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60 ans d'histoire de l'UNESCO: actes du Colloque international, 16-18 novembre 2005, Maison de l'UNESCO, Paris PDF

555 Pages·2007·7.03 MB·French
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Les auteurs sont responsables du choix de la présentation des faits fi gurant dans cet ouvrage, ainsi que des opinions qui y sont exprimées, lesquelles ne sont pas nécessairement celles de l’UNESCO et n’engagent pas l’Organisation. Les appellations employées dans cette publication et la présentation des données qui y fi gurent n’impliquent de la part de l’UNESCO aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. Colloque international organisé en partenariat avec : (cid:129) Université de Paris I, Panthéon-Sorbonne ; (cid:129) Centre d’histoire de Sciences-Po, Paris ; (cid:129) Centre for History and Economics, University of Cambridge ; (cid:129) United Nations Intellectual History Project, City University of New York Graduate Center ; (cid:129) Institut national de l’audiovisuel (INA), France. En couverture : Ouverture de la première session de la Conférence générale de l’UNESCO, présidée par Monsieur Léon Blum (France) – La Sorbonne, Paris, 1946 Publié en 2007 par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture 7, place de Fontenoy, 75352 PARIS 07 SP Composé et imprimé dans les ateliers de l’UNESCO © UNESCO 2007 Imprimé en France (ARC-07/WS/01) Préface Les institutions, à intervalles réguliers, se trouvent dans la nécessité de réinterpréter leur passé à la lumière du présent. Interroger cette histoire de façon critique et réflexive, tel était l’enjeu du colloque international sur l’histoire de l’UNESCO, organisé au Siège de l’Organisation les 16-18 novembre 2005 à l’occasion des célébrations de son soixantième anniversaire. Le projet « Histoire de l’UNESCO », lancé en 2004, avait pour intention d’aider l’Organisation à porter un regard rétrospectif sur son histoire. Cette initiative, par là même, entendait valoriser les archives de l’UNESCO auprès du public et des chercheurs, interroger la place de l’Organisation dans le champ des relations internationales, et susciter des analyses inédites, vues du centre mais aussi de la périphérie, sur l’action et l’impact de l’Organisation. Ce programme de recherche fut à l’origine de ce colloque, organisé en partenariat avec l’université de Paris I-Panthéon-Sorbonne, le Centre d’histoire de Sciences-Po Paris, le Center for History and Economics de l’université de Cambridge, et le United Nations Intellectual History Project de l’université de New York. Nous pouvons à présent en lire les actes, avec autant de plaisir que d’intérêt, comme l’indice d’une histoire vivante, problématisée, toujours renouvelée. Plus d’une soixantaine d’historiens, retenus à la suite d’un appel international à candidature, se réunirent au Siège pendant trois jours, pour discuter, autour de sessions thématiques, de questions aussi diverses que la coopération internationale, la guerre froide et la décolonisation, le concept de patrimoine, les politiques éducatives et de développement, les droits de l’homme, etc. Une session consacrée à l’histoire orale de l’Organisation permit également de recueillir les témoignages d’anciens fonctionnaires de l’UNESCO, faisant ainsi apparaître avec éclat la singularité des destins et trajectoires personnels dans la construction d’une identité collective. Le colloque, et ce fut là l’un de ses plus grands mérites, a fait apparaître une très grande diversité et richesse de point de vue, tout en ouvrant la voie à de nouveaux chantiers de recherche, telle que l’histoire des bureaux hors-Siège. Cette histoire croisée, non officielle, ouverte sur la pluralité des mémoires, doit être vue comme un point de départ. Elle est à présent soutenue et mise en valeur par un Comité international scientifique, dont l’objectif est d’assurer la mise en œuvre du projet Histoire et le suivi du colloque, en encourageant notamment les travaux de jeunes chercheurs. L’UNESCO, convenons-en, est un lieu d’histoire et un lieu pour l’histoire. Non pas un système lisse de continuités et de causalités évidentes, mais un lieu traversé de discontinuités, de moments âpres et imprévisibles, de paroles singulières et de faits infimes. En somme, un monde à comprendre, suscitant en chacun de nous le goût de l’archive. Cette quête de sens et d’intelligibilité, qui est aussi une promesse d’avenir, n’est en rien une fatalité, mais le gage d’une soumission raisonnée et assumée aux variations du temps de l’histoire. Koïchiro Matsuura Directeur général de l’UNESCO 3 Introduction Comment expliquer qu’on ait si peu écrit sur l’histoire d’une organisation qui incarne de façon exemplaire les « rêves de paix et de liberté » du XXe siècle, pour reprendre l’expression si éloquente de l’historien américain Jay Winter1 ? L’UNESCO, dont la tâche exaltante est d’œuvrer en faveur d’une paix fondée sur la « solidarité intellectuelle et morale » de l’espèce humaine, est parfois qualifiée de « conscience de l’humanité » ; mais en dépit de sa noble mission, qui conjugue idéaux et action concrète, la réflexion historique sur le bilan de l’Organisation, avec ses réussites et ses échecs, n’occupe généralement qu’une place très réduite dans les ouvrages et manuels d’histoire contemporaine. Quelles qu’en soient les raisons, c’est pour tenter de combler cette lacune qu’a été organisé le colloque « 60 ans d’histoire de l’UNESCO ». Sans doute, les travaux scientifiques consacrés à l’histoire de l’UNESCO ne manquent pas, à commencer par les thèses publiées de Jean-Jacques Renoliet sur l’Organisation de coopération intellectuelle de la Société des Nations et de Gail Archibald sur les relations entre les États-Unis et l’UNESCO de 1944 à 1963, sans oublier le travail de pionnier de Denis Mylonas sur la genèse de l’UNESCO2. Nous disposons également de nombreuses études en profondeur très intéressantes sur des points précis de l’histoire de l’UNESCO, ainsi que de témoignages personnels évoquant d’importants aspects de la vie de l’Organisation3. Il existe aussi des chronologies fort utiles4, et tout récemment, à l’occasion de son 60e anniversaire, l’UNESCO a publié un ouvrage qui brosse un panorama de son histoire intellectuelle5. Les nombreux travaux actuellement en cours ou déjà réalisés sur la base de recherches dans les archives témoignent d’un intérêt accru pour l’histoire de l’UNESCO. Pourtant, il reste encore bien des pistes à explorer pour tous les chercheurs désireux de publier des travaux qui permettent de mieux comprendre ce qu’ont été le rôle et la contribution de l’UNESCO dans ses multiples domaines de réflexion et d’action au cours des soixante dernières années. Le colloque, qui s’est tenu au Siège de l’UNESCO du 16 au 18 novembre 2005, a été l’aboutissement d’un appel lancé aux étudiants et chercheurs du monde entier intéressés par l’histoire de l’Organisation. Le but était de susciter un effort de recherche historique aussi diversifié que possible en invitant des chercheurs venus de tous les horizons, avec des approches et des expériences très différentes, à réfléchir sur des points historiques fondamentaux. Notre objectif était de soulever des questions, tant de méthode que de fond, d’identifier les domaines de recherche particulièrement intéressants à explorer plus avant et de dégager des conclusions concernant l’orientation et les priorités futures du Projet « Histoire de l'UNESCO ». Nous souhaitions que ce colloque rassemble de nombreux jeunes étudiants et chercheurs et inspire des travaux de recherche historique où l’UNESCO soit vue à partir de la « périphérie » plutôt que du « centre ». Le Club Histoire de l’Association des anciens fonctionnaires de l’UNESCO (AAFU) a joué un rôle déterminant dans le lancement du Projet « Histoire de l'UNESCO ». Cette entreprise a en particulier bénéficié dès sa conception du soutien généreux, éclairé et sans faille de Nino Chiappano, Etienne Brunswic et Georges Kutukdjian. La coopération entre les Archives de l’UNESCO et le Club Histoire de l’AAFU remonte à 2000, date à laquelle le Club a pris l’initiative d’organiser, conjointement, avec la Fédération mondiale des associations, clubs et 5 centres UNESCO (FMACU) et les Archives de l’UNESCO, une réunion de consultation informelle sur l’histoire de l’Organisation. À la suite de cette réunion et des discussions qui lui ont succédé, le Directeur général a décidé de lancer en 2004 le Projet « Histoire de l’UNESCO » et, en septembre 2005, le Conseil exécutif de l’UNESCO a décidé de créer pour ce projet un compte spécial destiné à recueillir des contributions financières volontaires. Le colloque de novembre 2005 a été la première activité majeure organisée dans le cadre du Projet. L’AAFU avait été invitée à organiser une des tables rondes de cette manifestation, en l’occurrence la Table ronde 9, intitulée : « Les anciens fonctionnaires témoignent ». Le colloque a été préparé en partenariat avec le Centre d'histoire de Sciences Po à Paris, l’Université de Paris I - Panthéon-Sorbonne, le Centre d'histoire et d’économie de l’Université de Cambridge et le United Nations Intellectual History Project du Graduate Center de la City University of New York. Je remercie tout particulièrement Jean-François Sirinelli, Robert Frank, Emma Rothschild et Thomas Weiss pour leur soutien constant et leur rôle décisif. Les collègues et services du Secrétariat de l’UNESCO et les historiens extérieurs à l’Organisation qui ont rendu possibles ce colloque et la présente publication sont nombreux. Même si le nom de la plupart d’entre eux n’est pas mentionné dans les pages qui suivent, leur participation, tant pratique qu’intellectuelle (dans l’esprit de l’UNESCO !) n’en a pas moins été essentielle. Et pour être complète, la liste devrait bien entendu mentionner aussi les magiciens des services de traduction et d’interprétation. Philippe Ratte et Anthony Krause ont été associés de façon active et créatrice à l’ensemble du processus, depuis la conception initiale du colloque jusqu’aux ultimes préparatifs. Françoise Rivière et Cécile Duvelle ont assuré l’indispensable soutien stratégique. Mercedes Aldrete et Gouna Constantin ont apporté leur aide précieuse à la gestion financière et administrative. Phung Tran et Yacine Abbas furent des organisateurs aussi efficaces que dévoués. Enfin, comment ne pas mentionner la petite équipe des jeunes stagiaires qui ont été au cœur de la préparation et de la réalisation de ce colloque : Becky Lynn Jeffers, Vasiliki Kilekli, Laetitia Klotz, Margherita Mugnai et Irena Spirkovska. Caroline Michotte faisait aussi partie de cette équipe et elle s’est en outre dépensée sans compter pour la publication présente des actes de la réunion. Quelques précisions sur le contenu de cette publication ne sont peut-être pas inutiles. Les communications qui y figurent sont de nature très diverse. Il peut s’agir d’analyses historiques complètes sur des points particuliers mais aussi de simples commentaires destinés à enrichir la réflexion historique, sur l’état actuel de la situation à l’UNESCO. En règle générale, chaque table ronde réunissait, autour de son président, trois intervenants et trois « discutants ». Certains discutants, toutefois, ont choisi de présenter eux aussi un bref exposé en rapport avec le thème général de la réunion, pour compléter les communications des intervenants, ce qui ajoute à la diversité des contributions. Enfin, certains champs de recherche d’importance majeure n’ont pratiquement pas été abordés, comme le thème de la communication (avec notamment le débat bien connu et important sur un « nouvel ordre mondial de l’information et de la communication ») ou la problématique du genre. Les organisateurs du colloque ne prétendaient pas à l’exhaustivité : leur ambition était, et demeure, d’encourager et inspirer des recherches futures sur l’histoire de l’UNESCO. Les lecteurs qui souhaitent être tenus au courant de l’évolution du Projet Histoire de l'UNESCO sont invités à consulter les pages web des Archives de l’UNESCO : http://www.unesco.org/archives/. 6 À la suite de ce colloque, le Directeur général a lancé en 2006 une initiative « Archives orales », visant à recueillir des témoignages individuels propres à éclairer l’histoire de l’UNESCO de la part de personnes ayant été étroitement associées aux activités de l’Organisation. Il a souligné dans un message adressé à l’ensemble du personnel que cette initiative était une contribution de l’Organisation au Projet Histoire de l'UNESCO. Le Directeur général a également décidé de créer un Comité scientifique international du Projet « Histoire de l'UNESCO », qui s’est réuni pour la première fois au Siège de l’UNESCO à Paris le 30 juin 2006, puis à nouveau le 23 février 2007. Ce comité scientifique, composé de 11 chercheurs de différentes régions du monde, a pour mission de gérer le Projet « Histoire de l'UNESCO » et de susciter de nouvelles recherches historiques consacrées à l’UNESCO. Le Comité présentera les premiers résultats du Projet et les perspectives d’avenir de celui-ci lors du prochain congrès du Comité international des sciences historiques, qui se tiendra à Amsterdam en 2010. Jens Boel Coordinateur du Projet « Histoire de l'UNESCO » 1 Jay Winter: Dreams of Peace and Freedom. Utopian Moments in the Twentieth Century. Yale University Press, 2006. 2 Jean-Jacques Renoliet : L’UNESCO oubliée. La Société des Nations et la coopération intellectuelle (1919-1946). Paris, Sorbonne, 1999 ; Gail Archibald : Les États-Unis face à l’UNESCO, 1944-1963. Paris, Sorbonne, Paris, 1991 ; Dennis Mylonas : La genèse de l’UNESCO : la Conférence des ministres alliés de l’éducation (1942-1945). Bruxelles, Bruylant, 1976. 3 On peut citer par exemple: Richard Hoggart : An Idea and its servants : UNESCO from within. Londres, Chatto & Windus, 1978 ; et Chikh Bekri : L’UNESCO : une entreprise erronée. Paris, Publisud, 1991. À l’occasion du 60e anniversaire de l’Organisation, l’Association des anciens fonctionnaires de l’UNESCO a fait paraître un recueil de brefs témoignages : L’UNESCO racontée par ses anciens. Paris, UNESCO, 2006. 4 Chronologie de l’UNESCO, 1945-1987 : faits et événements dans l’histoire de l’Organisation accompagnés de références aux sources documentaires aux Archives de l’UNESCO. LAD.85/WS/4 REV. Paris, UNESCO, 1987 ; Michel Conil Lacoste : Chronique d’un grand dessein : UNESCO, 1946-1993 : les hommes, les événements, les accomplissements. Paris, UNESCO, 1994. 5 Roger Pol Droit : L’Humanité toujours à construire : regard sur l’histoire intellectuelle de l’UNESCO, 1945-2005. Paris, UNESCO, 2005. 7 O C S E N U © Cérémonie du soixantième anniversaire de l’adoption de l’Acte constitutif de l’UNESCO Mercredi 16 novembre 2005 Mercredi 16 novembre 2005 Cérémonie du soixantième anniversaire de l’adoption de l’Acte constitutif de l’UNESCO 16 novembre 2005, Célébration du 60e anniversaire de l'UNESCO Les Directeurs généraux (au premier plan, de gauche à droite) : M Koïchiro Matsuura (Japon, Directeur général depuis 1999), M Amadou-Mahtar M'Bow (Sénégal, 1974-1987), M. Federico Mayor (Espagne, 1987-1999). Sur la photo, à l'arrière-plan, de gauche à droite : M. Jaime Torres Bodet (Mexique, 1948-1952), M. Julian Huxley (Royaume-Uni, 1946-1948), M. René Maheu (France, 1961-1974), M. Luther Evans (Etats-Unis d'Amérique, 1953-1958), M. Vittorino Veronese (Italie, 1958-1960) 10 Mercredi 16 novembre 2005 Cérémonie du soixantième anniversaire de l’adoption de l’Acte constitutif de l’UNESCO Koïchiro Matsuura Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) Mesdames et Messieurs les présidents, Mesdames et Messieurs les ministres, Messieurs les directeurs généraux, Excellences, Mesdames et Messieurs, C’est avec une grande fierté et une vive émotion que je vous souhaite la bienvenue, en ce jour où nous célébrons le 60e anniversaire de la création de l’UNESCO. Nous sommes très honorés de la présence parmi nous de nombreux représentants de gouvernements. J’y vois un signe du dialogue permanent qui existe entre l’Organisation et les plus hauts dirigeants politiques du monde actuel. Permettez-moi de rendre hommage au Président ukrainien, M. Victor Iouchtchenko, que je suis très heureux d’accueillir au Siège de notre Organisation pour la première fois. Alors que l’Ukraine s’est engagée dans un processus historique de transition, j’ai confiance en la capacité de son Président à faire entendre l’appel en faveur des droits de l’homme et de la démocratie auquel son nom est désormais si étroitement associé. Permettez-moi également de saluer chaleureusement deux anciens directeurs généraux de l’UNESCO, dont la présence à nos côtés aujourd’hui symbolise la chaîne ininterrompue des hommes et des souvenirs. Enfin, je voudrais exprimer mes meilleurs vœux au Secrétariat tout entier : fonctionnaires internationaux d’hier et d’aujourd’hui, votre présence à cette cérémonie est la preuve de la passion toujours vivace que nous éprouvons pour cette Organisation et pour sa mission universelle de paix, de justice et de solidarité. Pour ma part, je voudrais dire à quel point je me sens fier et honoré d’entamer mon nouveau mandat de quatre ans au moment même où nous nous réunissons pour cette importante célébration. Mesdames et Messieurs, Ce que nous fêtons aujourd’hui, ce n’est pas tant un événement passé que la fierté que nous éprouvons de pouvoir répondre avec courage, énergie et détermination aux défis de notre temps tout en restant fidèles aux idéaux inscrits dans l’Acte constitutif de l’UNESCO, qui nous engage à « atteindre graduellement les buts de paix internationale et de prospérité commune de l’humanité ». Le 16 novembre 1945, lorsque ces mots qui sont au cœur de notre Organisation furent prononcés, la paix avait été faite - une paix à laquelle l’horreur de « la grande et terrible guerre » qui venait de s’achever et les espoirs de solidarité entre des nations enfin réunies sous l’égide de la Charte des Nations Unies conféraient une portée tout à fait exceptionnelle. Ce n’était cependant pas une paix universelle. Et ce n’est toujours pas le cas. Au cours des soixante années qui se sont écoulées depuis que ces engagements ont été pris, davantage 11

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