Parce que nul n’est pour lui plus fidèle compagnon de plaisir, Henri II Plantagenêt, roi normand d’Angleterre, confie à Thomas Becket le grand sceau royal. Traître aux siens opprimés par les Normands, Becket le Saxon devient ainsi chancelier du royaume.
Une fois
qu’il en a la charge, il l’assume et se dresse contre l’Église pour défendre l’honneur du roi. Tant et si bien que l’idée vient à Henri de faire élire Becket primat d’Angleterre pour avoir un homme à lui à la tête du clergé. Manœuvre habile ? Oui,
si Becket ne dépouillait du jour au lendemain son personnage de dandy féal du roi pour adopter la bure et se faire dès lors champion de l’honneur de Dieu. Ce Becket qui n’aimait rien ni personne est-il un saint ou un fou, un traître ou un égaré qui a trouvé enfin sa voie ?
En fait, par-delà l’honneur du roi ou celui de Dieu, c’est l’honneur de l’homme que Jean Anouilh met en question dans cette « pièce costumée » où, sur le canevas de l’histoire, se cristallisent nombre des thèmes de son œuvre dramatique.