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40 annees d'habitat groupe PDF

32 Pages·2015·3.82 MB·French
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Siège Social ÉCO HABITAT GROUPÉ 8 bis rue du Buisson Saint Louis, 75010 Paris Adresse pour le courrier : Secrétariat Général ÉCO HABITAT GROUPÉ Cécile & Jean-Michel Viallon La Viorne, 80 rue Jean Mermoz, 38090 Villefontaine, Tél : 04 74 95 56 98. Mel : [email protected] site : www.ecohabitatgroupe.fr Voyage en terre méconnue 40 années d’habitats groupés Recueil d’expériences en support aux initiatives habitantes et institutionnelles actuelles Étude réalisée par Michel Broutin pour et avec le conseil d’administration de l’association Éco habitat Groupé ; avec la collaboration d’Anne d’Orazio (ENSA Paris-La Villette, UMR LAVUE), le concours de Claire Carriou (Université Paris Ouest Nanterre, UMR LAVUE) et d’Anne Labit (Université d’Orléans EA CEDETE). Novembre 2014 N UTI O R B L E H C MI N : O CTI A D É R A L E D N O ATI N DI R O O C ET S P M A H C Échange d’expériences au Lavoir du Buisson Saint-Louis à Paris La Petite Maison à Rennes ES D N- O L L O M E P P LI HI P E : U Q HI P A R G N O PTI E C N O C Les Naïfs à Meylan Échange d’expériences au Kholkoze à Saulx les Chartreux Anagram à Villeneuve d’Ascq La Viorne à Villefontaine 2 Sommaire I - Introduction et méthodologie IV - Les mixités (culturelle, générationnelle, sociale…) a. Origine et objectifs 4 s’imposent-elles ? b. Méthode et contenus 5 a. Être pragmatiques pour réussir 17 b. Mesurer les contraintes et limites II - Construire ensemble… des opérations mixtes 18 et pour longtemps ? c. Conforter des programmes locatifs pérennes 20 a. Constituer un groupe autour d’un projet partagé 7 d. Laisser le choix, trouver les chemins 21 b. Développer de nouvelles relations éducatives et sociales 9 c. S’adapter aux cycles de vie 9 V - Recommandations d. Au fil du temps, comment réinvestir et pistes de réflexion 22 le vivre ensemble ? 10 III - Apprécier les valeurs VI - Conclusion 23 communes a. Créer des lieux de vie qui facilitent VII - Annexes : les rencontres 12 b. Agir sur son quartier - Tableau : Principales données et son environnement 13 sur les groupes et les entretiens 24 c. Établir et maintenir - Guide de réunion collective 26 une gestion démocratique économe 15 - Guide d’entretien individuel 27 d. Sauvegarder l’usage en confortant le patrimoine 16 3 I - INTRODUCTION qu’à la participation active et continue des ET MÉTHODOLOGIE habitants dans les programmes locatifs sociaux ; - Communiquer le résultat de cette capita- a. Origine et objectifs lisation d’expériences le plus largement possible auprès des groupes actuels, du Répondre aux nouvelles demandes grand public mais aussi auprès des élus et des collectivités territoriales, des orga- Le regain d’attention pour l’habitat participatif qui nismes HLM et des professionnels du lo- se manifeste depuis une dizaine d’années s’est gement. traduit par une multiplication des demandes d’in- formations, de visites, d’interviews… auprès des Construire des partenariats groupes ayant opté pour ces modes de vie alter- natifs depuis vingt, trente ou quarante ans. Après plusieurs recherches infructueuses entre 2009 et 2013 cette démarche a finalement été Nombre d’entre eux étaient alors issus du (ou rendue possible grâce à une subvention de 30 000 fédérés par le) Mouvement de l’Habitat Groupé euros accordée par la Fondation de France. Celle- Autogéré (MHGA) particulièrement actif au cours ci a été complétée par un apport de la Fondation des années 1980. L’association Éco Habitat Grou- La Mondiale Nord - Pas de Calais (1 500 euros), en pé qui en a pris la suite est désormais souvent parallèle à un partenariat établi dans le cadre d’un sollicitée mais parfois gênée par le manque de Projet chercheurs-citoyens lancé par la Région. formalisation de ces acquis pour faciliter le déve- loppement des groupes actuels. Les limites de cette enveloppe budgétaire ont incité à réduire très fortement les recours à des L’idée d’un recueil d’expériences est née de la vo- salariés ou prestataires extérieurs et à s’appuyer lonté de partager au mieux et de manière plus effi- principalement sur la participation des membres cace le savoir-faire et le savoir-vivre ensemble de de l’association pour assurer la préparation, la ces groupes, à la lumière des interrogations nou- coordination et l’exploitation des enquêtes. velles et avec tous ceux (individus, porteurs de projets, associations, partenaires publics, profes- Cette démarche a été construite et suivie en étroit sionnels…) qui s’y intéressent aujourd’hui dans le partenariat avec des enseignantes chercheuses contexte français. du réseau REHAL : Anne D’Orazio, Claire Carriou, Adriana Diaconu et Anne Labit (*). Les enquêtes Analyser pour mieux transmettre ont été réalisées par Etienne Quancard, Jean- Baptiste Raisson et Fabien Costanzo, étudiants Ce travail de recueil d’expériences s’était fixé en master d’urbanisme aux universités de Paris- pour objectifs principaux de : ouest Nanterre et Pierre-Mendes France Grenoble - Mettre en évidence les facteurs clés de (*) L’étude a également bénéficié des conseils de MM Abelhafid réussite et de pérennité des habitats grou- Hammouche et Jeoffrey Magnier (CLERSE Lille) engagés dans le pés au niveau humain, technique, organi- projet chercheurs-citoyens du Nord Pas de Calais. sationnel, partenarial ; - Evaluer leurs conséquences vertueuses pour les habitants (avec leurs limites) et leur caractère d’utilité sociale par leur capacité à influencer les dynamiques de quartier ; - Identifier les atouts et les leviers néces- saires pour un développement de l’habitat participatif auprès des publics modestes et fragiles ; - Repérer les obstacles à la mixité sociale et intergénérationnelle des groupes ainsi 4 En application des principes sur lesquels repose notre conception des relations entre habitants, b. Méthode et contenus nous avons donc choisi de coupler ces question- nements individuels à des réunions collectives Multiplier et diversifier les exemples permettant l’apport d’informations ou de points de vue en retour. Ce processus de doubles entre- La base de cette recherche est constituée par les tiens a été établi en accord avec nos partenaires habitats groupés réalisés en France entre 1970 enseignantes du réseau REHAL qui nous ont ai- et 1995. Les premières sources étaient consti- dées à en établir le protocole. tuées par les archives du MHGA avec la trentaine d’opérations présentées dans le livre « Habitats C’est aussi par leur intermédiaire qu’ont pu être Autogérés MHGA » (Ed. Alternatives / Syros recrutés trois étudiants en master d’urbanisme 1983). pour la réalisation des enquêtes dans le cadre de leur stage de Master. En fonction de la répartition Un travail de recherche documentaire réalisé en des habitats à travers la France, un stagiaire de 2012 et les contacts établis au sein d’Éco Habitat l’université de Grenoble a réalisé les enquêtes en Groupé avait permis d’en retirer les programmes Rhône-Alpes et deux étudiants à l’université de ayant perdu tout caractère participatif ou ne sou- Nanterre ont effectué celles d’Ile de France, du haitant pas participer à ces échanges. Et d’y ajou- nord et de l’ouest. ter par ailleurs des opérations réalisées ultérieu- rement jusqu’en 1995. Des rencontres « entre pairs » L’intérêt suscité par la démarche de recueil et Ce dispositif a pu être mis en place grâce à une d’échanges d’expériences lorsqu’elle a été expli- forte mobilisation bénévole d’une dizaine de quée a permis de l’étendre à vingt-quatre groupes, membres du conseil d’administration d’Éco Ha- soit bien au-delà de la quinzaine qui ont contribué bitat Groupé qui -en plus des réunions prépara- à la relance de l’association ou sont en liens régu- toires- ont participé à plusieurs réunions collec- liers avec elle. tives. Sur ces vingt-quatre groupes, dix sont situés en Suivant les principes du volontariat et de la libre ile de France, neuf en Rhône-Alpes, deux dans le organisation de chaque groupe, la présence à ces nord et trois dans l’ouest. Cette répartition reflète réunions a varié de quelques personnes à la totali- l’implantation principale des programmes réali- té des membres (adultes et enfants) lorsque cette sés pendant cette période. Elle laisse cependant rencontre était organisée à l’occasion d’un repas de côté d’autres habitats plus éloignés, géogra- ou d’une réunion de l’ensemble du groupe. phique-ment, moins reliés aux réseaux associatifs nationaux ou avec lesquels des rendez-vous n’ont Ces rendez-vous ont ainsi constitué des occa- pu être établis pendant la durée des enquêtes sions d’enrichissements mutuels, chacun appor- (début mai à mi-juillet 2014). tant sa propre expérience ou ses connaissances des situations rencontrées dans d’autres habi- Parmi les groupes enquêtés, quatre ont été tats. Au total vingt-trois réunions collectives (dont réalisés en locatif social, deux étant aujourd’hui une associant deux groupes voisins) se sont dé- partiellement passés en copropriété. Des infor- roulées entre le 5 mai et le 11 juillet 2014. Elles ont mations complémentaires ont pu être recueillies rassemblé cent-cinquante habitants (dont cent- sur deux autres groupes locatifs mais qui n’ont pu trente-trois adultes) et soixante-quinze invités ex- conserver leur caractère participatif (cf infra IV c). térieurs : membres d’autres groupes, chercheurs et stagiaires amenés à procéder aux entretiens Suivre une démarche interactive individuels. Des échanges collectifs associés Des entretiens individuels à des entretiens individuels avec des habitants volontaires Dans un contexte où les groupes sont fortement Afin de limiter les frais et déplacements, les entre- sollicités par de multiples interlocuteurs (cher- tiens ont été concentrés dans le temps et limités cheurs, étudiants, medias divers…) ce Recueil aux personnes à la fois volontaires et disponibles ne pouvait se limiter à des interrogations supplé- lors du passage des enquêteurs. mentaires de la part de personnes extérieures. 5 On notera que lors de ces déplacements les invi- Comment ont-ils évolué dans leur entre- tés d’autres groupes ou les stagiaires étaient hé- tien, leur gestion, leur usage ? bergés et invités à partager des repas en commun selon les principes d’hospitalité développés dans - le vieillissement des habitants (et des ces habitats. habitats) : Quelles adaptations ? Com- ment ont évolué les façons de vivre ? Ces La prise de rendez-vous s’est faite soit à l’issue modes de vie peuvent-ils être bénéfiques de ces réunions collectives, soit programmée à à de nouvelles personnes (personnes à l’avance pour être réalisés à leur suite lors des faible ressources, dépendantes…) ? déplacements dans le nord ou dans l’ouest. - la mixité sociale, culturelle, génération- Ces entretiens ont donc concerné les habitants nelle : Quels désirs, utopies, réalités ? Des les plus motivés pour approfondir les questions manques volontaires ou imposés ? Quels soulevées lors de ces débats ouverts ou les plus sont les effets des renouvellements ? Était- intéressées par les thèmes retenus pour ces en- elle souhaitée par les habitants ? tretiens (cf infra). Annoncés à l’avance, ces trois thèmes ont sou- Il ne s’agit donc pas d’un échantillon représenta- vent été abordés lors des réunions collectives fai- tif de l’ensemble des habitants. Mais on a pu ainsi sant alors émerger des questionnements inédits sans doute rencontrer une bonne part du noyau et suscitant parfois de vifs débats. des plus sensibles à la permanence de la vie col- lective tout en recueillant une palette de points de Ces rendez-vous ont aussi été l’occasion pour vue dépassant les seules opinions de quelques chaque groupe de s’exprimer sur ce qui lui parais- individus. sait prioritaire. Une majorité est ainsi revenue sur son histoire, l’esprit originel du projet et son évolu- Ce sont au total soixante-douze entretiens indi- tion au fil du temps. Beaucoup se sont attachés à viduels ou de couple qui ont pu être réalisés, l’importance des règles et des modalités de fonc- presque tous auprès de résidents actuels; un tionnement qui conditionnent la vie collective. homme qui travaille dans un atelier mais n’y ré- D’autres ont mis en avant quelques thèmes spé- side pas et deux anciens habitants ont été égale- cifiques : la place centrale des enfants, le rôle par- ment interrogés. (cf tableau en annexe). ticulier de l’architecte, l’évocation de nouveaux projets… Des tests pour articuler échanges collectifs et entretiens individuels L’appui sur ces multiples entrées interconnectées a ainsi permis d’observer la maturation des pro- La démarche retenue consistait à concentrer les jets au sein de l’habitat autogéré ; de voir si des entretiens individuels sur quelques thèmes an- nouvelles pratiques sociales et générationnelles noncés à l’avance et de laisser très ouverte la dis- s’y sont développées ; et en quoi les dynamiques cussion collective. Des entretiens préalables ont propres à l’habitat participatif peuvent éclairer la été réalisés auprès de quelques habitants pour réalisation de nouveaux projets. tester les guides d’entretiens élaborés et Anne D’Orazio a participé aux premières réunions col- lectives afin de conseiller les membres du CA visi- teurs et les stagiaires sur la conduite des réunions ultérieures. Aborder les thèmes les plus pertinents Le projet initial était d’effectuer un travail de re- cherche historique. Afin de mieux répondre aux questions actuelles, trois thèmes ont finalement été choisis comme fil conducteur du recueil : - les locaux collectifs mutualisés : Au cœur du projet collectif, quels sont-ils ? Quel est leur rôle dans les relations et la cohésion du groupe, l’ouverture vers le quartier ? 6 II - CONSTRUIRE ENSEMBLE… d’un programme correspondant aux capacités ET POUR LONGTEMPS ? financières de chacun sont déterminantes pour la constitution du groupe. Des membres du noyau initial abandonnent faute a. Constituer un groupe de pouvoir (ou savoir) s’engager, franchir le pas autour d’un projet partagé au moment opportun ; des recrutements com- plémentaires sont nécessaires dans des délais resserrés : les candidats sont trouvés par des ré- L’initiative habitante seaux de connaissance élargis, par l’intermédiaire du Mouvement de l’Habitat Groupé Autogéré… ou À l’origine du projet, le plus souvent, c’est un petit par petites annonces ! noyau : amis, voisins, collègues, membres d’asso- ciation… qui discute (quoi ? pourquoi ?), pros- Le projet fait le groupe pecte (où ? comment ?) et commence à s’enga- ger (avec quels moyens et partenaires ?). C’est ainsi, le projet -tel qu’il peut concrètement s’envisager alors- qui détermine le groupe. Les rencontres se succèdent, les idées se clari- fient et c’est l’adhésion à des valeurs communes Selon les opportunités, certains montent de petits (bien souvent exprimées dans une charte) qui programmes « entre amis » ou collègues de travail constitue la dynamique fondatrice. (3 à 5 logements), comme aux Mûriers, ou entre les anciens locataires des Grillons à Francheville, L’accès à un terrain qui donnent naissance à la Sarabande et au Ha- meau du Plan du Loup, en banlieue lyonnaise. Au cours des années 1970-1980, près de la moi- tié des groupes enquêtés ont trouvé des terrains D’autres peuvent concevoir des opérations plus sur le marché privé : dénichés par connaissances, vastes et ajustent la taille du groupe en consé- souvent petits, enclavés, beaucoup étaient peu quence -6 à 13 logements- avec des volontaires propices à une opération immobilière classique ; arrivés de la dernière heure, mais qui adhérent certains ont concerné la conversion de locaux au projet : Le Gille Pesset, La Maison des Jardies, d’activités en milieu urbain (Lavoir du Buisson Couleur d’Orange, La Fonderie… Saint-Louis, Couleur d’Orange, Fonderie…). Auto-promoteurs ou co-producteurs Mais déjà à l’époque, la majorité des habitats groupés ont abouti grâce à l’initiative d’un groupe Quelques-uns s’appuient sur un promoteur coo- et en accord avec un partenaire public ou une col- pératif (Petite Maison, Anagram…), un maître lectivité : d’ouvrage délégué (Hélix), ou s’inscrivent dans le cadre d’un concours d’architectes lancé par la - en villes nouvelles, terrains d’expérimen- Ville nouvelle (Hayette). tation, des projets ont abouti près de Lille (Hagrobi, Anagram), Lyon (La Viorne) ou D’autres enfin établissent un partenariat avec un autour de Paris (Les Vignes Blanches, La bailleur locatif social : Habitat Différent, La Viorne, Hayette, Les Saulaires) ; Le Canut, Les Naïfs, ce qui conduit à des pro- grammes un peu plus grands (9 à 17 logements) - ou se sont construits dans des opéra- mais qui restent dans des dimensions compa- tions d’extension urbaine, en général tibles avec une vie de groupe pleinement parta- avec le soutien d’élus locaux : le quartier gée. des Béalières à Meylan (Hélix, Les Naïfs, ,Faciliter le montage d’opérations qui Le Saule) ; en ZAC à Châtenay-Malabry s’appuient sur les dynamiques citoyennes où plusieurs terrains furent réservés (Sar- ment des Bénards), dans le quartier du Lac de Maine à Angers (Habitat Différent). Le montage du programme Ensuite, les caractéristiques du terrain -ou de l’immeuble- (taille, situation…) et la possibilité 7 Paroles d’habitants Les logements ont été construits aussi en fonction des capacités financières des personnes. Y’en avait qui avaient du fric, c’était pas du tout mon cas ; certains ont pris des petites surfaces. Des familles ont demandé plus d’emprunt et ont fait un prêt remboursé au bout de vingt ans. Il y avait toujours des grands enfants qui venaient nous chercher un peu et puis nous faire marrer. On ne voulait pas qu’ils vivent qu’avec papa et maman dans leur coin. On n’est pas amis, on n’est pas frères, on n’est pas voisins… Vous ne pouvez pas comprendre ! Plein de portes toujours ouvertes juste à portée de main. Je trouve que ça c’est génial. Ce n’est pas le groupe qui choisit la personne mais la personne qui choisit le groupe. Les gens qui ont acheté, ils n’achetaient pas une maison, mais aus- si cette façon de Ça n’a pas été vivre. simple parfois... Mais le soutien moral dans le groupe, c’est formidable. Je ne suis pas sûr que nous aurions vécu avec autant de facilité qu’ici avec notre adulte handicapé. 8 des apports particulièrement appréciés b. Développer de nouvelles Un mode de vie bénéfique pour tous relations éducatives et sociales De façon générale, les mises en commun de Bien vivre ensemble chacun chez soi moyens économisent de l’argent tant dans la pé- riode de construction que dans la vie courante. Tous les habitats groupés ont été conçus pour faciliter, renforcer les relations de voisinage. De la même façon, les échanges de service (garde ou accompagnement des enfants, achats par- Dans les deux-tiers des cas, les espaces com- tagés…) libèrent au quotidien du temps, et de muns, au coeur du projet, sont physiquement im- l’énergie pour les adultes. plantés en position centrale. Les chemins d’accès sont étudiés, les lieux de rencontres privilégiés. Le fonctionnement des groupes a aussi contribué à une modification des rapports entre les femmes Ceci, sans remettre en cause le caractère priva- et les hommes, que ce soit dans la répartition tif des logements, l’intimité des personnes ou des des tâches ou les processus d’expression ou de familles. décision (forme coopérative : une personne = une voix) « L’âge d’or des enfants ». Le collectif permet ainsi une certaine émancipa- De nombreux groupes se sont construits avec le tion et donne de l’énergie qui peut être consacrée souci d’offrir de nouvelles conditions de vie à leurs à des activités sociales dans l’immeuble ou en enfants en favorisant à la fois leur autonomie et dehors des relations élargies entre enfants et adultes. ,Encourager l’épanouissement individuel et collectif au sein de l’habitat Ainsi, les logements souvent conçus en duplex ou participatif triplex réservent un niveau destiné aux enfants ; Avec parfois un accès direct ou par des coursives aux espaces communs, salle de jeux, jardin… Ceci afin qu’ils grandissent dans un environnement c. S’adapter aux cycles de vie sécurisé mais avec un espace relationnel plus ample, davantage de relations entre eux et plu- Quelques adaptations du bâti sieurs référents adultes. Avec l’appui de l’architecte, des groupes avaient Les enfants apprécient en général cette sorte de prévu de pouvoir faire évoluer leurs logements. fraternité élargie ainsi que les échanges intéres- Certains ont réalisé des extensions au temps où sants avec d’autres adultes que leurs parents. les familles s’élargissent (Sarment…). Dans la plupart des groupes, cet « âge d’or » a été D’autres ont pu annexer une pièce inoccupée par pleinement vécu pendant (au moins) quinze ou un voisin. vingt ans. Les appartements à double entrée ont permis des Un soutien pour les personnes en situation divisions facilitant la création de logements auto- de handicap nomes ou la mise en location des espaces libérés par le départ des enfants (Lavoir, PasSage…). Bien que peu nombreux, quelques exemples révèlent les atouts qu’ont pu présenter certains La délicate gestion des départs et arrivées habitats : Pouvoir aménager un petit studio à proximité a permis d’éviter le placement en éta- La volonté de conserver l’esprit du projet consti- blissement spécialisé d’un enfant ou adulte han- tue une préoccupation majeure dans la plupart dicapé. des groupes. Elle s’est traduite dès l’origine par l’inscription de clauses dans les chartes, les sta- L’accueil d’un enfant différent, ses possibilités de tuts ou les conventions avec les bailleurs, réser- jouer avec les autres, le soutien moral à ses pa- vant les possibilités de cooptation ou demande rents démunis ou désorientés sont cités comme d’adhésion des arrivants aux valeurs partagées. 9 Dans le parc social, les changements, nombreux sance qui n’apportent pas les mêmes garanties. ont le plus souvent été contrôlés ou suivis par les habitants en place. Ils ont amenés un fort renou- Certains groupes révisent aussi leurs textes fon- vellement des occupants (cf infra IV c). dateurs pour les adapter aux nouveaux usages. Par contre, les mutations ont été très peu nom- ,Anticiper les évolutions en prévoyant la breuses dans les habitats en accession à la pro- modularité, le renouvellement priété (à peine un quart ou un tiers des logements sur vingt à quarante ans). L’avis du groupe a le plus souvent mais pas toujours été sollicité et res- pecté. d. Au fil du temps, comment réinvestir le vivre ensemble ? L’intégration et l’apport de nouveaux membres Un vieillissement non prévu Beaucoup de groupes constatent et regrettent Les propos recueillis indiquent très clairement que la forte hausse des prix immobiliers ait rendu que le vieillissement n’a quasiment pas été envi- leur habitat inaccessible à des jeunes. Pour au- sagé. Les jeunes couples, jeunes parents qui ont tant, l’attitude des acquéreurs est variable selon conçu ces habitats, ne s’imaginaient pas y vieillir. les cas. Leur attachement à ce lieu et aux liens qu’il génère Dans certains groupes, on a pu dire que c’est a cependant conduit une grande majorité d’entre l’acheteur qui a choisi le groupe, gage d’intérêt eux à y rester ; aussi sont-ils aujourd’hui confron- pour les installations et les valeurs présentées. tés à la question de leur vieillissement et de celui Mais on a aussi relevé des cas de ventes « ordi- de leur habitat. naires », ne tenant guère compte de la spécificité du lieu et dont les acteurs ne participent pas au Un sujet occulté aujourd’hui mis en débat projet commun. Cette étude a contribué à poser, semble-t-il pour La place des locataires la première fois de façon formelle et collective, cette question qui peine encore à être envisagée : Situation impensée à l’origine dans les habitats en l’habitat groupé autogéré, tel qu’il se vit dans les accession puisque le projet portait sur des socié- différents projets investigués, est-il susceptible taires habitants. Sauf exceptions, les premières de favoriser un bien vieillir, bien qu’il n’ait pas été locations interviennent après le départ des en- conçu pour cela au départ ? fants. Au départ, il s’agit souvent de dépannages, locations de courtes durées pour des membres Des interrogations sur un départ éventuel de la famille éloignée, enfants d’amis ou étudiants. La plupart des habitants ont envisagé un moment Ensuite, la location peut s’institutionnaliser, par de quitter leur logement. Parce que, trop grand, découpe de logement ou suite au départ de l’oc- il ne correspondait plus à leurs besoins, ou que cupant qui -après séparation, mutation…- sou- le projet collectif s’étant essoufflé, ils ont eu en- haite cependant garder un lien avec son (ancien) vie de tourner la page. Ces interrogations ont pu projet. Les locataires sont alors dans une position être renforcées au moment de la retraite. La dis- ambigüe, en partie seulement intégrés au groupe. ponibilité retrouvée en incitait certains à s’ouvrir d’autres horizons, d’autres au contraire à se réin- Des évolutions des pratiques et des règles vestir dans la vie commune de l’habitat et de son environnement. Départ des enfants, des adultes fondateurs (sé- paration, décès, vente…), se traduisent parfois La richesse des liens de proximité par des modifications des statuts et des règles. La moitié des groupes basculent en copropriété Plusieurs habitants ont envisagé les solutions tout en essayant de conserver un fonctionnement classiques au vieillissement, souvent synonymes atypique. Quelques-uns défendent leurs statuts de repli sur sa sphère privée, avec la seule pers- d’origine malgré les difficultés qu’ils présentent pective de s’installer dans un logement adapté lors des mutations : pression des notaires ou des ou un établissement spécialisé. Mais ils ont aussi banquiers peu ouverts aux attributions en jouis- manifesté leur attachement fort à des voisins ap- 10

Description:
Anagram à Villeneuve d'Ascq. La Petite Maison à Rennes Agir sur son quartier .. (Hagrobi, Anagram), Lyon (La Viorne) ou autour de Paris (Les
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