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Catilinaires de Cicéron, et Philippiques de Démosthène PDF

309 Pages·1812·15.264 MB·French
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CATILINAIRES DE CICÉRON. ET PHILIPPIQUES DE DÉMOSTHÈNE, Traduites par l'abbë d'Olïvet, ATEC LES REMA.RQUES DU R. P. JOtJVENCT^ BIBLIOTHECA LYON, AMABLE LEROY. «%%V%'««%'««%%^%% l8l2. T- Sa. , \\v\v>\\\vv\\\\\v\\\vv\\v\\v\v\\x\\v\\\\.\\\\\\v\\\\\\ PRÉFACE. On a beaucoup à lire pour devenir sa- vant : mais pour se former le goût, il faut lire peu, et bien lire. Car, avant que le jugement soit mûr, la multiplicité desAu- teurs ne peut que produire une confusion d'idées, qui ne se guérit jamais, et qui même, par rapport au goût, ne veut pas l'ignoranceaccompagnée du senscommun. Quintilien (i) nous enseigne à bien lire nn Orateur. « Il faut observer, dit-il » comment dans l'exorde on se rend les » auditeurs favorables: Quelle clarté il y » a dans la narration, quelle brièveté, 3) quel air de sincérité, et cependant quel » art quelquefois à déguiser son véritable i> but ; Quel ordre ensuite, et quelle jus- 3) tesse dans la division : comment dans 3) les preuves l'Orateur est subtil , vif, 3) serré, tantôt véhément, tantôt doux et 3) insinuant : Quelle force il met dans ses 3^ invectives, et quel agrément, quel sel 3) dans ses railleries : Comment il remue 3) les passions, se rend maître des coeurs, 3:) tourne les esprits à son gré : Quelle est 3) la propreté , l'élégance , la noblesse des (i) LU'. II^ chap. 8. Jecile presque mot pour mot. conformenaeûlàlabelleTraductiondel'abbeGedoyn. a iij , PRÉFACE. Tj » expressions : P2n quel cas (i) l'amplifî- 3) cahon est louable, et quelle est la verlu » opposée : La beauté des métaphores, et V les diiFérentes figures Enfin ce que : , y) c'est qu'un style coulant et périodique, » mais pourtant mâle et nerveux. » Aux chef-d'œuvres qui nous restent des Anciens , il sera bon quelquefois , continue Quintilien, d'opposer certaines pièces, « que le mauvais goût du siècle 5) fait qu'on admire , et de remarquer 3) combien il y a de choses impropres » obscures, enflées basses rampantes, , , y} puériles, affectées, qui non-seulement M ont une approbation presque générale» M mais qui ne l'ont que parce qu'elles sont 3) mauvaises. Car un discours sensé , et » qui n'a rien que de naturel, n'est d'au- 3) cun mérite; on n'y trouve point d'es- » prit. Mais ce qui est recherché , dé— 3) tourné , et hors de la droite raison , 3) voilà ce qu'on admire aujourd'hui. 5> <c J'avoue cependant , ajoute ce sage 3) Rhéteur, qu'il y a eu de nos (ours , et 5) qu'il y a encore d'excellens Ecrivains. M Je le soutiens même. Mais de savoir 3) juger quels ils sont , c'est ce qui n'ap- » partient pas à tout le monde. Il est plus 3) sûr d'imiter les Anciens dont le mérite 3) n'est plus douteux. Ainsi , je conseille 3) de ne point s'attacherde sibonne heure. (i) Voyez Ik-dessusQuintilien, YIU , 4* PRÉFACE. \ij » aux Modernes , de peur qu'on ne les » imite avant que de bien connoitre ce 3) qu'ils valent. » Qui voudra donc se former le goûtpour l'Eloquence prendra nécessairement ses , modèles dans l'Antiquité, et dès-lors son choix ne peut tomber que sur -Démos- thène, ou sur Cicéron, dont le parallèle n'est nulle part mieux détaillé que dans Quintilien. « Je trouve, dit-il , qu'ils se ressem- » blent (i) en tout ce qui est de l'Inven- ï) iion. C'est dans l'un et dans l'autre la » même manière d'envisager un sujet de , » diviser , de préparer les esprits , de » prouver. Quant au style, il y a quelque » différence. L'un est plus précis, l'autre » plus abondant. L'un serre de plus près » son adversaire; l'autre pour le combat- » tre, se donne, s'il faut ainsi dire, plus ^> de champ. Il n'y a rien à retrancher de » l'un , rien à ajouter à l'autre. On voit » dans Démosthène plus de soin et d'é- » tude: dans Cicéron , plus de naturel et » de génie. Pour ce qui est de manier fi- » nement la raillerie, et d'émouvoir la >> pitié, deux points d'une extrême con- » séquence, il est certain que Cicéron y 3> réussit mieux que l'autre. Mais ce qui » donne la supériorité à Démosthène , » c'est qu'il a été avant Cicéron et que , (i) Voyei QuiûiiUen, Uy. X, chap. I. a iv PREFACE. Tiij » l'OraieurRomain , tout grand qu'il est, » doit une partie de son mérite à l'Athé- 3î nien.Caril meparoil que Cicéron ayant » tourné toutes ses penséesvers les Grecs 30 pour se former sur leur modèle, il a i) rassemblé en jui et la force de Démos^ » thène, et l'abondance de Platon et la , » douceur d'Isocrate. Non qu'il en suit » redevable seulement à son travail, et 55 au secours de l'Imitation : mais il a » comme enfanté de lui-même la plupart » de leurs perfections ou pour mieux, , » dire, toutes par l'heureuse fécondité , » de son divin génie. Car pour me servir , » d'une expression de Pindare, il ne ra— » masse pas les eaux du ciel pour remé- X dier à sa sécheresse naturelle, mais il trouvedans son proprefondsunesource 35 »> d'eau vive, qui coule sans cesse à gros » bouillons ; et vous diriez que les Dieux » l'ont accordé à la terre, afin que l'P^lo- 0) quence fit l'essai de toutes ses forces en » la personne de ce grand homme. Qui 33 est-ce, en effet, qui peut instruire avec 3î plus dexaclilude , et toucher avec plus » de véhémence ? Et quel Orateur a ja- » mais eu plus de charmes ? Jusques-là 3) que ce qu'il vous arrache , vous croyez » le lui accorder ; et que les Juges em- 3> portés par sa violence , comme par un » torrent, s'imaginent suivre leur mou- 51 vement propre, quand ils sont entrai- » nés. D'ailleurs , il patrie avec tant de PRÉFACE. ix » raison et de poids, que vous avez honte » dêtre de sentiment contraire. Ce n'est » pas le zèle d'un Avocat que vous trou- » vez en lui : c'est la foi d'un Témoin , j) et d'un Juge. Et toutes ces choses, dont » une seule coûteroil des peines infinies >î à un autre, coulent en lui nalurelle- 3> ment, et comme d'elles-mêmes ; en » sorte que sa manière d'écrire si belle , V et si inimitable , a cependant l'air le » plus aisé du monde. Ainsi, ce n'est pas » sans fondement que les f^ens de son » temps ont dit qu'il r^gnoit au Barreau : » comme c'est avec justice que ceux qui » sont venus depuis, l'ont tellement esti- » mé que le nom de Cicéron est moins » aujo,urd'hui le nom d'un homme que , » celui de l'Eloquence même.Ayons donc » les yeux continuellement sur lui : qu'il » soit notre modèle et tenons nous sûrs : » d'avoir beaucoup profité, quand nous » aurons pris de l'amour et du goût pour » Cicéron. » Ainsi pensoit le plus judicieux de tous les Critiques. Il y a donc premièrement, selon lui, une parfaite conformité pour ce qui regarde VInvention et la Disposifion entre Cicéron et Démosthène. Pourquoi ? Parce qu'ils ont l'un et l'autre suivi , et dû suivre pas à pas la nature. Or, la na- ture certainement ne peut que dicter , , toujours les mêmes raisons et les mettre , à peu près dans le même ordre pour con- PRÉFACE. X vaincre lesesprits, pourloucherlescœurs, qui sont les mêmes dans tous les climats, «t dans tous les temps. Mais en second lieu, ces deux Ora- teurs diffèrent un peu quant à YEIocu- , iion. Pourquoi ? Parce que le Grec étant, comme nous l'apprenons de Plutarque, un homme chagrin, sévère, incapable de se plier; et leRomain, au contraire,ayant l'ame tendre, l'imagination belle, l'hu- meur enjouée; ils ont dû l'un et l'autre se conformer à leur caractère personnel , dont la différence a nécessairement pro- duit celle de leur style. A l'égard des deux premières parties, Xlnçention et la Disposition , dans les- quelles ils se ressemblent; c'est une chose aisée au Traducteur, que de les repré- senter tels qu'ils sont parce qu'il suiEt ; pour cela d'exprimer leurs pensées, et de n'en point changer Tordre. Mais la diffi- culté consiste dans VElocution qui est , cependant si essentielle, que c'est par cet endroit seul qu'on les distingue l'un de l'autre suivant ce que j'ai rapporté de , Quinlilien. Plus cette difficulté m'étoit connue , moins ai-je dû me flatter de pouvoir la vaincre. Persuadé plus qu'homme du , monde qu'il n'est pas possible de pein- , dre Démosthène et Ciccron , avec toutes leursgrâces,j'ai seulementregardécomme possible de les défigurer un peu moins •PRÉFACE. X] u'ils ne l'ont été, ce me semble, par 1'autres Ecrivains, à qui je fais gloire de céder d'ailleurs. Tous les jours nous voyons que des Peintres du premier or- dre manquent des ressemblances qui , n'échappent pas à un Peintre des plus communs : et la ressemblance est ici tout ce que j'ai cherché. Autre chose est donc l'exactitude à ren- dre le sens d'un Orateur: autre chose, la fidélité à exprimer le caractère de son éloquence. Gr , il me paroît que de Maucroix, et de Tourreil qui ont mis , les Philippiqucs en Français, ne s'assu- jettissent point assez au goût, au génie de Démosthène. Ils lui font dire à peu près tout ce qu'il a dit, mais rarement comme il l'a dit : et dès-là ce n'est plus le même Orateur. Dans de Maucroix c'est un , malade que l'on voit bien avoir été un très-bel homme, mais qui est tombé dans un état de langueur où ceux qui l'avoient vu et connu auparavant, lui trouvent les yeux presque éteints les traits à peine , reconnoissables. Dans de Tourreil c'est , un malades d'une autre espèce, d'autant plus incurable qu'il se doute moins de son mal , et qu'il prend pour embonpoint ce qui n'est que bouffissure. Je craindrois de me tromper sur de Tourreil, qui a encore beaucoup d'admi- rateurs , si je n'étois fortifié dans mon opinion par deux Juges non suspects et , PRÉFACE, xi| d'un grand poids. Je veux dire Rollin et Massieu. Tout le monde ayant lu (i) ce que le premier en a écrit, je ne citerai que feu l'Abbé Massieu dont l'ouvrage , {2) n'a point vu le jour. «C'est dommage, 5) dit-il , que de Tourreil ne fasse pas » un meilleur usage de ses talens. il n'a » que trop de génie. Il ne manque ni dç 5) fécondité , ni de feu , ni d'élévation , ni » de force. Mais il ne sait point s'aidey » de tout cela. Son esprit l'entraîne et » l'emporte. Rien de suivi , ni de réglé » dans tout ce qu'il fait. Son style va tou- 5) jours par sauts, et par bonds. Ce n'est » qu'impétuosité, que saillie. Il a l'en— ï) thousiasme de ces Prêtresses qui ren- » doient autrefois les oracles : il en a » souvent l'obscurité. Le privilège d'en- 3) tendre de Tourreil n'est pas donné à i) tout le monde. En beaucoup d'endroits » on doute qu'il s'entende lui-même, il y) quitte le sens pour les mots, et lesolide 3î pour le bjillant. Il aime les épithètes 3> qui emplissent la bouche, les phrases » synonymes qui disent trois ou quatre » fois la même chose en termes dilTérens, 3) les expressions singulières, les figures » outrées, et généralement touscesexcès (1) VoyerRoUia, dePEloquenceduBarreau, article premier. dnn(sa)laReBmiabrlqiuoethsè^^edodnutRlaeim,asnuursclariptreomriiègrienaEldsieiL^narddee de Tourreil»

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