BULLETIN DES AMIS DU VIEIL ARLES POUR LA PROTECTION DE SON PATRIMOINE HISTORIQUE ET ESTHÉTIQUE Siège social : place du Sauvage - 13200 ARLES LES POMME D'ARLES N° 99 - 100 Juillet 98 DOCTEUR PIERRE POMME Portrait à 1' huile d'après KYMLI (Collection particulière) SOMMAIRE Éditorial Par Henri CÉRÉSOLA Page 3 PIERRE POMME, MÉDECIN I - La Tradition Page 5 Il - Les Origines Page 7 III - Pierre dit POMME fils Page 13 IV - Pierre POMME, médecin et père de famille Page 19 V - Le Traité des Vapeurs Page 25 VI - Arles, antichambre du succès Page 33 VII - Paris et la Cour Page 39 VIII - La Lettre à Voltaire Page 49 IX - Le nouveau recueil Page 52 X - Retour en Provence Page 55 XI - Travail, famille et gloire Page 59 XII - La Révolution, l'espoir Page 69 XIII - Bruit et fureur Page 75 XIV - Le sacrifice Page 83 XV - Le Traité sous le bonnet rouge Page 89 XVI - Retour à la vie Page 93 XVII - L'après POMME Page 99 XVIII- POMME et la postérité Page 101 TRANSCRIPTION Page 103 CHRONOLOGIE DE PIERRE POMME Page 109 LE DOCTEUR PIERRE POMME Page 119 HISTOIRE DE L'ONCLE ANDRÉ POMME Page 121 FÉLIX POMME Page 145 SOURCES Page 149 INDEX GÉNÉRAL Page 153 COTISATIONS : Chèque de 120 Frs et 150 Frs pour les abonnements hors de France, à envoyer aux A.V.A. Boîte Postale 30, 13633 Arles Cedex. Ne pas oublier de mentionner votre numéro d'adhérent au dos du chèque, C.C.P. 4439.15 Marseille. PERMANENCES : Le samedi de 14 h à 16 h au siège, 20 place du Sauvage. 1er et 3e jeudi à 18 h : cours de paléographie. Cours de provençal : se renseigner au siège. CORRESPONDANCE : Toute la correspondance est à adresser à la B.P. 30, 13633 ARLES Cedex. Téléphone : 04 90 96 62 41 avec message enregistré sur répondeur concernant le programme des activités en cours François AUBERT Pierre POMME, médecin Récit familial ARLES Édition des AMIS DU VIEIL ARLES Couverture : Huile sur toile de KYMLI - (avant 1782) (Coll. part.) s1/4 \>i 1y;1 4 t / Les armes bourgeoises des POMME "D'Azur aux trois pommes d'or tigées et feuillées de même" à partir du cuivre original (Coll. Remi VENTURE) -2- Publier un n° 100, pour une association loi 1901, est à la fois un plaisir, un honneur et un signe de vitalité. Nos prédécesseurs, présents ou disparus, peuvent en être remerciés ici et être sûrs aussi de notre fidélité envers leur programme défini en 1903 et en 1971, en particulier la publication de la « petite histoire » du Vieil Arles à travers ses monuments et les hommes qui en ont fait le renom. Ce n° 99-100 était tout à fait adapté et exceptionnel pour raconter l'existence de trois personnages fortement impliqués dans la vie de la « petite patrie » et remettre en notre mémoire une famille célèbre d'Arles dans cette période charnière pré et post-révolutionnaire : les POMME d'Arles. Si, pour les mémorialistes arlésiens, l'intérêt particulier des deux premiers ne semble pas exempt de certains reproches, en fait le patriotisme, la fidélité à la famille et à leurs convictions ont présidé sans cesse lors de leurs décisions ; n'oublions pas l'ombre de la guillotine qui n'était pas une plaisanterie à cette époque où deux factions (les chiffonistes et les monnaidiers) s'entre-déchiraient sans pitié. C'est ce que nous expose et dévoile aujourd'hui dans un récit historique, familial, documenté et non sans humour, monsieur François AUBERT né le 16 mars 1928 à Saint-Ambroix (Gard), où son père était notaire. Par sa grand-mère AUBERT, Marie GOIRAND de LA BAUME, il descend en droite ligne du Docteur Pierre POMME. D'abord sous-officier (campagne d'Indochine), il a été employé pendant dix ans dans les services judiciaires d'Afrique Occidentale, et accessoirement à la radiodiffusion de la Côte d'Ivoire. Sa carrière s'est poursuivie en France, à Dijon, puis à Toulouse. Il était greffier en chef de la Cour de Toulouse au moment de sa mise à la retraite. Chemin faisant, il avait reçu plusieurs médailles et l'Ordre du Mérite, comme chevalier. François AUBERT est marié, pourvu de cinq enfants et dix petits-enfants. L'histoire des POMME d'Arles est la dernière étape d'une longue plongée dans ses archives privées, et au-dehors. Il ne nourrit aucune prétention scientifique. Récits familiaux, ses études sont l'œuvre d'un amateur consciencieux qui n'a pas renoncé à distraire. Il revendique surtout la qualité de "relique vivante" du Docteur POMME. L'étude d'archives de la B.N., de celles de Cayenne et du Sud de la France prouvent encore plus l'impact de ce nom, principalement celui de Pierre POMME très célèbre par son Traité des vapeurs maintes fois édité et son titre de médecin consultant du roi Louis XVI. L'histoire s'appuie sur des pièces officielles ; elles sont là pour nous guider dans cet univers dans lequel nous allons nous plonger et où nous allons côtoyer de grands noms de l'époque (le Roi, la Reine, Madame Mère, Voltaire, Chaptal, Delaunay etc.) Dans ce contexte de bouleversements et d'instabilité, l'admirable est que tant de détails de ces vies aient pu subsister et être révélés aujourd'hui par monsieur François AUBERT. Il a droit à toute notre reconnaissance pour cette contribution inédite à l'histoire de la ville d'ARLES. Docteur Henri CÉRÉSOLA Président des Amis du Vieil ARLES -3- À Mme Monique BRUGUEROLLE, ce portrait de notre commun auteur, en reconnaissance de tant de recherches qui l'en font coauteur. - 4 - Tant que les hommes pourront mourir, et qu'ils aimeront à vivre, le médecin sera raillé et bien payé. LA BRUYÈRE, Les Caractères : De quelques usages, 65. I - L A T R A D I T I O N À ce que racontait ma tante Madeleine, le Docteur POMME, un Arlésien, était de nos aïeux. On l'avait vu, dans les premières années du XVIIIe siècle, débarquer à Versailles en sabots (expression à entendre au figuré, précisait-elle). Là, mis en présence du petit Louis XV, malingre et souffreteux, il se serait écrié au premier coup d'œil : « Fatte-lo mandgiare, lo pétit! » (Faites-le manger, ce petit !). Bien qu'émise dans un idiome surprenant, la recette avait été comprise et suivie avec succès. D'où, pour son auteur, la gloire, un titre de médecin du Roi (par quartier, ajoutaient certains), enfin, la fortune. Les malades, au récit de cette cure merveilleuse, se rendaient à Arles pour y consulter le savant docteur, comme jadis d'autres en Épidaure. On disait qu'une mystérieuse dame, dont on avait seulement entrevu la silhouette, avait été reçue de nuit, sous l'anonymat. Plus tard, une caisse de vaisselle d'argent était venue, en guise d'honoraires, témoigner de sa reconnaissance. Pour preuve du fait, nous pouvions admirer habituellement quelque pièce d'orfèvrerie. Le fleuron de cette collection est l'écuelle à bouillon de style rocaille en trois articles, frappée d'armoiries comtales non identifiées. La comtesse (la table ovale est le blason de dames) a conservé son incognito. Nombreuses étaient alors les familles à porter, comme elle, d'azur au chevron d'argent et trois croissants du même. Cette marque n'avait rien de commun avec les armes bourgeoises des POMME, d'azur aux trois pommes d'or tigées et feuillées de même. Une parente détenait la cafetière du bayle (comme écrivait Mistral pour désigner ce bailli de Malte) de SUFFREN. L'usure du métal de ces objets prouvait, paraît-il, que, pendant la Révolution, ce trésor avait été immergé dans le Rhône. Ainsi avait-il échappé au pillage. Au mur, une gravure d'époque représentait l'ancêtre, avec, en légende, le titre de médecin consultant du Roi (point de quartier). -5- L'écuelle à bouillon du Docteur POMME de style rocaille aux armoiries comtales Argent massif - Envergure 30 cm (Coll. part.) -6- Il y avait d'autres reliques, éparpillées au vent des partages, autant de pièces à conviction. Ce personnage quasi-mythique est notre lointain grand-père par sa fille Thérèse. Avant de disparaître presque centenaire (l'éclipse comme le grand âge serait une des caractéristiques des Arlésiennes), cette aïeule avait transmis la tradition à ses descendants. Parmi eux, des parentes que ma propre tante avait connues et côtoyées familièrement. Cet héritage verbal, servi par des vestales à grande longévité, qui avaient reçu et passé le flambeau, semblait offrir toutes les garanties de l'authentique. La vérité n'est pas si facile à atteindre. Voici plus de cinquante ans que j'ai entendu conter l'anecdote pour la première fois, et m'en suis fait répéter les détails. Depuis, je me suis mis en quête de Pierre POMME, et d'abord au hasard des rencontres. Une fois rendu maître de mon temps, l'enquête s'est intensifiée. Elle a porté ses fruits. N'en déplaise aux tenants de la littérature orale, ce récit de seconde main relate des faits impossibles, ou au moins invraisemblables à première vue. Découvrir quelle vérité travestie s'y cache a été le motif original de mes recherches. II- LES O RIGINES L'homme n'est pas de ceux dont, à l'instar d'Homère, plusieurs îles ou cités revendiquent la naissance. Il est né à Arles, il s'y est marié ; il est mort dans cette ville de pierre. Ces faits bien établis figurent parmi les rares points non controversés de sa biographie. Il semble que l'obscurité surgisse et s'épaississe, et que des orages se déchaînent, dès qu'on évoque ce titan extraverti dont la présence, en son vivant, suffisait à soulever des tempêtes. Très longtemps, la date de sa naissance est demeurée inconnue. Les notices les plus anciennes, pourtant quasi-contemporaines de sa disparition, la fixaient en 1735, sans doute à l'estime. Faute d'un acte de baptême, il n'était pas de démenti possible. 1735 nous paraissait improbable : Thérèse serait née d'un garçon de dix-huit ans, âge bien tendre, spécialement pour un médecin, même si cette précocité plaidait en faveur de ses cures. Le professeur GRASSET avait émis les mêmes doutes en s'inspirant de données universitaires. -7- Pierre POMME Pastel, suivant le tableau de Kymli 1859 - (Musée Réattu - Arles) Photo Georges VLASSIS -8-
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