borduas, puis du poète—Claude Gauvreau, un certain nombre de jeunes—artistes et intellec- tuels certains très jeunes comme nous le verrons qui partageaient les mêmes idées etles mêmes convictions plastiques, inspirées, surtoutles premières, du surréalisme européen, mais ayant assez d'originalité sur le plan pictural pour qu'il vaille la peine de s'intéresser à son histoire. Notre intention était de retracer année par année la vie du groupe automatiste, d'expliquer comment ce mouvement d'art, au sein duquel certes les peintres ont eu une grande importance, mais pas exclusivement, puisqu'il comporta aussi des danseuses, des poètes, même un médecin et psy- chanalyste, d'expliquer donc comment ce mouvement d'art en est venu à poser ce geste véritablement radical que fut la publication en 1948 du manifeste Refusglobal, manifeste qui marque la fin de lavieille «idéologie de conservation» au Québec, pour reprendre l'expression de Marcel Rioux, et l'accession définitive de notre milieu à la modernité. C'est dire que nous avons voulu nous intéresser à l'histoire des idées, à leur genèse, mais aussi à leur développement à la fois dans le groupe et autour de lui. Nous nous proposons donc de faire le récit de lavie d'un mouvement d'art. Dans quelle mesure lanaissance du mouvementautomatiste a-t-elle constitué un progrès par rapport à ce qui l'a précédée? Nous verrons que cette question a été fortement débattue tout au long de son histoire. Et donc, loin d'être extérieure au problème et même lui donnant son sens, cette question fait partie de l'histoire du mouvement. Ce n'est pas que 8 CHRONIQUE DU MOUVEMENT AUTOMATISTE QUÉBÉCOIS nous attachions tant d'importance à cette notion de progrès. L'apparition d'un phénomène ou d'une entité n'est pas forcément synonyme de pro- grès. L'avènement d'un régime totalitaire, parexemple, ou d'une politique fondée sur le racisme ne sont pas des progrès. Il est vrai que, dans le cas de la naissance d'un mouvement artistique contemporain, l'idéologie de l'avant-garde a marqué si profondément les esprits qu'il est difficile d'éluder la question. Pourquoi le simple fait que ce mouvement d'art moderne ait paru digne d'attention semble-t-il impliquer qu'il soit consi- déré comme «meilleur» que ce qui le précède? Révolutionnaire plutôt? Si l'on veut, la révolution étant une puissante métaphore du changement. «Histoire d'une révolution culturelle» porte en sous-titre une histoire de l'influence du surréalisme sur la littérature québécoise. « TheAutomatists seriously hoped to revolutionize the status quo...» porte en exergue la plus récente histoire du mouvement automatiste. Nous étudierons sur une assez c—ourte période (1941-1954) les activité—s d'un petit groupe de personnes les quinze signataires de Refus global à travers, notamment, leurs innombrables rencontres, leurs échanges d'idées et d'œuvres, leur concorde et leurs dissensions, leurs manifestations, expositions, publications, etc. Nos sources seront de toute nature, mais les écrits y tiendront la meilleure place. Et, bien sûr, il en résulte un récit ou, comme l'annonce le titre, une chronique du mouve- ment automatiste québécois. Pourtant, dans le récit que nous entreprenons ici, il y a trois facteurs qui pourraient le distinguer du récit traditionnel. Tout d'abord, c'est un récit qui part du présent, qui est écrit d'un «lieu» spécifique.Après avoir été longtemps défini comme un ailleurs de l'Europe, le Québec, d'où nous écrivons, réclame le privilège d'un temps qui lui soit propre. On nous assure que «l'histoire-généalogie de la nation» ne fait que suivre le modèle de l'Europe d'hier, qu'elle n'est qu'une «contamination du pré- sent par le passé1 », ce qui revient à prendre bien légèrement un héritage dont on est les premiers responsables... Une culture mieux enracinée que la nôtre peut bien se payer le luxe d'une histoire non événementielle. Elle a peu à perdre. Ses artistes sont trop prestigieux pour être menacés par toutes les entreprises de «déconstruction» ou de «définition» auxquelles on voudra bien les soumettre dans les écoles. Mais c'est un luxe que nous ne pouvons pas nous payer. 1. François Furet, L'atelier de l'histoire, Paris, Flammarion, 1982, p. 13.