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Bibliotheque de Geneve, Catalogue des manuscrits latins 1376 PDF

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CATALOGUE DES MANUSCRITS LATINS 1-376 PAR ISABELLE JEGER GENÈVE 2016 Catalogue des manuscrits latins 1-376 Nous remercions les organismes qui ont soutenu la réalisation de ce catalogue. © Bibliothèque de Genève – 2016 2 Catalogue des manuscrits latins 1-376 TABLE DES MATIÈRES • Avant-propos ....................................................................................................... 4 • Présentation de la collection des manuscrits latins ............................................. 6 • Répertoire numérique des manuscrits latins 1 à 376 ........................................ 11 • Répertoire chronologique des manuscrits latins 1 à 376 .................................. 34 • Références bibliographiques des ouvrages cités en abrégé .............................. 57 • Notices des manuscrits latins 1 à 376 ............................................................... 60 • Index des auteurs ........................................................................................... 1608 • Index thématique ........................................................................................... 1622 • Index des copistes, enlumineurs et notaires médiévaux ............................... 1644 • Index des anciens possesseurs ...................................................................... 1646 • Évolution des cotes à la Bibliothèque de Genève ......................................... 1655 © Bibliothèque de Genève – 2016 3 Catalogue des manuscrits latins 1-376 AVANT-PROPOS Le nouveau catalogue des manuscrits latins que la Bibliothèque de Genève publie aujourd’hui dans son intégralité, après en avoir livré en 2013 les 250 premières notices, s’inscrit dans une tradition pluriséculaire. Faire connaître ses ressources, et, dans l’esprit du XVIIIe siècle, contribuer à la bonne réputation de l’institution et de la ville qui l’abrite, entre dans les missions ordinaires des bibliothèques ; les exemples de catalogues imprimés de manuscrits se multiplient dès la fin du XVIIe siècle. Genève ne déroge pas à la règle, et notre bibliothèque aime se référer au Catalogue raisonné des manuscrits conservés à la Bibliothèque de la Ville et République de Genève, publié en 1779 par Jean Senebier. Aujourd’hui, les catalogues ont pour but principal de susciter et de faciliter les recherches. Le catalogue de Senebier revêt depuis longtemps un caractère plus documentaire que scientifique, et les conservateurs de manuscrits cherchaient depuis des décennies à remédier à ses faiblesses. C’était l’une des missions du premier conservateur des manuscrits, Léopold Micheli, nommé en 1904, mais un accident mit prématurément fin à sa vie. Les travaux de ses successeurs ont donné lieu à d’excellentes notices, mais la tâche vient seulement d’être achevée. Les descriptions sont l’œuvre de Mme Isabelle Jeger, collaboratrice scientifique à la Bibliothèque de Genève, excellente latiniste et paléographe, titulaire d’un diplôme en histoire et civilisation médiévales de l’Université de Genève, qui est désormais la meilleure connaisseuse de l’ensemble de manuscrits latins de notre Bibliothèque. Ses identifications et ses descriptions reflètent l’intelligence, l’érudition, l’assiduité et l’enthousiasme avec lesquels elle a entrepris ce travail de longue haleine, parfois ardu et ingrat. Elle a été soutenue dans son travail par un ensemble de personnes que nous citons plus loin. En 2004, lorsque, tirant prétexte du centenaire de la création du Département des manuscrits, nous avons publié ici même le catalogue des manuscrits français 1-198, établi par Mme Paule Hochuli Dubuis, archiviste-paléographe, conservatrice assistante, nous avons défendu le choix d’une publication électronique simple, en format PDF. Ce choix s’est révélé judicieux : preuve en est la 5e édition, qui date de 20111. Un catalogue est un appel à recherches, et celui de Mme Hochuli a répondu aux attentes : des compléments d’informations, les références de nouvelles études ont été ajoutées aux descriptions d’origine. L’électronique permet les mises à jour fréquentes, à peu de coût et néanmoins diffusées à l’échelle de la planète, grâce à l’Internet. Nous souhaitons le même succès au catalogue de Mme Jeger qui, précisons-le, est également communiqué aux chercheurs sous une forme traditionnelle, c'est-à-dire sur papier, à la Salle Senebier, salle de consultation du Département des manuscrits de notre bibliothèque. Les attentes des chercheurs progressent aussi rapidement que les options techniques désormais à la disposition des bibliothécaires et archivistes. Avoir accès à distance aux catalogues fait aujourd’hui partie des attentes « normales » du monde de la recherche. Plus encore, ce sont les demandes d’accès aux reproductions numériques des documents eux- mêmes qui se font pressantes. Pour cette raison, le Département des manuscrits s’est engagé avec conviction dans une collaboration active avec E-Codices, la bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux en Suisse, dirigée par le professeur Christophe Flueler de l’Université 1 Consultable à l’adresse http://doc.rero.ch/record/13023?ln=fr (février 2016). © Bibliothèque de Genève – 2016 4 Catalogue des manuscrits latins 1-376 de Fribourg. En janvier 2016, le site web de E-Codices met à disposition de toute personne intéressée les fac-similés intégraux de pas moins de 1458 manuscrits conservés dans des bibliothèques suisses. Plus de 58 manuscrits de la Bibliothèque de Genève, en latin, en français, en hébreu et en grec, font partie de l’ensemble, et sont accompagnés de notices descriptives riches en informations. L’effort de numérisation se poursuit. Un catalogue en ligne et une bibliothèque virtuelle de fac-similés offrent des avantages considérables, mais l’objet livre, dans sa matérialité, permet une autre approche. Pour cette raison, nous envisageons d’accompagner le catalogue détaillé sur l’internet d’un livre présentant la collection de manière plus sommaire mais néanmoins précise, et surtout attrayante. Il nous reste l’agréable devoir de remercier les personnes et les organismes qui ont apporté leur soutien au catalogue des manuscrits latins de la Bibliothèque de Genève. Notre sincère gratitude s’adresse à M. Alain Dufour, président de l’Association genevoise pour l’étude des manuscrits anciens : ami de toujours de la Bibliothèque de Genève, il est de surcroît l’auteur de près d’une centaine de descriptions érudites de nos manuscrits, établies lorsqu’il travaillait au Département des manuscrits. L’AGEMA, qu’il préside, a soutenu dès l’origine notre entreprise, et a aidé à trouver des fonds pour la mener à son terme. M. Jean-Yves Tilliette, professeur de latin médiéval à l’Université de Genève, a relu avec expertise et générosité les notices de Mme Jeger, son ancienne élève, tout comme Mme Maria-Cristina Pitassi, professeure à l’Institut d’histoire de la Réformation à Genève. Mme Françoise Licoppe- Deraedt, de Fondation Melissa & Academia Latinitati Fovendae, a traqué l’erreur grâce à sa maîtrise incomparable de la langue latine. Les directeurs successifs de la Bibliothèque, MM. Alain Jacquesson, Jean-Charles Giroud et Alexandre Vanautgaerden, ont tous été convaincus de la nécessité de ce catalogue et en ont facilité la réalisation. La Société académique de Genève a compris l’intérêt du catalogue pour la recherche universitaire et a apporté son soutien financier. La Loterie romande enfin, important mécène culturel, dont la générosité facilite la réalisation de tant de projets, a répondu à l’appel de l’AGEMA. En conclusion de ce bref avant-propos, tournons-nous vers l’avenir, en formulant le vœu que le catalogue trouve son audience. Il sera suivi d’un nouveau catalogue des manuscrits hébreux de la Bibliothèque, aujourd’hui en cours d’élaboration par Mme Justine Isserles, et, nous l’espérons, bientôt aussi d’un nouveau catalogue des manuscrits grecs. Barbara Roth-Lochner Docteur ès lettres Conservatrice des manuscrits et des archives privées Janvier 2016 © Bibliothèque de Genève – 2016 5 Catalogue des manuscrits latins 1-376 PRÉSENTATION de la collection des manuscrits latins 1-376 La Bibliothèque de Genève Créée au sein du Collège et de l’Académie de Genève fondés par Jean Calvin en 1559, la Bibliothèque devait contribuer à la formation des futurs pasteurs, chargés de diffuser la religion réformée hors de Genève2. A la fin du XVIIe siècle, sous l’impulsion des professeurs Jean-Robert Chouet (1642-1731) et Jean-Alphonse Turrettini (1671-1737), l’enseignement académique se diversifie et la Bibliothèque s’enrichit de publications liées à de nouveaux domaines d’intérêt. Cette évolution, entérinée par le Règlement de 1702, va favoriser l’essor de la Bibliothèque au siècle des Lumières. Une autre étape est franchie en 1872, lorsqu’elle est transférée de l’actuel Collège Calvin devenu trop étroit, vers un bâtiment de la nouvelle Université située dans le parc des Bastions. En 1907, la Bibliothèque de Genève change d’appellation et devient la Bibliothèque publique et universitaire (BPU), un titre qu’elle portera jusqu’en 2006. Cette année-là, une nouvelle orientation lui est donnée afin de mettre en valeur ses collections patrimoniales, et la Bibliothèque reprend alors son ancien nom de Bibliothèque de Genève (BGE). Le catalogue des manuscrits latins 1-376 utilise ces diverses appellations ; on y trouve aussi bien des "cotes BGE" (pour désigner les manuscrits) que des références aux "Archives BPU" (pour désigner des documents d’archives concernant les manuscrits). Les acquisitions de manuscrits latins Depuis sa fondation, la Bibliothèque s’est enrichie de manuscrits latins provenant principalement de dons ou d’achats. Quelques-uns, sécularisés par les syndics de Genève lors du mouvement de la Réforme protestante, sont entrés deux siècles plus tard, comme nous le verrons ci-dessous. L’un des premiers donateurs n’est autre que François Bonivard (1493-1570), le "prisonnier du château de Chillon" célébré par Lord Byron en 1816. Bonivard fut prieur de Saint-Victor de Genève avant de se convertir à la Réforme en 1536. Il est l’auteur de divers ouvrages, notamment des Chroniques de Genève, première histoire de la cité rédigée entre 1542 et 1551. Ses livres, dont plusieurs manuscrits grecs, latins et français, rejoignirent la Bibliothèque à la fin du XVIe siècle3. Ils furent enregistrés à la suite du tout premier Catalogue de la Bibliothèque4. Imprimés et manuscrits y sont mêlés ; l’identification des volumes au moyen de cotes n’existe pas encore, seul un titre est indiqué, par exemple : 2 Sur l’histoire de la Bibliothèque de Genève, voir : « La Bibliothèque étant un ornement public… ». Réformes et embellissements de la Bibliothèque de Genève en 1702, Etudes réunies et publiées par Danielle BUYSSENS avec la collaboration de Thierry DUBOIS, Genève, 2002 ; Patrimoines de la Bibliothèque de Genève. Un état des lieux au début du XXIe siècle, Textes réunis et édités par Danielle BUYSSENS, Thierry DUBOIS, Jean-Charles GIROUD et Barbara ROTH-LOCHNER, Genève, 2006. 3 Micheline TRIPET, «Le fonds Bonivard à la Bibliothèque publique et universitaire de Genève », dans C’est la faute à Voltaire. C’est la faute à Rousseau. Recueil anniversaire pour Jean-Daniel Candaux, Genève, Librairie Droz, 1997, p. 281-297. 4 Bernard GAGNEBIN, « Le cabinet des manuscrits de la Bibliothèque de Genève », dans Genava, nouvelle série, t. II, Genève 1954, p. 73-125 (voir p. 76-78). Le premier catalogue de la Bibliothèque (Arch. BPU, Dk 1) fut établi en 1572 et les livres de Bonivard furent inscrits sur les pages suivantes entre 1580 et 1592. © Bibliothèque de Genève – 2016 6 Catalogue des manuscrits latins 1-376 "Commentarii in Mosem aussi en parchemin" ou "Quatuor Evangelia Lati[na] manu scrip[ta]", deux titres correspondant aux manuscrits latins 10 et 6. C’est au XVIIIe siècle qu’eut lieu la plus somptueuse donation de manuscrits jamais offerte à la Bibliothèque de Genève. Nous la devons à Ami Lullin (1695-1756), l’héritier d’une riche famille de banquiers et magistrats genevois. En 1720, alors qu’il séjournait à Paris pour ses études de théologie, Ami Lullin acheta chez un libraire les quelque 90 derniers manuscrits de la prestigieuse collection qu’avaient constituée Paul Petau († 1614) et son fils Alexandre Petau († 1672), tous deux conseillers au Parlement de Paris. En 1650, Alexandre Petau avait vendu une grande partie de ses manuscrits à la reine Christine de Suède, laquelle en fera don à la Bibliothèque du Vatican. Après la mort d’Alexandre Petau, ses héritiers avaient mis en vente les 300 volumes restants, manuscrits ou incunables. En 1720, il restait encore quelque 90 manuscrits non vendus (à savoir 2 manuscrits grecs, 26 latins, 51 français et 10 en langues modernes étrangères5). Ami Lullin s’empressa de les acquérir et les fit transférer à Genève. A son retour, Ami Lullin devint pasteur, puis professeur d’histoire ecclésiastique à l’Académie. En 1742, lorsqu’il fut nommé membre de la direction de la Bibliothèque, il offrit de précieux ouvrages comme don d’entrée, notamment deux manuscrits latins de la collection Petau : les Sermons de saint Augustin copiés au VIIe ou VIIIe siècle sur papyrus et parchemin (Ms. lat. 16) et les Comptes de Philippe IV le Bel des années 1306-1309, notés sur des tablettes de cire (Ms. lat. 55). Puis, en 1756, il légua l’entier de sa collection6. Datant presque tous du Moyen Age et pour la plupart richement enluminés, les 26 manuscrits latins Petau- Lullin sont parmi les plus précieux de la Bibliothèque. A partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, les savants genevois prirent l’habitude de léguer leurs papiers à la Bibliothèque. Les familles perpétuèrent cette tradition en apportant des documents latins, par exemple des manuscrits de cours notés par leurs ancêtres, lorsque ces derniers accomplissaient leurs études à l’Académie de Genève. C’est également au XVIIIe siècle qu’eurent lieu des transferts de documents entre la "grotte" des archives de la Maison de Ville de Genève (actuelle Tour Baudet) et la Bibliothèque. Celle-ci put alors recueillir plusieurs manuscrits latins, qui avaient appartenu au Chapitre cathédral de Saint-Pierre et avaient été sécularisés par les syndics en 1534, deux ans avant l’adoption de la Réforme à Genève7. Ce sont principalement des livres liturgiques, mais aussi les quelque 80 actes du Concile de Bâle (Ms. lat. 27) que le Chapitre avait sans doute reçus d’Amédée VIII de Savoie (pape de 1439 à 1449, puis administrateur de l’évêché de Genève jusqu’à sa mort en 1451). La grande Bible de Saint-Pierre du XIe siècle (Ms. lat. 1), une Bible atlantique de grand format pesant 23 kilos, fut au nombre des livres sécularisés en 1534, mais rejoignit la Bibliothèque dès le XVIIe siècle. De même, lorsque la bibliothèque du couvent franciscain et celle du couvent dominicain de Genève furent dispersées au XVIe siècle, quelques manuscrits latins furent sécularisés, conservés dans la Maison de Ville, puis transférés à la Bibliothèque au XVIIIe siècle. Dès le début du XVIIe siècle, les bibliothécaires procédèrent à des achats. Vers 1616, plusieurs manuscrits latins furent achetés, les uns à la belle-fille du juriste Germain Colladon, 5 Voir Hippolyte AUBERT, Notices sur les manuscrits Petau conservés à la Bibliothèque de Genève (Fonds Ami Lullin), Paris, 1911 (tiré à part de la Bibliothèque de l’Ecole des chartes, t. LXX, t. LXXI, t. LXXII (1909-1911). 6 Bernard GAGNEBIN, op. cit., p. 87-89. 7 Bernard GAGNEBIN, op. cit., p. 92-95. © Bibliothèque de Genève – 2016 7 Catalogue des manuscrits latins 1-376 les autres à Johann-Caspar Myricaeus, un protestant originaire de Saxe, réfugié en Suisse où il devint pasteur. Les achats se négocient auprès de particuliers, de libraires ou lors de ventes aux enchères. En 1912, dans une vente à Munich, la Bibliothèque réussit à acquérir au prix de 24.200 marks le "Missel Bonivard" (Ms. lat. 30b) ; ce manuscrit enluminé de la moitié du XVe siècle avait appartenu au prieuré clunisien Saint-Victor de Genève, dont Urbain Bonivard et François Bonivard avaient été prieurs. Le dernier achat d’un manuscrit latin date de 2008 et fut conclu auprès de la maison de vente Christie’s ; il s’agit du livre d’heures de Philibert de Viry, un manuscrit enluminé du début du XVIe siècle (Ms. lat. 367), l’un des rares livres d’heures à l’usage du diocèse de Genève ayant survécu aux aléas des siècles. La collection des manuscrits latins 1-376 La collection intitulée "Manuscrits latins" ne regroupe pas tous les manuscrits de langue latine conservés à la Bibliothèque de Genève. Il existe en effet des manuscrits latins classés dans d’autres collections : Papyrus latins, Manuscrits français, Manuscrits supplémentaires, Compagnie des pasteurs, Cours universitaires, Manuscrits Ariana et Comites latentes (une collection privée déposée à la Bibliothèque). En février 2016, la collection compte 376 cotes, une cote pouvant correspondre à un seul folio, à un volume ou à une liasse réunissant jusqu’à 80 documents. La collection couvre une large période allant du VIe au début du XXe siècle, répartis à part presque égale entre le Moyen Age (se terminant en 1536 avec l’adoption de la Réforme) et les périodes moderne et contemporaine. Le Répertoire chronologique en fournit la liste complète. Du Moyen Age aux siècles suivants, le parchemin laisse la place au papier, les enluminures disparaissent, l’écriture devient cursive. L’ensemble est assez disparate, comme en témoigne l’Index thématique recensant des rubriques aussi diverses qu’Albums d’amis, Conciles, Géométrie, Médecine, Numismatique, Rhétorique, etc. Nous pouvons cependant distinguer trois domaines importants : - la religion avec les bibles et ses commentaires essentiellement médiévaux, les ouvrages liturgiques catholiques (missels, bréviaires, livres d’heures, etc.), l’homilétique et les écrits théologiques rédigés par des auteurs catholiques médiévaux ou des théologiens protestants ; - la correspondance des premiers réformateurs genevois, à savoir Guillaume Farel (1489- 1565), Jean Calvin (1509-1564) et Théodore de Bèze (1519-1605), trois Français réfugiés en Suisse romande où ils établirent la Réforme. Cette correspondance latine formée de lettres originales et de copies a été reliée en une vingtaine de volumes (ce sont les Mss lat. 106- 121 augmentés de quelques cotes doubles). Elle fut artificiellement détachée du reste de la correspondance, rédigé essentiellement en français mais aussi en latin, conservé dans la collection des manuscrits français (Mss fr. 194-197a et Mss fr. 401-480) ; - les cours donnés à l’Académie de Genève aux XVIIe et XVIIIe siècles : cours de philosophie (logique, physique et métaphysique), de théologie, de droit, enseignés par des professeurs parfois renommés, tels le philosophe cartésien Jean-Robert Chouet (1642-1731), le théologien libéral Jean-Alphonse Turrettini (1671-1737) ou le géologue Horace-Bénédict de Saussure (1740-1799). L’enseignement était professé en latin. Dans le Ms. lat. 232, l’étudiant Pierre Picot explique qu’avant de passer son examen de philosophie en 1764, il a communiqué ses notes de cours à son professeur Horace-Bénédict de Saussure pour relecture. Ce dernier les a "approuvées", tout en y ajoutant quelques corrections. Ces cahiers de notes témoignent de l’enseignement © Bibliothèque de Genève – 2016 8 Catalogue des manuscrits latins 1-376 donné à Genève, une ville qui connut un intense rayonnement intellectuel et scientifique de la fin du XVIIe au début du XIXe siècle8. En dehors de ces trois domaines, il faudrait signaler bon nombre de manuscrits, soit pour l’intérêt des textes, soit pour la beauté des enluminures ou des reliures, soit pour la qualité de l’écriture ou de la mise en page, soit pour leur ancienneté ou leur rareté. Signalons à titre d’exemples : le Dictionnaire de notes tironiennes (Ms. lat. 85), le calligramme de Raban Maur (Ms. lat. 22), le Salluste illustré selon des consignes du XVe siècle (Ms. lat. 54), les poèmes illustrés de Raoul Bollart (Ms. lat. 97), un livre d’heures au format minuscule (Ms. lat. 36), mais aussi un Recueil d’alchimie (Ms. lat. 82), un Lexique chinois-latin (Ms. lat. 83), un traité sur les cadrans solaires (Ms. lat. 291), le carnet du médecin Louis Odier à l’hôpital Saint-Thomas de Londres (Ms. lat. 305), etc. Deux manuscrits ont fait l’objet d’une luxueuse reproduction en fac-similé : - le Commentaire de l’Apocalypse de Beatus de Liébana du XIe siècle (Ms. lat. 357, f° 149r°- 245v°), réalisé par les Editions Siloé (Burgos / Espagne) en 2012, accompagné d’un volume de commentaire publié en 2015 ; - et l’Atlas de cinq cartes nautiques dessiné par Andrea Benincasa en 1476 (Ms. lat. 81), réalisé par les Editions Millennium Liber (Madrid / Espagne) en 2013. Les notices descriptives sont accompagnées de quatre index facilitant les recherches : un "Index des auteurs" regroupant environ deux cents noms, un "Index des copistes, enlumineurs et notaires" concernant les seuls manuscrits médiévaux, un "Index thématique" et un "Index des anciens possesseurs". Les catalogues précédents Au XVIIe siècle, trois catalogues furent rédigés pour établir la liste des manuscrits de la Bibliothèque9. Les manuscrits y sont répertoriés par titre, mais en l’absence de cotes il est parfois difficile de les identifier avec certitude. Le "Breviarium ad usum Gebennensem m[anu]s[criptum] perg[ameneum] folio" inscrit dans le catalogue de 1620 correspond-il à l’actuel Ms. lat. 30, lequel n’est pas un bréviaire mais un missel à l’usage de Genève ? Le premier catalogue imprimé sera l’œuvre du bibliothécaire Jean Senebier10. Publié en 1779, son ouvrage contient la description de 125 manuscrits latins, pour la première fois numérotés de 1 à 125. A partir des années 1880, la nécessité d’un nouveau catalogue se fit sentir, de nombreux manuscrits étant entrés depuis la publication de Jean Senebier. Plusieurs entreprises eurent lieu, mais aucune n’aboutit à la rédaction d’un ouvrage complet. 8 Voir : Les savants genevois dans l’Europe intellectuelle du XVIIe au milieu du XIXe siècle, Edité par Jacques TREMBLEY, Editions du Journal de Genève, 1988 ; René SIGRIST, La république des lettres et l’essor des sciences expérimentales : exemples genevois (1670-1820), Genève, 2003, 2 vol. 9 Catalogue de 1620 : Arch. BPU, Dk 2 ; Catalogue de 1650-1667 : Arch. BPU, Dk 3, f° 188v-194r ; Catalogue de 1697 : Arch. BPU, Dk 4, f° 116r-117r, 119r-v. Sur l’histoire des catalogues des manuscrits, voir : Bernard GAGNEBIN, op. cit., p. 103-125 ; Paule HOCHULI DUBUIS, Catalogue des manuscrits français (1-198), Genève, 2011 (5e édition), p. 4-9 (https://doc.rero.ch/record/13023?ln=fr) 10 Jean SENEBIER, Catalogue raisonné des manuscrits conservés dans la Bibliothèque de la Ville et République de Genève, Genève, 1779. Sur Jean Senebier, voir : Barbara ROTH-LOCHNER, « Jean Senebier (1742-1809). Le bibliothécaire entre les lettres et les sciences », dans Archives des Sciences, éd. par la Société de physique et d’histoire naturelle de Genève, vol. 63 (2010), p. 9-20. © Bibliothèque de Genève – 2016 9 Catalogue des manuscrits latins 1-376 Le présent catalogue des manuscrits latins 1-376 doit beaucoup à nos prédécesseurs, qui avaient déjà décrit environ 160 manuscrits, et dont nous avons repris les analyses : - Hippolyte AUBERT, pour son étude des manuscrits de la collection Petau-Lullin parue en 191111, - Alain DUFOUR, pour les notices des manuscrits 41 à 121 rédigées entre 1954 et 195912, - Bernard GAGNEBIN, pour son étude des manuscrits enluminés publiée en 197613, - et François HUOT, pour son étude des manuscrits liturgiques éditée en 199014. Commencée en 2005 et achevée en 2016, la rédaction des notices a évolué au cours des années ; le traitement des manuscrits est inégal, certaines notices sont restées succinctes, d’autres sont plus développées. Bien des aspects peuvent encore être approfondis. Remerciements • J’exprime ma reconnaissance à Mme Barbara Roth-Lochner, conservatrice des manuscrits et des archives privées, pour son engagement tout au long de ce projet. • Je tiens à remercier M. Jean-Yves Tilliette, Mme Maria-Cristina Pitassi et Mme Françoise Licoppe-Deraedt (déjà présentés dans l’Avant-propos), pour leur précieuse relecture. • Mes remerciements s’adressent également à M. Matthieu de la Corbière (docteur en histoire médiévale, coordinateur ad interim du Service de l’inventaire des monuments d’art et d’histoire de Genève), M. Pierre Dubuis (chargé de cours en histoire médiévale à l’Université de Lausanne), M. André-Louis Rey (professeur de grec byzantin à l’Université de Genève) et à mes collègues de la Bibliothèque : Mme Paule Hochuli Dubuis, Mme Claire Bonnelie (chartistes), Mme Hélène Denebourg (helléniste) et M. Thierry Dubois (conservateur des imprimés anciens), pour leurs multiples informations généreusement apportées à la réalisation de ce catalogue. Isabelle Jeger / Février 2016 11 Hippolyte AUBERT, op. cit. 12 Alain DUFOUR, Notices sur les manuscrits latins 41 à 121, travail effectué de 1954 à 1959, document dactylographié conservé au Département des manuscrits de la Bibliothèque de Genève. 13 Bernard GAGNEBIN, Bertrand BOUVIER, Esther STAROBINSKI, Anouar LOUCA, L’enluminure de Charlemagne à François 1er. Manuscrits de la Bibliothèque publique et universitaire de Genève, Genève, Musée Rath, 1976. 14 François HUOT, Les manuscrits liturgiques du canton de Genève, Editions Universitaires Fribourg Suisse, Iter Helveticum partie V, 1990. © Bibliothèque de Genève – 2016 10

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