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Averroès et l’averroïsme - Un itinéraire historique du Haut Atlas à Paris et à Padoue PDF

292 Pages·2005·5.122 MB·French
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Averroès et l’averroïsme Un itinéraire historique du Haut Atlas à Paris et à Padoue André Bazzana, Nicole Bériou et Pierre Guichard (dir.) DOI : ERREUR PDO dans /localdata/www-bin/Core/Core/Db/Db.class.php L.34 : SQLSTATE[HY000] [2006] MySQL server has gone away Éditeur : Presses universitaires de Lyon Année d'édition : 2005 Date de mise en ligne : 5 novembre 2019 Collection : Collection d’histoire et d’archéologie médiévales ISBN électronique : 9782729710910 http://books.openedition.org Édition imprimée ISBN : 9782729707699 Nombre de pages : 352 Référence électronique BAZZANA, André (dir.) ; BÉRIOU, Nicole (dir.) ; et GUICHARD, Pierre (dir.). Averroès et l’averroïsme : Un itinéraire historique du Haut Atlas à Paris et à Padoue. Nouvelle édition [en ligne]. Lyon : Presses universitaires de Lyon, 2005 (généré le 20 novembre 2019). Disponible sur Internet : <http:// books.openedition.org/pul/19465>. ISBN : 9782729710910. DOI : ERREUR PDO dans /localdata/www- bin/Core/Core/Db/Db.class.php L.34 : SQLSTATE[HY000] [2006] MySQL server has gone away. Ce document a été généré automatiquement le 20 novembre 2019. Il est issu d'une numérisation par reconnaissance optique de caractères. © Presses universitaires de Lyon, 2005 Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540 1 La vaste production intellectuelle du cadi de Cordoue Abû l-Walîd Ibn Rushd, l'Averroès des Latins, touche à la plupart des sciences religieuses et profanes (droit, médecine, philosophie...) connues à l'époque almohade, dans laquelle s'insère totalement sa carrière professionnelle et intellectuelle (vers 1150-1198). L'amitié des califes, qui apprécient la puissance de sa pensée, ne lui évite pas la brève disgrâce qui, à la fin de sa vie, sanctionne son intérêt pour les « sciences des anciens », non plus que l'oubli relatif de son œuvre, dans un monde musulman qui s'oriente alors vers d'autres perspectives. Ses écrits auront au contraire chez les Latins, chez lesquels il commence à être connu un quart de siècle après sa mort, un immense retentissement, à tel point que certains veulent voir en lui le « père » de la pensée laïque occidentale. 2 Présentation Pierre Guichard 1 En 1153, Abu-l-Walid ibn Rushd, membre d’une honorable famille de juristes cordouans (son grand-père était cadi de Cordoue), âgé alors de vingt-sept ans, commençait sa carrière intellectuelle connue par un séjour à Marrakech. Quelques années plus tôt, le puissant empire almohade s’était imposé au Maroc (1147), d’où il était en train de s’étendre à l’Espagne. Ibn Rushd se trouvait-il dans la capitale du nouvel empire à l’occasion d’un rassemblement d’intellectuels favorables à un régime fondé sur une idéologie puissamment originale ? Il est en tout cas plausible de placer à ce moment la rédaction de ses premiers écrits proalmohades, actuellement perdus. La même date de 1153 est généralement retenue comme celle de la construction, par le premier calife almohade Abd al-Mu’min, au cœur du Haut Atlas, de l’étonnante mosquée de Tinmal, sur le site de laquelle Ibn Rushd s’est peut-être rendu. Elevé en commémoration de la naissance du mouvement almohade dans cette vallée montagnarde, un quart de siècle plus tôt, l’édifice est l’un des plus remarquables témoignages artistiques de l’originalité idéologique propre à ce mouvement révolutionnaire d’une grande efficacité, qui devait dominer pendant un siècle tout l’Occident musulman. 2 En 1198, disparaissait à Marrakech aussi le même Ibn Rushd, plus connu dans la culture occidentale sous le nom d’Averroès. Cadi de Cordoue, très lié au grand calife al-Mansûr dont il était le conseiller et le médecin, il était devenu, pendant le demi-siècle qui a vu se développer sa production intellectuelle, intense et diversifiée, l’un des plus grands philosophes de l’Islam, au sein de ce même empire almohade qui venait de remporter sur les chrétiens, en 1194, la grande victoire d’Alarcos. Il avait connu à la fois les honneurs officiels, et, à la fin de sa vie, une disgrâce inattendue et encore mal expliquée. Celle-ci préfigure, en quelque sorte, le peu d’écho que sa pensée devait finalement connaître dans le monde musulman. Au contraire, trois quarts de siècle après sa mort, ses idées – ou celles qu’on lui attribuait – étaient passionnément discutées à Paris, et “l’averroïsme latin” de certains maîtres ès arts de l’Université sévèrement condamné par l’évêque Etienne Tempier, en 1277. C’est au milieu de ces controverses parisiennes sur l’averroïsme qu’Alain de Libera voit naître “l’intellectualité” occidentale. Deux siècles plus tard, l’impact de l’oeuvre d’Averroès, 3 en dépit de cette crise, restait vivace sous d’autres formes en Occident, et singulièrement à Padoue. 3 L’UMR 5648 Histoire et archéologie des mondes chrétiens et musulmans médiévaux, dans laquelle sont associés des médiévistes archéologues, historiens de l’art, spécialistes de l’histoire intellectuelle de l’Europe et arabisants travaillant sur le monde musulman, a souhaité, en 1999, profiter de “L’Année du Maroc en France” pour faire, à Lyon, le point sur la vie et l’œuvre du grand philosophe aristotélicien Averroès, en historiens plus qu’en philosophes et selon deux approches croisées : celle du contexte d’un long itinéraire intellectuel ; et celle de l’histoire séculaire d’une pensée éclose dans un espace et dans un temps donnés, puis diversement accueillie par les milieux intellectuels occidentaux à la faveur de sa transmission à l’Europe. 4 La perspective retenue pour ce colloque – qui s’est déroulé les 4 et 5 octobre 1999, en collaboration avec l’association “Regard Sud” et en partenariat avec l’Institut universitaire de formation des maîtres du Rhône – privilégiait la discussion de connaissances universitaires (déjà acquises ou en voie d’acquisition) en vue d’une mise au point solide sur le cheminement concret de la pensée d’Averroès du XIIe au XVe siècle. Pour la préparation de l’ouvrage qui est proposé ici et dont la publication a bénéficié de l’aide de l’Association des Amis de la Maison de l’Orient, on a souhaité enrichir et compléter l’apport scientifique de ces deux journées par de nouvelles contributions ; il s’agissait d’une part (grâce à un article que j’ai préparé avec Jean-Pierre Molénat) d’éclairer davantage l’activité du milieu professionnel des ulémas côtoyés par Averroès, et d’autre part de varier les angles d’approche de l’histoire de son œuvre. En ce domaine, Péter Molnár a bien voulu extraire de ses travaux de recherche quelques pages sur les premiers contacts des philosophes et théologiens chrétiens avec la pensée politique d’Averroès, tandis que Juliane Lay et MauriceRuben Hayoun ont accepté d’illustrer par quelques exemples topiques le rôle patent des communautés juives dans la transmission et la réception des œuvres d’Averroès. Que tous, ouvriers de la première ou de la dernière heure, trouvent ici l’expression de notre vive gratitude. Au temps d’Averroès... Quelques repères chronologiques Mort du cadi Abu 1-Walid b. Rushd à Cordoue et naissance de son petit-fils et 1126 homonyme (le futur Averroès). Abu 1-Qasim b. Rushd, père de ce dernier, cadi de Cordoue. Il est chassé par la révolte 1137-1145 des Cordouans contre le régime almoravide. Situation anarchique en al-Andalus ; le cadi de Cordoue Ibn Hamdin, reconnu par la population comme chef politique, se maintient difficilement face aux derniers 1145-1146 Almoravides et aux ambitions de Sayf al-Dawla b. Hud quitente d’imposer son pouvoir depuis le Sharq (Valence et Murcie). Les Almohades prennent Marrakech et passent dans la péninsule ; le dernier chef 1147 almoravide en al-Andalus, Ibn Ghaniya, basé à Grenade, occupe Cordoue. 1148 Ibn Ghaniya remet Cordoue aux Almohades. 4 1151 Les Cordouans envoient une délégation au calife almohade Ἁbd al-Mu’min à Marrakech. 1153 Premier séjour d’Ibn Rushd à Marrakech 1156-1163 Abu Ya‘qub Yusuf (futur calife) gouverneur de Séville. 1158-1169 Cordoue exposée aux attaques de l’émir de Murcie et Valence Ibn Mardanish. 1160 ( ?) Ibn Tufayl présente Ibn Rushd à Abu Ya‘qub Yusuf. Mort de Ἁbd al-Mu’min ; Abu Ya‘qub Yusuf lui succède (il ne prend le titre de calife 1163 qu’en 1168.). 1169 Ibn Rushd cadi de Séville, où il réside jusqu’en 1171. Ibn Rushd, avec d’autres docteurs, accompagne le calife lors de la campagne de Huete, 1172 contre la Castille, après la soumission d’Ibn Mardanish la même année. 1178 Séjour à Marrakech. 1180 Ibn Rushd grand cadi de Cordoue. 1182 Ibn Rushd remplace Ibn Tufayl, démissionnaire, dans sa charge de médecin du calife. 1184 Mort de Yusuf lors de la campagne contre Santarem ; Abu Yusuf Ya‘qub calife. 1194-1195 Attaques des traditionalistes contre Ibn Rushd. 1195 Le 18 juillet, bataille d’Alarcos. 1196 Expéditions contre la Castille. Interdiction d’étudier la philosophie et les “sciences des anciens” ; condamnation d’Ibn 1197 Rushd, assigné à résidence à Lucena. Ibn Rushd, grâcié, rappelé à Marrakech, mais non rétabli dans ses fonctions, meurt en 1198 décembre. 1199 En janvier, mort du calife Abu Yusuf Ya‘qub al-Mansur. 5 L'Occident musulman au temps d’Averroès 6 Avant-propos : l’actualité d’Averroès Roger Arnaldez 1 Quand on célèbre l’œuvre d’un penseur du passé, une question se pose normalement : quelleest aujourd’hui son actualité ? Cette question est d’autant plus brûlante, dans le cas d’Averroès, qu’il n’a pas eu de successeurs dans le monde islamique et que son influence ne s’est exercée que parmi les philosophes chrétiens, ainsi que l’a montré E. Renan. Il ne s’agit pas de chercher le profit que les musulmans actuels pourraient tirer de sa pensée et de son exemple, relativement aux problèmes qui se posent à eux de nos jours : c’est à eux de le dire. Quoi qu’il en soit, il n’est pas sans intérêt de tenter de voir ce que peuvent représenter Averroès et l’averroïsme pour un penseur contemporain, qu’il soit ou non musulman. 2 Le passé, en tant que tel, retient toujours l’attention de l’historien et, de ce point de vue, la personne et l’œuvre d’Averroès sont des témoins de la vie politique et culturelle en Espagne musulmane sous les Almohades. En outre, les raisons et la nature de son influence dans l’Occident chrétien sont importantes pour l’histoire de la philosophie, mais ce n’est pas là ce qui peut constituer l’actualité d’Averroès. 3 Sans doute dira-t-on qu’un grand penseur est toujours actuel car, ainsi qu’on l’a fait remarquer, l’histoire de la philosophie diffère de l’histoire des sciences en ce que, pour elle, le présent ne se construit pas sur une renonciation au passé. En ce sens, Aristote comme philosophe garde une valeur qu’il a perdue comme auteur de la Physique. On en dira autant d’Averroès, qui fut son commentateur et son disciple. C’est que la pensée philosophique pose des problèmes qui sont constants, bien que les solutions proposées varient avec les doctrines, et il est en tout temps utile de voir comment on a tenté de les résoudre. Mais ne peut-on aller plus loin dans la recherche de l’actualité d’Averroès ? 4 Il nous semble d’abord que, dans la mesure où il a été convaincu par l’œuvre d’Aristote, il représente un type de pensée qui n’est pas mort, ou en tout cas que l’on peut désirer faire revivre. Il s’agit d’une conception de la métaphysique qui s’oppose directement, en Islam, à celle d’Avicenne. Mais cette opposition se retrouve à travers toute l’histoire 7 de la philosophie occidentale. Tout repose sur le sens à donner au préfixe meta, en arabe ba‘d. Ou bien on entend qu’il existe une réalité au-delà du monde physique, réalité intelligible, qui commande toutes les lois de l’univers. Il en résultera une philosophie déductive, qui se proposera de tout expliquer à partir de principes fondamentaux. C’est le cas d’Avicenne et, en Occident, de Leibniz, voire de Kant, tel qu’il s’exprime dans son Uebergang von den metaphysischen Anfangsgründe des Naturwissenschaft zur Physik. Au contraire, pour Averroès, le préfixe marque simplement que l’étude de la métaphysique viendra après celle de la physique, et il s’appuie sur ce qu’écrit Aristote sur la différence entre ce qui est plus clair en soi et ce qui est plus clair pour nous. Or le plus clair pour nous, c’est le monde sensible des êtres en mouvement. Dans son Grand Commentaire de la Métaphysique, Averroès met les avicenniens au défi de pouvoir définir le mouvement a priori et de savoir ce qu’il est s’ils n’en ont pas d’abord une expérience sensible. De ce point de vue préalable à toute réflexion, Averroès reste un modèle dont on peut s’inspirer. 5 Mais l’intérêt particulièrement actuel de la pensée d’Averroès tient à sa conception de l’âme humaine et à ce qui en découle. Ce n’est pas tant son interprétation des textes obscurs du Peri psuchès d’Aristote qui est comme telle importante ici : c’est l’idée que dans l’âme humaine, tout est humain, depuis ce qu’on a appelé l’âme végétative jusqu’à l’intellect, en passant par l’imagination. L’homme n’est pas une intelligence pure ; il est aussi, et même surtout, un être qui vit au niveau de la perception sensible et des images. Si la pensée des philosophes ne s’adresse qu’à des philosophes, elle laisse de côté bien des problèmes qui se posent à tous les hommes. Toute question qui trouve sa réponse au moyen d’une preuve démonstrative relève de la philosophie et des règles de la logique aristotélicienne. Mais il est des questions qui échappent à la démonstration : ce sont toutes celles qui concernent les origines et la fin dernière. Laissées sans solution démontrée par la philosophie, elles intéressent tous les hommes. En ces matières, la vérité révélée peut se justifier. Dans la mesure même où la philosophie est capable de circonscrire son domaine, elle réserve une place à la croyance religieuse. 6 En effet, la Révélation ne s’adresse pas aux philosophes dans les questions où ils peuvent, par leur raison, découvrir une vérité. Mais, même là où les philosophes peuvent se passer de la Révélation, il est normal que les hommes du commun en général puissent recevoir une certaine lumière. Or, ce sont des hommes d’imagination, et la vérité doit leur être présentée à travers leur imagination. Dieu a chargé de cette mission les Prophètes. Contrairement à Fârâbî, à Misakawayh et à Avicenne, Averroès n’a pas cherché à découvrir et à définir une connaissance qui serait propre aux prophètes, et qui expliquerait la nature de leur message. Ils s’adressent simplement à l’imagination des hommes et parlent le langage de l’imagination. En bon aristotélicien, Averroès ne néglige aucun aspect de la réalité. Or, la société humaine, la Communauté du Prophète, sont des réalités qui obéissent à certaines lois. On peut sans doute tenter de fonder une théorie politique en s’appuyant sur la pure philosophie, mais il n’est pas sûr que de telles lois, empiriques ou rationnelles, conservatrices, réformistes ou révolutionnaires, touchent le commun des hommes et surtout soient capables de leur inspirer des devoirs. Sur ce point encore, la religion a un rôle à jouer, et l’homme sensé choisira la religion la plus apte à donner des lois efficaces pour la bonne santé des sociétés. Pour Averroès, cette religion est l’Islam. Il est vrai qu’en présence des textes coraniques qui parlent à l’imagination, le philosophe pourra montrer l’accord des uns 8 avec les conclusions des preuves démonstratives, ou interpréter les autres. D’ailleurs Dieu lui-même recommande l’interprétation (ta’wîl) à ceux qui en sont capables. 7 Ainsi, la doctrine d’Averroès, prise sous tous ses aspects, présente une remarquable cohérence. Elle est fondée sur une solide conviction de l’unité de la nature humaine et, par suite, de l’harmonie possible dela vie des hommes dans une société bien organisée, telle la Communauté musulmane groupée sous la Loi coranique convenablement comprise. On voit alors que cette doctrine ainsi considérée se présente comme l’expression de la personnalité même d’Averroès qui l’inspire par son unité profonde. Car ce serait une erreur de croire, comme l’ont fait à tort certains historiens, que le philosophe, le médecin, le juriste et le Grand Cadi de Cordoue ne sont que des personnages joués par un homme qui se préoccupait peu de les accorder. L’accord de la raison et du dogme n’est pas une mise en scène secondaire : il est réellement vécu avant d’être pensé par Averroès en qui la croyance en la philosophie et en la science d’une part, la foi religieuse et le sérieux de ses activités de juge religieux d’autre part, ne se séparent pas et ne s’enferment pas dans des tiroirs sans aucune véritable communication entre eux. On chercherait en vain la moindre trace d’hypocrisie dans ses écrits et dans son comportement personnel. 8 Dans ces conditions, en dépit du fait incontestable que telles ou telles de ses thèses nous apparaissent aujourd’hui comme relevant d’un autre âge et comme, à la lettre, dépassées, Averroès reste un maître à penser, un modèle de franchise et de sérieux dans la façon d’aborder les problèmes les plus complexes et d’y réfléchir. C’est en ce sens qu’il demeure actuel et que sa pensée peut être utilement enseignée aux hommes de notre temps. AUTEUR ROGER ARNALDEZ Membre de l’Institut

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