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Campagnes des Anglais dans l'Orléanais, la Beauce Chartraine et le Gatinais PDF

175 Pages·2013·1.03 MB·French
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CAMPAGNES DES ANGLAIS 1421-1428 CAMPAGNES DE JEANNE D'ARC POSTÉRIEURES AU SIÈGE D'ORLÉANS PRÉFACE L'histoire des guerres des Anglais dans l'Orléanais est et restera le point capital de notre histoire nationale, car de leur issue dépendait l'abolition ou la conservation de la France ; or, une nation comme la France ne disparaît pas du globe sans laisser un gouffre béant dans la civilisation des peuples. Entreprendre de raconter — après que tant d'éminents historiens en ont magnifiquement exposé l'ensemble — les longues péripéties de cette lutte pour la vie, serait une entreprise plus que téméraire. Ce n'est donc pas dans le but d'entrer dans la lice avec des savants qui sont mes maîtres dans l'art d'écrire comme dans la science historique, que j'ai entrepris, à mon tour, le récit des campagnes antérieures et postérieures au siège d'Orléans. Mon but est tout autre et je n'ai cherché, en rappelant des faits déjà connus, qu'à faire sortir de la pénombre où les retient la lumière des grands événe ments historiques connexes, les détails de moindre importance, peut-être, mais intéressants cependant, de l'admirable dévoûment à la chose publique de la popu lation et de l'édihté orléanaise pendant ces jours de grande épreuve. Je me suis donc bornée à dire ce qui n'avait pas été dit et à faire de cet ensemble un cadre approprié aux curieux documents inédits que j'emprunte à nos archives communales. De plus, l'effectif et le mode de recrutement de l'armée anglaise qui fit la campagne de 1427, dans le II PRÉFACE. Gâtinais et le pays Chartrain, n'avait jamais été l'objet d'aucune description spéciale ; j'ai également cherché à combler cette lacune à l'aide du compte inédit d'Andry d'Esparnon, trésorier des guerres de France, pour l'année 1427-1428, où j'ai puisé des renseignements authen tiques sur les faits militaires de ces deux années. C'est ainsi que j'ai pu reconstituer exactement et préciser d'après des documents certains, l'effectif de l'armée anglaise au siège de Montargis, car, ainsi qu'on l'a déjà fait observer, les forces de nos adversaires ayant toujours été l'objet de supputations exagérées, nous ne les avions, jusqu'ici, que très imparfaitement appréciées. Andry d'Esparnon (André d'Epernon) succéda, comme trésorier des guerres de France, à Benoit Colenot. Nommé par lettres du roi du 17 février 1426 (1427 n. st.), il prêta serment et déposa un cautionnement de 2,000 l. t. entre les mains des gens des comptes du roi, le 20 février. Ses gages étaient de 20 s. t. par jour; ses tournées hors Paris étaient payées 60 s. t. et celles de ses clercs 20 s. Le compte embrasse une période de 1 an et 223 jours, du 20 février 1427 (n. st.) au dernier jour de septembre 1428 (1). Il a été très savamment mis à contribution par M. Siméon Luce dans sa Jeanne d'Arc à Domrémy. Ce n'est pas un journal par ordre chronologique, mais un relevé, tait après coup, par nature d'opérations et sur un mode de classement artificiel très suffisamment clair au point de vue de la comptabilité, moins facilement utilisable (1) Bibl. nat. Mss. Fr. 4484. — Compte Ier d'Andry d'Esparnon, fol. 1 à 9. — Il sera désigné à l'avenir par l'abréviation Fr. 4484, ou seulement par l'indication du folio, indication entre parenthèse dans le texte même. — Le serment fut exigé, même de simples secrétaires. Guyon, clerc du duc de Lancastre « a jurez sur sainz évangeillz de garder notre conseil secret et de le non révéler à nully ». 18 octo bre 1370. (Documents français en Angleterre, J. Delpit, 132.) PRÉFACE. III à celui de l'histoire. Les articles relatifs à un même événement sont disséminés sous plusieurs rubriques : solde des troupes, messageries, voyages, aides recouvrées, etc. Si beaucoup d'indications sont très précises, il n'en est pas tout à fait de même pour certains en-tête de cha pitres, par exemple, ni pour les résumés des lettres du roi. Ceux-ci semblent avoir été laissés un peu trop à l'arbitraire des clercs rédacteurs, et on y trouvera surtout l'exposé de projets militaires communiqués par avance aux agents des finances, peut-être abandonnés, bien différents, dans d'autres cas, de leur exécution. Esparnon encaissait plus particulièrement les aides votées ou imposées en raison des expéditions militaires dont il payait les troupes, et aussi, mais éventuellement, le produit des gabelles et autres impôts, du domaine, etc. Le changeur du Trésor (receveur du domaine royal) et le receveur général de Normandie lui font des versements, à titre accidentel ; sa fonction principale, mais non exclu sive, est de payer les gens de guerre qui sont en expédition et les dépenses accessoires relatives au même objet (Fol. 9 v°, 18 à 33, etc.). Pierre Surreau, receveur général de Normandie, paraît, au contraire, encaisser ou solder tout ce qui a trait à l'ad ministration et à l'occupation militaire de cette province et des pays dits de la conquête de Henri V, mais il paie aussi des gens de guerre employés en dehors de ces contrées (1). Esparnon et Surreau ont leur résidence l'un à Paris, l'autre à Rouen et ne se déplacent pas sans frais ni périls. Les comptes d'Esparnon que l'on possède, s'arrêtent à la (1) M. de Beaurepaire, Administration de la Normandie, a publié une analyse des comptes de Pierre Surreau de 1424, 1425,1428-1429. Mém. de la Société des Antiquaires de Normandie, t. XXIV, 1859. — M. Jany a publié un important fragment du compte de 1428-1429, dans son Compte de l'armée anglaise au siège d'Orléans. Mém. de la Société arch. et hist. de VOrléanais, t. XXIII, 1892. Il cite plusieurs fois Esparnon dans son introduction. IV PRÉFACE. fin de septembre 1428 et celui de Surreau ne recommence qu'à cette date; après une lacune de plusieurs années. Les trésoriers et gouverneurs généraux des finances, qui ne paraissent pas avoir eu le maniement des espèces, et le roi lui-même, règlent le service entre Esparnon et Surreau, soit en vertu de considérations générales, soit en raison des ressources momentanées de leurs caisses respectives ou de leur proximité du théâtre des opérations. Esparnon ne cite jamais aucun trésorier en particulier. On doit penser qu'ils formaient une sorte de chambre. Enfin, les troupes recrutées en Angleterre et envoyées sur le continent par corps constitués, semblent avoir toujours reçu, avant de traverser la mer, un certain nombre de mois de solde. (Les 300 lances sous Suffolk pour la campagne dont il va être question ; la retenue de Salisbury en 1428). Cette triple origine des paiements et surtout l'état incom plet où nous sont parvenus les registres des comptables et les autres pièces compliquent bien des questions et en laissent un grand nombre sans solution possible. Peut-être pourrait-il sembler étrange que, traitant une question historique de l'importance de celle-ci, j'en aie précisément laissé de côté le point capital, c'est à dire le siège d'Orléans lui-même ; mais à l'heure où je trace ces lignes, une étude des plus intéressantes, vient de sortir de presse, sous ce titre : L' Armée anglaise vaincue par Jeanne d'Arc sous les murs d'Orléans (1). Le volume qui la contient en renferme une autre plus spécialement relative à l'effectif : Le compte de l'armée anglaise au siège d'Orléans, d'après le compte de Pierre Surreau. Je n'avais en conséquence ni le désir ni les moyens (1) Par MM. Boucher de Molandon et A. de Beaucorps : Paris, Baudoin; Orléans, Herluison ; 1892. (Extrait des Mémoires de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, t. XXIII. — Pour l'organisation des finances anglaises, voir notamment page 179 et suivantes. PRÉFACE. V de faire concurrence à des auteurs plus compétents que je ne le suis en cette matière, et ne voulant pas d'ailleurs empiéter sur le domaine de leur riche collection de pièces et de documents de toute sorte, j'ai cru mieux faire en restreignant les limites de cette étude. AMICIE DE VILLARET. PREMIÈRE PARTIE CHAPITRE PREMIER CAMPAGNES DES ANGLAIS DANS LA BEAUCE ET LE PAYS CHARTRAIN (1421-1427) En 1421, Henri V d'Angleterre, accompagné du duc de Glocester, son frère, et suivi de son prisonnier Jacques Ier, roi d'Ecosse, parut dans le pays chartrain pour le réduire sous son obéissance. Cette campagne débuta par la prise, ou mieux la capitulation de Dreux (août 1421) que son capitaine, Amaury d'Estis- sac, abandonna à l'approche de l'ennemi. Chartres soumis, depuis 1417, à l'obéissance du duc de Bour gogne (1), ouvrit avec empressement ses portes au vain queur qui y fit ses dévotions. (1) Chron. de Pierre Cochon, édit. VALLET, (de Viriville), chap. XXXVII. Cf. VALLET, Hist. de Charles VII, pages 166 et 167. — Chartres fut repris par Dunois et Florent d'Illiers en 1432 (n. st.) et Jean de Fitigny, son évêque, paya de sa vie «on attache ment à la cause anglaise : « Chartres civitas cum ecclesia famosa sedis episcopalis. Capitaneus ibidem (pro) domino (on a ajouté dictæ civitatis) Johanni Fotenia episcopo de Chartres — postea 2 CAMPAGNES DES ANGLAIS DANS LA BEAUCE Encouragés par un aussi favorable début, les généraux Anglais se portent, sans perdre de temps, sur Tillières-au-Perche, Nogent-le-Roi, Gallardon, Bonneval, Epernon (1), réduisent ces villes qui font peu de résistance et y mettent garnison (1421), tandis qu'Henri V essaie, mais en vain, de forcer Châteaudun, capitale du pays Dunois. Le dauphin Charles établi à Chinon et entouré des principaux membres de son Conseil : Amaury de Séve- rac, maréchal de France, Gilbert de la Fayette, Tanneguy Duchâtel, Regnaud de Chartres, archevêque de Reims, le vicomte de Narbonne et autres seigneurs, convoqua à Vendôme le ban de la noblesse, pour reprendre à l'ennemi la ville de Dreux, sa récente conquête; mais nonobstant le ton comminatoire de l'ordonnance, aucun gentilhomme n'obéit à cet ibidem martyrizato, pro salva custodia et defensione dictez civi- tatis, (1) — VI Mfrancor. » Paiements des capitaines de garnison en France, par le roi d'Angleterre, de la saint Jean 1427 à la saint Jean 1428. (STEVENSON. Letters and papers illustrative of the reign of Henry the sixth, t. II, 2e partie, p. 539.) La ville fut reprise par le Bâtard et Florent d'Illiers et l'évêque y fut mis à mort le 12 avril, samedi après judica, c'est à dire la veille des Rameaux (cartul. de l'église de Chartres, p. 168). — En rap portant cette version dans son histoire de Chartres, Doyen est moins affirmatif : « Plusieurs ont écrit, dit-il, qu'il fut tué à la prise de Chartres, et c'est la plus commune opinion. » (DOYEN, Histoire de Chartres, t. I, p. 139.) — En 1426, le capitaine de Chartres, pour le duc de Bourgogne, se nommait Louis Tormagon ; l'Evêque lui succéda. (Arch. municip. d'Orléans, ér. CC 652; Compte de Commune, 1424-1426, mand. 12.) (1) VALLET (de Viriville) id, p. 174. — LONGNON, Limites de France, 484, dans la Revue des questions historiques, t. XVIII, 1875. (1) Cette mention, anticipée de trois ans, de la mort de l'évêque indique une a ddition faite après coup par le transcripteur. ET LE PAYS CHARTRAIN (1421-1427). 3 appel. Le dauphin, en effet, ne comptait dans la noblesse, que bien peu de partisans ; son seul recours était : les corps francs, les troupes étrangères, les compagnies d'aventuriers qui, tous au reste, ne mar chaient guère que mus par l'appât du pillage: Ses finances obérées lui interdisaient, en outre, les grands sacrifices qui parfois déplacent le succès des armes. Les dilapidations éhontées des ducs d'Anjou et d'Or léans avaient épuisé les provinces. La mort de ce dernier fut un soulagement pour le peuple qu'il sur- chargeait d'impôts dont l'emploi ne fut jamais celui pour lequel on les avait levés, si l'on en doit croira le Moine de Saint-Denis (1). Malgré les aides fréquentes accordées par les trois Etats, le Dauphin continua longtemps à se mouvoir dans la plus étroite pénurie ; mais il est juste d'ajouter que les finances anglaises étaient loin d'être en meil leur état. Le concours de plusieurs causes matérielles, fatales à la fortune de l'ennemi, servit mieux le Dauphin, en cette circonstance, que n'avaient pu le faire les pépa* lités forcément platoniques suspendues sur la tête des gentilshommes réfractaires à l'appel, et les Anglais (1) Le duc d'Orléans ordonna un jour, pour les besoins de l'Etat, une levée de dix-sept millions. L'argent fut déposé dans une tour du palais. Pendant la nuit, le duc Louis, aidé d'hommes armés y pénétra, en brisa les portes et enleva le trésor. Une autre fois, sous le prétexte de la menace d'une invasion anglaise, 800,000 écus furent encore demandés au peuple épuisé. L'opinion publique estima unanimement qu'il n'était entré dans le trésor royal aucune parcelle de cet or. (STEVENSON. Letters and papers citation tirée du Moine de Saint-Denis, 1.1, p. XVIII préface.)

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