ÉCOLE DOCTORALE ED 509 Laboratoire I3M THÈSE Présentée par : Joseph Mecarsel Soutenue le : 03 juin 2014 Pour obtenir le grade de Docteur en Sciences de l’information et de la Communication TITRE de la thèse Architecture et Présence : entre Idée, Image et Communication THÈSE dirigée par : Professeur Pierre Litzler Architecte dplg, Professeur des universités, Directeur de la faculté des arts et du master design, Université de Strasbourg Professeur Michel Durampart Directeur du laboratoire I3M site Toulon et de l’école doctorale (ED 509) de l’Université de Toulon JURY : Professeur Michel Durampart Directe ur du laboratoire I3M site Toulon et de l’école doctorale (ED 509) de l’Université de Toulon Professeur Pierre Litzler Architecte DPLG, Professeur des universités, Directeur de la faculté des arts et du master design, Université de Strasbourg Professeur Françoise Bernard Professeur 71 section, Directrice équipe IRSIC, Université Aix Marseille Rapporteur Professeur Norbert Hilaire Professeur à l'université de Nice Sophia-Antipolis, Département Infocom, Directeur du master "ingénierie de la création multimédia" de l'UNS. Directeur de recherches à l'Institut ACTE, Paris 1, Panthéon- Sorbonne. Mr Dominique Wolton Directeur de recherche au CNRS, directeur de la revue internationale Rapporteur Hermès. Professeur Daniel Raichvarg Professeur 71 section, Directeur du CIMEOS (EA 4177), Vice-Président Recherche de la Société Française des Sciences de l’Information et de la Communication, Université de Bourgogne. 2 A force de construire, je crois bien que je me suis construit moi-même 1 Paul Valery A ma famille, à Rita et Richard Qui m’ont soutenu en acceptant généreusement de m’octroyer un temps très long et très précieux qui leur était initialement alloué. 1 Paul Valery, Eupalinos, p.28 3 Avant-propos, Ce travail n’est pas le fruit exclusif de quelques années de recherche académique dans les domaines de l’architecture et de la communication, c’est la résultante d’une expérience personnelle cumulée sur des dizaines d’années dans lesquelles j’ai exercé et enseigné les deux métiers ou sciences auxquelles j’ai voué la plus grande partie de ma « Présence » dans ce monde. C’est à ce titre que je me suis engagé sur la voie de cette étude dans l’esprit de parfaire mes connaissances d’un côté, et de les partager avec d’autres chercheurs ou étudiants d’un autre. J’ai découvert, tout au long de ce travail, que nous ne pouvons pas limiter le rapport entre l’architecture et la communication aux frontières de la problématique que je me suis posé, et à chaque étape je me retrouvais face à des données nouvelles et des champs d’action inexplorés ou encore exploitables. En fait, les variables en rapport avec l’architecture sont si vastes et différentiées, et celles liées à la communication évoluent à une vitesse telle, que la combinaison des deux nous offre une infinité d’axes et de parcours différents, impossibles à cerner dans un seul ouvrage. Tout comme ma recherche est le fruit d’une vie d’observation, l’analyse du rapport entre l’architecture et la communication constitue un parcours illimité : Tant qu’il y aura des hommes, il y aura de l’architecture, et le monde évoluera au rythme de ces deux variables. En effet l’homme tout comme l’architecture n’est pas invariable, tous les deux ne s’inscrivent plus dans un lieu, tous les deux mutent avec le temps, leurs corps et leurs âmes se transforment selon le besoin et la fonction, leurs dimensions formes et peaux reflètent des images et inspirent des idées. Tous les deux sont des acteurs engagés dans le jeu pervers de l’iconicité et du symbolisme. Tous les deux sont tributaires du « star-system », de la « télé-réalité », de l’info instantanée, de la communication globalisée. C’est à ce titre que l’architecture et la communication sont à mes yeux les principaux piliers du monde globalisé. Tous les deux « formatent » l’environnement de l’homme, matériel et virtuel, ils lui permettent d’être Présent « ici et maintenant » : un « ici » déterritorialisé et un « maintenant » intemporel. Remerciements A Pierre Litzler qui m’a encouragé à me lancer dans l’aventure d’une thèse et l’a suivie jusqu’au bout. A Michel Durampart qui m’a ouvert la voie de la recherche en communication, et qui a permis à cette thèse d’arriver à bon port. 5 Sommaire Introduction P 7 Chapitre 1 - Architecture & « Communication » : P. 34 1.1 Les sciences de la communication et l’Architecture P.38 1.2 Architecture et approche sémiotique P. 50 1.3 Architecture : Idée, Image et message 1 .3.1 Iconicité et symbolisme P. 62 1 .3.2 Architecture et projection imagière P. 79 1 .3.3 L’architecture en tant que support de communication P. 108 1 .3.4 L’Architecture submergée par une juxtaposition et superposition P. 109 d’images et de messages 1 .3.5 Dialogue à travers les messages portés par des bâtiments interposés. P. 111 1.4 Une usurpation partielle ou totale de l’architecture par la « com.» P. 115 1.5 L’architecture en tant que symbole iconique d’une institution P. 118 Synthèse P. 120 Chapitre 2 : L’Architecture un médiateur signifiant : entre matérialité & virtualité, spatialité & temporalité P. 128 2.1 Présence de l’architecture, entre matérialité, culture imagière, P. 130 & idéalité formelle. 2.2 Présence par l’aspect ou le contenant P. 142 2. 2.1 Approche méthodologique, un corpus objectivement subjectivé P. 147 2 .2.2. Une approche méthodologique au service du regard sur P. 150 l’architecture communicante 2. 2.3. L’enveloppe ou la « peau » P. 153 I. Superposition d’une peau novatrice à un bâtiment ancien dans le but P. 155 de le métamorphoser et le remettre en scène. 6 II. La présence par une superposition d’enveloppes conceptuelles P.161 répondant au besoin d’adjonction de fonctions nouvelles. III. Association d’une image ancienne avec une nouvelle architecture: P.170 la présence par une idée nouvelle qui engage l’iconicité de l’ancien pour communiquer une impression d’authenticité et de continuité. IV. La présence par une idée nouvelle qui se base sur une association P. 180 d’images confondues entre ancien et nouveau qui parodie l’ancien dans le but de communiquer un ancrage dans la continuité. V. La présence par une idée nouvelle, une peau conceptuelle, P. 186 communicative d’une image qui ancre le conteneur dans la contemporanéité, et reflète la fonction ou le contenu par association d’idées et de matériaux novateurs. VI. Une peau unique qui raconte le contenu. P. 204 VII. La présence par une peau conceptuelle qui pastiche l’ancien et P. 210 communique une image d’authenticité rapportée. Comme un masque qui cache la vraie identité du porteur. VIII. Les peaux temporaires simulatrices ou informatives qui P. 224 communiquent une image propre. Il s’agit dans ce cas de l’architecture qui parle d’elle-même. 2.3 Juxtaposition des idées et des images : un facteur de construction et P. 228 d’évolution des villes. Synthèse P. 263 Chapitre 3 : Architecture énonciatrice d’une société plurielle en gestation P.272 3.1 Rang, Position, Niveau, une communication d’histoires et de narrations P.275 différentes. 7 3.1.1. La reconstruction de Beyrouth une « mise à niveau » au détriment P.282 du mémoriel 3.1.2. « Architecturalement correct » et ségrégation sociale P. 311 3.1.3 « Solidere » un centre-ville en marge des citoyens P. 314 3.1.4 Architecture nouvelle, Cohabitation culturelle & culture cultivée P. 322 3.2 La course à l’impression : l’illusion, la Simulation, le Fantastique P. 345 3.3 Présence par le « Bigness » ou gigantisme P. 359 3.4 Présence des villes globales par l’architecture. P. 367 Sy nthèse P. 392 Conclusion Générale P. 398 Bibliographie P. 419 8 Introduction Mise en situation Né dans une famille de journalistes mon enfance a baigné dans un environnement où la politique et la communication étaient notre pain quotidien, dans un pays qui vit au rythme des échanges ou dois-je dire des négociations socioculturelles permanentes sur fond de conflit politico- religieux. La voie qui m’était naturellement tracée était bien évidemment dans la lignée familiale, à la différence près que c’est par choix et non pas par devoir de filiation que je me préparais durant ma jeunesse à m’engager sur le chemin de la communication. Mais la guerre en en décidé autrement, car une fois mon bac achevé le journal familial était suspendu pour la première fois depuis sa création en 1922, et la presse Libanaise peinait sous le joug des pressions politiques et économiques. La déception était totale et la réaction de rejet légitime : comment éditer un journal satirique quand des miliciens armés font la loi, et quand mon père reçoit des téléphones anonymes disant « Attention, nous savons à quelle école vont vos enfants »? Perdu, comme une grande partie de ma génération, j’ai opté pour l’architecture après une année sabbatique consacrée à la prospection dans le but de choisir un nouveau métier. Et c’est sur l’architecture que s’est fixé mon choix sans savoir pourquoi, alors que mes enseignants me poussaient tous vers l’ingénierie. Ce n’est qu’après des années de maturation que j’ai compris le pourquoi de mon choix : le rapport étroit entre l’architecture et la communication. Toujours est-il que j’ai exercé l’architecture comme métier durant plus de 10 ans à Beyrouth et à Paris où je me suis exilé après l’envahissement total du territoire libanais par l’armée Syrienne. Et c’est à mon retour au pays que la passion de la communication m’a repris et je me suis attelé à la lourde tâche de restructurer le journal familial et de préparer sa réédition. J’avais 9 alors commencé mon cursus d’enseignement universitaire à l’école d’architecture de l’Usek. C’était en 1995, et je travaillais parallèlement dans mon métier d’architecte et sur ma passion du journalisme et communication, chemin qui m’a ramené aux bancs de l’université pour parfaire ma formation par un DES en journalisme et communication (triple diplomation IFP, UL, CFPJ) avant de réaliser mon rêve de toujours : lancer le journal politique satirique Addabbour (fait en novembre 2000). Et c’est à partir de cette date que la passion de la communication a commencé à empiéter petit à petit sur le métier d’architecture pour devenir quelques années plus tard ma principale activité professionnelle, académique et de recherche. Professionnellement j’étais architecte et éditeur. Académiquement j’ai été successivement enseignant, puis chef de département d’architecture, ensuite fondateur et chef du département de journalisme de l’Usek. La recherche est venue plus tard et naturellement suite à des rencontres au sein de l’ISCC que j’ai intégré via la revue Hermès sur invitation de Dominique Wolton dont le livre « l’autre mondialisation » m’avais inspiré et poussé à réfléchir plus en profondeur le rapport entre la communication et les civilisations. Réflexion qui m’a bien évidemment porté graduellement à m’immerger dans le monde de l’architecture, en tant que reflet des cultures et des civilisation, dans son rapport à la communication. Et c’est suite à l’obtention d’un budget de recherche interdisciplinaire de l’ISCC grâce à une collaboration avec M. Michel Durampart (initiateur du projet) et M. Jacques Araszkiewiez, soutenus par le laboratoire de communication politique du CNRS sous la direction de Mme. Isabelle Veyrat-Macon. Cette collaboration m’a ouvert la voie de la recherche en communication qui a abouti grâce à M. Michel Durampart à une collaboration avec l’université de Toulon sur plusieurs projets de recherches et de publications. J’avais alors déjà entamé une thèse doctorale à l’université de Strasbourg sous la direction de M. Pierre Litzler, qui porte sur mes interrogations autour du rapport entre l’architecture et la communication. J’ai donc suivi M. Litzler en architecture vu que mon sujet chevauche sur les deux sciences. Je reconnais que tout au 10
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