Alg`ebre lin´eaire et g´eom´etrie pour le CAPES1 Olivier DEBARRE 1Version tr`es pr´eliminaire Table des mati`eres Chapitre 1. Espaces vectoriels et applications lin´eaires 5 1. D´efinitions 5 2. Applications lin´eaires 5 3. Bases 5 Chapitre 2. R´eduction des endomorphismes 7 1. Sous-espaces stables 7 2. Sous-espaces propres et polynˆome caract´eristique 8 3. Trigonalisation 9 4. Polynoˆme minimal 10 5. Espaces caract´eristiques 11 6. D´ecomposition de Dunford 14 Chapitre 3. G´eom´etrie affine 17 1. Espaces et sous-espaces affines 17 2. Applications affines 17 3. Rep`eres 18 4. Barycentres 18 5. Convexes 21 Chapitre 4. Espaces vectoriels euclidiens 23 1. Produit scalaire, norme 23 2. Bases orthogonales, bases orthonorm´ees 24 3. Endomorphismes sym´etriques 25 4. Isom´etries 27 5. Isom´etries du plan complexe 28 6. Isom´etries et d´eplacements de l’espace 28 7. Produit vectoriel 29 Chapitre 5. Espaces affines euclidiens 31 1. Projection sur un convexe 31 2. Isom´etries affines 33 3. Isom´etries et d´eplacements du plan 35 4. Similitudes 39 3 4 TABLE DES MATIE`RES 5. Similitudes planes 40 6. Homographies 41 7. Isom´etries et d´eplacements de l’espace 42 Chapitre 6. Coniques et quadriques 45 1. Formes quadratiques 45 2. D´efinition des quadriques 47 3. Classification euclidienne des coniques 49 4. Classification euclidienne des quadriques 51 5. Coniques 51 6. Application `a la r´esolution d’´equations quadratiques dans Z 55 7. Quadriques sur un corps fini 57 CHAPITRE 1 Espaces vectoriels et applications lin´eaires 1. D´efinitions Espace vectoriel, sous-espace vectoriel. Exemples : Rn, plan et droites dans R3. Intersection de sous-espaces vectoriels, sous-espace vectoriel engendr´e par une partie S comme intersection des sous-espaces contenant S ou comme ensemble des combinaisons lin´eaires d’´el´ements de S. Somme de sous-espaces vectoriels comme sous-espace vectoriel engendr´e par la r´eunion ou comme ensemble de sommes d’´el´ements de chaque sous-espace vectoriel. Somme directe, exemples dans R3. 2. Applications lin´eaires D´efinition,image,noyau(exempleavec´equationsdansR3).Exemples:sym´etries et projections. 3. Bases Famille g´en´eratrice, libre; base. Th´eor`emes fondamentaux sur l’existence des bases. Formule du rang, formule de Grassmann. 5 CHAPITRE 2 R´eduction des endomorphismes Dans tout ce chapitre, u d´esigne un endomorphisme d’un espace vectoriel E non nul de dimension n > 0 sur un corps k. Le but de la th´eorie de la r´eduction des endomorphismes est de trouver une base de E dans laquelle la matrice de u soit « la plus simple possible ». Il y a bien suˆr plusieurs fa¸cons de comprendre cette expression, et donc diff´erents types de r´eduction. Du point de vue matriciel, cela revient, ´etant donn´ee une matrice carr´ee M, a` trouver une matrice inversible P telle que P−1MP soit « la plus simple possible ». 1. Sous-espaces stables Un sous-espace vectoriel F de E est stable u si l’image par u de tout point de F est encore dans F. On ´ecrit u(F) ⊂ F. C’est une notion tr`es importante. Si F est un sous-espace stable de E et que G est un suppl´ementaire de F dans E, c’est-a`-dire que l’on a E = F ⊕G, la matrice de u dans une base de E constitu´ee de la r´eunion d’une base B de F et d’une base B de G est «triangulaire sup´erieure F G par blocs », c’est-`a-dire de la forme (cid:18) (cid:19) A B 0 D ou` A est la matrice dans la base B de la restriction de u a` F. La d´etermination F d’un sous-espace stable est donc d´eja` le d´ebut d’une r´eduction de u. Si on peut trouver un suppl´ementaire G qui est aussi stable par u (mais ce n’est pas toujours possible), on a B = 0 dans la matrice ci-dessus, qui est donc de la forme (cid:18) (cid:19) A 0 0 D On dit qu’elle est « diagonale par blocs ». On peut donc pr´eciser l’objectif de la r´eduction:trouveruned´ecompositiondeE ensommedirectedesous-espacesstables par u tels que la restriction de u a` chacun de ces sous-espaces (correspondant a` chacun des « blocs ») soit « la plus simple possible ». 7 8 2. RE´DUCTION DES ENDOMORPHISMES Exercice 1. Trouver une droite de R2 stable par l’endomorphisme u d´efini par u(x,y) = (x,x+y) Admet-elle un suppl´ementaire stable? 2. Sous-espaces propres et polynoˆme caract´eristique L’endomorphisme le plus simple est une homoth´etie. Suivant le principe ci- dessus, on cherche un sous-espace de E sur lequel u est une homoth´etie de rapport λ ∈ k. Dans ce but, on d´efinit, pour chaque λ ∈ k, l’espace propre de u associ´e par E = Ker(u−λId ) λ E C’est un sous-espace vectoriel stable de E sur lequel u est l’homoth´etie de rapport λ. Un´el´ement de E s’appelle un vecteur propre de u (pour la valeur propre λ). Pour λ des raisons techniques, on suppose souvent un vecteur propre non nul (de sorte que la valeur propre associ´ee est bien d´etermin´ee). Les valeurs propres de u sont les ´el´ements λ de k pour lesquels existe un vecteur propre (non nul). C’est le cas si et seulement si l’endomorphisme u−λId n’est pas injectif, ou encore pas bijectif, vu E que l’on est en dimension finie. Les valeurs propres de u sont donc les racines dans k du polynˆome caract´eristique χ (X) = d´et(XId −u) u E polynoˆme unitaire de degr´e n a` coefficients dans k. Pratiquement, on calcule donc les valeurs propres en cherchant les racines du polynoˆme caract´eristique. Lorsque k = C, il existe toujours des valeurs propres (puisqu’on a suppos´e n > 0). La multiplicit´e de la valeur propre λ est par d´efinition sa multiplicit´e comme racine de χ . u Exercice 2. L’endomorphisme u de R2 d´efini par u(x,y) = (y,−x) a-t-il des valeurs propres? Les espaces propres sont en somme directe, mais leur somme n’est E que si u est diagonalisable. Par exemple, la seule valeur propre de la matrice carr´ee 0 1 0 ··· ... 0 0 0 1 0 ... 0 ... ... ... ... ... (1) U = s ... ... ... 0 0 ··· ··· ··· 0 1 0 ··· ··· ··· ··· 0 est 0, et l’espace propre associ´e est de dimension 1. 3. TRIGONALISATION 9 Exercice 3. Montrer que l’endomorphisme de kn de matrice 1 ··· 1 . . . . . . 1 ··· 1 dans la base canonique est diagonalisable en d´eterminant ses valeurs propres et ses espaces propres. 3. Trigonalisation On dit que u est trigonalisable s’il existe une base de E dans laquelle sa matrice est triangulaire sup´erieure. Exercice 4. Montrer qu’il existe une base dans laquelle la matrice d’un endomorphisme trigonalisable est triangulaire inf´erieure. The´ore`me 1. Un endomorphisme est trigonalisable si et seulement si son po- lynˆome caract´eristique est scind´e dans k. En particulier, lorsque k = C, tout endomorphisme est trigonalisable. De´monstration. On proc`ede par r´ecurrence sur la dimension n de E. Il existe par hypoth`ese une racine λ dans k du polynoˆme caract´eristique, c’est-`a-dire une valeur propre. Soit e un vecteur propre associ´e, soit E la droite vectorielle engendr´ee par 1 e et soit E un suppl´ementaire de E dans E. On est dans la situation ´evoqu´ee plus 2 1 haut : la matrice de u dans une base de E constitu´ee de e et d’une base de E est 2 « triangulaire sup´erieure par blocs » du type (cid:18) (cid:19) λ B 0 D On peut appliquer l’hypoth`ese de r´ecurrence a` l’endomorphisme de E de matrice 2 D : dans une base convenable de E , sa matrice est triangulaire sup´erieure. Si on 2 ajoute e a` cette base, on obtient une base de E dans laquelle la matrice de u est triangulaire sup´erieure. (cid:3) Exercice 5. Soit u un endomorphisme nilpotent de E, c’est-`a-dire tel qu’il existe un entier r > 0 tel que ur = 0. (a) Montrer que u n’est pas injectif. (b) Montrer qu’il existe une base de E dans laquelle la matrice de u est de la (cid:18) (cid:19) 0 B forme , ou` D est une matrice carr´ee d’ordre n−1. 0 D (c) Montrer que la matrice D est nilpotente. 10 2. RE´DUCTION DES ENDOMORPHISMES (d) Montrer par r´ecurrence sur n qu’il existe une base dans laquelle la ma- trice de u est triangulaire sup´erieure avec des 0 sur la diagonale. D´eterminer le polynˆome caract´eristique de u. (e) Montrer un = 0. 4. Polynˆome minimal Si P(X) = a +a X+···+a Xr est un polynˆome a` coefficients dans k, on note 0 1 r P(u) l’endomorphisme a Id +a u+···+a ur de E. On d´efinit ainsi un morphsime 0 E 1 r de k-alg`ebres ϕ : k[X] −→ End(E) u P (cid:55)−→ P(u) Cela signifie que l’on a (P + Q)(u) = P(u) + Q(u) et (PQ)(u) = P(u) ◦ Q(u). L’espace vectoriel End(E) des endomorphismes de E ´etant de dimension finie n2, la famille {Id ,u,u2,...,un2} est li´ee. Il existe donc un polynˆome non nul P (de degr´e E au plus n2) tel que P(u) = 0. En d’autres termes, le morphisme ϕ n’est pas injectif. u Son noyau est un id´eal non nul de l’anneau principal k[X] donc est engendr´e par un polynoˆme unitaire uniquement d´etermin´e, que l’on appelle le polynˆome minimal de u, et que l’on notera µ . C’est le polynoˆme unitaire de plus petit degr´e qui annule u u. Il est toujours de degr´e > 0 (car E (cid:54)= 0). Exemples 1. (1) Le polynoˆme minimal de l’homoth´etie λId est X − λ; en E particulier, le polynoˆme minimal de l’endomorphisme nul est X. (2) On d´efinit de fac¸on analogue le polynˆome minimal d’une matrice carr´ee M a` coefficients dans k. Notons que le polynoˆme minimal de M reste le polynˆome minimal de la matrice M vue comme matrice a` coefficients dans n’importe quel corps contenant k. Cela r´esulte du fait que le degr´e du polynˆome minimal est le rang de la famille {Mr} . r∈N Exercice 6. Montrer que si u est nilpotent, son polynˆome minimal est Xs, avec s (cid:54) n (utiliser l’exercice 5.(e)). Lemme 1. Les valeurs propres de u sont exactement les racines dans k de son polynˆome minimal. De´monstration. Soit λ ∈ k; en substituant u a` X dans la division euclidienne µ (X) = Q(X)(X −λ)+µ (λ), on obtient u u (2) 0 = µ (u) = Q(u)◦(u−λId )+µ (λ)Id u E u E Si λ est valeur propre de u, on a u(x) = λx pour un vecteur propre (non nul) x. Si on applique l’´egalit´e (2) a` x, on obtient (cid:0) (cid:1) 0 = Q(u) (u−λId )(x) +µ (λ)x = µ (λ)x E u u
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