, HESPERIS ARCHIVES BERBÈRES et BULLETIN DE L'INSTITUT DES HAUTES ÉTUDES MAROCAINES _.~- ANNÉE 1949 xxxvr TOME LIBRAIRIE LAROSE, PARIS Il, RUE VICTOR-COUSIN, VC HESPÉRIS ~-\ TOME XXXVI ---\ SOMMAIRE - Du nouveau sur Bastiùo de Vargas, agenL porLugais au Maroc. - L'Evèquede Fès en 15;14)............................. 233 G. DEVERDUN. -- Note sur les plans français de Marrakech au XIXe siècle .. ....... .. ... .... ... .. .. .. ..... ......... .. 236 G. PIANEL. - Une source nouvelle de l'histoire sa'dienne ... .... .... 213 * ** COMPTES RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES Ph. MARÇAIS, L'Articulation de l'emphase dans un parler maghrébin (L. BRUNOT), p. 247. - V. MONTEIL, Notes sur Ifni et les AitBa-eAmran et Notessurles Tekna (L. BRUNOT), p. 248. - Gilbert-Ch. PICARD, Castellum Dimmidi (R. THOUVE NOT), p. 249. - Fontes medievais da historia de Portugal (R. RICARD), p. 251. - Collection «Islam et Christianisme)) (G.-H. BOUSQUET), p. 253. - J. BE NECH, Un des aspects du Judaïsme. Essai d'explication d'un mellah (A. ADAM), p. 253. - Dr C. NOOTEBOON, Tondongkoera, village de montagne dans le Sud Ouest de Célèbes (A. ADAM), p. 25G. - J. DESPOIS, L'Afrique du Nord (Géo graphie de l'Union française) (J. CÉLÉRIEH), p. 257. - Fr. BRÉMARD, L'Or ganisation régionale du Maroc (J. CÉLÉHIIm), p. 2(j7. HESPÉRIS TOME XXXVI Année 1949 SOMMAIRE NÉCROLOGIE: Octave Pesle (1889-1947) 1 Henri Bruno (1888-1948) ~ .. . .. .. ... .• ....... 3 Travaux d'Henri Bruno . ......... .... .... ...... .. ...... .... 6 Armand Ruhlmann (1896-1948) 7 ARTICLES: ~ Dr J. HERBER. ~ Notes sur les tatouages au Maroc . 11 R.. MAUNY. - Autour d'un texte bien controversé: le « périple» de Polybe (146 av. J.-,C.) ..................................• 47 .. P. PARIS. - Voile latine ~ Voile arabe ? Voile mystérieuse . 69 Mme DJ. JACQUES-MEUNIÉ. - Greniers collectifs . 97 G. VAJDA. - Un recueildetexteshistoriques judéo-marocains(2epartie) 139 • V. MONTEIL. - Notes sur la Toponymie, l'Astronomie et l'Orientation chez les Maures : . 189 Ch. PENZ. - Lettres inédites sur la captivité de Bidé de Maurville à Marrakech (1765-1767) . 221 " * ** COMMUNICATIONS: R. RICARD. ~ Ibero-Africana. (Sur Mazagan au x'Ve siècle. - Le procès de D. Alv~ro de Abranches, Gouverneur d'Azemmour. OCTAVE PESLE (1889-1947) Le 2X mai l~llï, en quelques heures, Octave Pesle l'tait en!Pv(~ù l'affection dl's siens el Ù l'amitil' de ses collègucs. Commc professeur el comme cher <'I1l'ur, il comptait parmi les anciens de Botre maisoll. ])l~S son arrivl~e au :\Iaroc, où il devait fournir une belle carrière administrative, il avait l'tl' chargl' de cours aux Centres d'études juridiques. :\Tais cc Français, né en Algéric, chcz qui le spcelac!P de la vie musulmane, loin de ('J'l'el' une paisih!P accoutumance, avait excitl' autant de curiosité que de sympathie, ne pouvait se contenter de ses tùehes d'administrateur~ Tl avait voulu savoir où la pensl'e et l'action des lVIusulmans prennent leurs racines les plus prol'ondes. Avec Si Mohammed Tijani, il nous avait donné unc nouvelle traduelion du COraIl. Celte collaboration amicale cl confiante illustre la ml~thode que suivit Octave Pesle: iJ sut toujours associer des amis musulmans ù ses recherches, .confronter ses analyses avec leurs propres points de vue: il recherchait non sculement J'ohjectivité documentaire mais, aussi, l'objec tivité psychologique. .Juriste, ami et connaisseur des l'l'alités de l'Islam, Octave Pesle fut vite aUirl' vers le droit musulman. Il eut vite fait de saisir non seulement quelle importance pratique avait le ('Imtll, mais ('ombien la pensl'e et les ml'thodes malékitcs avaient marqul' ce pays. 11 voulut donner mieux ù ceux qui n'avaient pas, comme lui, acci's aux sources, un véritable contact avec les institutions juridiques de ce pays et l'esprit qui les anime. Grùce ù son activiU~ infatigable, il édifia patiemment une œuvre aussi considérable que logiquement ordonnée. Les premiers travaux sur la famille le conduisirent il l'étude de l'adoption, du testament, du mariage et de la répudiation, des successions et de la tutelle. Par la donation et par la vente, il abordait bientôt des sujets qui louchaient au droit commer- IIESPI'HIS. T. XXXVI. 1/2-1!1-1!J. 2 NÉCROLOGIE cial et à l'économie en analysant les problèmes posés par les contrats de louage, d'association et par le crédit. Sa longue pratique des institutions de l'Empire chérifien le conduisit aussi à l'étude des habous, de l'organisation de la justice et du chraa, de la procédure dans l'Islam marocain. Dans tous ces ouvrages il avait tenu à fournir, én même temp~ que des études scientifiques, des ouvrages directement utiles aux praticiens. Dans ses deux derniers volumes, il nous livra des réflexions plus hautes et des idées plus personnelles en étudiant les fondements du droit musulman antique et la femme musulmane dans le droit et la religion. Ses dernières œuvres,' qui couronnaient une œuvre imposante, lui avaient valu le Prix du Maroc. Le 13 décembre 1946, surlaproposition de Me Henri Bruno, il était désigné comme directeur d'études à l'Institut des Hautes Etudes Marocaines. Nous eftmes alors l'Qccasion de mieux apprécier les belles qualités de l'homme: Octave Pesle était d'une bonté indulgente et d'une admirable patience, d'un dévouement silencieux et infatigable à ses élèves et à ses amis. Mais des remarques clairvoyantes, exprimées avec un humour discret et charmant, montraient que ce laborieux et ce modeste était un esprit original et savoureux. ; Dans cette maison qu'il aimait, et où il aurait dû passer de longues et fructueuses années au milieu d'amitiés anciennes et nouvelles, le regret que nous inspire son œuvre interrompue s'associe à la tristesse de ne plus voir parmi nous un homme dont la science et l'amiti~donnaient la même impression de confiante sécurité. Henri TERRASSE. HENRI BRUNO (1888-1948) L'Institut des Hautes Études Marocaines est une fois tIe plus en deuil ; le bâtonnier Henri Bruno, le plus ancien de ses directeurs d'études est décédé le 15 février 1948. Un accident d'automobile l'a enlevé brusquement à l'affection des siens, à l'estime, à l'amitié de ses confrères et de ses collègues du monde savant. Henri Bruno était né à Cherchell le 29 ~vril 1888, d'une famille d'origine haïtienne. De brillantes études au Lycée d'Alger, puis aux Facultés de la même ville lui valurent, d'une part, les diplômes de bachelier ès lettres et de licencié en droit et, d'autre part, le certificat supérieur de droit musulman et de coutumes kabyles, ainsi que le brevet de berbère. Il se rendit ensuite à Paris; il Y obtint le diplôme de l'École nationale des langues orientales vivantes et celui de docteur en droit ès sciences juridiques avec une thèse remarquée sur Le Régime des eaux en droit musulman. Il fut d'ailleurs lauréat de la Faculté de droit de Paris comme de celle d'Alger. Avocat stagiaire au barreau de Paris de 1909 à 1913, il était en 1913 reçu dans les tout premiers à l'examen professionnel d'entrée dans la magis trature. Cependant il ne sollicita pas un poste dans un tribunal et, la même année, fut nommé rédacteur à la Résidence Générale de France au Maroc. Contrôleur civil suppléant en 1915, commissaire du gouvernement près les juridictions chérifiennes en 1917, inspecteur-adjoint des Services judiciaires chérifiens l'année suivante, il devenait, en 1919, chef du Service de contrôle de la justice chérifienne. Mais en 1920, il quittait l'administra tion pour s'inscrire ail barreau de la Cour d'appel de Rabat; membre du conseil de l'ordre en 1928, la confiance de ses confrères l'appelait peu après au bâtonnat, dont il exerça les fonctions de 1930 à 1932. Parallèlement, Henri Bruno suivait une carrière scientifique. Dès 1913, il assumait la charge de maître de conférences de droit musulman à l'École supérieure de langue et de littérature arabes et de dialectes berbères de 4 NÉCHOLOGIE Rabat. En 1920, il était nommé directeur d'études de droit musulman et de droit coutumier berbère à l'Institut des Hautes-Études Marocaines. Depuis 1932, il professait chaque année à l'École de la France d'Outre-Mer à Paris. En outre, pendant de nombreuses années, il enseigna le droit musulman au Cours de perfectionnement des officiers des Affaires indigènes à Rabat. Dès ses débuts dans l'administration, Henri Bruno se fit remarquer par sa vive et lucide intelligence, par sa conscience etpar son ard~urau travail. Ses enquêtes en tribus berbères, ont servi de base aux premières mesures prises pour la réorganisation judiciaire des pays de coutume. Avec son ami, le bâtonnier Arin, de Marrakech, il fut l'un des meilleurs artisans des améliorations apportées à la justice chérifienne de 1913 à 1920. Par la suite, il demeura le conseiller très écouté des Services du Protectorat. Membre de la Commission de réforme de la justice chérifienne, il prit une part active aux travaux de la Commission de rédaction du code pénal chérifien. Il faisait également partie du Conseil supérieur du paysanat. Par ailleurs, il avait bien vite compté parmi les maîtres du barreau. Juriste consommé, sa connaissance de la langue arabe l'avait dirigé vers le droit musulman et surtout le droit immobilier. Il n'était guère d'avocat plus apprécié que lui, tant des tribunaux français que des juridictions chérifiennes; en matière d'immatriculation notamment, son autorité était incontestable et incontestée. ~e bâtonnier Bruno a publié un certain nombre d'articles et plusieurs volumes, exclusivement consacrés au Maroc ou au droit musulman. Mais plus encore que par ses écrits, ce fut par son enseignement et ses conseils qu'il exerça une heureuse influence. Bien des contrôleurs civils, des officiers des Affaires indigènes, des magistrats, des avocats ont été guidés par lui dans leurs études marocaines. Nous avons ainsi personnellement bénéficié de ses encouragements et lui en gardons une reconnaissance émue. Dans les dernières années qui ont précédé sa disparition, Henri Bruno avait consacré une grande partie de son activité, sous l'égide du Centre national de la recherche scientifique, au développement des rapports culturels entre les Français et les Marocains. C'est ainsi qu'il avait été le promoteur des conférences faites en Sorbonne par le cadi de Casablanca, en 1947, sur les sources du droit musulman. En outre, plusieurs arabisants ~ECHOL()(~IE ;) tl'all\';lis, alglTielis ou 11IarocaillS, prl~Jlaraielit SOIIS sa (Iin'l'Ii()11 ulle sl'rie de ll';lduclions tran\:aises d'ollvrages dl' droit mllslllnian. ,\vocat cl savant, Ilenri Bruno l'tait l'gaiement, dans la vIe pnvCl', le nll'illeur et le plus charmant des homllles. Sa souriante alllabilitl', son extrème ohligeance, son humeur toujours égale faisaient de lui le plus pre('lCux dcs amis. Sa gl'nl'rosiL(' s'est l'tendue ù notre Institut cl, chaque annl'c, le Prix Henri Bruno vient récompenser un dudiant de nos Centres d'l'tudes juridiques. :\Ielllbre cOl'l'espondalll de l'Académie des sciences coloniales, membre du Comitl~ direeteur de l'Association des avocats, viee-président du Comité de 1',\lliance française de Hahat, Iienri Bruno avait l'Lé également membre de la Commission municipale de Habat. D'autre part, il était chevalier de la Ll'gion d'honneur, officier de l'Instruction publique, chevalier du Ml'rite soeial, commandeur du Ouissam alaouiLe ct officier du Nicham Iftikhar. Enfin le Prix du AlI/l'OC lui dait, en IfH8, dl'cerné il titre posthume etvenait consacrer Il' ml'rite de sou œuvre. Ilenri Bruno n'est plus, mais son souvenir demeurera vivant chez tous ceux qui l'ont connu el apprécil" notamment chez ses collègues et ses amis de l'Institut des 1Iautes I:~tudes Marocaincs. TRAVAUX D'HENRI BRUNO Le Régime des eaux en droit musulman, 1913. Notes sur le statut coutumier des Berbères marocains, in (c Archives Berbères n, vol. l, 1915-1916. Cours de droit coutumier berbère,1916(nonpublié). Introduction à l'étude du droit coutUmier des Berbères du Maroc central, in « Revue algérienne, tunisienne etmarocaine de législation n, 1920. La Justice indigène, conférence faite à l'Ecole arabo-berbère de Rabat, 1921. La Justice berbèreau Maroc central,in«Hespéris », 1922. La Justice indigène au Maroc, in c( Bulletin du Comité de l'Afrique française n, 1933. A la Recherche d'une Politique indigène, in cc Bulletin du Comité de l'Afrique fran- çaise », 1933. Au Maroc. Le Cultivateur indigène et l'impôt, in cc Bulletin du Comité de l'Afrique française », 1934. Jurisprudence chérifienne, in «Revue marocaine de législation », 1935: La Réorganisation de la justice séculière au Maroc, in « Questions nord-africaines », 1935. LeLivredes Magistratures d'El-Wancharisi, 1937(encollaborationavec GAUDEFROY DEMOMBYNES). La Protection du Paysanat indigène au Maroc, in «Bulletin du Comité de l'Afrique française », 1938. Histoire de l'organisation judiciaire en pays d'Islam, par E. TYAN, compte rendu in «Hespéris », 1939. Actes sous seings privés etactes notariés, in «Gazette des Tribunauxdu Maroc», 1940. La Justice indigène, in cc Introduction à la connaissance du Maroc », 1942. Le Dahir du 7 février 1944 sur l'organisation des tribunaux du Chrda dans l'empire chérifien, in «Gazette des Tribunaux du Maroc», 1944. Contribution à l'étude des Pactes de protection et d'alliance chez les Berbères du Maroc central, in «Hespéris », 1946 (en collaboration avec G.-H. BOUSQUET). La Responsabilité du fait des choses inanimées en droit musulman malékite et en droit marocain, in « Revue algériimne, tunisienne et marocaine de législation », 1946 (en collaboration a'Tec P. DECROUX). Répertoire alphabétique de la jurisprudence de la Cour d'appel de Rabat, 2vol., 1947 (en collaboration avec P. MoussARD).
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