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59Attaque magique - Ilona Andrews PDF

418 Pages·2010·1.45 MB·French
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1 Chapitre premier Certains jours, mon boulot était plus dur que d'autres. Je frappai l'échelle de la main. _Vous voyez ? Elle est très solide, madame McSweeney. Vous pouvez descendre. Mme McSweeney me regardait depuis la pointe du poteau téléphonique, elle avait des doutes évidents quant à la fiabilité de l'échelle et quant à la mienne. Mince et délicate avec une ossature d'oiseau, elle devait avoir plus de soixante-dix ans. Le vent agita le nuage de cheveux blancs autour de son visage et ouvrit sa robe de nuit, me révélant une vue qu'on préférerait cacher. _Madame McSweeney, j'aimerais que vous descendiez. Elle cambra le dos et inspira profondément. Pas encore. Je m'assis sur le sol et plaquai mes mains sur mes oreilles. Le gémissement trancha dans le calme de la nuit, aiguisé comme un couteau. Il frappa les fenêtres de l'immeuble, arrachant au verre un bourdonnement suraigu. Dans la rue, les chiens hurlèrent comme un seul animal, rejoignant au cri de Mme McSweeney dans une harmonie surnaturelle. La lamentation prit de l'ampleur, se gonflant comme une avalanche jusqu'à ce que je ne puisse plus entendre que son chœur complexe : le hurlement solitaire d'un loup, le cri perçant et pitoyable d'un oiseau, le sanglot déchirant d'un enfant. Elle gémit et hurla comme si on lui arrachait le cœur de la poitrine, m'emplissant de désespoir. La vague magique reflua. Un instant elle saturait le monde, donnant puissance au cri de Mme McSweeney, puis elle 2 disparut sans prévenir, comme une ligne dessinée sur le sable juste avant que la houle l'emporte. La technologie se réaffirma. Les lanternes fae qui pendaient en haut du pylône s'éteignirent alors que l'air chargé de magie perdait de son pouvoir. Les lampes électriques s'allumèrent dans l'immeuble. On appelait cela la résonance postchangement : la magie noyait le monde d'une vague, étouffant tout ce qui était complexe et technologique, enrayant les armes automatiques et érodant les hauts bâtiments. Les mages lançaient des boules de feu, les gratte-ciel s'effondraient et les gardes prenaient vie, éloignant les indésirables de ma maison. Puis, juste comme ça, la magie disparaissait, laissant des monstres derrière elle. Personne n'était capable de prévoir quand elle réapparaîtrait ni de l'empêcher. Tout ce qu'on pouvait faire, c'était se débrouiller avec une tarentelle ivre de magie et de technologie. C'est pourquoi je portais l'épée. Cela fonctionnait toujours. Les derniers échos du hurlement se répercutèrent contre les murs de brique et moururent. Mme McSweeney me regarda de ses yeux tristes. Je me détachai du sol, me levai et lui fis de grands signes. _Je reviens tout de suite. Je trottai jusqu'à l'entrée sombre de l'immeuble où cinq membres de la famille McSweeney étaient accroupis dans l'obscurité. _Dites-moi encore pourquoi vous ne pouvez pas sortir m'aider. Robert McSweeney, un homme d'âge moyen aux yeux sombres et aux cheveux bruns et clairsemés, secoua la tête. 3 _Maman croit que nous ne savons pas qu'elle est une banshee. Alors, Mme Daniels, vous pouvez la faire descendre ou pas ? Vous êtes un Chevalier de l'Ordre, nom de Dieu ! Premièrement, je n'étais pas Chevalier, je travaillais simple- ment pour l'Ordre des Chevaliers de laide Miséricordieuse. Deuxièmement, les négociations n'avaient jamais été mon fort. Je tuais des choses. Rapidement et avec beaucoup de sang. Détacher des vieilles banshees en plein déni du haut de poteaux téléphoniques n'était pas mon truc. _Avez-vous une idée qui pourrait m'aider ? La femme de Robert, Melinda, soupira. _Je ne. . . Je veux dire : elle a toujours gardé ça si secret. Nous l'avons déjà entendue hurler, mais elle était tellement discrète. Cela ne lui ressemble pas. Une vieille femme noire en mumu descendit les marches. _Cette fille a fini par faire descendre Margie ? _J'y travaille, lui dis-je. _Dites-lui qu'elle n'a pas intérêt à rater notre bingo demain soir. _ Merci. Je retournai au poteau. Une partie de moi sympathisait avec Mme McSwceney. Les trois agences chargées de faire respecter la loi et régulant la vie dans les États-Unis postchangement - les Unités Militaires de Défense du Paranormal ou UMDP, la Division des Activités Paranormales ou DAP et mes illustres employeurs, l'Ordre des Chevaliers de laide Miséricordieuse - certifiaient toutes que les banshees étaient sans danger. Personne n'avait jusqu'à présent pu relier leurs hurlements au 4 moindre décès ou au plus petit désastre naturel. Cependant, le folklore rendait les banshees responsables de toutes sortes de désagréments néfastes. La rumeur disait que leurs cris rendaient fou et qu'elles tuaient les enfants d'un simple regard. Des tas de gens rechigneraient à vivre près d'une banshee et je pouvais comprendre pourquoi Mme McSweeney faisait tout son possible pour cacher ce qu'elle était. Elle ne voulait pas que ses amis les évitent, elle ou sa famille. Malheureusement, même en se cachant bien, tôt ou tard le grand secret vous mordait le derrière et on se retrouvait en haut d'un poteau téléphonique sans savoir pourquoi ni comment on y était arrivée, pendant que le voisinage faisait semblant de ne pas entendre vos cris perçants. Ouais. Je pouvais parler. Quand il s'agissait de cacher son identité, j'étais une experte. Je brûlais mes bandages ensanglantés pour que personne ne puisse m'identifier par la magie dans mon sang. Je cachais mon pouvoir. Je faisais de mon mieux pour ne pas avoir d'amis et j'y réussissais la plupart du temps. Parce que le jour où mon secret serait révélé, je ne finirais pas en haut d'un poteau téléphonique. Je serais morte et tous mes amis avec moi. Je m'approchai du pylône et levai les yeux vers Mme McSweeney. _D'accord. Je vais compter jusqu'à trois et puis vous devrez descendre. Elle secoua la tête. _Madame McSweeney! Vous vous donnez en spectacle. Votre famille s'inquiète pour vous et vous avez bingo demain soir. Vous ne voulez pas rater ça, non ? 5 Elle se mordit la lèvre. _On va le faire ensemble. (Je grimpai trois barreaux de l'échelle.) A trois. Un, deux, trois, un pas. Je descendis d'un barreau et la regardai faire de même. Merci à vous là-haut, qui que vous soyez. _Un autre. Un, deux, trois, un pas. Nous descendants un autre barreau et elle en descendit un toute seule. Je sautai au sol. _Et voilà! Mme McSweeney s'immobilisa. Oh! non ! Elle me regarda de ses yeux si tristes et demanda : _Vous n'en parlerez à personne, n'est-ce pas ? Je jetai un œil aux fenêtres de l'immeuble. Elle avait hurlé assez fort pour que les morts eux-mêmes appellent les flics. Mais, de nos jours, les gens se serraient les coudes. On ne pouvait pas compter sur la tech ou la magie, juste sur la famille et les voisins. Ils étaient prêts à garder son secret quelque absurde qu'il soit, alors moi aussi. _Je n'en parlerai à personne, lui promis-je. Deux minutes plus tard, elle se dirigeait vers son appartement pendant que je luttais avec l'échelle, tentant de la faire rentrer dans l'espace sous l'escalier d'où le concierge l'avait sortie. Ma journée avait commencé à 5 heures du matin avec un homme paniqué qui courait dans les couloirs du Chapitre de l'Ordre d'Atlanta en hurlant qu'un dragon à tête de chat était entré dans l'école New Hope et allait dévorer les enfants. Le 6 dragon n'était qu'un petit tatzelwyrm que je ne pus malheureusement soumettre qu'en lui coupant la tête. Ce fut la première fois de la journée que je me couvris de sang. Ensuite, j'avais dû aider Maura à sortir un serpent d'eau douce à deux têtes d'un bassin artificiel dans les ruines du One Atlantic Center dans Buckhead. Ma journée n'avait alors fait qu'empirer. Il était à présent minuit passé. J'étais sale, fatiguée, couverte de quatre sangs différents, j'avais faim et je voulais rentrer à la maison. De plus, mes bottes puaient parce que le serpent m'avait vomi un cadavre de chat à moitié digéré sur les pieds. Je parvins finalement à caser l'échelle et quittai l'immeuble pour le parking où ma mule, Souci, était attachée à une grille de métal prévue à cet effet. J'étais à six mètres d'elle quand je découvris un swastika vert à moitié dessiné sur sa croupe. Le bâton de peinture était cassé sur le sol. Il y avait aussi du sang et ce qui ressemblait à une dent. Je regardai de plus près. Oui, définitivement une dent. _On a eu une aventure, à ce que je vois. Souci n'exprima rien, mais je savais que l'approcher par- derrière n'était pas une bonne idée. Elle ruait comme une mule, probablement parce qu'elle en était une. Si ce n'était la marque de l'Ordre sur son autre fesse, Souci aurait pu être volé ce soir. Heureusement, les Chevaliers de l'Ordre avaient la mauvaise habitude de traquer les voleurs magiquement et de leur tomber dessus comme une tonne de briques. Je la détachai, la montai, et nous bravâmes la nuit. Généralement, technologie et magie changeaient une fois tous les deux jours et, fréquemment, plus souvent que cela. 7 Toutefois, deux mois auparavant, nous avions été frappés par un tsunami, une vague si puissante qu'elle avait noyé la ville comme un raz-de-marée magique, rendant réelles des choses impossibles. Pendant trois jours, démons et dieux s'étaient promenés dans les rues, et les monstres humains avaient eu beaucoup de difficultés à se contrôler. J'avais passé le tsunami sur le champ de bataille à aider une poignée de Changeformes à massacrer une horde démoniaque. Cela avait été épique. J'en avais toujours des rêves très vivaces, pas exactement des cauchemars mais des visions surréalistes enivrantes de sang, de lames ruisselantes et de mort. Le tsunami avait disparu, laissant la technologie contrôler fermement le monde. Deux mois durant, les voitures avaient démarré sans faille, l'électricité avait tenu les ténèbres en respect et l'air conditionné avait rendu le mois d'août délicieux. On avait même eu la télé. Lundi soir, j'avais vu un film, Terminator 2, qui m'avait rappelé la réalité : il était toujours possible que les choses empirent. Puis, mercredi vers midi, la magie avait frappé et Atlanta s'était retrouvée en enfer. Je me demandais si les gens s'étaient illusionnés au point de croire que la magie avait totalement disparu, et même s'ils avaient été surpris : nous n'avions jamais reçu autant d'appels depuis que j'avais commencé à travailler pour l'Ordre. Contrairement à la Guilde des Mercenaires, pour laquelle je travaillais aussi, les Chevaliers de l'Ordre de laide Miséricordieuse aidaient tout le monde, qu'on soit capable de payer ou non. Ils ne se payaient qu'avec ce qu'on avait les moyens de donner et, la plupart du temps, rien du tout. Nous avions été inondés de demandes. 8 J'avais réussi à rattraper quatre heures de sommeil mercredi soir avant d'y retourner. Techniquement, on était vendredi et j'étais poursuivie par des fantasmes persistants de douches chaudes, de nourriture et de draps doux. J'avais fait une tarte aux pommes deux jours avant, il m'en restait une part pour ce soir. La voix sévère de Maxine résonna entre mes oreilles, lointaine mais claire. _Kate ? Je ne sursautai pas. Après le marathon des quarante-huit dernières heures, entendre la secrétaire télépathe de l'Ordre dans ma tête me semblait parfaitement normal. Triste mais vrai. _Je suis désolée ma chérie mais la tarte devra attendre. Quoi de nouveau ? Maxine ne faisait pas exprès de lire les pensées, mais si je me concentrais suffisamment sur quelque chose, elle ne pouvait s'empêcher d'en entendre des bribes. _J'ai un vert sept, un appel d'un civil. Changeforme mort. Tout ce qui était lié aux Changeformes était pour moi. Les Métamorphes n'avaient pas confiance dans les étrangers et j'étais le seul employé du Chapitre de l'Ordre à Atlanta jouissant du statut d'Amie de la Meute. Jouir était un euphémisme relatif. Généralement, mon statut signifiait que les Changeformes me laisseraient dire un ou deux mots avant de décider de me transformer en filet mignon. Ils étaient plus paranoïaques que les paranos. _Où? _Au croisement de Ponce de Léon et de Dead Cat. 9 Vingt minutes à mule. Comme il y avait une chance que la Meute soit déjà au courant, les Changeformes seraient partout sur la scène du crime, feulant et criant que c'était leur juridiction. Hmm. Je fis faire demi-tour à Souci et me dirigeai vers le nord. _Je m'en occupe. Souci se traînait dans les rues, lente mais régulière et quasi infatigable. La silhouette déchiquetée de la ville rampait à mes côtés, les bâtiments si fiers autrefois réduits à des coquilles en ruine. C'était comme si la magie avait mis le feu à Atlanta, puis éteint l'incendie avant que la ville ait le temps de brûler complètement. Çà et là, de petits points de lumière électrique crevaient l'obscurité. Une odeur de fumée de charbon épicée de l'arôme de la viande grillée me chatouillait les narines en provenance des appartements Alexandre sur Ponce. Quelqu'un se préparait un dîner de minuit. Les rues étaient désertes. La plupart des gens disposant d'une once de bon sens préféraient ne pas sortir la nuit. Le hurlement aigu d'un loup déchira la ville, provoquant des frissons le long de ma colonne. Je pouvais presque lavoir debout sur la côte de béton déchiquetée d 'un gratte-ciel effondra, sa fourrure pâle émaillée d'argent par la lumière de la lune, sa tête renversée exposant sa gorge velue tandis qu'il chantait d'une voix sans faille, teintée de mélancolie, de manque et de la promesse d'une chasse sanglante. 10

Description:
Vivre, c'est apprendre. Les épaules de Saiman s'élargirent. Son cou, sa poitrine et ses hanches s'épaissirent, tirant sur son sweat-shirt. Des muscles
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