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Causes toujours ! : Les pièges de la causalité PDF

64 Pages·2013·0.324 MB·French
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Une chandelle dans les ténèbres 24 Causes toujours ! Les pièges de la causalité Isabelle DROUET Nicolas GAUVRIT Une chandelle dans les ténèbres N° 24 Isabelle Drouet et Nicolas Gauvrit Causes toujours ! Les pièges de la causalité Éditions book-e-book Une chandelle dans les ténèbres Collection dirigée par Henri Broch ISBN original : 978-2-915312-82-9 ©2013 book-e-book ISBN : 978-2-915312-84-3 Éditions book-e-book - BP 80117 - 06902 Sophia Antipolis cedex Tél. +33 4 93 00 15 34 [email protected] www.book-e-book.com Les auteurs tiennent à remercier, pour les fructueuses discussions qu'ils ont pu avoir avec eux : Denis Solaro, Aurélie Rezzouk, Vincent Laget, Jean-Paul Krivine, Serge Bret-Morel, Dorian Neerdael, Fabrice Neyret, Florent Martin, Thomas Guiot, Bastien Brillet, Esteve Freixa y Baque et Gérald Bronner. Table des matières Introduction p. 6 De quoi les relations causales sont-elles faites ? p. 8 Hume et la conjonction constante Probabilités Des différences non probabilistes Que conclure ? Les causes fantômes p. 20 Des effets microscopiques Des effets distants… ou trop proches de nous Causes antagonistes Quand une variable vient mettre le bazar Hallucinations causales p. 34 Quatre situations à risque Le calendrier des événements : post hoc et cum hoc Statistiquement traître : régression et tireur d’élite Causes toujours Quand on se trompe de cause p. 48 Du principe de raison suffisante à l’attribution causale Chacun mes goûts L’attribution causale hors l’amour de soi En désespoir de cause Conclusion p. 61 inTrodUcTion Trois ans, c’est le début de l’âge des « pourquoi ». Les enfants assaillent les adultes de questions : Pourquoi le ciel est-il bleu ? Pourquoi faut-il se laver les mains ? Pourquoi devons-nous dormir ? Cette période est réputée se terminer bien vite, mais d'une certaine façon elle ne prend jamais fin. Adultes, nous nous demandons encore sans cesse « pour- quoi ? ». Les questions, bien sûr, changent avec l'âge : Pour- quoi le réchauffement climatique ? Pourquoi faut-il se faire vacciner ? Pourquoi le cancer a-t-il une telle prévalence aujourd’hui ?... Et nous ne les posons pas à nos parents, mais nous tâchons d'y répondre seuls ou en faisant appel à des experts scientifiques, ces chercheurs qui ont parfois l’air de grands enfants passion- nés, toujours mus par le désir de comprendre le monde. « Comprendre le monde », ce n’est pas seulement savoir comment il est. Constater que le ciel est bleu, que la Terre se réchauffe ou qu’il y a de plus en plus d’obèses dans nos contrées ne suffit pas à satisfaire notre curiosité : ce que nous demandons, c'est pourquoi les choses sont comme elles sont, « d’où cela vient ». Autrement dit, nous voulons connaître les 7 causes de ce que nous observons, car c’est bien en termes de causalité que nous avons tendance à penser le monde. Bien que la causalité soit, semble-t-il, un élément central de notre grille de lecture du monde, les philosophes et les logi- ciens ont bien du mal à en construire une définition complè- tement satisfaisante. Alors que nous la manipulons en permanence et parfois sans nous en rendre compte, la notion de causalité reste floue et donne lieu à de nombreuses erreurs de jugement. Ainsi, il arrive que des causes n’aient pas d’effet discernable, et que nous passions à côté de liens pourtant bien réels. Plus souvent encore, nous avons tendance, dans notre empresse- ment, à voir des causes là où il n'y en a pas. Nous voyons des causes... toujours ! Comment identifions-nous les causes et les effets, comment en arrivons-nous à la conviction que tels événements sont liés par une relation de causalité ? La psychologie a partiellement répondu à ces questions, et montre que si nos jugements causaux sont souvent justes, il nous arrive toutefois, suivant des principes stables mais trom- peurs, de tomber dans des pièges cognitifs. Ces chausse-trapes de la pensée, certains pourraient bien les exploiter pour nous faire prendre des vessies pour des lanternes. de qUoi les relaTions caUsales sonT-elles faiTes ? « Toute connaissance dégénère en probabilité » David Hume Parce que la causalité semble être si fondamentale pour notre appréhension du monde, les philosophes cherchent depuis longtemps à comprendre de quoi il s'agit. Qu'est-ce que la causalité ou, pour le dire autrement, qu’est-ce qui caractérise les relations entre les causes et leurs effets ? Voilà des questions qui les occupent depuis plusieurs siècles. Hume et la conjonction constante Dans la période moderne, le débat a été largement façonné par les réponses développées au dix-huitième siècle par le philo- sophe écossais David Hume. Les relations de cause à effet, nous dit Hume, présentent trois caractéristiques. D'abord, les causes et leurs effets sont contigus ; ils se touchent dans l'espace et dans le temps. Ainsi une boule de billard A qui est en mouvement ne vient causer le mouvement d'une boule de 9 billard B qu'à la condition qu'il y ait un contact entre elles. En outre, le mouvement de la boule A est antérieur à celui de la boule B, il vient avant. C'est là la deuxième caractéristique, dite de « succession temporelle », identifiée par Hume. Mais le plus important, selon Hume, est la troisième caracté- ristique : la conjonction constante des causes et de leurs effets. Il faut entendre par là que les causes sont toujours, ou « ré- gulièrement », suivies de leurs effets. Ainsi, dire que le mou- vement de la boule A cause celui de la boule B, c'est d'abord dire qu'à chaque fois qu'une boule de billard en mouvement vient frapper une boule de billard au repos celle-là se met en mouvement. De la même façon, gratter une allumette cause son embrasement seulement parce que les épisodes de grat- tage sont tous suivis d'un embrasement de l'allumette grattée. Mais est-ce bien le cas ? Tous les épisodes de grattage d'une allumette sont-ils suivis d'un embrasement de l'allumette grattée ? Bien sûr que non ! Imaginez une allumette mouillée, un grattoir usagé, ou encore une atmosphère qui ne contient pas d'oxygène. Dans tous ces cas, nous aurons beau gratter l'allumette, elle ne s'embrasera pas. Que faut-il en penser ? En première approche, deux options s'offrent à nous. Si nous nous en tenons à la lettre de l'analyse humienne, nous devons conclure que gratter une allumette ne cause pas son embrase- ment. Cette première option n'est guère tentante. La seconde option, quant à elle, consisterait à conclure que l'analyse de Hume n'est pas satisfaisante, que la causalité ne peut pas être définie en termes de conjonction constante. C'est peut-être aller un peu vite en besogne. Même si tous les grattages d'allumette ne sont pas suivis d'un embrasement, les 10 grattages effectués correctement avec allumette sèche, contre un grattoir neuf, en présence d'oxygène, le sont. En tout cas, il est sans doute possible de définir un ensemble de conditions auquel appartient le grattage de l'allumette et qui est toujours suivi de l'embrasement. Si tel est bien le cas, l'intuition fondamentale de Hume peut être sauvée : il est pos- sible de continuer à soutenir que la causalité est, fondamen- talement, de la conjonction constante — en définissant une cause comme un élément parmi un ensemble de conditions qui est toujours suivi par un certain effet. Le « truc » peut-il être généralisé ? Autrement dit, chacune de ces choses que nous appelons « causes » peut-elle être ins- crite dans un ensemble de conditions qui, si elles sont réunies, sont toujours suivies de ce phénomène que nous appelons son « effet » ? Une interprétation courante de la mécanique quantique offre les arguments les plus forts en faveur d'une réponse négative à ces questions. Pour le comprendre, imaginons que je décide de placer une boîte contenant une substance radioactive (par exemple de l'uranium 238, ou de l'iode 131) à proximité d'un compteur Geiger. Imaginons encore que, à la suite de cette manœuvre, le compteur Geiger enregistre des désintégrations radioac- tives. Il semble clair que la proximité de ma boîte radioactive est la cause de ce que j'observe sur le compteur. Pour autant, il n'existe pas d'ensemble de conditions auquel appartiendrait cette proximité et qui serait tel que toujours, nécessairement, il serait suivi d'un enregistrement de désinté- grations par le compteur Geiger. C'est que la désintégration d'un noyau radioactif est un évé- nement irréductiblement probabiliste, pour lequel il n'existe

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