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C'est toute ma vie: Une femme dans le camp des travailleurs (French Edition) PDF

218 Pages·1996·3.89 MB·French
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Arlette Laguiller toute ma vie ~,est Une femme dons le camp des travailleurs Pion C'EST TOUTE MA VIE ARLETTE LAGUILLER C'EST TOUTE MA VIE U ne femme dans le camp des travailleurs PLON © Plon, 1996. ISBN 2-259-18340-9 AV ERTISSEMENT AU LECTEUR Au lendemain de !'election presidentielle de 1995, les Editions Pion m'ont propose d'ecrire un recit auto biographique. J'ai quelque peu hesite car, d'une part, je vis la meme vie que des millions de gens et, d'autre a part, je n'ai participe de facon dererminante aucun grand evenement pour lequel mon temoignage pour rait etre de quelque utilite. Mais j'ai cependant fini par accepter, car si j'ai vecu les memes evenements que tous les militants du mou vement ouvrier francais de ma generation, de la guerre a d'A lgerie l'union de la gauche au gouvemement, de a la destalinisation l'eclatement de l'URSS, je les ai vecus d'un point de vue bien different de celui de la plupart d'entre ewe. a J'appartiens en effet un courant qui n'a jamais identifie le communisme au stalinisme et qui continue a penser que les ideawc qui furent cewc du mouvement a ouvrier ses origines representent toujours le seul ave nir souhaitable pour l'humanite. Alors, si la vie sentimentale fait partie de la vie de tout un chacun, le lecteur ne trouvera cependant rien ici de cet aspect de ma vie. J'ai seulement entrepris de raconter le cheminement 7 Arlette Laguiller a qui a conduit la petite gamine de banlieue que j'etais devenir une militante revolutionnaire, ma rencontre avec les idees marxistes, mon engagement au sein du mouvement trotskiste, les problemes que je me suis poses tout au long de plus de trente-cinq ans d'acti vite, en bref, ce qui fait « toute ma vie», en esperant que ce recit pourra mieux faire comprendre le sens du combat que je mene et, pourquoi pas? inciter certains a le rejoindre. 1 EN GUISE D'INTRODUCTION ... a Par rapport mes projets initiaux, la redaction de ce livre a souffert de quelque retard du fait de la greve de novembre-decembre 1995 qui, partie de la SNCF, entraina toute la fonction publique, sans cependant s'erendre aux entreprises privees, meme celles qui sont nationalisees, les banques comme le Credit Lyonnais ou les assurances. Mais ce n'en fut pas moins la plus importante greve depuis 1968. Dans beaucoup de grandes villes, et dans la region parisienne en particulier, les travailleurs des entre prises qui n'etaient pas en greve devaient effectuer de a longues marches pied affronter des embouteil OU a lages inextricables pour aller leur travail et en reve nir. Ils pestaient bien sfu contre cette situation. Mais la plupart comprenaient le point de vue des grevistes et souhaitaient leur succes, et, dans beaucoup d'endroits, participaient parfois largement aux mani festations qui avaient lieu lors des journees d'action qui jalonnerent cette greve. Les commentateurs politiques, les doctes socio a a logues, pries la radio la television d'expliquer le OU phenomene, y perdirent d'autant plus leur latin que la plupart avaient salue le plan Juppe, lorsqu'il avait ere 9 Arlette Laguiller presente a l'Assemblee nationale, comme un « acte de courage ». Ils en avaient fait le sauveur de la Securite sociale. Un certain nombre de dirigeants du Parti socialiste, a commencer par l'ancien ministre de la Sante publique Claude Evin, n'avaient pas cache non plus, au depart, une certaine tendresse pour cette ensemble de mesures qui s'inscrivaient dans la conti nuite de ce qu' eux-memes avaient fait quand ils etaient au gouvemement. Ces joumees m'ont bien souvent fait penser aux petits sourires condescendants, voire aux ricanements non dissimules, que mes declarations provoquaient chez certains joumalistes ou hommes politiques lorsque je declarais, lors de la campagne pour }'elec tion presidentielle du printemps precedent, que, quel que soit le resultat des premier et deuxieme tours de ce scrutin, ce qui serait determinant pour le monde du travail, ce serait le troisieme tour social que j'appelais de mes vreux. Combien de fois ne m'a-t-on pas dit alors que je representais une ideologie d'une autre epoque, que le mot « travailleurs » ne voulait plus rien dire, que la classe ouvriere n' existait plus, que la lutte des classes erait une idee depassee, que nous n'etions plus au XIXe siecle. C'est que ces gens-la, qui dissertent grave ment de la societe et de son fonctionnement, des fluc tuations monetaires et des humeurs de la Bourse - tout en etant d'ailleurs incapables de les prevoir -, n'ont vraiment pas conscience, tellement ils en sont loin, que ce qu'il y a de plus important dans le bon fonctionnement de l'economie ce sont les millions de salaries qui la font toumer. . Eh bien, tous ceux qui se plaisaient ainsi a enterrer la classe ouvriere ont pu constater, cet automne, qu'a 10 En guise d'introduction ... la veille de l'an 2000 comme par le passe, toute la societe est paralysee quand les travailleurs decident de se croiser les bras. La realite est venue leur rappeler que lorsque les cheminots arrerent le travail, les trains ne roulent plus; que lorsque les machinistes des trans ports en commun des grandes villes font greve, celles-ci sont paralysees; et que sans les employes des a centres de tri postaux, le courrier n'arrive pas desti nation. Le gouvemement s'etait trompe sur deux plans: sur le niveau du « ras-le-bol » des travailleurs, et sur les reactions possibles des directions syndicales. Dans cette greve, celles-ci defendaient sans doute des inte rets sensiblement distincts de ceux des travailleurs. Mais cela importait peu en l'occurrence, car face au camouflet que constituait pour elles la partie du plan Juppe portant sur la gestion des caisses de Securite sociale, ces organisations ne pouvaient se faire respec ter du gouvemement qu'en s'appuyant sur les travail leurs, et done qu' en permettant par la meme occasion a la classe ouvriere de se faire respecter. Les directions des confederations syndicales, d'ordi naire si promptes a brader les luttes en echange de negociations autour du tapis vert, se montrerent cette fois-ci d'autant plus combatives que personne, juste ment, ne leur avait propose de negocier. On vit done, a travers les differentes joumees nationales, les (( points forts », les manifestations, les directions de la CGT et de FO tout faire pour generaliser la greve au secteur public, et elles y parvinrent. Cela ne se fit pas d'un seul coup. Les travailleurs du public aussi ressentaient le poids de la demoralisation liee au chomage et aux annees de passivite des confederations syndicales devant les mesures anti-ouvrieres. Ils ne croyaient pas 11 Arlette Laguiller a trop la possibilite de faire reculer le gouvemement. Mais !'attitude combative des confederations syndi a cales, l'unite syndicale au sommet, la base, consciemment et volontairement, en ont convaincu un nombre sans cesse croissant d' entrer en lutte. Les a directions syndicales pousserent l'elargissement du mouvement, mais ii s'est erendu parce qu'il existait parmi les travailleurs touches un mecontentement qui ne demandait pas grand-chose pour s'exprimer. Les directions syndicales se mefient en general des initiatives de la base. Mais, en decembre 1995, elles voulaient gagner le bras de fer qu'elles avaient engage avec le gouvemement, et elles encouragerent au a contraire tout ce qui pouvait contribuer l'approfon a dissement et !'extension du mouvement. A la SNCF, les roulants, qui eraient entres les pre miers dans la lutte, entralnerent les sedentaires. Les a cheminots et, Paris, les travailleurs de la RAT P allerent de centre de tri en hopital pour encourager les a a travailleurs de ces secteurs se mettre en greve leur tour. a Partout, en province comme Paris, ils invitaient a a les travailleurs des autres entreprises venir assister leurs assemblees generales quotidiennes, qui debat taient du mouvement et decidaient de la reconduction de la greve. Ils eraient heureux de dormer la parole a a a non seulement des postiers, des gaziers OU des a a hospitaliers, mais aussi des etudiants OU des a lyceens et des delegations de travailleurs soutenant la a greve et appartenant des entreprises privees, en greve ou pas. Leur exemple erait suivi par tous ceux qui entraient a dans la lutte leur tour et qui s'empressaient de tisser des liens avec les travailleurs de routes les entreprises 12

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