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Ascidies phlébobranches du canal du Mozambique PDF

15 Pages·1997·4.6 MB·French
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Ascidies phlébobranches du canal du Mozambique Claude MONNIOT CNRS D 0699, Laboratoire de Biologie des Invertébrés marins et Malacologie, Muséum national d’Histoire naturelle, 55, rue de Buffon, F-75231 Paris cedex 05 (France) Monniot C. 1997. — Ascidies phlébobranches du canal du Mozambique. Zoosystema 19 (4) : 557-571. RÉSUMÉ Seize espèces de phlébobranches appartenant aux quatre principales familles ont été identifiées dans le canal du Mozambique. Trois sont nouvelles pour la science. La famille des Peropboridae, avec huit espèces, est très bien repré¬ MOTS CLÉS Ascidiacea. sentée dans la région dlbo au Mozambique. Les conditions locales de marées Phlebobranchia, et la grande surface des mangroves et des herbiers sont favorables au dévelop¬ systématique, pement de cette famille. La famille des Ascidiidae est, au contraire, peu repré¬ Madagascar, Mozambique. sentée. ABSTRACT Sixteen species of Phlebobranchia belonging to the four main families were identified in the Mozambique Channel. Three of them are new species. With KEYWORDS Ascidiacea, eight species, the family Perophoridae is wcll represented in the Ibo Island Phlebobranchia, area in Mozambique. The local tides and the large mangrove and sca-grass systematics, Madagascar, beds are propitious to the development of this family. In contrast, the family Mozambique. Ascidiidae is scarcely présent. ZOOSYSTEMA • 1997 • 19(4) 557 Monniot C. Les ascidies de la côte orientale de l’Afrique n’ont sur la falaise au sud de l’île de Matemo qui fait l'objet que d’un nombre très restreint de baigne dans le courant de vidange de l’énorme publications déjà anciennes (fin du XIXe et pre¬ zone de mangroves et d'herbiers qui entoure mier quart du XX1, siècle). Presque toutes les l’archipel de Quirimba, ce courant apportant espèces citées de cette région ont été récoltées larves et nourriture en abondance. Deux espèces soir dans la zone des marées, soit à partir de cosmopolites de la famille des Corellidae que l’on navires à des profondeurs supérieures à 20 ou trouve rarement en populations importantes sont 30 m. Or, la diversité des ascidies en zone tropi¬ signalées pour la première fois du canal du cale est maximale entre 3 et 30 m, profondeur Mozambique. accessible en plongée seulement. Le matériel étu¬ dié dans ce travail provient de deux régions situées de part et d’autre du canal du Mozam¬ bique : Madagascar et Mozambique, de 0 à Famille DlAZONlDAE 40 m. Rhopalaea crassa (Herdman, 1880) A Madagascar, les récoltes ont été effectuées au (Fig. 1A-C) nord-ouest de l’île, dans la région de Nosy-Bé (13°24’S - 48°17’E) par Pierre Laboute (de Rhopalaea crassa — Kott 1990 : 26 (in part). rOrstom), récoltes auxquelles il faut ajouter des échantillons récoltés par Raphaël Plante en 1967. LOCALITÉ. — Mozambique, fbo, falaise au sud de Au Mozambique, j'ai participé à la mission l’ile de Matemo, 10 S 20 m. « Auracea 1995 », organisée par l’association « Ardoukoba » et Daniel Jouvanee, avec le sou¬ Cette espèce présente un aspect caractéristique : tien du Ministère de la Coopération et de l’asso¬ elle vit profondément enfouie dans des fissures, ciation « Marins sans Frontières ». Cette et seul le thorax émerge en partie La tunique est campagne de plongée s'est déroulée en novembre très duré et rigide au point que les siphons res¬ 1996 au nord-est du Mozambique à partir de tent ouverts même en cas de contraction de l’île d’ibo, archipel de Quirimba (12°21’S - l'ascidie. Ces siphons se présentent comme de 40°40’E). simples trous dans la surface dorsale de la Toutes les espèces de phlébobranches présentes tunique. Cette disposition a déjà été signalée dans cette zone n’ont pas été récoltées, la famille chez l'espèce violette des Caraïbes, Rhopalaea des Ascidiidae n’est que très peu représentée, le abdominales (Sluicer, 1898). Ici, la coloration est genre Ascidia n’était pas connu de Madagascar. Il d’un jaune soufre pâle. est représenté par une nouvelle espèce qui semble La musculature est forte, sur le thorax elle est abondante dans la région de Nosy-Bé. constituée d'un grand nombre de rubans longitu¬ C’est la famille des Perophoridae qui, avec huit dinaux qui prennent naissance à la fois sut et espèces, est la plus diversifiée dans cette zone À entre les siphons. (Fig. LA). Les rubans ne sont part quelques espèces comme Betemascidia stye- que rarement anastomosés et seuls les plus ven¬ loides, E. ihurstoni et Perophora modificata, les traux se ramifient pour se terminer perpendicu¬ Perophoridae sont des espèces discrètes, formant lairement à l’endostyle. La musculature se des colonies de petite taille, souvent transpa¬ prolonge sur l'abdomen par deux rubans épais rentes, qui se développent sur la base des végé¬ qui se terminent, bien avant le fond de la boucle taux, des éponges ou sur d'autres ascidies. Elles intestinale, par des massifs d’ancrage dans la ne sont récoltées que grâce à un examen très tunique (Fig. IB). La rétraction des muscles du attentif du substrat. La famille des Perophoridae thorax peut provoquer l'arrachement des siphons ne vit que sur des petits fonds (rarement à plus de la tunique. de 30 m) et la diversité des faciès (mangroves, Les tentacules, vingt-quatre de deux ordres, sont herbiers d’algues et de phanérogames, chenaux, implantés en arrière d un vélum court et épais. enrochements envasés .,) est considérable dans la Le bourrelet précoronal est formé d’une seule région d’ibo. La famille est bien représentée aussi lame saillante. Au niveau du tubercule vibratile, 558 ZOOSYSTEMA • 1997 • 19(4) Phlébobranches du canal du Mozambique le sillon forme une courte languette saillante. Le tent dans les parties dorsale et ventrale de la tubercule vibratile, saillant, a la forme d’un U branchie On compte quatre à cinq stigmates ouvert vers l'avant. Le raphé est formé de lan¬ ovales par maille. guettes épaisses et aplaties. On compte environ L'entrée de l'œsophage est charnue et entourée quarante-cinq languettes, ce qui correspond à un d’un anneau saillant. Le pédoncule œsophago-rec- sinus transverse sur deux. tal est court et la plupart du temps cassé. L’abdo¬ La branchie est formée d une centaine de rangs men présente un élargissement net sans rapport de stigmates. Il y a une cinquantaine de sinus avec un développement particulier du tube diges¬ longitudinaux de chaque côté, portés par des tif (Fig. IC). Ce dernier est entièrement noyé dans papilles aplaties. Quelques papilles en T subsis¬ une masse compacte de tissu opaque. À l’extérieur, Fig. 1. — Rhopalaea crassa (Herdman, 1880) : A, thorax ; B, abdomen ; C, coupe de l’abdomen au niveau de l’estomac. Rhopalaea perlucida n.sp. : D, exemplaire n’ayant pas subi de régénération ; E, exemplaire ayant subi quatre régénérations du tho¬ rax ; F, thorax; G, détail de la région neurale. ZOOSYSTEMA • 1997 • 19(4) 559 Monniot C. on ne distingue que le cœur et un certain La musculature, uniquement thoracique, se com¬ nombre de lacunes sanguines, plus nombreuses pose d’une quinzaine de muscles longitudinaux au niveau de l’estomac. Sur coupc (Fig. IC), de chaque côté (Fig. 1F). Ceux-ci, bien indivi¬ l’estomac apparaît quadrangulaire avec deux dualisés, ne présentent que de rares anastomoses côtes latérales très nettes et un grand nombre de ventralement, qui disparaissent au niveau de plis stomacaux longitudinaux internes. l’endostyle et de l’axe médio-dorsal. Contrai¬ Les gonades sont noyées dans le tissu opaque. Les rement à ce qui est décrit pour d’autres espèces, canaux génitaux sont vides. les muscles ne se ramifient pas ou très peu à ce niveau. Ceci représente l’une des caractéristiques Rhopalaea perlucida n.sp. de l’espèce. La musculature longitudinale se rac¬ (Fig. 1 D-G) corde par des fibres très fines à la musculature des siphons qui est surrout circulaire. LOCALITÉ. — Madagascar. Nosy-Bé, banc de Sakatia, Les tentacules, seize de deux ou trois ordres, sont 20 m. disposés sur une crête élevée ne formant que de petites indentations. Parfois, entre deux tenta¬ Matériel type. — Holotype : MNHN PI Rho A 21. cules, la crête émet un petit lobe plat représen¬ Cette espèce vit l’abdomen toujours enfoncé tant un tentacule intercalaire. Le bourrelet dans des crevasses ou dissimulé sous des madré¬ précoronal est formé de deux lames égales, paral¬ pores et seul le thorax est visible. Celui-ci pos¬ lèles et très rapprochées. Il ne forme qu’une très sède une tunique fine, transparente au point que petite indentation dorsale. Le tubercule vibratile l’on peut distinguer de l’extérieur les mailles de la (Fig. 1 G) est saillant, son ouverture en fente est branchie. Le siphon buccal est terminal, le cloa- marquée par un amas de pigment. Le raphé est cal situé un peu sur le côté. Il ne semble pas y formé de longues languettes pointues. avoir la torsion du siphon buccal que I on ob¬ La branchie est fine, non pigmentée. On compte serve chez certaines espèces Les siphons sont au moins quatre-vingts rangs de stigmates et de soulignés par une ligne pigmentaire jaune qui cinquante à soixante-dix sinus longitudinaux de présente huit épaississements situés entre les huit chaque côté. Les sinus longitudinaux sont fins, lobes. Cette ornementation est plus ou moins réguliers, rarement interrompus. Il y a en mo¬ développée selon les individus, mais demeure yenne cinq stigmates par maille. visible après la fixation. Les lobes des siphons L’estomac est situé au fond de la boucle intesti¬ sont transparents et dépourvus de musculature. nale. Le pédoncule cesophago-rectal peut être Les deux riers antérieurs de l’endostyle sont éga¬ très long. L’anus est situé loin du siphon cloacal, lement marqués par une ligne jaune. Le tuber¬ au niveau du cinquantième rang de stigmates. cule vibratile forme une tache blanc brillant alors Les gonades, situées un peu sous l’estomac, ne que le ganglion nerveux a une coloration terne sont que peu développées. due simplement à la densité des tissus. La tunique qui entoure l’abdomen est dure, un peu Remarques opaque et peut être couverte d’épibiontes. L’ani¬ Kott (1990) rassemble sous le nom de Rhopalaea mal est Fixé par toute la longueur de la tunique crassd (Herdman. 1880) presque toutes les abdominale. espèces de Rhopalaea décrites du Pacifique occi¬ Les proportions du corps sont très variables et dental et de l’océan Indien. La description qu elle doivent dépendre du nombre de régénérations donne de cette espèce est un mélange des des¬ subies par les exemplaires. 11 est vraisemblable criptions de plusieurs types morphologiques que l’exemplaire de la figure 1D est jeune et n’a d'exemplaires à tunique thoracique molle et pas encore subi de régénération du thorax alors transparente et d’autres à tunique thoracique que l’exemplaire de la figure tE est âgé et a subi dure et opaque avec des siphons non rétractiles quatre régénérations successives comme le mon¬ profondément enfoncés dans la tunique. Kott trent les quatre segments successifs de la tunique estime que les spécimens à tunique dure sont de abdominale. vieux spécimens ayant régénéré leur thorax alors 560 ZOOSYSTEMA • 1997 • 19 (4) Phlébobranches du canal du Mozambique que les spécimens à tunique molle sont des huit rangs de stigmates et trente-huit sinus longi¬ exemplaires jeunes. Elle fonde son opinion sur tudinaux de chaque côté. R. respiciens possède un une citation en italien de S al 11 (1928), traduite abdomen court non emballé dans un tissu en anglais et lausscment interprétée. Les exem¬ opaque et un anus s’ouvrant aux deux tiers de la plaires de R. perlucida de Madagascar, qui ont branchie. très certainement subi des régénérations du tho¬ R, perlucida se distingue des autres espèces par la rax, ont une tunique molle. La description de présence de huit lobes buccaux, une musculature Kott (1990) correspond au moins à deux espèces, longitudinale qui ne se ramifie pas sur les faces Le nom de R. crassa doit être réservé à des espèces ventrale et dorsale, quatre-vingts rangs de stig¬ à tunique dure. mates, un grand nombre de sinus longitudinaux En plus de la consistance de la tunique, les (cinquante à soixante-dix) et un anus situé au Rhopalaea se distinguent par la disposition de la tiers postérieur de la branchie. musculature. Or, les RhapaLtea tropicaux vivent presque tous dans des fissures dont seul le thorax émerge. Pour obtenir des exemplaires complets Famille CORELLIDAE en plongée, il est necessaire de fracturer la roche au burin er souvent le thorax se contracte si vio¬ CorelLi minuta Traustedt, 1882 lemment qu’il devient impossible de relever la disposition de la musculature. Par contre, les Synonymie et répartition : voir Monniot C. & Monniot F. 1987 : 91, fig. 33. espèces à tunique dure sont beaucoup moins contractiles. LOCAUTP.. — Mozambique. Ibo, récif externe, 1 spé¬ Rhopalaea perlucida n.sp. se distingue de R. crassa cimen fixé sur la tunique de CJavelina méridionale. sensu Kott, 1990 par la disposition de la muscula¬ ture, la présence de huit lobes aux siphons au lieu Cette espèce transparente de petite taille est diffi¬ de six et ia position postérieure de l'anus, alors cile à voir. Elle est caractérisée par une muscula¬ que la description et les dessins de Kott (1990) ture réduite à quelques fibres irrégulières sur la placent l’anus près du siphon cloacal. Les photo¬ face gauche du corps. Elle est connue des graphies des exemplaires à tunique molle (Kott Antilles, d Indonésie, de Micronésie, de 1990, pl. lb, c) montrent l’anus vers le milieu de Polynésie, des îles Fiji er de Nouvelle-Calédonie. la branchie. Contrairement à ce qui est précisé Elle n’a jamais été signalée d’Australie. pour les autres photographies publiées par cet Monniot &t Monniot (1987) ont montré l’iden¬ auteur, ces exemplaires ne correspondent pas à des tité des exemplaires atlantiques décrits sous le échantillons inventoriés, il est donc possible que nom de C. minuta avec les exemplaires du ces spécimens n’aient pas été récoltés. Pacifique tropical confondus avec l’espèce japo¬ Kott (1990) redécrit une autre espèce R. tenais naise C. japonica. Cette dernière est une grande (Sluiter, 1904) qui possède une tunique molle, espèce caractérisée par une forte musculature des siphons à six lobes, une vingtaine de muscles anastomosée sur ia face gauche du corps. longitudinaux, soixante rangs de stigmates, Traustedt & Weltner (1894) signalent dans une douze sinus longitudinaux de chaque côté et un liste d'espèces un exemplaire de C. japonica de anus situé aux deux tiers de la branchie. Kott Zanzibar en même temps qu une trentaine signale que, parfois, le siphon buccal est tourné d’exemplaires provenant du Japon. Michaelsen vers la face ventrale. Ce dernier caractère est l une (1918) dans sa liste exhaustive des espèces de des caractéristiques de R. respiciens Monniot, l'océan Indien occidental cite, sans l'avoir revu. 1991, décrit d'un seamounc au sud de la C. japonica de Zanzibar. 11 en donne une descrip¬ Nouvelle-Calédonie. R. respiciens possède une tion fondée sur celle de Ritrer (1913) à partir tunique molle, transparente, un peu bleuâtre sur d'exemplaires de la baie de Tokyo. En s'appuyant le vivant, des siphons à six lobes, une dizaine de sur une opinion non publiée de Hartmeyer, muscles longitudinaux divisés vers les faces dorsale Michaelsen (1918) estime que C. japonica n'est et ventrale de façon caractéristique, cinquante- pas présente à Zanzibar et qu’il s’agit d’une ZOOSYSTEMA • 1997 • 19(4) 561 Monniot C. erreur d’étiquette. La présence de C. minuta sur pondre a cette espèce, mais, en l’absence de spé¬ la côte du Mozambique rend tout à lait plausible cimens récoltés, il n’est pas possible de les identi¬ la présence de cette espèce à Zanzibar. fier avec certitude. Rhodosoma turcicum (Savigny, 1816) Perophora multiclathrata (Sluiter, 1904) (Fig. 2B) Synonymie et répartition : voir Kott 1985 : 85, fig. 34. Synonymie et répartition : voir Perophora multicla- thrata - Goodbody 1994 : 181, fig. 4, pl. 1. LOCALITÉ. — Mozambique. Ibo, récif de la pente externe. LOCALITÉ. — Mozambique. Ibo, dans la zone des marées, l'herbier, la mangrove et la falaise ou sud de Die de Matemo, de 0 à 20 m. Cette espèce est très caractéristique : les siphons sont dissimulés sous un clapet de tunique, elle est P multiclathrata est une espèce incolore et de connue de toutes les mers tropicales. Dans petite taille qui ne forme pas de grandes colonies. l’océan Indien, elle n'était signalée que de Elle est difficile à apercevoir sur le terrain, mais si Djibouti et de l’Australie. on examine attentivement algues, éponges, racines de mangrove, madrépores morts et autres ascidies, on en découvre un peu partout Famille PEROPHORIDAE Cette espèce se caractérise par cinq rangées de stigmates (les deux rangées antérieures étant le Perophora modificata Kott, 1985 résultat de la division incomplète de la première (Fig. 2A) rangée des Perophora à quatre rangées) ; une mus¬ Perophora modificata Kott, 1985 : 104, fig. 45, pl. 11g culature (Fig. 2B) formant un plexus au milieu de (Queensland et Philippines). — Monniot C. 1987 : 23, chaque face et se répartissant en deux faisceaux de fig. 14 (Nouvelle-Calédonie). part et d’autre du siphon clo.tcal ; et un tube digestif avec un estomac allongé. Nous n’avons LOCALITÉ. — Mozambique. Ibo, dans le récif externe et sur la falaise au sud de l’île de Matemo, 10 à 20 m. pas trouvé de gonades dans cette collection. P. multiclathrata a une très vaste répartition dans Cette espèce, uès spectaculaire, se présente sous la les océans Atlantique, Indien et Pacifique dans la forme de plaques ou de manchons de petites zone tropicale. Goodbody (1994) a clairement sphères jaunes de 4 mm de diamètre. Les zoïdes identifié cette espèce par rapport aux autres sont presque toujours pressés les uns contre les Perophora à cinq rangs de stigmates. autres. P. modificata est caractérisée par la présence de Perophora virgulata n.sp. quatre rangs de stigmates, par une musculature (Fig. 2 C-G) formée de fibres parallèles perpendiculaires à l’axe du corps et uniquement présente sur la moi¬ LOCALITÉ. — Madagascar. Nosy-Bé, fonds sédimen- taires, 28 m. tié dorsale, par un tube digestif avec un estomac sphérique et un post-estomac bien marqué et par Matériel type. — Holotype : MNHN P2 Per 58. une gonade mâle formée de nombreux lobes (Fig. 2A). Certe espèce a été trouvée fixée directement sur Cette espèce, connue du Queensland, des Philip¬ le sédiment. Vivante, elle est translucide, un peu pines et de Nouvelle-Calédonie, vit aussi aux îles jaunâtre. Les zoïdes sont issus d’un réseau de sto¬ Palau. C’est la première fois quelle est signalée lons qui agglomèrent le sédiment. Chaque zoïde dans l’océan Indien. Sa répartition est certaine¬ est porté par un pédoncule au moins égal à la ment plus vaste ; j’ai souvent examiné des photo¬ longueur du corps. Contractés, les zoïdes mesu¬ graphies sous-marines prises dans différentes rent un peu plus de 2 mm de diamètre. Les région de l’Indo-Pacifique qui peuvent corres¬ siphons ne paraissent pas lobés. Chez les indivi- ZOOSYStEMA • 1997 • 19 (4) Phlébobranches du canal du Mozambique dus même contractés, ils restent largement est composée de fibres transverses longues qui ouverts, surtout le siphon buccal situé le plus couvrent régulièrement tout le manteau en lui près du pédoncule. Le siphon cJoacal semble donnant un aspect rayé (virguidtus en latin). Les dressé. I.a tunique est fuie, transparente, sans épi- fibres musculaires sont en majorité à cheval sut biontes. l’endostyle, mais certaines passent entre les La musculature est très faible sur les siphons. Elle siphons (Fig. 2C). Elles sont plus nombreuses à ouvert ; E, détail de la région neurale ; F, G, faces externe et interne du tube digestif. Monniot C. gauche qu’à droite (Fig. 2D). Le manteau, après 1985. Les deux espèces se distinguent par la fixation, est rendu opaque par un réseau dense de forme des siphons, une musculature ne couvrant sinus sanguins remplis de cellules jaunâtres. que la partie dorsale du corps chez P. modifteata, Testicule et estomac font nettement saillie à et surtout par la forme des gonades. Les lobes l’extérieur du manteau. testiculaires de P. madificata sont très nombreux Les tentacules, plus de quarante-cinq, sont situés et ne deviennent jamais coalescents, sur une crête. Ils se disposent en trois ordres, P. virgulata sc rapproche également de deux mais avec des différences de taille importantes espèces du Pacifique qui possèdent une muscula¬ dans le dernier ordre. Les plus longs peuvent sor¬ ture de même type, mais qui ne recouvre pas la tir par le siphon buccal. Le bourreler précoronal totalité du corps. P. japonica Oka, 1927 a un est formé de deux lames hautes et éloignées l’une tube digestif bien structuré, un ovaire pouvant de l’autre (Fig. 2E). Le tubercule vibratile est un être massif mais qui est formé de lobes allongés simple trou. Le raphé est formé de trois longues toujours distincts et qui ne possède que des papilles réunies à leur hase par une petite mem¬ papilles en T. P. sagamiensis Tokioka, 1953 pos¬ brane. sède en général une musculature qui n’occupe Il y a quatre rangs de stigmates sans division du que la partie antérieure du corps, mais Nishikawa premier rang. On compte onze sinus longitudi¬ (1991) signale en mer du Japon (lies Oki) des naux à droite et treize à gauche. Il y a deux à trois spécimens où la musculature occupe la plus gran¬ stigmates allongés par maille. La plupart des de partie du corps. Il n’y a que six à dix sinus sinus sont complets. longitudinaux, le tube digestif a des régions bien Le tube digestif décrit une boucle courte et fer¬ marquées. Chez les exemplaires jeunes, le testi¬ mée. L’estomac est globuleux sans ornementa¬ cule est inultilobé, mais il peut être très déve¬ tion. Le post-estomac est réduit à un anneau peu loppé au point que « the testis seems to be net. L’intestin est déformé à la fois par de grosses lobulated only superficially » (Nishikawa 1984 : pelotes fécales et par la contraction des muscles 124). Cette espèce n’est pas pédonculée. du manteau. Le rectum est court et l’anus vague¬ ment lobé. Ecteinascidia jacerens Tokioka, 1954 La colonie est en phase mâle avec un très gros (Fig. 3A, B) testicule sphérique qui se développe à l’extérieur de la boucle intestinale (Fig. 2F). Il est possible Ecteinascidia jacerens Tokioka, 1954 : 256, figs 6-8, que ce testicule soit formé par l'accrérion de pi. 31, figs A, B, pl. 32, fig. 1 (îles Tokara). - lobes. L’ovaire est situé en avant du testicule, plu¬ Nishikawa 1986 : 45. fig. 4 (îles Gilbert). - tôt vers l'intérieur. Chez nos exemplaires, il ne Monniot C. 1991 : 502, fig. 5A-E (Nouvelle- contient que quelques ovocytes très peu dévelop¬ Calédonie). pés. Le spermiducte accompagne le rectum et ? Ecteinascidia handaensis Millar, 1975 : 268, fig. 50 s’ouvre par une petite papille. (mer de Banda). Localité. — Mozambique. Ibo, dans la mangrove et Remarques dans le chenal de la baie. L’espèce la plus proche semble être P. regina Madagascar. Nosy-Bé, baie de Tany-Kelly, fonds gris, Goodbody et Cole, 1987, de Bélize, qui possède 25 m. le même type de musculature couvrant tout le corps avec une majorité de muscles provenant de C’est la plus petite espèce A'Ecteinascidia de cette la région endostylaire. P regina est caractérisée région, sa taille ne dépasse pas 3 à 4 mm. Nous par des taches pigmentaires dorsales, un tube ne l’avons trouvée à Ibo que dans des milieux digestif très nettement divisé en plusieurs parties, abrités et un peu envasés : dans la mangrove sur un testicule formé de nombreux lobes mais pou¬ les racines de palétuviers et sur des coquilles vant constituer une masse saillante, er la branchie mortes dans le chenal de la baie. A Madagascar, contenant uniquement des papilles en T. l’espèce a été trouvée directement fixée sur le P. virgulata ressemble aussi à P. modificata Kotc, sédiment. 564 ZOOSYSTEMA • 1997 • 19(4) Phlébobranches du canal du Mozambique À l’état vivant cette espèce est colorée Les exem- Nosy-Bé, l’espèce avait une coloration blanche plaires de la mangrove étaient uniformément un peu diffuse sur le corps et concentrée sur jaunes et ressemblaient à Perophora modificata. l’endostyle, le raphé et les sinus transverses. À Dans les fonds sédimentaires d’Ibo et de Ibo, la base des siphons est cerclée d’une bande Fig. 3. — Ecteinascidia jacerens Tokioka, 1954 : A, face gauctie : B, tube digestif face interne. C. Ectemascldia nexa Sluiter, 1904. D, Ecteinasadia sluileri Herdman, 1906. E, Ecteinascidia styeloldes (Traustedt, 1882). F, Ecteinascidla ihurstonl (Herdman, 1890). ZOOSYSTEMA • 1997 • 19(4) 565 Monniot C. rouge qui se prolonge sur l’axe dorsal du corps. À autres par de nombreux vaisseaux. Une colonie a Nosy-Bé, P. Laboure a noté des cercles rouge été récoltée par 3 m de fond à la base d une pha¬ orangé sur les siphons, mais d’autres exemplaires nérogame marine ; les zoïdes, nettemenc couchés étaient entièrement blancs. Aucun des exem¬ sur le substrat, étaient proches les uns des autres, plaires n'est adulte. certains étaient même soudés par leur tunique. Cette espèce est caractérisée par une musculature Cette espèce est caractérisée par l’emplacement transverse antérieure au siphon cloacal qui s’étale du siphon cloacal au milieu de la face dorsale, en oblique sur les deux faces (Fig. 3A), un raphé une musculature transversale qui s’étend sans formé de languettes non reliées par une mem¬ interruption depuis le siphon buccal au-delà du brane, un tube digestif avec un estomac sphé¬ siphon cloacal (Fig. 30, un tube digestif avec rique très dissymétrique (Fig. 3A) (le cardia et le une courbure secondaire très marquée avec l anus pylore sont proches l’un de l’autre) et un post¬ s’ouvrant au niveau du sommet de la boucle, un estomac très marqué. estomac asymétrique globuleux et un post-esto¬ Les exemplaires de l’océan Indien possèdent mac bien marqué. La papille mâle s’ouvre un peu jusqu’à seize rangs de stigmates contre dix à qua¬ en avant de l’anus. torze en Nouvelle-Calédonie et dans le Pacifique La répartition de cette espèce est vaste ; elle avait occidental. L’extension de la musculature sur les déjà été signalée dans l’océan Indien par faces latérales du corps et la position de l’anus Fferdman (1906) à Ceylan sous le nom de plus ou moins antérieur au sommet de la boucle Perophora bomelli. intestinale sont variables et en rapport avec la disposition des zoïdes sur le substrat. Les exem¬ Ecteinascidia sluiteri Herdman, 1906 plaires décrits par Tokioka (1952) et Nishikawa (Fig, 3D) (1986) ont un plexus musculaire bien développé entre les siphons, plus marqué que chez les exem¬ Ecteinascidia sluiteri Herdman, 1906 : 300, pl. 1, plaires de Nouvelle-Calédonie ou de l’océan figs 6-14 (Ceylan). — Tokioka 1950 : 127, fig. 8 (îles Indien. Ecteinascidia bandaensis Millar, 1975 Palau). - Millar 1975 : 267, fig. 49 (Singapour). — semble très proche de cette espèce. Sa muscula¬ Nishikawa 1984 : 125 (Micronésie). — Monniot C. ture correspond tout à fait aux exemplaires d’Ibo. 1992 : 7, fig- 2 (Nouvelle-Calédonie et îles Chestcrfield) ; 1994 : 229, fig. I (île de La Réunion et région d’Adcn). Non Ecteinascidia sluiteri - Kott 1985 : 98, fig. 41 = Ecteinascidia nexa Sluiter, 1904 Ecteinascidia villa Monniot, 1994. (Fig. 3C) LOCALITÉ. — Mozambique. Ibo, dans le récif externe et sur la falaise au sud de l'île de Matemo, 5 à 12 m. Ecteinascidia. nexa Sluiter, 1904 : II, pl. 3, figs 1-5 (Malaisie). * Kott 1985 : 94, fig. 39, pl. ld-f (île Fiji ; en Australie, Queensland et Nouvelles-Galles du Cette espèce a été trouvée à plusieurs reprises Sud). — Nishikawa 1986 : 42, fig. 3 (îles Salomon). - dans le récif externe et sur la falaise au sud de l’île Monniot C. 1991 : 504, fig. 5F (Nouvelle-Calédonie). de Matemo par 8 à 10 m de profondeur. C’est une espèce discrète, transparente, qui ne forme Synonymie : voir Nishikawa 1986. que de petites colonies, LOCALITÉ. — Mozambique. Ibo, dans l’herbier et les E. sluiteri est caractérisée par sa musculature algues à marée basse, 0 à 3 m. transversale subdivisée en rrois bandes indépen¬ dantes (Fig- 3D) : une dorsale postérieure au Ecteinascidia nexa est une espèce discrète dont la siphon cloacal et deux latérales. Son tube digestif coloration n’a pas été relevée sur place. Le plus forme une boucle secondaire prononcée avec un souvent, E. nexa a été trouvée, à basse mer, dans estomac en olive marqué de sillons hélicoïdaux. des touffes d’algues articulées, mélangée à E, stye- L’anus s’ouvre bien en avant du sommet de la loides et Pernphom multiclathmia. Dans ce cas, les boucle intestinale. E. sluiteri possède une vaste zoïdes nt sont pas jointifs mais reliés les uns aux aire de répartition. 566 ZOOSYSTEMA • 1997 • 19(4)

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