Description:C'est à partir d'un dialogue avec la phénoménologie husserlienne et heideggerienne que Lévinas et Derrida élaborent leurs conceptions de l'identité du moi : une identité précaire qui se trouve et se perd dans l'appel, la mémoire et la fidélité à autrui. Dans ce cadre, il semble légitime de suivre d'abord le parcours de Lévinas, en retraçant sa volonté de poursuivre la phénoménologie de Husserl dans un sens plutôt éthique qu'ontologique. Ceci étant, la conception lévinassienne du moi et de l'autre s'éloigne de plus en plus de l'expérience phénoménologique. Car l'autre devient une épreuve traumatique qui forge le moi et qui laisse en lui une trace ineffaçable de culpabilité au moment de sa mort. C'est à partir de là que Derrida construit sa réflexion sur le deuil impossible, à savoir celui qui ne saurait jamais se faire entièrement parce que l'autre, même après sa mort, habite le moi comme un étranger incrypté au plus profond de lui.