30 ans d'alpha

157 Pages·2013·3.46 MB·French

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BELGIQUE - BELGIË
P.P. - P.B.
1099 BRU X
BC 1528
30 ans d’alpha
Quelles évolutions ? Quels acquis ?
Quels enjeux pour l’alphabétisation
en Fédération Wallonie-Bruxelles ?
JOURNAL DE L’ALPHA N°190 SEPTEMBRE-OCTOBRE 2013
Périodique bimestriel - Ne parait pas en juillet-aout - Bureau de dépôt : Bruxelles X - N°d’agréation : P201024
Éditeur : LIRE ET ECRIRE Communauté française - Rue Charles VI, 12 - 1210 Bruxelles
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30 ans d’alpha
Quelles évolutions ? Quels acquis ?
Quels enjeux pour l’alphabétisation
en Fédération Wallonie-Bruxelles ?
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Le Journal de l’alphaest le périodique de Lire et Ecrire.
Créée en 1983 par les mouvements ouvriers, Lire et Ecrireagit au quotidien, en Fédération
Wallonie-Bruxelles, pour :
- attirer l’attention de l’opinion publique et des pouvoirs publics sur la persistance de
l’analphab étisme, sur l’urgence d’en combattre les causes et d’y apporter des solutions ;
- promouvoir le droit effectif à une alphabétisation de qualité pour tout adulte qui le
souhaite ;
- développer l’alphabétisation dans une perspective d’émancipation, de participation et
de changement social vers plus d’égalité.
Le Journal de l’alphaa pour objectif de produire et de diffuser réflexions, débats et pratiques
de terrain sur des thèmes pédagogiques et politiques liés à l’alphabétisation des adultes.
RÉDACTION Lire et Ecrire Communauté française a.s.b.l.
Rue Charles VI, 12 - 1210 Bruxelles
tél : [phone] - courriel: [email protected]
www.lire-et-ecrire.be/journal.alpha
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Sylvie-Anne GOFFINET
COMITÉ DE RÉDACTION Nadia BARAGIOLA - Catherine BASTYNS
Claire CORNIQUET - Frédérique LEMAÎTRE
Cécilia LOCMANT - Véronique MARISSAL
Christian PIRLET - Catherine STERCQ
Huguette VLAEMINCK
ÉDITRICE RESPONSABLE Sylvie PINCHART
ILLUSTRATION COUVERTURE Collectif Alpha (à partir d’une photo de 1984)
MISE EN PAGE PIEZO
ABONNEMENTS Belgique: 40 € - Étranger: 50 €
À verser à Lire et Ecrire a.s.b.l. - Compte n°001-1626640-26
IBAN: BE59 0011-6266-4026 - BIC: GEBABEBB
Sauf demande de l’auteur, le Journal de l’alphaest écrit en nouvelle orthographe
avec l’aide du logiciel Recto-Versodéveloppé par le CENTAL/UCL
(www.uclouvain.be/recto-verso) et de l’ouvrage Grand vadémécum de l’orthographe
moderne recommandée (Chantal CONTANT, De Champlain S.F., 2009).
Dépô t légal : D/2013/10901/09 – ISBN : 978-2-930654-18-8
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Sommaire N°190 - septembre 2013
Édito
Alphabétisations pour le 21esiècle 7
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Sylvie PINCHART et Catherine STERCQ
Lire et Ecrire Communauté française
L’alphabétisation, un droit devenu essentiel 12
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Paul BÉLANGER – UQAM (Université du Québec à Montréal)
Le Comité de pilotage Alpha, chantier en cours… 29
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
France LEBON et Michèle MINNE – Service général de la Jeunesse
et de l'Éducation permanente de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Les politiques d’alphabétisation en Région de Bruxelles-Capitale
et en Région wallonne
Une lecture d’après la théorie des conventions 41
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
David LALOY – GIRSEF
Évaluation des politiques d’alphabétisation : dans ‘le meilleur des mondes’ ? 55
. . . . . . . . .
Anne GODENIR – Lire et Ecrire Wallonie
Quelle évolution de l’offre d’alphabétisation ? 68
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Catherine BASTYNS et Catherine STERCQ
Lire et Ecrire Communauté française
Hommage aux pionniers 79
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Catherine BASTYNS, Sylvie-Anne GOFFINET et Catherine STERCQ
Lire et Ecrire Communauté française
Les opérateurs d'alpha, quels profils ? 90
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Catherine BASTYNS – Lire et Ecrire Communauté française
Le temps et le moment 103
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Horaires hebdomadaires et formations suivies le jour ou en soirée
Catherine BASTYNS – Lire et Ecrire Communauté française
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Journal de l’alpha n°190
Scolarité des apprenants et types de formations suivies 112
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Catherine BASTYNS – Lire et Ecrire Communauté française
Statut socioprofessionnel des apprenants selon la source de leurs revenus 122
. . . . . . . . .
Catherine BASTYNS – Lire et Ecrire Communauté française
L'alpha, c’est pas seulement pour les étrangers ? 136
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Catherine BASTYNS – Lire et Ecrire Communauté française
Apprenantes et apprenants : questions de genre, ou quel genre de question ? 142
. . . . .
Catherine BASTYNS – Lire et Ecrire Communauté française
L'alpha, c’est aussi pour les jeunes ? 149
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Catherine BASTYNS – Lire et Ecrire Communauté française
En ligne (www.lire-et-ecrire.be/ja189) :
Continuité et changements dans le profil du personnel de l'alpha
Catherine BASTYNS – Lire et Ecrire Communauté française
PROCHAIN NUMÉRO
Citoyenneté et démocratie
Piliers de l’alphabétisation
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30 ans d’alpha
Édito
Alphabétisations
pour le 21e siècle
Ce 8 septembre, c’est la 31e année consécutive que
par Sylvie PINCHART
Lire et Ecrire marque la Journée internationale de
et Catherine STERCQ
l’alphabétisation en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Avant 1983, il était en effet couramment admis, en Belgique comme
dans les autres pays industrialisés, que l’enseignement obligatoire
permettait à tous d’acquérir les savoirs de base1.
Ce numéro du Journal de l’alpha rend hommage aux associations
pionnières dont l’action a permis le développement du secteur de
l’alphabétisation tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Il analyse également, sur base des études quantitatives réalisées par
Lire et Ecrire auprès des opérateurs de 19882 à 2010, l’évolution de
ce secteur, construit à partir de multiples initiatives citoyennes. Cette
évolution, soutenue par trente années de revendications portées par
Lire et Ecrire, a été importante.
Ainsi l’alphabétisation des adultes, considérée au niveau international
comme un droit humain à promouvoir et défendre activement, est
devenue depuis 2001 une priorité des autorités belges francophones.
1. Voir : STERCQ Catherine, Les chiffres de l’alpha : compteur bloqué ?(édito),
in Journal de l’alpha, n°185, septembre 2012, p. 7.
2. Pour les données générales, nous sommes remontés à 1988, mais l’enquête
s’étant étoffée au fil du temps, nous avons été contraints de débuter l’analyse de
nombreuses données en 1990 ou 1994, voire plus récemment.
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Journal de l’alpha n°190
Le fait le plus marquant est l’importante évolution de l’offre d’alpha-
bétisation – de quelque 500 apprenants participant aux actions
développées par une vingtaine d’associations en 1983 à plus de
16.000 apprenants prenant part aujourd’hui aux actions menées par
plus de 160 opérateurs. En 2005, les autorités publiques se dotaient
d’un outil de pilotage permanent et interministériel des politiques
d’alphabétisation. Un article présente les réalisations et les projets du
Comité de pilotage Alpha. Les résultats d’une de ses initiatives, une
recherche sur les politiques d’alphabétisation en Région de
Bruxelles-Capitale et en Région wallonne dans le but de produire
une vision d’ensemble des politiques d’alphabétisation et d’en
évaluer la cohérence et la complémentarité, sont également présentés
et discutés dans ce numéro.
Si nous pouvons nous réjouir de ces avancées, du chemin reste
cependant à parcourir pour relever le défi du droit à l’alphabétisation
pour tous.
En Fédération Wallonie-Bruxelles
Notre objectif de 1983 – Que toute personne qui le souhaite puisse
trouver, près de chez elle, une offre d’alphabétisation de qualité –
n’est pas atteint. De nombreuses personnes ne peuvent toujours pas
participer aux actions d’alphabétisation :
- parce que l’offre est insuffisante et n’est pas toujours adaptée à
leurs besoins ;
- parce qu’elles sont trop vieilles, trop jeunes, trop éloignées du
marché de l’emploi, trop exclues ;
- parce que la distance qu’elles devraient parcourir pour rejoindre
un lieu de formation est trop grande, parce que les moyens de
déplacement sont inexistants ou peu adaptés ;
- parce que les possibilités de garde pour les enfants en bas âge sont
insuffisantes ;
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30 ans d’alpha
- parce que les conditions socioéconomiques se dégradent et les
logiques de survie prennent de plus en plus le pas sur les dyna-
miques d’apprentissage et d’émancipation.
Le secteur de l’alphabétisation est influencé par une multiplicité de
politiques publiques. Si les principaux acteurs ont effectivement des
espaces de concertation, force est de constater que la conférence
interministérielle sur l’alphabétisation ne s’est plus réunie depuis cinq
ans et qu’il faudrait maintenant pouvoir passer d’une politique de
cohabitation à une politique coordonnée autour de priorités com-
munes dans la réalisation du droit à l’alphabétisation.
Avec d’autres associations, nous sommes, à Lire et Ecrire, particuliè-
rement vigilants sur les impacts des politiques de l’État social actif3,
tant au niveau de la segmentation du public et du contrôle des appre-
nants que des rôles parfois contradictoires assignés aux associations.
Un autre point de vigilance touche plus particulièrement les relations
entre les pouvoirs publics et les associations. La complexification
administrative empêchant d’affecter plus de moyens à l’action de
première ligne, le manque de reconnaissance de l’expertise pédago-
gique développée par le secteur pour éviter la reproduction de l’échec
scolaire et la propension à confondre les espaces de contrôle social
avec ceux de l’apprentissage sont des préoccupations importantes.
Au niveau international
Par ailleurs, alors que dans le monde 775 millions d’adultes – dont
deux tiers sont des femmes – ne savent ni lire, ni écrire, ni compter4,
alors que sur les 40 pays où le taux d’alphabétisme des adultes était
3. Voir : L’État social actif, Journal de l’alpha, n°189, mai-juin 2013.
4. Données 2010 (voir : Rapport mondial de suivi sur l’Éducation pour tous,
2012, p. 104, http://unesdoc.unesco.org/images/0021/002180/218015f.pdf).
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Journal de l’alpha n°190
inférieur à 90% en 1998-2001, seuls 3 devraient, selon l’UNESCO,
pouvoir atteindre l’objectif 4 de l’Éducation pour tous (EPT)5, soit
la réduction de 50% de leur taux d’analphabétisme, notre gouverne-
ment décide de faire des économies sur l’aide au développement, ce
qui aura un impact direct sur la scolarisation et l’alphabétisation.
L’UNESCO tire donc la sonnette d’alarme : « Les [pays] donateurs ne
devraient pas utiliser l’austérité économique comme prétexte pour évi-
ter de tenir les promesses qu’ils ont faites aux enfants les plus pauvres
du monde. Les donateurs européens se sont engagés à allouer 0,7% de
leur revenu national brut (RNB) à l’aide, mais la plupart d’entre eux
n’ont pas atteint cet objectif. Certains d’entre eux sont très loin du
compte ou font même machine arrière. »6Déjà en 2006, le rapport de
suivi de l’EPT, centré sur l’alphabétisation définie comme un enjeu
vital de l’éducation pour tous, disait que l’aide à l’éducation de base
était inadéquate, qu’elle ne représentait que 2,6% de l’aide publique
au développement et que, dans ce total, la part de l’aide à l’alphabéti-
sation des adultes était minime7. Ce rapport invitait la communauté
internationale à intensifier ses efforts et à doubler l’aide à l’éducation
de base8. Or, aujourd’hui, c’est juste l’inverse qui se produit.
5. C’est lors du Forum mondial sur l’éducation qui s’est tenu à Dakar, en avril
2000, qu’un cadre d’action ‘L’Éducation pour tous : tenir nos engagements
collectifs’ a été défini. Ce document engageait les États à réaliser les objectifs
(dont deux concernaient plus particulièrement l’alphabétisation) « d’une
éducation de base de qualité pour tous d’ici à l’an 2015 ».
6. UNESCO, L’Éducation pour tous est abordable d’ici à 2015 et au-delà,
Rapport mondial de suivi sur l’Éducation pour tous, Document d’orientation n°6,
mars 2013, p. 3 (http://unesdoc.unesco.org/images/0021/002199/219998F.pdf).
7. UNESCO, Rapport mondial de suivi de l’EPT, 2006, p. 266
(http://unesdoc.unesco.org/images/0014/001455/145595F.pdf).
8. Ibid., p. 267.
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