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Apprends-nous à prier PDF

15 Pages·2016·0.43 MB·French
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La prière dans la Bible et la Tradition de l’Eglise Seigneur apprends-nous à prier « Nous voulons apprendre à vivre encore plus intensément notre relation avec le Seigneur, dans une sorte d’«école de prière». Nous savons bien, en effet, que la prière ne doit pas être considérée comme allant de soi: il faut apprendre à prier, comme en acquérant toujours à nouveau cet art; même ceux qui sont très avant dans la vie spirituelle sentent toujours le besoin de se mettre à l'école de Jésus pour apprendre à prier avec authenticité. Nous recevons la première leçon du Seigneur à travers Son exemple. Les Evangiles nous décrivent Jésus en dialogue intime et constant avec le Père: c’est une communion profonde de celui qui est venu dans le monde non pour faire sa volonté, mais celle du Père qui l'a envoyé pour le salut de l'homme. » Catéchèse de Benoit XVI du 4 mai 2011 Livret des relais de quartier 2016-2017 du secteur pastoral d’Ambares Fiche 0 La prière pour les nuls Entrer dans le récit « Sans prière, la foi se perd ! » s’exclame le pape François. La prière n’est pas accessoire, elle est essentielle : la respiration de l’âme. Mais comment s’y prendre ? Prier… Comment faire ? Il ne suffit pas de se précipiter sur Internet ni de potasser un livre La prière en 10 leçons .La prière n’est pas une méthode de méditation zen. Pour moi, la prière c’est un élan du cœur, c’est un simple regard jeté vers le ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie (Ste. Thérèse de l’Enfant-Jésus, ms. autob. C 25r). Pour sainte Thérèse d’Avila, elle est un dialogue d’amitié avec Celui dont je me sais aimée. Dans la nouvelle Alliance, la prière est la relation vivante des enfants de Dieu avec leur Père infiniment bon, avec son Fils Jésus Christ et avec l’Esprit Saint. La grâce du Royaume est " l’union de la Sainte Trinité tout entière avec l’esprit tout entier " (S. Grégoire de Naz., or. 16, 9 : PG 35, 954C). La vie de prière est ainsi d’être habituellement en présence du Dieu trois fois Saint et en communion avec Lui. Cette communion de vie est toujours possible parce que, par le Baptême, nous sommes devenus un même être avec le Christ (cf. Rm 6, 5). La prière est chrétienne en tant qu’elle est communion au Christ et se dilate dans l’Église qui est son Corps. Ses dimensions sont celles de l’Amour du Christ (cf. Ep 3, 18-21).Elle n’est donc pas la répétition de formules, comme Jésus l’explique à ses disciples qui lui demandent de leur apprendre à prier… Parole de Dieu Saint Matthieu 6 05 Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. 06 Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. 07 Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. 08 Ne les imitez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous l’ayez demandé. 09 Vous donc, priez ainsi : Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, 10 que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. 11 Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. 12 Remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs. 13 Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal. 14 Car, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi. 15 Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes. Piste théologique Nous vivons à une époque où les signes du sécularisme sont évidents. Dieu semble être disparu de l’horizon de diverses personnes ou devenu une réalité envers laquelle on demeure indifférent. Nous voyons toutefois, dans le même temps, de nombreux signes qui nous indiquent un réveil du sentiment religieux, une redécouverte de l’importance de Dieu pour la vie de l’homme, une exigence de spiritualité, de dépasser une vision purement horizontale, matérielle de la vie humaine. En regardant l’histoire récente, on constate l’échec de ceux qui, à l’époque des Lumières, prévoyaient la disparition des religions et exaltaient une raison absolue, détachée de la foi, une raison qui devait écraser les ténèbres des dogmatismes religieux et dissoudre le «monde du sacré», en restituant à l’homme sa liberté, sa dignité et son autonomie de Dieu. L’expérience du siècle dernier, avec les deux tragiques guerres mondiales, a remis en question ce progrès que la raison autonome, l’homme sans Dieu, semblait pouvoir garantir. Le Catéchisme de l’Eglise catholique affirme: «Par la création, Dieu appelle tout être du néant à l’existence... Même après avoir perdu la ressemblance avec Dieu par son péché, l’homme reste à l’image de son Créateur. Il garde le désir de Celui qui l’appelle à l’existence. Toutes les religions témoignent de cette quête essentielle des hommes» (n. 2566). Nous pourrions dire — comme je l’ai montré dans la dernière catéchèse — qu’il n’y a eu aucune grande civilisation, des temps les plus reculés jusqu’à nos jours, qui n’ait été religieuse. L’homme est par nature religieux, il est homo religiosus comme il est homo sapiens et homo faber: «Le désir de Dieu — affirme encore le Catéchisme — est inscrit dans le cœur de l’homme, car l’homme est créé par Dieu et pour Dieu» (n. 27). L’image du Créateur est imprimée dans son être et il ressent le besoin de trouver une lumière pour donner une réponse aux questions qui concernent le sens profond de la réalité; réponse qu’il ne peut trouver en lui-même, dans le progrès, dans la science empirique. L’homo religiosus ne ressort pas seulement des mondes antiques, il traverse toute l’histoire de l’humanité. A ce propos, le riche terrain de l’expérience humaine a vu naître diverses formes de religiosité, dans la tentative de répondre au désir de plénitude et de bonheur, au besoin de salut, à la recherche de sens. L’homme «numérique», tout comme celui des cavernes, cherche dans l’expérience religieuse le moyen de dépasser sa finitude et d’assurer son aventure terrestre précaire. D’ailleurs, sans un horizon transcendant, la vie perdrait son sens plénier et le bonheur, auquel nous tendons tous, est projeté spontanément vers l’avenir, dans un lendemain qui reste encore à réaliser. Le Concile Vatican II, dans la déclaration Nostra aetate, l’a souligné de façon synthétique: «Les hommes attendent des diverses religions la réponse aux énigmes cachées de la condition humaine, qui, hier comme aujourd’hui, agitent profondément le cœur humain: Qu’est-ce que l’homme? Quel est le sens et le but de la vie? Qu’est-ce que le bien et qu’est-ce que le péché? Quels sont l’origine et le but de la souffrance? Quelle est la voie pour parvenir au vrai bonheur? Qu’est-ce que la mort, le jugement et la rétribution après la mort? Qu’est- ce enfin que le mystère dernier et ineffable qui embrasse notre existence, d’où nous tirons notre origine et vers lequel nous tendons?» (n. 1). L’homme sait qu’il ne peut répondre seul à son besoin fondamental de comprendre. Même s’il a nourri et nourrit encore l’illusion de se suffire à lui-même, il fait l’expérience de ne pas se suffire à lui-même. Il a besoin de s’ouvrir à autre chose, à quelque chose ou à quelqu’un qui puisse lui donner ce qui lui manque, il doit sortir de lui-même pour aller vers Celui qui est en mesure de remplir l’ampleur et la profondeur de son désir. L’homme porte en lui une soif d’infini, une nostalgie d’éternité, une recherche de beauté, un désir d’amour, un besoin de lumière et de vérité, qui le poussent vers l’Absolu; l’homme porte en lui le désir de Dieu. Et l’homme sait, d’une certaine façon, qu’il peut s’adresser à Dieu, il sait qu’il peut le prier. Saint Thomas d’Aquin, l’un des plus grands théologiens de l’histoire, définit la prière comme l’«expression du désir que l’homme a de Dieu». Cette attraction vers Dieu, que Dieu lui-même a placée dans l’homme, est l’âme de la prière, qui revêt ensuite tant de formes et de modalités selon l’histoire, le temps, le moment, la grâce et même le péché de chaque orant. L’histoire de l’homme a, en effet, connu diverses formes de prière, car il a développé différentes modalités d’ouverture vers l’Autre et vers l’Au-delà, si bien que nous pouvons reconnaître la prière comme une expérience présente dans chaque religion et culture. En effet, chers frères et sœurs, comme nous l’avons vu mercredi dernier, la prière n’est pas liée à un contexte particulier, mais elle se trouve inscrite dans le cœur de chaque personne et de chaque civilisation. Naturellement, lorsque nous parlons de prière comme expérience de l’homme en tant que tel, de l’homo orans, il est nécessaire d’avoir à l’esprit que celle-ci est une attitude intérieure, avant d’être une série de pratiques et de formules, une manière d’être devant Dieu avant d’être l’accomplissement d’actes de culte ou la prononciation de paroles. La prière a son centre et plonge ses racines au plus profond de la personne; c’est pourquoi elle n’est pas facilement déchiffrable et, pour le même motif, elle peut être sujette à des malentendus et à des mystifications. C’est dans ce sens également que nous pouvons comprendre l’expression: prier est difficile. En effet, la prière est le lieu par excellence de la gratuité, de la tension vers l’Invisible, l’Inattendu, l’Ineffable. C’est pourquoi l’expérience de la prière est un défi pour tous, une «grâce» à invoquer, un don de Celui à qui nous nous adressons. Dans la prière, à chaque époque de l’histoire, l’homme se considère lui-même, ainsi que sa situation face à Dieu, à partir de Dieu et par rapport à Dieu, et il fait l’expérience d’être une créature qui a besoin d’aide, incapable de se procurer toute seule l’accomplissement de sa propre existence et de sa propre espérance. Le philosophe Ludwig Wittgenstein rappelait que «prier signifie sentir que le sens du monde est en dehors du monde». Dans la dynamique de cette relation avec celui qui donne un sens à l’existence, avec Dieu, la prière trouve l’une de ses expressions typiques dans le geste de se mettre à genoux. C’est un geste qui contient en lui-même une ambivalence radicale: en effet, je peux être contraint de me mettre à genoux — condition d’indigence et d’esclavage —, mais je peux également m’agenouiller spontanément, en déclarant ma limite et, donc, mon besoin d’un Autre. C’est à lui que je déclare être faible, nécessiteux, «pécheur». Dans l’expérience de la prière, la créature humaine exprime toute la conscience de soi, tout ce qu’elle réussit à saisir de sa propre existence et, dans le même temps, elle se tourne entièrement vers l’Etre face auquel elle se trouve, elle oriente son âme vers ce Mystère dont elle attend l’accomplissement des désirs les plus profonds et l’aide pour surmonter l’indigence de sa propre vie. Dans le fait de regarder un Autre, de se diriger «au-delà» se trouve l’essence de la prière, comme expérience d’une réalité qui dépasse ce qui est sensible et contingent. Toutefois, c'est uniquement en Dieu qui se révèle que la recherche de l'homme s’accomplit pleinement. La prière qui est ouverture et élévation du cœur à Dieu, devient ainsi un rapport personnel avec Lui. Et même si l'homme oublie son Créateur, le Dieu vivant et vrai ne cesse d'appeler le premier l'homme à la rencontre mystérieuse de la prière. Comme l'affirme le Catéchisme: «Cette démarche d’amour du Dieu fidèle est toujours première dans la prière, la démarche de l’homme est toujours une réponse. Au fur et à mesure que Dieu se révèle et révèle l’homme à lui-même, la prière apparaît comme un appel réciproque, un drame d’Alliance. A travers des paroles et des actes, ce drame engage le cœur. Il se dévoile à travers toute l’histoire du salut» (n. 2567). Chers frères et sœurs, apprenons à demeurer davantage devant Dieu, Dieu qui s'est révélé en Jésus Christ, apprenons à reconnaître dans le silence, dans l'intimité de nous-mêmes, sa voix qui nous appelle et nous ramène à la profondeur de notre existence, à la source de la vie, à l'origine du salut, pour nous faire aller au-delà de la limite de notre vie et nous ouvrir à la mesure de Dieu, à la relation avec Lui, qui est Amour infini. » Benoit XVI, catéchèse Partager Puisque ce parcours nous invite à réfléchir sur la prière, nous pouvons déjà rendre grâce à Jésus de nous avoir révélé que Dieu est son Père et notre Père par le sacrement du baptême. Jésus nous invite à une relation filiale avec DIEU. Comment peut-on avoir cette relation filiale avec Dieu ? Quelle place a la prière dans ma vie ? Comment ai-je appris à prier ? Quelle est ma prière ? Prier Seigneur Jésus-Christ, Ce matin, je t’ouvre la porte (faire avec ses mains le geste d’ouvrir devant son cœur) de tout mon être pour les prochaines 24 heures. Entre dans tout ce que je suis: mon corps, mon âme, mon cœur, mes sens, ma sensibilité, ma mémoire, mon intelligence, ma sexualité, mes joies comme mes peines. Seigneur Jésus, j’accueille ta présence réelle et miraculeuse dans tout ce que je suis et cela inclut mes blessures, mes fragilités, mes dépendances pas toujours avouables. Je te reçois aussi dans tous mes soucis et problèmes de ce jour. Seigneur, je confesse que tu as un amour infini pour moi et que je suis ton enfant chéri malgré tous mes défauts. Au début de ce jour, j’accepte le tout de ton amour inconditionnel pour moi. Je te laisse l’entière liberté de m’aimer divinement. Quoi qu’il puisse m’arriver dans les prochaines 24 heures, je te remercie d’avance. Comme le dit saint Paul, je proclame que : « Ce n’est plus moi qui vis, mais que c’est toi, Jésus, Jésus, Jésus, qui vis en moi. » (Gal 2, 20). (En pressant avec tes mains ton cœur) Seigneur Jésus, tu es maintenant en moi pour les prochaines 24 heures. Tu vis tout ce que je vis. Nous sommes réellement ensemble et je suis dans la joie de te savoir en moi. Amen! Fiche 1 La prière d’Abraham Entrer dans le récit Le premier texte sur lequel nous voulons réfléchir se trouve dans le chapitre 18 du Livre de la Genèse; on raconte que la cruauté des habitants de Sodome et Gomorrhe avait atteint son comble, au point qu’une intervention de Dieu était nécessaire pour arrêter le mal qui détruisait ces villes. C’est là qu’intervient Abraham avec sa prière d’intercession. Dieu décide de lui révéler ce qui est sur le point de se produire et lui fait connaître la gravité du mal et ses terribles conséquences, car Abraham est son élu, choisi pour devenir un grand peuple et faire parvenir la bénédiction divine à tout le monde. Sa mission est une mission de salut, qui doit répondre au péché qui a envahi la réalité de l’homme: à travers lui, le Seigneur veut ramener l’humanité à la foi, à l’obéissance, à la justice. Et à présent, cet ami de Dieu s’ouvre à la réalité et au besoin du monde, prie pour ceux qui s’apprêtent à être punis et demande qu’ils soient sauvés. Abraham présente immédiatement le problème dans toute sa gravité, et dit au Seigneur: «Vas-tu vraiment supprimer le juste avec le pécheur? Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville. Vas-tu vraiment les supprimer et ne pardonneras-tu pas à la cité pour les cinquante justes qui sont dans son sein? Loin de toi de faire cette chose-là! De faire mourir le juste avec le pécheur, en sorte que le juste soit traité comme le pécheur. Loin de toi! Est-ce que le juge de toute la terre ne rendra pas justice?» (vv. 23-25). A travers ces paroles, avec un grand courage, Abraham place devant Dieu la nécessité d’éviter une justice sommaire: si la ville est coupable, il est juste de condamner son crime et d’infliger la peine mais — affirme le grand patriarche — il serait injuste de punir indifféremment tous les habitants. S’il y a des innocents dans la ville, ceux-ci ne peuvent être traités comme des coupables. Dieu, qui est un juge juste, ne peut agir ainsi, dit à raison Abraham à Dieu. Cependant, si nous lisons le texte plus attentivement, nous nous rendons compte que la requête d’Abraham est encore plus sérieuse et plus profonde, car il ne se limite pas à demander le salut pour les innocents. Abraham demande le salut pour toute la ville et il le fait en en appelant à la justice de Dieu. En effet, il dit au Seigneur: «Et ne pardonneras- tu pas à la cité pour les cinquante justes qui sont dans son sein?» (v. 24b). En agissant ainsi, il met en jeu une nouvelle idée de justice: non pas celle qui se limite à punir les coupables, comme le font les hommes, mais une justice différente, divine, qui cherche le bien et qui le crée à travers le pardon qui transforme le pécheur, le convertit et le sauve. Avec sa prière, Abraham n’invoque donc pas une justice purement rétributive, mais une intervention de salut qui, tenant compte des innocents, libère de la faute également les impies, en leur pardonnant. La pensée d’Abraham, qui semble presque paradoxale, peut ainsi être synthétisée: on ne peut pas, bien évidemment, traiter les innocents comme les coupables, cela serait injuste, il faut en revanche traiter les coupables comme les innocents, en mettant en œuvre une justice «supérieure», en leur offrant une possibilité de salut, car si les malfaiteurs acceptent le pardon de Dieu et confessent leur faute en se laissant sauver, ils ne continueront plus à faire le mal, ils deviendront eux aussi justes, sans qu’il ne soit plus nécessaire de les punir. Telle est la requête de justice qu’Abraham exprime dans son intercession, une requête qui se fonde sur la certitude que le Seigneur est miséricordieux. Abraham ne demande pas à Dieu une chose contraire à son essence. Il frappe à la porte du cœur de Dieu en connaissant sa véritable volonté. Assurément, Sodome est une grande ville, cinquante justes semblent peu de chose, mais la justice de Dieu et son pardon ne sont-ils peut-être pas la manifestation de la force du bien, même s’il semble plus petit et plus faible que le mal? La destruction de Sodome devait arrêter le mal présent dans la ville, mais Abraham sait que Dieu a d’autres manières et moyens pour mettre un frein à la diffusion du mal. C’est le pardon qui interrompt la spirale du péché, et c’est exactement ce à quoi Abraham fait appel, dans son dialogue avec Dieu. Et lorsque le Seigneur accepte de pardonner à la ville s’il y trouve cinquante justes, sa prière d’intercession commence à descendre vers les abîmes de la miséricorde divine. Abraham — comme nous nous en rappelons — fait progressivement diminuer le nombre des innocents nécessaires pour le salut: s’ils ne sont pas cinquante, quarante cinq pourraient suffire, et ensuite toujours moins, jusqu’à dix, en continuant avec sa supplication, qui devient presque hardie dans son insistance: «Peut-être n’y en aura-t-il que quarante... trente... vingt... dix...» (cf. vv. 29.30.31.32). Et plus le nombre devient petit, plus grande se révèle et se manifeste la miséricorde de Dieu, qui écoute avec patience la prière, l’accueille et répète à chaque supplication: «je pardonnerai... je ne détruirai pas... je ne ferai» (cf. vv. 26.28.29.30.31.32). Ainsi, par l’intercession d’Abraham, Sodome pourra être sauve, si on n’y trouve ne serait-ce que dix innocents. Telle est la puissance de la prière. Car à travers l’intercession, la prière à Dieu pour le salut des autres, se manifeste et s’exprime le désir de salut que Dieu nourrit toujours envers l’homme pécheur. En effet, le mal ne peut être accepté, il doit être signalé et détruit à travers la punition: la destruction de Sodome avait précisément cette fonction. Mais le Seigneur ne veut pas la mort du méchant, mais qu’il se convertisse et vive (cf. Ez 18, 23; 33, 11); son désir est toujours celui de pardonner, de sauver, de donner vie, de transformer le mal en bien. Eh bien, c’est précisément ce désir divin qui, dans la prière, devient le désir de l’homme et s’exprime à travers les paroles de l’intercession. Avec sa supplication, Abraham prête sa voix, mais aussi son cœur, à la volonté divine: le désir de Dieu est miséricorde, amour et volonté de salut, et ce désir de Dieu a trouvé en Abraham et dans sa prière la possibilité de se manifester de manière concrète à l’intérieur de l’histoire des hommes, pour être présent là où la grâce est nécessaire. A travers la voix de sa prière, Abraham donne voix au désir de Dieu, qui n’est pas celui de détruire, mais de sauver Sodome, de donner vie au pécheur converti. C'est ce que veut le Seigneur, et son dialogue avec Abraham est une manifestation prolongée et sans équivoque de son amour miséricordieux. La nécessité de trouver des hommes justes à l’intérieur de la ville devient de moins en moins exigeante et à la fin dix suffiront pour sauver la totalité de la population. Pour quelle raison Abraham s'arrête-t- il à dix, le texte ne le dit pas. Peut-être est-ce un nombre qui indique un noyau communautaire minimum (encore aujourd'hui, dix personnes sont le quorum nécessaire pour la prière publique juive). Quoi qu'il en soit, il s'agit d'un petit nombre, une petite parcelle de bien à partir de laquelle sauver un grand mal. Mais on ne put pas même trouver dix justes à Sodome et Gomorrhe, et la ville fut détruite. Une destruction dont la nécessité est paradoxalement témoignée précisément par la prière d'intercession d'Abraham. Parce que c'est précisément cette prière qui a révélé la volonté salvifique de Dieu: le Seigneur était disposé à pardonner, il souhaitait le faire, mais les villes étaient enfermées dans un mal totalisant et paralysant, sans même un petit nombre d'innocents desquels partir pour transformer le mal en bien. Parce que c'est précisément ce chemin du salut que demandait lui aussi Abraham: être sauvés ne signifie pas simplement échapper à la punition, mais être libérés du mal qui nous habite. Ce n'est pas le châtiment qu'il faut éliminer, mais le péché, ce refus de Dieu et de l'amour qui porte déjà en lui-même le châtiment. Le prophète Jérémie dira au peuple rebelle: «Que ta méchanceté te châtie et que tes infidélités te punissent! Comprends et vois comme il est mauvais et amer d'abandonner Yahvé ton Dieu» (Jr 2, 19). C'est de cette tristesse et de cette amertume que le Seigneur veut sauver l'homme en le libérant du péché. Mais il faut alors une transformation de l'intérieur, quelque point d'appui de bien, un commencement d'où partir pour transformer le mal en bien, la haine en amour, la vengeance en pardon. C'est pourquoi les justes doivent être à l'intérieur de la ville, et Abraham répète sans cesse: «peut-être s'en trouvera-t-il là...». «Là», c'est à l'intérieur de la réalité malade que doit se trouver ce germe de bien qui peut guérir et redonner la vie. C'est une parole qui s'adresse aussi à nous: que dans nos villes se trouve le germe de bien et que nous fassions tout pour qu'il n'y ait pas seulement dix justes pour faire réellement vivre et survivre nos villes et pour nous sauver de cette amertume autour de laquelle il y a l'absence de Dieu. Et dans la réalité malade de Sodome et Gomorrhe ce germe de bien n’existait pas. Parole de Dieu Genèse 18, 16-32, et 19, 15-29 16 Les hommes se levèrent pour partir et regardèrent du côté de Sodome. Abraham marchait avec eux pour les reconduire. 17 Le Seigneur s’était dit : « Est-ce que je vais cacher à Abraham ce que je veux faire ? 18 Car Abraham doit devenir une nation grande et puissante, et toutes les nations de la terre doivent être bénies en lui. 19 En effet, je l’ai choisi pour qu’il ordonne à ses fils et à sa descendance de garder le chemin du Seigneur, en pratiquant la justice et le droit ; ainsi, le Seigneur réalisera sa parole à Abraham. » 20 Alors le Seigneur dit : « Comme elle est grande, la clameur au sujet de Sodome et de Gomorrhe ! Et leur faute, comme elle est lourde ! 21 Je veux descendre pour voir si leur conduite correspond à la clameur venue jusqu’à moi. Si c’est faux, je le reconnaîtrai. » 22 Les hommes se dirigèrent vers Sodome, tandis qu’Abraham demeurait devant le Seigneur. 23 Abraham s’approcha et dit : « Vas-tu vraiment faire périr le juste avec le coupable ? 24 Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville. Vas-tu vraiment les faire périr ? Ne pardonneras-tu pas à toute la ville à cause des cinquante justes qui s’y trouvent ? 25 Loin de toi de faire une chose pareille ! Faire mourir le juste avec le coupable, traiter le juste de la même manière que le coupable, loin de toi d’agir ainsi ! Celui qui juge toute la terre n’agirait-il pas selon le droit ? » 26 Le Seigneur déclara : « Si je trouve cinquante justes dans Sodome, à cause d’eux je pardonnerai à toute la ville. » 27 Abraham répondit : « J’ose encore parler à mon Seigneur, moi qui suis poussière et cendre. 28 Peut-être, sur les cinquante justes, en manquera-t-il cinq : pour ces cinq-là, vas-tu détruire toute la ville ? » Il déclara : « Non, je ne la détruirai pas, si j’en trouve quarante-cinq. » 29 Abraham insista : « Peut-être s’en trouvera-t-il seulement quarante ? » Le Seigneur déclara : « Pour quarante, je ne le ferai pas. » 30 Abraham dit : « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère, si j’ose parler encore. Peut-être s’en trouvera-t-il seulement trente ? » Il déclara : « Si j’en trouve trente, je ne le ferai pas. » 31 Abraham dit alors : « J’ose encore parler à mon Seigneur. Peut-être s’en trouvera-t-il seulement vingt ? » Il déclara : « Pour vingt, je ne détruirai pas. » 32 Il dit : « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère : je ne parlerai plus qu’une fois. Peut-être s’en trouvera-t-il seulement dix ? » Et le Seigneur déclara : « Pour dix, je ne détruirai pas. » 33 Quand le Seigneur eut fini de s’entretenir avec Abraham, il partit, et Abraham retourna chez lui… 19-15 À l’aurore, les deux anges pressèrent Loth, en disant : « Debout ! Prends ta femme et tes deux filles qui se trouvent ici, et va-t’en, de peur que tu ne périsses à cause des crimes de cette ville. » 16 Comme il s’attardait, ces hommes le saisirent par la main, ainsi que sa femme et ses deux filles, parce que le Seigneur voulait l’épargner. Ils le firent sortir et le conduisirent hors de la ville. 17 Une fois sortis, ils dirent : « Sauve-toi si tu tiens à la vie ! Ne regarde pas en arrière, ne t’arrête nulle part dans cette région, sauve-toi dans la montagne, si tu ne veux pas périr ! » 18 Loth leur dit : « Non, je vous en prie, mes seigneurs ! 19 Votre serviteur a trouvé grâce à vos yeux, et vous m’avez fait une grande faveur en me laissant la vie. Mais je n’ai pas le temps de me sauver dans la montagne : le malheur va me rattraper et je mourrai. 20 Voici une ville assez proche pour y fuir – elle est si petite ! – Permettez que je me sauve là-bas – elle est si petite ! – afin de rester en vie ! » 21 Ils lui répondirent : « Pour te faire plaisir cette fois encore, je ne détruirai pas la ville dont tu parles.22 Vite, sauve-toi là-bas, car je ne puis rien faire avant que tu y sois arrivé. » C’est pour cela qu’on a donné à cette ville le nom de Soar (ce qui veut dire : Petite). 23 Le soleil se levait sur le pays et Loth entrait à Soar, 24 quand le Seigneur fit tomber du ciel sur Sodome et Gomorrhe une pluie de soufre et de feu venant du Seigneur. 25 Dieu détruisit ces villes et toute la région, avec tous leurs habitants et la végétation. 26 Or, la femme de Loth avait regardé en arrière, et elle était devenue une colonne de sel. 27 Abraham se leva de bon matin pour se rendre à l’endroit où il s’était tenu en présence du Seigneur, 28 et il regarda du côté de Sodome, de Gomorrhe et de toute la région : il vit monter de la terre une fumée semblable à celle d’une fournaise ! 29 Lorsque Dieu a détruit les villes de cette région, il s’est souvenu d’Abraham ; et il a fait échapper Loth au cataclysme qui a détruit les villes où il habitait. Piste théologique CEC : Dans son Alliance indéfectible avec les êtres vivants (cf. Gn 9, 8-16), Dieu appelle toujours les hommes à le prier. Mais c’est surtout à partir de notre père Abraham qu’est révélée la prière dans l’Ancien Testament. La Promesse et la prière de la foi 2570 Dès que Dieu l’appelle, Abraham part " comme le lui avait dit le Seigneur " (Gn 12, 4) : son cœur est tout " soumis à la Parole ", il obéit. L’écoute du cœur qui se décide selon Dieu est essentielle à la prière, les paroles lui sont relatives. Mais la prière d’Abraham s’exprime d’abord par des actes : homme de silence, il construit, à chaque étape, un autel au Seigneur. Plus tard seulement apparaît sa première prière en paroles : une plainte voilée qui rappelle à Dieu ses promesses qui ne semblent pas se réaliser (cf. Gn 15, 2-3). Dès le début apparaît ainsi l’un des aspects du drame de la prière : l’épreuve de la foi en la fidélité de Dieu. 2571 Ayant cru en Dieu (cf. Gn 15, 6), marchant en sa présence et en alliance avec lui (cf. Gn 17, 1-2), le patriarche est prêt à accueillir sous sa tente son Hôte mystérieux : c’est l’admirable hospitalité de Mambré, prélude à l’Annonciation du vrai Fils de la promesse (cf. Gn 18, 1-15 ; Lc 1, 26-38). Dès lors, Dieu lui ayant confié son Dessein, le cœur d’Abraham est accordé à la compassion de son Seigneur pour les hommes et il ose intercéder pour eux avec une confiance audacieuse (cf. Gn 18, 16-33). 2572 Ultime purification de sa foi, il est demandé au " dépositaire des promesses " (He 11, 17) de sacrifier le fils que Dieu lui a donné. Sa foi ne faiblit pas : " C’est Dieu qui pourvoira à l’agneau pour l’holocauste " (Gn 22, 8), " car Dieu, pensait-il, est capable même de ressusciter les morts " (He 11, 19). Ainsi le père des croyants est-il conformé à la ressemblance du Père qui n’épargnera pas son propre Fils mais le livrera pour nous tous (cf. Rm 8, 32). La prière restaure l’homme à la ressemblance de Dieu et le fait participer à la puissance de l’amour de Dieu qui sauve la multitude (cf. Rm 4, 16-21). 2573 Dieu renouvelle sa promesse à Jacob, l’ancêtre des douze tribus d’Israël (cf. Gn 28, 10-22). Avant d’affronter son frère Esaü, il lutte toute une nuit avec " quelqu’un " de mystérieux qui refuse de révéler son nom mais le bénit avant de le quitter à l’aurore. La tradition spirituelle de l’Église a retenu de ce récit le symbole de la prière comme combat de la foi et victoire de la persévérance (cf. Gn 32, 25-31 ; Lc 18, 1-8). Partager Ne sommes-nous pas interpellés par la foi d’ABRAHAM ? Dieu l’appelle et Abraham répond à cet appel. Abraham se rend disponible à la volonté de Dieu. Dieu va éprouver la foi d’Abraham, Il va lui demander la vie de son fils Isaac ! Abraham a confiance en Dieu ! Comme Abraham, est-ce que ma prière est un dialogue avec Dieu ? Ai-je de l’audace dans ma prière ? Est-ce que ma prière rejoint la situation du monde ? les pécheurs ? Moi qu’est-ce que je fais du « oui » de mon baptême ? Prier Abraham… Il y a ces milliers d'années, Dieu t'a choisi. Tu as entendu son appel, Et tu es parti là où il te conduisait. Par ta foi solide et fidèle, tu es devenu le modèle De tous ceux que le Seigneur appelle. Quand je refuse de répondre à l'appel de Jésus, Prie pour moi. Quand je vois le mal dans le monde, apprends-moi à le confier à Dieu. Quand j'ai du mal à faire confiance, Guide-moi. Quand le chemin est trop difficile, soutiens-moi. Quand je suis prisonnier De mes habitudes, Montre-moi l'horizon. D'après Genèse 15,5 (in Le livre de toutes les prières, éditions Mame-Edifa) . Fiche 2 La prière de Moïse Entrer dans le récit CEC 2574 Lorsque commence à se réaliser la Promesse (la Pâque, l’Exode, le don de la Loi et la conclusion de l’Alliance), la prière de Moïse est la figure saisissante de la prière d’intercession qui s’accomplira dans " l’unique Médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus " (1 Tm 2, 5). 2575 Ici encore, Dieu vient, le premier. Il appelle Moïse du milieu du Buisson ardent (cf. Ex 3, 1-10). Cet événement restera l’une des figures primordiales de la prière dans la tradition spirituelle juive et chrétienne. En effet, si " le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob " appelle son serviteur Moïse, c’est qu’il est le Dieu Vivant qui veut la vie des hommes. Il se révèle pour les sauver, mais pas tout seul ni malgré eux : il appelle Moïse pour l’envoyer, pour l’associer à sa compassion, à son œuvre de salut. Il y a comme une imploration divine dans cette mission et Moïse, après un long débat, ajustera sa volonté à celle du Dieu sauveur. Mais dans ce dialogue où Dieu se confie, Moïse apprend aussi à prier : il se dérobe, il objecte, surtout il demande, et c’est en réponse à sa demande que le Seigneur lui confie son Nom indicible qui se révèlera dans ses hauts faits. 2576 Or, " Dieu parlait à Moïse face à face, comme un homme parle à son ami " (Ex 33, 11). La prière de Moïse est typique de la prière contemplative grâce à laquelle le serviteur de Dieu est fidèle à sa mission. Moïse " s’entretient " souvent et longuement avec le Seigneur, gravissant la montagne pour l’écouter et l’implorer, descendant vers le peuple pour lui redire les paroles de son Dieu et le guider. " Il est à demeure dans ma maison, je lui parle bouche à bouche, dans l’évidence " (Nb 12, 7-8), car " Moïse était un homme très humble, l’homme le plus humble que la terre ait porté " (Nb 12, 3). 2577 Dans cette intimité avec le Dieu fidèle, lent à la colère et plein d’amour (cf. Ex 34, 6), Moïse a puisé la force et la ténacité de son intercession. Il ne prie pas pour lui mais pour le peuple que Dieu s’est acquis. Déjà durant le combat avec les Amalécites (cf. Ex 17, 8-13) ou pour obtenir la guérison de Myriam (cf. Nb 12, 13-14), Moïse intercède. Mais c’est surtout après l’apostasie du peuple qu’il " se tient sur la brèche " devant Dieu (Ps 106, 23) pour sauver le peuple (cf. Ex 32, 1 – 34, 9). Les arguments de sa prière (l’intercession est aussi un combat mystérieux) inspireront l’audace des grands priants du peuple juif comme de l’Église : Dieu est amour, il est donc juste et fidèle ; il ne peut se contredire, il doit se souvenir de ses actions merveilleuses, sa Gloire est en jeu, il ne peut abandonner ce peuple qui porte son Nom. Parole de Dieu Exode 3, 1-15 01 Moïse était berger du troupeau de son beau-père Jéthro, prêtre de Madiane. Il mena le troupeau au-delà du désert et parvint à la montagne de Dieu, à l’Horeb.02 L’ange du Seigneur lui apparut dans la flamme d’un buisson en feu. Moïse regarda : le buisson brûlait sans se consumer. 03 Moïse se dit alors : « Je vais faire un détour pour voir cette chose extraordinaire : pourquoi le buisson ne se consume-t-il pas ? »04 Le Seigneur vit qu’il avait fait un détour pour voir, et Dieu l’appela du milieu du buisson : « Moïse ! Moïse ! » Il dit : « Me voici ! »05 Dieu dit alors : « N’approche pas d’ici ! Retire les sandales de tes pieds, car le lieu où tu te tiens est une terre sainte ! »06 Et il déclara : « Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob. » Moïse se voila le visage car il craignait de porter son regard sur Dieu.07 Le Seigneur dit : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrances.08 Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de ce pays vers un beau et vaste pays, vers un pays, ruisselant de lait et de miel, vers le lieu où vivent le Cananéen, le Hittite, l’Amorite, le Perizzite, le Hivvite et le Jébuséen.09 Maintenant, le cri des fils d’Israël est parvenu jusqu’à moi, et j’ai vu l’oppression que leur font subir les Égyptiens.10 Maintenant donc, va ! Je t’envoie chez Pharaon : tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les fils d’Israël. »11 Moïse dit à Dieu : « Qui suis-je pour aller trouver Pharaon, et pour faire sortir d’Égypte les fils d’Israël ? »12 Dieu lui répondit : « Je suis avec toi. Et tel est le signe que c’est moi qui t’ai envoyé : quand tu auras fait sortir d’Égypte mon peuple, vous rendrez un culte à Dieu sur cette montagne. »13 Moïse répondit à Dieu : « J’irai donc trouver les fils d’Israël, et je leur dirai : “Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous.” Ils vont me demander quel est son nom ; que leur répondrai-je ? »14 Dieu dit à Moïse : « Je suis qui je suis. Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : “Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est : JE-SUIS”. »15 Dieu dit encore à Moïse : « Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : “Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est LE SEIGNEUR, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob”. C’est là mon nom pour toujours, c’est par lui que vous ferez mémoire de moi, d’âge en âge. Piste théologique Dieu a parlé dans le silence du désert à Moïse. La dynamique de la parole et du silence, présente au Buisson ardent, marque aussi la prière de Jésus dans toute son existence terrestre, surtout sur la croix, Buisson Ardent où Dieu se révèle d’une façon définitive, touche aussi notre vie de prière dans deux directions. La première est celle qui concerne l’accueil de la Parole de Dieu. Le silence intérieur et extérieur est nécessaire pour que cette parole puisse être entendue. Et c’est un point particulièrement difficile pour nous à notre époque. En effet, notre époque ne favorise pas le recueillement et l'on peut même avoir parfois l’impression qu’il existe une peur de se détacher, même pour un instant, du fleuve de paroles et d’images qui marquent et remplissent les journées. C’est pourquoi dans l’Exhortation Verbum Domini que j’ai déjà mentionnée, j’ai rappelé la nécessité de s’éduquer à la valeur du silence : « Redécouvrir le caractère central de la Parole de Dieu dans la vie de l’Eglise veut dire redécouvrir le sens du recueillement et de la paix intérieure. La grande tradition patristique nous enseigne que les mystères du Christ sont liés au silence; par lui seul, la Parole peut faire en nous sa demeure, comme chez Marie, qui est inséparablement la femme de la Parole et du silence » (n. 66). Ce principe — que sans le silence, on n’entend pas, on n’écoute pas, on ne reçoit pas une parole — vaut surtout pour la prière personnelle, mais aussi pour nos liturgies : pour faciliter une écoute authentique, elles doivent être aussi riches de moments de silence et d’accueil sans parole. La remarque de saint Augustin est toujours valable Verbo crescente, verba deficiunt — « Quand le Verbe de Dieu augmente, les paroles de l’homme manquent » (cf. Sermons 288,5 : PL 38, 1307 ; Sermons 120, 2 : PL 38,677). Les Evangiles présentent souvent, surtout au moment de choix décisifs, Jésus qui se retire seul dans un lieu à l’écart de la foule et de ses propres disciples pour prier dans le silence et vivre sa relation filiale avec Dieu. Le silence est capable de creuser un espace intérieur au plus profond de nous-mêmes, pour y faire habiter Dieu, pour que sa Parole demeure en nous, pour que l’amour pour Lui s’enracine dans notre esprit et notre cœur, et anime notre vie. La première direction est donc de réapprendre le silence, l’ouverture pour l’écoute, qui nous ouvre à l’autre, à la Parole de Dieu. Il existe toutefois également une deuxième relation importante entre le silence et la prière. En effet, il n’existe pas seulement notre silence pour nous disposer à l’écoute de la Parole de Dieu. Souvent, dans notre prière, nous nous trouvons face au silence de Dieu, nous éprouvons presque un sentiment d’abandon, il nous semble que Dieu n’écoute pas et ne répond pas. Mais ce silence de Dieu, comme cela a été le cas également pour Jésus, n’exprime pas son absence. Le chrétien sait bien que le Seigneur est présent et écoute, même dans l’obscurité de la douleur, du refus et de la solitude. Jésus rassure ses disciples et chacun de nous que Dieu connaît bien nos nécessités à tout moment de notre vie. Il enseigne aux disciples : « Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s'imaginent qu'à force de paroles ils seront exaucés. Ne les imitez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin avant même que vous l'ayez demandé » (Mt 6, 7-8) : un cœur attentif, silencieux, ouvert est plus important que de nombreuses paroles. Dieu nous connaît intimement, plus que nous-mêmes, et nous aime : savoir cela doit être suffisant. Dans la Bible, l’expérience de Job est particulièrement significative à ce propos. En peu de temps, cet homme perd tout : sa famille, ses biens, ses amis, sa santé : il semble véritablement que l’attitude de Dieu envers lui soit celle de l’abandon, du silence total. Pourtant Job, dans sa relation avec Dieu, parle avec Dieu, crie à Dieu ; dans sa prière, en dépit de tout, il conserve intacte sa foi et, à la fin, il découvre la valeur de son expérience et du silence de Dieu. Et ainsi, à la fin, s’adressant au Créateur, il peut conclure : « Je ne te connaissais que par ouï-dire, mais maintenant mes yeux t’ont vu » (Jb 42, 5) : nous connaissons presque tous Dieu uniquement par ouï-dire et plus nous sommes ouverts à son silence et à notre silence, plus nous commençons à le connaître véritablement. Cette extrême confiance qui s’ouvre à la rencontre profonde avec Dieu a mûri dans le silence. Saint François-Xavier priait en disant au Seigneur : je t’aime non parce que tu peux me donner le paradis ou me condamner à l’enfer, mais parce que tu es mon Dieu. Je t’aime parce que tu es Toi ». En nous approchant de la conclusion des réflexions sur la prière de Jésus, nous reviennent à l’esprit certains enseignements du Catéchisme de l’Eglise catholique : « Le drame de la prière nous est pleinement révélé dans le Verbe qui s’est fait chair et qui demeure parmi nous. Chercher à comprendre sa prière, à travers ce que ses témoins nous en annoncent dans l’Evangile, c’est nous approcher du Saint Seigneur Jésus comme du Buisson ardent : d’abord le contempler lui-même en prière, puis écouter comment il nous enseigne à prier, pour connaître enfin comment il exauce notre prière » (n. 2598) Partager C’est dans le silence de son cœur que Moïse entend l’appel de DIEU Il voit le buisson ardent, il s’arrête, il le contemple, il écoute et il répond, ME VOICI !..

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Seigneur apprends-nous à prier « Nous voulons apprendre à vivre encore plus de Jésus pour apprendre à prier avec authenticité. le lieu où vivent le Cananéen, le Hittite, l'Amorite, le Perizzite, le Hivvite et le Jébuséen.09
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