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cent ans de solitude PDF

384 Pages·2011·1.55 MB·French
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Gabriel Garcia Marquez Cent Ans De Solitude Traduit de l’espagnol (Colombie) par Claude et Carmen Durand Éditions du Seuil Quatrième de couverture Une épopée vaste et multiple, un mythe haut en couleur plein de rêve et de réel. Histoire à la fois minutieuse et délirante d’une dynastie : la fondation, par l’ancêtre, d’un village sud-américain isolé du reste du monde ; les grandes heures marquées par la magie et l’alchimie ; la décadence ; le déluge et la mort des animaux. Ce roman proliférant, merveilleux et doré comme une enluminure, est à sa façon un Quichotte sud-américain : même sens de la parodie, même rage d’écrire, même fête cyclique des soleils et des mots. Cent Ans de solitude compte parmi les chefs-d’œuvre de la littérature mondiale du XXème siècle. L’auteur a obtenu le prix Nobel de littérature en 1982. Présentation PAR ALBERT BENSOUSSAN S’il est vrai que tout romancier véritable, depuis Balzac, fait concurrence à l’état civil en inventant un univers, démiurge tyrannique, père capricieux ou sadique de personnages à sa merci, déicide supplantant tout autre divinité, Gabriel Garcia Marquez, fasciné par l’absolu de l’écriture et la puissance du verbe, en modelant dans le tohu-bohu génésiaque Cent Ans de solitude, s’est voulu Créateur, en majuscule et en majesté, maître souverain d’un monde inscrit dans l’Histoire. Au commencement, donc, est Macondo, bourg mythique où se déroule la chronique de la famille Buendia selon la prédiction rédigée en sanscrit sur d’obscurs parchemins par le prophète gitan Melquiades. À la fin des temps est l’écrit où est consignée la malédiction d’une lignée « condamnée à cent ans de solitude », depuis l’union incestueuse de José Arcadio et Ursula et le meurtre originel de Prudencio qui va entraîner l’exode de la famille, jusqu’à la naissance, cent ans plus tard d’un enfant à queue de cochon, entraînant l’extinction définitive des Buendia et le tarissement de Macondo, en une boucle de temps circulaire, serpent qui se mord la queue et siècle accompli. Le livre n’est que le récit d’une prophétie qui se révèle progressivement, et de ce fait il nous est présenté avec le recul de la chose réécrite ou transcrite. Tout passe, en effet, par le prisme d’une écriture qui est celle de l’auteur, une parole épico-lyrique, parodique et grandiose, excessive et fleurie, à la fois hyperbolique et simple, charmante et fascinante, et parfois terrifiante, comme peut l’être le langage d’un conteur de village qui impose à la conscience stupéfaite de son auditoire – ici de son lecteur – des contes de fée et des histoires fantastiques. Semblables, certes, à celles que racontait sa grand-mère galicienne au petit Gabriel. De là une hauteur du récit qui ne se situe ni au ras des marigots colombiens ni dans l’éther de quelque cordillère ni dans les lagunes troubles d’une selva enchantée, mais très exactement au niveau de la lévitation chère au père Nicanor, le besogneux curé de Macondo qui, à chaque« tasse de chocolat bien crémeux et fumant » s’élève de douze centimètres au-dessus du sol, au regard émerveillé de ceux qui vivent dans la soif des miracles. Parole épique que celle d’un scribe dont l’œil suivrait de droite à gauche les cryptogrammes de la Genèse hébraïque et la lèvre balbutierait les boustrophédons ulysséens. À la hardiesse aventureuse de José Arcadio, à son aura de découvreur et de déchiffreur, répondent les grands moments cataclysmiques du Livre sacré : Exode, Genèse, Déluge, Apocalypse... On peut parler d’Adam et de premier homme à propos du fondateur de Macondo ; Garcia Marquez le présente, en effet, comme « une sorte de patriarche qui donnait des directives pour les semailles, des conseils pour élever les enfants et les animaux, collaborait avec chacun, jusque dans les travaux manuels, pour la bonne marche de la communauté, celle qu’il a fondée après la fuite de Riohacha, le lieu de la naissance. Une fuite après la faute, comme Adam chassé du jardin d’Éden ? Plutôt comme Caïn après le premier meurtre de l’histoire. On trouve, en effet, au départ la malédiction de la consanguinité : la tante d’Ursula mariée à l’oncle de José Arcadio – les deux êtres primordiaux de cette histoire – a eu un enfant à queue de cochon, fruit de l’inceste consommé. Mais Ursula et José Arcadio, bien que cousins germains et malgré le précédent, se marieront tout en craignant que « ces deux rameaux parfaitement sains de deux lignées séculairement entrecroisées ne connaissent la honte d’engendrer des iguanes » (à quoi est prédisposée, peut-être, Ursula dont le patronyme est curieusement Iguaràn). C’est cette crainte, ce tabou si essentiel, selon Lévi-Strauss, à nos sociétés issues des communautés tribales primitives, qui amène l’épouse à se refuser à son mari, au moyen d’un pantalon de grosse toile qui vaut toutes les ceintures de chasteté ; or, la moquerie de Prudencio sur la virilité inopérante de José Arcadio conduit ce dernier, dans un accès de violente colère, à le tuer. Voilà donc le couple maudit fuyant Riohacha, craignant la main du sort et fondant une cité loin de tout, coupée des autres hommes, dans l’innocence d’un rêve prophétique. Là, tout sera à créer et l’on vivra le déchiffrement des premiers jours du monde, car « beaucoup de choses n’avaient pas encore de nom et pour les mentionner, il fallait les montrer du doigt ». Et voilà l’humaine condition installée dans l’Histoire, dans la contingence, dans le devenir et le cyclique, et ce pour une durée d’un siècle. Comme dans la tragédie grecque, on sait d’emblée que la mort les réunira tous et que la malédiction s’accomplira finalement, même si ce peloton d’exécution qui, en ouverture du roman, déclenche chez Aureliano Buendia – le fils du couple maudit – la montée des souvenirs et le déroulement du récit, sera, par une pirouette de l’auteur, désarmé, le colonel Aureliano Buendia au bout du compte, au sommet de sa défaite et de sa solitude, ayant parcouru le « désert désolé de la gloire », s’exécutant de sa propre main, mais se ratant et accédant à une vieillesse aussi infinie que sa solitude. « Bien des années plus tard » phrase leitmotiv – et voilà le roman commencé, la parole déroulée, l’histoire dévoilée en un saut chronologique, un tour de passe-passe avec le temps qui nous impose le passé après le présent et le lendemain bien avant l’hier, qui suscite mort et résurrection en une paraphrase subtile de l’éternité qui n’est, tout compte fait, qu’acceptation du précaire et du temporaire, affirmation à l’échelle de la misérable humanité d’un temps inscrit dans l’accomplissement du siècle. José Arcadio voudra-t-il en contrarier le cours, s’enfermant avec le devin Melquiades dans son atelier d’alchimiste, s’activant autour de l’athanor, dans les vapeurs du mercure, en quête de la pierre philosophale, ou s’appliquant à inventer de nouveaux rouages pour de multiples horloges et stoppant malencontreusement le défilement des jours ? Il en perdra son âme et sa raison, ligoté au châtaignier du patio pour le restant de ses jours, vieillissant sous la pluie, le visage brûlé de soleil, hurlant comme un possédé « dans une langue pompeuse » qui s’avère être un latin que seul l’altier prêtre Nicanor saura comprendre dans le délire scolastique. Grandie dans une odeur de soufre et de miasmes méphitiques, Macondo connaît une familiarité avec la mort telle qu’elle culminera, en une stupéfiante scène d’anthologie, avec la disparition d’Amaranta, programmant son décès, brodant son linceul, avertissant tout le village qu’elle portera le « courrier de la mort » dans l’au-delà, puis se calant dans son cercueil pour l’ultime voyage. Et c’est là, dans ce temps inscrit, dans ce lieu donné que Garcia Marquez délimite l’espace de son imaginaire, dans le secret des destinées et la fable d’une humanité grandiose et misérable, avec son cortège de guerres civiles, de révoltes, de meurtres et d’abdications. L’espace de Macondo est à la démesure de son auteur, don du ciel apparu en songe. Macondo qui, dans la réalité colombienne, fut, semble-t-il, le nom d’une bananeraie près de l’Aracataca qui vit naître Gabriel Garcia Marquez, apparaît ici sous la forme d’une édification prophétique qui éclaire la fuite biblique de José Arcadio Buendia, une promesse de terre à défaut de terre promise. C’est là, après l’Exode et la Genèse d’un monde qui est constamment à réinventer et où des petits papiers rappellent aux hommes oublieux le nom des choses, table, chaise, horloge, porte, mur, lit, casserole, que s’accomplira la destinée de cette lignée condamnée des Buendia, un peu comme dans le livre des Nombres où les listes d’engendrements défilent avec toujours les mêmes prénoms transmis de père en fils et de mère en fille. Macondo, de sa naissance à sa mort, de sa Genèse à son Apocalypse, est à l’image de la vie humaine : enfance, maturité, vieillesse et mort, et aussi à l’image de l’histoire humaine. Au territoire merveilleux de l’enfance, succède l’histoire des guerres et des amours de la maturité, pour s’achever sur la déchéance et la décrépitude d’un vieux monde. Plus largement, c’est aussi un microcosme de l’Amérique latine avec son cortège de guerres civiles– ces incessants affrontements entre libéraux et conservateurs –, de violence ou sexuelle ou martiale, et plus encore, un microcosme de la Colombie dans son histoire récente ou ancienne, depuis l’armure du premier conquérant symboliquement trouvée par José Arcadio dans son errance initiale, jusqu’à l’hydre tentaculaire du capitalisme nord-américain en son emprise : la compagnie bananière, la répression d’une grève qui fait 3000 morts tient lieu dans ce récit de tous les commentaires politiques. Garcia Marquez y a tout mis de son expérience, de sa sensibilité, de sa meurtrissure colombiennes, et la réalité la plus concrète de cet univers latino-américain n’est jamais absente d’un livre, au demeurant, fabuleux. Car l’émerveillement est partout dans ce monde que Garcia Marquez crée avec un esprit étonnamment frais et naïf Non pas d’une naïveté fabriquée ni d’une fraîcheur d’emprunt, mais vraiment si perceptibles qu’on dirait parfois le récit d’un de ces pauvres conteurs de village, riches de toutes les mémoires collectives de leur peuple. Garcia Marquez incarne à la perfection le gran lengua, cet « homme qui parle » des communautés indiennes, la voix prophétique qui rassemble la collectivité et renvoie son visage. Le premier émerveillement naît d’un aimant géant que les Gitans – seul lien de Macondo avec le reste de l’univers – exhibent lors d’une première visite, traînant derrière chaudrons, poêles, tenailles et chaufferettes, mettant à la torture toutes les vis et les clous des poutres de bois. Avec les Gitans et leur chef, le mage Melquiades, c’est d’étonnement en étonnement, d’émerveillement en émerveillement que vont les gens de Macondo, jusqu’à cette culmination de l’inouï, ce bloc de glace « renfermant une infinité d’aiguilles sur lesquelles venaient exploser en étoiles multicolores les clartés du couchant » et que José Arcadio, fasciné, qualifie de « grande invention de notre époque » en y portant une main brûlante « comme un témoin prête serment sur les Saintes Écritures ». Oui, d’emblée nous sommes dans l’univers du magique et du sacré, et le récit ne cessera de se peupler de prédictions, de malédictions, de signes prémonitoires et de présences maléfiques. Dès lors, qui peut s’étonner du fantôme de Prudencio se promenant dans la maison d’Ursula et cherchant un peu d’eau pour soulager la blessure au flanc que lui a faite la lance irritée de José Arcadio ? Comment s’étonner que ce dernier le retrouve, chenu, gris et ratatiné, bien après la mort de Melquiades qui a inscrit son point noir dans la géographie de Macondo, découvrant jusqu’à l’ébahissement que les morts aussi continuent de vieillir ? Qui s’étonne vraiment de la lévitation du curé de Macondo à chaque gorgée d’un chocolat réconfortant ? Pas plus que de l’envol de Remedios-la-belle accrochée à son drap et quittant le monde de Macondo à la façon du prophète Élie. Pas plus que les Gitans ne surprennent en se promenant sur un tapis volant tout droit échappé des Mille et Une nuits, qui est, avec la Bible, l’Odyssée et Gargantua, l’un des 4 piliers de l’inspiration marquézienne. Tandis qu’un bout de glace renvoyant la lumière ou un aimant mettant à la torture les chevilles des maisons, voilà de vrais motifs d’émerveillement. Mais qu’est-ce que l’émerveillement après tout ? L’éblouissement devant la nouveauté, la faculté d’admirer un rien, ainsi qu’un enfant dédaigne son train électrique ou son bateau télécommandé pour aller traîner au bout d’une ficelle un carton à chaussures. La fantaisie fabuleuse de l’auteur l’amène à évoquer en parfaite contemporanéité le corsaire Francis Drake, le Duc de Malborough, tel personnage de Carlos Fuentes — Artemio Cruz – ou le Victor Hugues d’Alejo Carpentier dans Le Siècle des Lumières, voire la Grande Mémé dont il narre dans une nouvelle les grandioses funérailles, ou encore le Juif Errant peuplant de son odeur de soufre les rues de Macondo. S’il est vrai que le colonel Gerineldo Marquez, compagnon d’Aureliano Buendia, inscrit dans la mémoire de Macondo le patronyme de son auteur, le clin d’œil le plus pertinent est l’intrusion d’un certain Gabriel qui, gagnant la France en emportant en poche les œuvres complètes de Rabelais, vit à Paris « dans cette chambre sentant le chou bouilli où allait mourir Rocamadour »; si cette chambre existe bien, littérairement parlant, c’est dans la Marelle de Cortàzar que nous la trouvons, et ce personnage de Gabriel n’est autre que le romancier qui joue ici à traverser sa propre fiction. Espace fabuleux, fantastique, littéraire, mythique ou ironique, peuplé de colosses dignes de Rabelais, d’incroyables géniteurs et goinfreurs comme cet Aureliano le Second défiant l’Éléphante, une femme de poids, en un banquet interminable et pantagruélique, jusqu’à l’apoplexie. Macondo est en quelque sorte le fourre-tout de l’imaginaire de son auteur en un bruissant désordre. Il est la totalité de son esprit pensant, rêvant et écrivant. Mais s’il faut chercher la présence du Créateur dans ce livre, c’est alors celle du mage Melquiades à la barbe broussailleuse, qui meurt et qui ne meurt pas, lui qui continue à hanter la « chambre de Melquiades » chez les Buendia, où se trouvent les manuscrits de parchemin dont le sanscrit est douloureusement déchiffré par l’ultime Aureliano au crépuscule de la destruction finale. C’est Melquiades qui, en prophétisant toute l’histoire de cette famille et intervenant à l’aube de la fondation de Macondo, tire en fait les fils ; il est le penseur, le rêveur tout-puissant de cette fiction et aussi le scribe qui transcrit le récit de la vie et la mort de la cité mythique. Lorsqu’au dernier acte, après bien des prouesses sexuelles où le frère couche avec sa sœur, le fils avec sa mère, le neveu avec sa tante dans une consanguinité enfin retrouvée, l’ultime couple engendre l’enfant à queue de cochon annoncé et redouté dès la première union de José Arcadio et Ursula, nouveau-né aussitôt dévoré par le fléau des fourmis rouges, lorsqu’Amaranta Ursula, l’ultime femme, meurt en couches et qu’Aureliano lit sa propre mort dans les lignes de la main de Melquiades, le feu de Sodome et Gomorrhe peut enfin s’abattre sur Macondo, l’Apocalypse se consommer. Le monde est mort. L’espace se transforme en temps éternellement recommencé et qui se referme sur un siècle de solitude. Dans le grand vide cosmique créé après ce déchaînement tumultueux d’humanité par Celui qui, après tout, « avait toute l’éternité pour se reposer », gravite désormais la boule ronde de Macondo, avec tous ses morts- vivants et les générations des Buendia, rayonnant jusqu’à la fin des temps de la lumière des mythes qu’il a toujours exercé avec passion, son œuvre romanesque et ses nouvelles ont fait de la Colombie caribéenne un mythe littéraire universel. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1982. Gabriel Garcia Marquez est né en 1928 à Aracataca, village de Colombie, le Macondo dont parle une grande partie de son œuvre. Formé au journalisme. Pour Carmen et Alvaro Mutis.

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