ebook img

Autopsie du gouvernement au Congo-Kinshasa: Le Collège des Commissaires généraux (1960-1961) contre Patrice Lumumba PDF

384 Pages·2015·2.936 MB·French
Save to my drive
Quick download
Download
Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.

Preview Autopsie du gouvernement au Congo-Kinshasa: Le Collège des Commissaires généraux (1960-1961) contre Patrice Lumumba

Autopsie du gouvernement Etudes a m au Congo-Kinshasa i africaines h s t Série Histoire Le Collège des Commissaires généraux (1960-1961) a t contre Patrice Lumumba i K o b Le 14 septembre 1960, le colonel Joseph Désiré Mobutu fait son m o premier coup d’État au Congo-Kinshasa (RDC), et recourt à un Jean-Marie Mutamba Makombo Kitatshima k groupe de jeunes universitaires pour gérer le pays. Le Collège des a M Commissaires généraux se met rapidement sous l’autorité du chef a de l’État Joseph Kasavubu pourtant neutralisé. « Le Gouvernement b m de techniciens » devient une machine de guerre contre le Premier a AAAAAAuuuuuuttttttooooooppppppssssssiiiiiieeeeee dddddduuuuuu ggggggoooooouuuuuuvvvvvveeeeeerrrrrrnnnnnneeeeeemmmmmmeeeeeennnnnntttttt ministre Patrice Emery Lumumba révoqué. t u L’ouvrage est centré sur les procès-verbaux des réunions du M Collège des Commissaires généraux que l’auteur décortique. e aaaaaaaaaaaaaaaaaaaauuuuuuuuuuuuuuuuuuuu CCCCCCCCCCCCCCCCCCCCoooooooooooooooooooonnnnnnnnnnnnnnnnnnnnggggggggggggggggggggoooooooooooooooooooo--------------------KKKKKKKKKKKKKKKKKKKKiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinnnnnnnnnnnnnnnnnnnnsssssssssssssssssssshhhhhhhhhhhhhhhhhhhhaaaaaaaaaaaaaaaaaaaassssssssssssssssssssaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa i Il apporte au lecteur des informations sur l’identité des Commissaires r a généraux, l’action gouvernementale et la fi n de leur mandat. M - Mais derrière ce paravent se profi le l’ombre d’un pouvoir occulte, n a LLLLLLLLLLLeeeeeeeeeee CCCCCCCCCCCooooooooooollllllllllllllllllllllèèèèèèèèèèègggggggggggeeeeeeeeeee dddddddddddeeeeeeeeeeesssssssssss CCCCCCCCCCCooooooooooommmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmiiiiiiiiiiissssssssssssssssssssssaaaaaaaaaaaiiiiiiiiiiirrrrrrrrrrreeeeeeeeeeesssssssssss gggggggggggééééééééééénnnnnnnnnnnééééééééééérrrrrrrrrrraaaaaaaaaaauuuuuuuuuuuxxxxxxxxxxx (((((((((((11111111111999999999996666666666600000000000-----------11111111111999999999996666666666611111111111))))))))))) un pouvoir parallèle, « le Groupe de Binza ». e J ccccccccccccoooooooooooonnnnnnnnnnnnttttttttttttrrrrrrrrrrrreeeeeeeeeeee PPPPPPPPPPPPaaaaaaaaaaaattttttttttttrrrrrrrrrrrriiiiiiiiiiiicccccccccccceeeeeeeeeeee LLLLLLLLLLLLuuuuuuuuuuuummmmmmmmmmmmuuuuuuuuuuuummmmmmmmmmmmbbbbbbbbbbbbaaaaaaaaaaaa Jean-Marie MUTAMBA MAKOMBO KITATSHIMA est historien et archiviste, Docteur d’État ès-Lettres et Sciences t humaines de l’EHESS/Paris, diplômé de l’IEP-Lyon, n e professeur émérite de l’Université de Kinshasa, m a Médaille d’or du Mérite des Arts, Sciences et Lettres es de la R.D.C. Il est auteur de plusieurs livres et études en histoire. na rh es vn ui K o - g o ug dn o e C i s u p a o t u A ISBN : 978-2-343-06698-1 38,50 € Autopsie du gouvernement au Congo-Kinshasa Le Collège des Commissaires généraux (1960-1961) contre Patrice Lumumba Collection « Études africaines » dirigée par Denis Pryen et son équipe Forte de plus de mille titres publiés à ce jour, la collection « Études africaines » fait peau neuve. Elle présentera toujours les essais généraux qui ont fait son succès, mais se déclinera désormais également par séries thématiques : droit, économie, politique, sociologie, etc. Dernières parutions KIYINDOU Alain, ANATE Kouméalo, CAPO-CHICHI Alain (Dir.), Quand l’Afrique réinvente la téléphonie mobile, 2015 FAME NDONGO (Jacques), Essai sur la sémiotique d’une civilisation en mutation. Le génie africain est de retour, 2015. TCHAKOTEU MESSABIEM (Liliane), Droit OHADA - Droit français. La protection des créanciers dans les procédures collectives d’apurement du passif, 2015. AMBOULOU (Hygin Didace), Le Droit des entreprises en difficulté dans l’espace OHADA, 2015. AMBOULOU (Hygin Didace), Le Droit de l’arbitrage et des institutions de médiation dans l’espace OHADA, 2015. BASSÈNE (René Capain), Casamance. Récit d’un conflit oublié (1982-2014), 2015. DOSSI (Faloukou), L’universalisation de la démocratie, Vers la théorie habermassienne de la démocratie, 2015. NDOMBET (Wilson-André, dir.), Processus électoraux et immobilisme politique au Gabon (1990-2009), 2015. ANGOULA (Jean-Claude), L’Église et l’État au Sénégal, Acteurs de développement ?, 2015. MOUCKAGA (Hugues), OWAYE (Jean-François) WANYAKA (Virginie), Démocratie et/ou démocrature en Afrique Noire ?, 2015. TOPPÉ (Gilbert), Éducation aux archives. Théorie, pratique et valorization, 2015. Ces dix derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr Jean-Marie MUTAMBA MAKOMBO KITATSHIMA Autopsie du gouvernement au Congo-Kinshasa Le Collège des Commissaires généraux (1960-1961) contre Patrice Lumumba Du même auteur L’U.D.P.S. dans l’œil du cyclone. La violence politique au Zaïre sous Mobutu (Octobre 1985), Paris, L’Harmattan, 2015, 106 p. Plan Directeur de Développement de la Province du Lomami (co-dir.), Kinshasa, Editions du Lomami, 2009, 123 p. L’Histoire du Congo par les textes, tome 3°, 1956-2003, Kinshasa, Editions Universitaires Africaines, 2008, 614 p. L’Histoire du Congo par les textes, tome 2, 1885-1955, seconde édition revue et augmentée, Kinshasa, Editions Universitaires Africaines, 2007, 256p. Première édition, Kinshasa, Edideps, 1987, 314 p. L’Histoire du Congo par les textes, tome 1, Des origines à 1884, Kinshasa, Editions Universitaires Africaines, 2006, 215 p. Patrice Lumumba correspondant de presse (1948-1956), seconde édition revue et augmentée, Paris, L’Harmattan, 2005, 228 p. Première édition, Bruxelles, Cahiers Africains, n°3, 1993, 84 p. Du Congo belge au Congo indépendant 1940-1960. Emergence des « évolués » et genèse du nationalisme, Kinshasa, Ifep, 1998, 688 p. Plaidoyer pour un journalisme civique et de développement (dir.), Kinshasa, Ifep, 1998, 174 p. Valeurs et Objectifs d’un parti politique démocrate, social et chrétien (co-dir.), Kinshasa, Ifep, 1997, 64 p. Le système éducatif au Zaïre : d’une réforme à l’autre, Kinshasa, Bureau Unesco/Kinshasa, 1995, 90 p. L’organisation des élections démocratiques au Zaïre : Principes et conditions (dir.), Kinshasa, Ifep/FKA, 1995, 176 p. Kasa-Vubu, Père de l'Indépendance du Congo-Zaïre (co-dir.), Kinshasa, Ifep, 1991, 202 p. Makoko, Roi des Bateke, 1880-1892, Kinshasa, C.R.P., 1987, 136 p. Cadres et Dirigeants au Zaïre : Qui sont-ils ? Dictionnaire biographique, Kinshasa, C.R.P., 1986, 542 p. (en collaboration avec Mabi Mulumba). © L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com [email protected] [email protected] ISBN : 978-2-343-06698-1 EAN : 9782343066981 Introduction Les délibérations des Commissaires généraux étaient marquées du sceau du secret le plus absolu. Aussi la première question qui se pose naturellement est-elle celle de l’authenticité des documents que nous présentons et commentons. D’où proviennent ces procès-verbaux ? Ils sont tirés des archives personnelles de MM. Benoît Verhaegen et Jules Gérard- Libois, tous les deux promoteurs et auteurs des études chronologiques et documentaires couvrant la période 1959-1967 publiées au Centre de Recherche et d’Information Socio-Politiques (CRISP) à Bruxelles et connues sous le titre de Congo. Ces procès-verbaux ont été rédigés par l’équipe du secrétariat permanent du Collège des Commissaires généraux composé de Daniel Tshilombo, le titulaire, assisté de J. Emany et J. Kalambaïe. Le premier a participé à dix- sept séances, le second à vingt séances et le troisième à neuf séances. Ils ont couvert toutes les réunions, sauf deux exceptions. Félicien Lukusa a fait office de secrétaire pour la deuxième réunion, le 24 septembre 1960. La quatrième réunion tenue le 27 septembre 1960 eut comme secrétaire Joseph Mbeka. D. Mulenga, rédacteur, a participé à l’élaboration du procès-verbal de la réunion du 7 décembre finalisé par J.Emany. Le procès-verbal de la séance du week-end du 13 et du 14 janvier 1961 consacrée au sort de Patrice Lumumba est indisponible à cause de son caractère très sensible. Du reste, y eut-il vraiment un procès-verbal ? On sait toutefois que deux Congolais de Brazzaville ont pris part à ces délibérations, tout comme André Lahaye de la Sûreté belge et Larry Devlin, le chef d’antenne de la C.I.A. au Congo, qui assistaient à toutes les réunions du Collège depuis le début. Un black-out était imposé sur leurs noms dans tous les procès-verbaux. Les listes des présences dans les procès-verbaux ont omis un nom à sept reprises, deux noms à cinq reprises, et trois noms une fois. Certains procès- verbaux sont tronqués parce qu’il y a des passages qui manquent (30 septembre 1960, 6 octobre 1960, 13 octobre 1960) ou sont illisibles (21 novembre 1960)1. Nous reproduisons ces documents tels que nous les avons reçus. Certains noms sont orthographiés de deux ou trois manières 1 Les dates entre parenthèses sont celles des procès-verbaux. 7 7 différentes pour le même personnage : Djoku et Ndjoku, Gondo et Ngondo ; Kalambaie, Kalambay, Kalambaïe et Kalambayi ; Ngoie, Ngoïe et Ngoy. Mario, le prénom de Cardoso, se substitue quelquefois à son nom. Ces procès-verbaux des réunions des Commissaires généraux ont été mis à la disposition de Jean Omasombo Tshonda, coopté dans la commission parlementaire belge constituée pour élucider les responsabilités dans l’assassinat de Lumumba. Il les a exploités et présentés dans deux rapports à Bruxelles, en août 2000 : « Dossier Assassinat de Patrice Lumumba. Collège des Commissaires Généraux et autres acteurs congolais (septembre 1960 – janvier 1961). Biographies, Chronologie des événements et Comptes rendus des réunions »2 et, en octobre 2000 : « Acteurs Congolais et cours des événements : juin 1960 – février 1961 ». Une autre question s’impose : quelle est la portée de ces procès-verbaux ? Certes, ils apportent au lecteur des informations sur l’identité des Commissaires généraux, la vie quotidienne des Commissaires généraux, et l’action gouvernementale. Mais, par ailleurs, plusieurs dossiers leur échappaient, tels l’opération Kivu, la réorganisation de l’armée, l’utilisation des fonds secrets belges, traités par un pouvoir occulte, un pouvoir parallèle, « le Groupe de Binza ». Le Collège des Commissaires généraux était-il un gouvernement d’opérette ? Nous revisitons ces procès-verbaux pour en tirer « la substantifique moelle ». 2 Lire aussi Jean Omasombo Tshonda, « Affaire Lumumba : Organisation et fonctionnement du Collège des Commissaires Généraux 20 septembre 1960 – 9 février 1961 », Doc 50 0312/007, Annexe 4, Chambre des Représentants, 4ème session de la 50ème Législature, 2001 -2002, pp.930 – 969. Nous remercions Jean Omasombo pour avoir bien voulu mettre à notre disposition la documentation en sa possession. 8 8 1. L’IDENTITE DES COMMISSAIRES GENERAUX 1.1. La création du Collège des Commissaires généraux Le lundi 5 septembre 1960 dans la soirée, à la surprise générale et sans crier gare, le chef de l’Etat Joseph Kasa-Vubu révoquait à la radio le premier ministre Patrice Lumumba et six membres de son cabinet. Il devait confier la mission de formateur du gouvernement à Joseph Ileo, président du Sénat. Des raisons étaient invoquées : « Il a recouru à des mesures arbitraires qui ont provoqué la discorde au sein du gouvernement et du peuple. Il a gouverné arbitrairement. Il a privé de nombreux citoyens des libertés fondamentales. Et maintenant encore, il est en train de jeter le pays dans une guerre civile atroce ». Mais au cours de la même nuit, Patrice Lumumba donnait la réplique. A son tour, il intervint à trois reprises à la radio en l’espace d’une heure, en français, en lingala et en swahili. Il accusa Joseph Kasa-Vubu de haute trahison. Ni le gouvernement ni le parlement n’avaient été entendus à ce sujet. Le gouvernement jouissait de la confiance du parlement. En conséquence, les partis au pouvoir retiraient leur confiance à Joseph Kasa- Vubu qu’ils avaient fait élire. Dès lors, il cessait d’être le chef de l’Etat. C’était la chienlit au sommet de l’Etat soixante-sept jours à peine après l’accession du Congo-Kinshasa à l’indépendance. Le Conseil des ministres convoqué la même nuit estima que « le Chef de l’Etat a délibérément violé la Loi fondamentale et a outrepassé les prérogatives lui reconnues par le Parlement, par le Gouvernement et par la Nation tout entière… ». L’article 20 stipulait : « Aucun acte du Chef de l’Etat ne peut avoir d’effet s’il n’est contresigné par un Ministre qui, par cela seul, s’en rend responsable ». Les ministres aussi ont déclaré le chef de l’Etat déchu. Le document lu par Joseph Kasa-Vubu et oublié à la Radio nationale n’avait pas été contresigné par un ministre. C’est le lendemain que le chef de l’Etat a rédigé une ordonnance contresignée par Justin-Marie Bomboko et Albert Delvaux (devenu avec l’Authenticité Mafuta Kizola). Mais l’un n’avait de compétence que dans le domaine diplomatique et, l’autre, dans les relations avec la Belgique. Deux jours plus tard, le 7 septembre, la Chambre des députés annula les mesures de destitution réciproques prises par les deux hommes. Le 9 9 lendemain, le 8 septembre, le Sénat se prononça dans le même sens3. Et le 13 septembre, les Chambres réunies renouvelèrent la confiance au gouvernement Lumumba en lui accordant les pleins pouvoirs. Mais le 14 septembre, Joseph Kasa-Vubu ajourna les Chambres pour un mois en déclarant que leur réunion en congrès était anticonstitutionnelle. Dans la nuit du même jour, le colonel Joseph Désiré Mobutu, chef d’état-major, décida « de neutraliser le chef de l’Etat, les deux Gouvernements rivaux en présence ainsi que les deux Chambres législatives jusqu’à la date du 31 décembre 1960 ». Il s’en est expliqué. Cinq jours auparavant, il avait été sollicité le 9 septembre, tour à tour, par Kasa-Vubu, puis par Lumumba pour arrêter l’autre4. Il déclara à ce propos : « Nous ferons appel aux techniciens congolais neutres et aux techniciens étrangers choisis par nous-mêmes pour sauver le pays du chaos ». Il précisa sa pensée lors d’une conférence de presse faite le 14 septembre dans la même soirée : « Dès demain, je vais lancer un appel solennel à tous nos étudiants, à tous nos techniciens africains qui sont en Europe et ailleurs. Ils doivent rentrer le plus rapidement possible, s’occuper de la gestion du pays. C’est à eux qu’il appartiendra de faire appel aux techniciens, de faire appel à d’autres spécialistes étrangers pour les aider dans leur tâche. Après cette courte période révolutionnaire, nous allons remettre le pouvoir, avec l’accord de nos jeunes étudiants, aux politiciens »5. 3 Les deux Chambres ont constitué le 7 septembre « une commission compromissoire » pour réconcilier le chef de l’Etat et le premier ministre. Elle était composée de Joseph Kasongo, Joseph Okito, Sébastien Kapongo, François Fumu-Tamusu et Jean Weregemere. 4 Mobutu, « Dignité pour l’Afrique. Entretiens avec Jean-Louis Remilleux », Paris, Albin Michel, 1989, p.54. 5 La formule des « Commissaires Généraux » a été sans doute inspirée de celle des « étudiants experts » à la Table Ronde Economique dont faisaient partie Albert Ndele, Marcel Lihau, Joseph Mbeka, Evariste Loliki André Mandi, et Paul Mushiete. Joseph-Désiré Mobutu a travaillé avec eux dans le cadre du Groupe de Travail de quinze Congolais chargé d’approfondir les problèmes laissés en suspens par cette Conférence. La dénomination de « Commissaire d’Etat » avait été retenue dans les articles 180-184 de la Loi Fondamentale du 19 mai 1960. Il « est, dans chaque province le représentant du pouvoir central ». Il « dirige les services de l’Etat existant dans la province ; assure les relations qu’appelle la coordination entre les institutions provinciales et centrales ». 10 10 La réponse ne se fit pas attendre. Moins d’une semaine plus tard, le Collège des Commissaires généraux proclamait haut et fort le 19 septembre : « La flagrante malgestion des affaires publiques a posé comme une nécessité la reprise par des hommes compétents de la direction de l’Etat. « … le colonel Mobutu, conscient des véritables problèmes, conscient aussi du fait que seuls les hommes intègres et compétents sont capables de sortir le pays de la ruine actuelle, a fait appel aux techniciens. A l’appel de la nation, les techniciens ont répondu : présent. » « Toute la formation que nous avons reçue, tout ce que nous pouvons faire, nous le mettons à la disposition du pays. Ainsi, l’élite du pays vient au secours des élus. Cette élite n’a toutefois ni l’intention, ni le droit de se substituer aux élus. Voilà pourquoi les techniciens à qui il est fait appel refusent d’être des ministres, refusent d’arracher le pouvoir aux élus. « En accord avec le seul chef de l’Etat, Son Excellence Joseph Kasa-Vubu, et le colonel Mobutu, chef d’Etat-major et Commandant en chef de l’armée nationale, les techniciens acceptent de servir la patrie menacée en tant que commissaires, à tous les postes de la gestion de l’Etat. « Citoyens et citoyennes, où que vous soyez, criez d’une seule voix : vive le Congo, vive le chef d’Etat, vive le colonel Mobutu ». Le 21 septembre se tint la première réunion du Collège des Commissaires généraux avec dix-sept personnes. André Mandi a vite compris qu’il était L’idée de ce « gouvernement des techniciens » a été concoctée par le colonel Mobutu avec Justin-Marie Bomboko. Elle a germé une semaine avant le coup d’Etat. Mobutu s’est assuré préalablement la reconnaissance de ce gouvernement par le Département d’Etat américain. Cf. Larry Devlin, C.I.A. Mémoires d’un agent. Ma vie de Chef de poste pendant la guerre froide, Paris/Bruxelles, Editions Jourdan, 2009, pp.109-112-114. Deux mois auparavant, alors que la situation du pays était des plus confuses avec la mutinerie, un groupe d’étudiants de l’Université Lovanium s’était réuni au Campus le 7 et le 8 juillet 1960 et avait formé le projet de prendre le pouvoir pour sauver le Congo. Mais l’entreprise n’aboutit pas. Cf. J. Kabemba Biabululu, Le destin de Biabululu. L’enfant de la patience, Kinshasa, Editions Universitaires Africaines, 1999, p.65. 11 11

See more

The list of books you might like

Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.