UNIVERSITE DE ROUEN Ecole doctorale « Savoirs – Critique – Expertises » ARGUMENTATION ET EXPLICATION DANS LES TEXTES D’ECONOMIE ET DE GESTION Perspectives didactiques du Français sur Objectifs Spécifiques au Vietnam Volume 1 Thèse de doctorat en Sciences du langage présentée et soutenue par TRUONG Hoang le Sous la direction de Monsieur le professeur Philippe LANE Laboratoire d’accueil : DYALANG, FRE CNRS 2787 Membres du jury : Régine DELAMOTTE, Professeur des Universités, Université de Rouen, Présidente Michel FOURNIE, Professeur des Universités, INALCO, Rapporteur Philippe LANE, Professeur des Universités, Université de Rouen, Directeur de thèse Marc SOUCHON, Professeur des Universités, Université de Besançon, Rapporteur Juin 2007 REMERCIEMENTS Mes remerciements profonds sont adressés à l’Ambassade de France au Vietnam pour m’avoir accordé une bourse d’études de 9 mois en France qui m’a permis de réaliser la présente thèse à l’Université de Rouen, M. Philippe LANE, professeur des universités de l’Université de Rouen, pour avoir accepté de diriger ma thèse et m’avoir donné des conseils précieux pour mener à bien ma recherche, Mme Régine DELAMOTTE, professeur des universités de l’Université de Rouen, M. Michel FOURNIE, professeur des universités, INALCO et M. Marc SOUCHON, professeur des universités de l’Université de Besançon pour avoir accepté de participer au jury de soutenance de ma thèse, Mme Véronique GIRARD, responsable de l’Antenne de Danang de l’AUF au Vietnam, pour m’avoir fait obtenir l’autorisation de l’AUF à mener des enquêtes aux FUF de l’université de Hué, Mme NGUYEN Thi Huong Hué, coordonnatrice du programme de l’enseignement du français aux FUF de l’université de Hué, pour m’avoir fourni des documents ainsi que des chiffres statistiques importants relatifs à la situation de l’enseignement/apprentissage du français aux FUF de l’université de Hué, Mme BEAULIEU, responsable de l’accueil des boursiers étrangers du CROUS de Haute Normandie, pour son accueil chaleureux et sa disponibilité qui m’ont permis de réunir de bonnes conditions de travail durant mes séjours à Rouen, Mme Roberte CORRE pour son aide précieuse, et particulièrement aux enseignantes et aux étudiants qui ont participé avec enthousiasme à mes enquêtes, sans qui ma recherche aurait été loin de s’achever. Je tiens aussi vivement à remercier mes collègues, mes amis et mes proches pour leurs soutiens et conseils nécessaires à l’accomplissement de mon travail. 2 A mes parents et ma chérie Hai. 3 SOMMAIRE I ……………………………………………………………….. .…. 2 NTRODUCTION P : A REMIÈRE PARTIE RGUMENTATION ET EXPLICATION S …………………...12 DANS LES TEXTES DE PÉCIALITÉ Chapitre 1: Notions opératoires pour l’analyse textuelle de textes de spécialité...13 Synthès……………………………………………………………………………..82 Chapitre 2 : Analyse de textes d’économie et de gestion …………………........85 Synthèse…………………………………… ………………………………..…...134 Conclusion de la première partie…………………………………………….…138 4 D : EUXIÈME PARTIE E - NSEIGNEMENT ET APPRENTISSAGE DE LA LECTURE COMPRÉHENSION ’ ………..........140 EN FRANÇAIS AUX FUF DE L UNIVERSITÉ DE HUÉ Chapitre 3: Didactique de la lecture-compréhension en FLE …….………….141 Synthèse …………………………………………………………………...........175 Chapitre 4 : Observations des méthodologies de l’enseignement de la lecture-compréhension proposées dans les manuels de français en usage aux FUF de Hué…………………………………….........177 Synthèse……………………………………………………………………………230 Chapitre 5 : Enquêtes auprès des étudiants et des enseignants de français des FUF de l’université de Hué ………………………………….233 Synthèse …………………………………………………………………………..328 Conclusion de la deuxième partie………………………………………………..331 T : ROISIÈME PARTIE E ’ XPÉRIMENTATION DE L APPLICATION DE LA DÉMARCHE PÉDAGOGIQUE PROPOSÉE DE ’ - .. ………...347 L ENSEIGNEMENT DE LA LECTURE COMPRÉHENSION C ………………………………………………….............368 ONCLUSION GÉNÉRALE B ……………………………………..……………………………..375 IBLIOGRAPHIE I ………………………………………………………………………………398 NDEX A ……………………………………………………………...……………411 NNEXES 5 Introduction L’introduction de cette thèse se compose de cinq parties: état des lieux des domaines relatifs aux objets d’étude de notre recherche, motivations et objets de la recherche, problématique de la recherche, méthodologie de la recherche et construction de la thèse. I. Etat des lieux En ce qui concerne l’évolution de l’analyse de discours et de la linguistique textuelle, on a connu l’apparition de deux courants d’analyse de discours dont les modes d’analyse et les perspectives d’observation se différencient l’un de l’autre (L’évolution de l’analyse de discours est présentée sommairement dans l’article de D. Maingueneau pour le numéro spécial paru en juillet 1996 de la revue Le français dans 6 le monde intitulé L’analyse du discours en France aujourd’hui). Le premier courant s’est développé dans les années 1960 et 1970 et a privilégié l’étude des discours politiques. Son objet d’analyse était exclusivement le lexique comme le montrent les travaux de l’équipe de recherche de Jean Dubois et M. Pêcheux (1969). Le second est apparu dans les années 1980 et s’est bien développé dans les années 1990. Il a ouvert le champ d’analyse sur la diversité de genres de discours dans la vie communicative comme discours de communication scientifique en général et discours de vulgarisation en particulier (cf. M.-F Mortureux 1982 et 1985; J. Peytard, D. Jacobi et A. Pétroff, 1984; D. Jacobi, 1993 et 1999; S. Moirand, 1992, 1995 et 1999 et J.-C. Beacco, 1993, 1995 et 1999), discours spécialisés et discours ordinaires qui font l’objet d’étude du groupe de recherche CEDISCOR de l’université Paris III (Centre de recherches sur les discours ordinaires et spécialisés) avec la participation de S. Moirand, J.-C Beacco, F. Cicurel, M.- F. Mortureux, A. Collinot, G. Petiot (cf. D. Maingueneau, op.cit. :13), discours en situation de travail faisant l’objet de recherche du réseau «Langage et Travail» du CNRS avec la participation de A. Borzeix, J. Boutet, D. Faïta, B. Gardin, M. Grojean et M. Lacoste (cf. D. Maingueneau, op.cit. :13). Les chercheurs ont choisi pour objets d’étude non seulement le lexique mais encore d’autres éléments qui construisent les discours tels que la textualité, la cohésion lexicale, la cohérence textuelle, l’énonciation, le contexte et la pragmatique des pratiques discursives. En ce qui concerne la transposition didactique des travaux de l’analyse de discours et de la linguistique textuelle dans l’enseignement /apprentissage des langues, S. Moirand dans son article à titre de présentation pour le numéro spécial paru en juillet 1996 de la revue Le français dans le monde intitulé Le discours: enjeux et perspectives a mis l’accent sur la maîtrise de genres de discours comme un défi à relever pour l’enseignement/apprentissage d’une langue étrangère car il y a un grand écart entre le contexte de classe de langue qui « demeure souvent le seul lieu d’exposition aux discours de l’autre culture » (Moirand, op. cit. : 5) et la diversité de situations d’expositions à de multiples discours de l’environnement communicatif réel d’une culture autre que celle des apprenants. J.-C. Beacco dans son article intitulé Linguistique de discours et enseignements de langues à titre de conclusion du même 7 numéro spécial consacré au champ d’étude du discours, a soulevé trois problématiques majeures relatives à l’efficacité didactique de la mise en application des fruits des recherches de l’analyse de discours. La première porte sur la description métalinguistique de la langue-cible par rapport aux représentations linguistiques acquises des apprenants. La deuxième porte sur le décalage entre l’acquisition de la langue-cible dans les contextes authentiques de la communication en langue-cible, c’est-à-dire dans l’espace socio-discursif de la culture cible (milieu naturel) et l’acquisition langagière dans la classe de langue (milieu institutionnel). Et la dernière a trait à la prise en compte des conditions institutionnelles, sociales, culturelles et politiques par rapport aux ambitions des applications didactiques des résultats de l’analyse de discours. J.-C. Beacco (op.cit : 189) a souligné des complémentarités entre ces « territoires théoriques » comme condition indispensable pour effectuer des applications didactiques: Une intervention méthodologique ne saurait être fondée sur un seul de ces domaines mais se doit de calculer des complémentarités entre les éléments de la situation éducative que chaque ensemble disciplinaire permet d’explorer En ce qui concerne l’évolution des méthodologies de l’enseignement/apprentissage des langues, C. Puren (1995), dans son article intitulé Méthodologies constituées et de leur mise en question publié dans le numéro spécial paru en janvier 1995 de la revue Le français dans le monde, a abordé les limites des méthodologies déjà conçues telles que le behaviorisme, la méthodologie SGAV et même l’approche communicative considérée depuis une trentaine d’années comme une nouvelle « révolution méthodologique » face à la complexité des différents facteurs de l’enseignement/apprentissage des langues. Il a indiqué la « complexité des besoins, attentes, motivation, habitudes et stratégies d’apprentissage » des apprenants, la complexité des objectifs correspondant aux différentes composantes de la compétence de communication et la complexité des fondements conceptuels comme pragmalinguistique, sociolinguistique, analyse du discours, linguistique de l’énonciation, sémiotique, psychologie cognitive. Il a proposé « un renouvellement métaméthodologique dans l’enseignement du FLE » (Puren, ibid. : 40) en vue de dégager des méthodologies nouvelles plus adéquates, plus adaptables à la complexité 8 des conditions d’enseignement et à celle des conditions d’apprentissage. J.- C. Beacco (1995), dans son article intitulé La méthodologie circulante et les méthodologies constituées publié dans le même numéro spécial de la revue Le français dans le monde a proposé une méthodologie éclectique dans l’enseignement/apprentissage des langues qu’il a appelée méthodologie circulante. Il a défini cette méthodologie comme la suivante : Amalgame stabilisé, éclectisme canonique, la méthodologie circulante agit comme un ensemble de croyances fondamentales mais non uniformes et constitue le cadre de référence où viennent se modeler attentes éducatives des apprenants et pratiques quotidiennes de l’enseignement. (Beacco, ibid. : 46) A propos de la notion de «cadre de référence», le Conseil de l’Europe en 2000 a publié un ouvrage intitulé Cadre européen commun de référence pour les langues : apprendre, enseigner, évaluer. Cet ouvrage est le résultat d’une décennie de recherches de linguistes-didacticiens venus de différents pays membres de l’Union européenne. Ce cadre de référence européen (CECR) décrit aussi complètement que possible toutes les capacités langagières, tous les savoirs nécessaires qui constituent la compétence de communication langagière. Il décrit aussi toutes les situations et domaines dans lesquels on peut utiliser une langue étrangère pour communiquer. De plus, il propose de multiples options méthodologiques différentes que l’enseignant pourrait retenir ou combiner avec souplesse et en adéquation avec les contextes d’enseignement/apprentissage déterminés. L’approche générale de l’enseignement/apprentissage des langues adoptée dans le CECR s’avère également une méthodologie circulante. En ce qui concerne l’évolution de l’enseignement/apprentissage du français de spécialité, G. Holtzer dans son article intitulé Du français fonctionnel au FOS. Histoire des notions et des pratiques, écrit pour le numéro spécial paru en janvier 2004 de la revue Le français dans le monde a présenté des variations de la dénomination du français enseigné pour des objectifs communicatifs spécifiques correspondant aux besoins variés d’apprentissage des apprenants, aux exigences différentes des coopérations économiques et/ou culturelles internationales entre la France et les pays francophones d’une époque à l’autre pendant une trentaine d’années. Si le français 9 fonctionnel, le français instrumental, le français scientifique et technique étaient des termes courants dans les années 1970, le français de spécialité était répandu dans les années 1980. Fin des années 1980 et début des années 1990 on a assisté à l’apparition de multiples variations du français de spécialité telles que français des affaires, français des professions, français des communications spécialisées, français du droit, français langue professionnelle et français sur objectifs spécifiques (FOS). Le FOS est à présent devenu le terme le plus courant qui renvoie à l’enseignement/apprentissage du français pour une grande diversité des objectifs spécialisés répondant aux besoins communicatifs diversifiés des coopérations multiformes professionnalisées dans un monde du temps de la mondialisation et de l’informatique comme le montre l’article de M.-J. Berchoud intitulé Communication de spécialité, culture(s), mondialisation dans le même numéro spécial de la revue Le français dans le monde consacré au FOS. En ce qui concerne l’enseignement /apprentissage du FOS au Vietnam, il y a 36 filières universitaires francophones (FUF) différentes réparties dans 26 établissements universitaires inscrits dans les principales universités du pays dont l’université de Hué avec deux filières (Médecine et Tourisme). Ces filières sont gérées par l’organisme francophone international AUF (Agence universitaire francophone). Les étudiants des FUF apprennent le français comme une langue étrangère (FLE) et aussi comme une langue d’enseignement et d’études (FOS). Le réseau des FUF au Vietnam se voit bien développé et est considéré comme un « véritable laboratoire d’expérimentation » de l’enseignement/apprentissage du FOS pour reprendre l’expression de NGUYEN Van Dung utilisée dans son article intitulé Les filières universitaires de l’AUF au Vietnam. La formation des enseignants de FOS pour le numéro spécial paru en janvier 2004 de la revue Le français dans le monde. II. Motivations et objets de la recherche Dans les échanges culturels, économiques et technologiques à l’échelle internationale, la lecture-compréhension des documents spécialisés et professionnels est très importante car cette compétence langagière permet de transmettre et partager du savoir, des savoir-faire par l’écrit. Le Vietnam, un nouvel adhérent de 10
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