L’Aquitaine cultive la biodiversité - 10 ans Le réseau Bio d’Aquitaine La fédération Bio d’Aquitaine a pour objectif production bio (sélection participative le développement de l’agriculture biologique de variétés paysannes, maîtrise de la dans une perspective de durabilité sociale fertilisation azotée sur prairie, réduction du et environnementale de la production travail du sol en grande cutures…). agricole sur le territoire aquitain. Organisation et participation à des salons, foires, conférences, interventions dans les Les associations membres du écoles, portes ouvertes… réseau Bio d’Aquitaine travaillent Élaboration de projets locaux de au développement de l’agriculture commercialisation, promotion des produits biologique : bio en multi partenariats (collectivités…). Mise en réseau de producteurs bio Bio d’Aquitaine, en tant que fédération pour favoriser les échanges et partages régionale, a pour missions de favoriser d’expériences. les liens entre ces structures locales et Accompagnement technique et de participer à créer un environnement économique des agriculteurs bio, régional favorable au développement de en conversion ou en projet de l’agriculture biologique. conversion. Expérimentation terrain pour Elle est adhérente de FNAB, la Fédération l’amélioration des méthodes de Nationale de l’Agriculture Biologique. La fédération des agriculteurs biologiques d’Aquitaine regroupe cinq associations départementales : Centre Emeraude 20 rue du Vélodrome 26 rue Victor Michaut 61/69 rue Camille Pelletan 24000 PÉRIGUEUX 47300 VILLENEUVE SUR LOT 33150 CENON Tél. 05 53 35 88 18 Tél. 05 53 41 75 03 Tél. 05 56 40 92 02 [email protected] [email protected] [email protected] BP1 32 rue de la Bidouze 40180 HEUGAS 64120 ST PALAIS Tél. 05 58 98 71 92 Tél. 05 59 65 66 99 [email protected] [email protected] La Fédération Nationale d’Agriculture Biologique Créé en 1978 afin de porter la voix des producteurs biologiques, la FNAB est à ce jour le seul réseau professionnel agricole spécialisé en agriculture biologique en France. En tant que réseau de proximité et de compétences, elle se compose d’une fédération nationale, et de groupements régionaux et départementaux répartis sur le territoire. La FNAB fédère - par les organisations adhérentes qui la composent- les agriculteurs bio des régions de France. Cette association endosse trois fonctions principales : organisation professionnelle, structure de développement, et mouvement citoyen. Bio d’Aquitaine - 6 rue du Château Trompette 33000 BORDEAUX Tél. 05 56 81 37 70 - [email protected] www.bio-aquitaine.fr 2 L’Aquitaine cultive la biodiversité - 10 ans Sommaire 4 • Le renouveau des semences paysannes ...............................................................................................4 • «L’Aquitaine cultive la Biodiversité», un programme innovant et participatif ......................11 35 • Des expérimentations réalisées par et pour les agriculteurs ....................................................35 • Le suivi de treize populations de maïs sur la ferme témoin de Ribeyrolles ........................43 53 • La plateforme régionale d’expérimentation ......................................................................................53 • Les résultats des observations sur les populations de maïs .....................................................57 • La sélection d’hybrides de population pour l’agriculture biologique ......................................82 • Les analyses de la composition des grains des populations de maïs .....................................87 • Les résultats des observations et des analyses sur les populations de tournesols .........99 110 • Etude sur les flux de gènes entre variétés hybrides et variétés populations Partenariat avec l’INRA Versailles-Grignon .......................................................................................110 • SOLIBAM : Développer des stratégies combinant la sélection végétale et l’innovation agronomique pour les agricultures biologique et à faibles intrants ........................................116 122 • Les perspectives de développement du programme «l’Aquitaine cultive la biodiversité» ......................................................................................................122 124 • Liste des publications du programme «l’Aquitaine cultive la Biodiversité» .......................124 • Glossaire des termes employés ...........................................................................................................125 • Acronymes utilisés .....................................................................................................................................126 3 L’Aquitaine cultive la biodiversité - 10 ans Le renouveau des Semences Paysannes Au début des années 2000, L’industrialisation de l’agriculture les semences paysannes n’ont aucune et la spécialisation de la sélection existence reconnue : la réglementation végétale ont conduit, dès le début du considère implicitement que 20ème siècle et de manière accélérée l’agriculteur utilise forcément des après la Seconde Guerre Mondiale, à semences commerciales, sélectionnées une érosion de la biodiversité cultivée par des semenciers spécialisés. dans les champs : les variétés de Or, les semences paysannes populations, de base génétique large et subsistent bel et bien dans les champs évolutive, sont peu à peu remplacées de paysans et chez des jardiniers : la par des variétés fixées, stables et grande majorité des paysans de la homogènes de base génétique étroite planète ressème depuis toujours ses (lignées pures, hybrides F1). récoltes et échangent ses semences La FAO (Food and Agriculture et ses plants. Organisation) estime que «[…] depuis En France, les pratiques informelles de le début du siècle, quelques 75% de la sélection, autoproduction et échange diversité génétique des plantes cultivées de semences sont pourtant courantes ont été perdus. Nous dépendons, dans une dans les campagnes, que ce soient des mesure croissante, d’un nombre de plus semences de ferme ou des semences en plus réduit de variétés cultivées et, paysannes. Parallèlement, quelques en conséquence, de réserves génétiques individus ou groupes de passionnés de moins en moins abondantes.[...] Cela entretiennent des collections vivantes tient principalement au remplacement des variétés traditionnelles par des variétés commerciales uniformes [...]. L’érosion de la diversité génétique des plantes cultivées représente une grave menace pour les approvisionnements alimentaires. » Source : « Valorisons la diversité de la nature ». Archives de la FAO. 1993. En 2003, les rencontres «Cultivons la Biodiversité dans les Fermes» d’Auzeville (31) ont permis de sortir les semences paysannes de l’anonymat. Plus de 350 personnes ont participé à ces journées sur les thèmes de la biodiversité cultivée, du droit des paysans à ressemer et échanger leurs semences, de la souveraineté alimentaire… Ces rencontres ont été organisées face à une actualité particulière qui rendait Lors des rencontres d’Auzeville, les participants de tous pays urgente la nécessité de se mobiliser avaient amené des graines pour la reconnaissance des semences avec lesquelles un mandala a été réalisé. paysannes. En effet, en 2002, l’Europe était en train de travailler à une nouvelle règlementation sur les semences de variétés anciennes et développent biologiques et paraissait sur le point des initiatives de sélection de n’autoriser en bio que les semences participative, comme en Aquitaine de variétés commerciales inscrites au depuis 2001. Mais ces actions restent catalogue officiel. Or, de nombreux isolées et ces pratiques marginales. agriculteurs bio utilisaient des variétés... 4 suite p.6 L’Aquitaine cultive la biodiversité - 10 ans Le renouveau des Semences Paysannes Qu’est-ce que les semences paysannes ? Les semences paysannes apparaître de nouveaux caractères. sont un concept récent mais qui Cette sélection paysanne est à correspond à une réalité millénaire. l’origine de l’ensemble des espèces Ce terme vise à les différencier cultivées et reste encore largement des semences commerciales dominante dans l’agriculture développées à partir du 19ème mondiale actuelle. Ce n’est qu’en siècle, généralisées durant la Europe de l’Ouest, ainsi que dans les deuxième partie du 20ème siècle et autres pays industrialisés, qu’elle sélectionnées en dehors des champs a été progressivement remplacée de production agricole des paysans depuis la fin du 19ème siècle par la par des entreprises semencières. sélection industrielle et aujourd’hui Les semences paysannes se par des technologies de manipulation distinguent aussi des semences de génétique. ferme (ou semences fermières) qui Les semences paysannes sont ainsi sont multipliées à la ferme à partir de sélectionnées dans les fermes la récolte de variétés commerciales en conditions réelles de culture, protégées par un Certificat avec des méthodes à la portée d’Obtention Végétale en vue de de leurs utilisateurs (agriculteurs conserver leurs caractéristiques et/ et jardiniers) : sélection massale, ou d’utiliser leur dénomination. croisements naturels et manuels, multiplication végétative. Les semences paysannes sont, elles, directement issues des variétés On parle aussi de variétés de sélectionnées et multipliées par populations pour marquer les agriculteurs eux-mêmes. l’importance de la diversité intra Cette sélection paysanne est variétale (composées d’individus principalement massale et sans génétiquement différents mais aucun recours aux technologies de liés par un phénotype proche, des manipulation génétique modernes. caractéristiques communes) et par Elle est effectuée récolte après opposition aux lignées pures et aux récolte, génération après génération, hybrides standardisés. en sélectionnant dans les champs les Cette large base génétique des plantes les plus intéressantes, les variétés paysannes de populations plus «belles» pour les ressemer afin produit une variabilité qui leur de favoriser leur adaptation locale. confère des capacités d’évolution et Leur diversité est renouvelée par d’adaptation à la diversité naturelle des échanges réguliers de semences des terroirs, des climats et des entre paysans qui favorisent leur pratiques agricoles. On parle de variétés de évolution dans d’autres milieux, Les variétés paysannes sont libres populations en opposition des cultures en mélange et des de droits et constituent un bien aux lignées pures et aux croisements susceptibles de faire commun. hybrides standardisés. Tableau récapitulatif de la distinction entre semences paysannes, fermières et commerciales Source : G.Kastler, R.A. Brac de la Perrière, Semences et droits des paysans, RSP/BEDE 2009, p.7 Usage par le Conservation ou Nature paysan Sélection Multiplication Utilisation maintenance de la variété Semence paysanne Semence fermière (1) Semence certifiée commerciale (2) (1) l’agriculteur produit sa semence à partir de variétés commerciales et en rachète de temps en temps. (2) l’agriculteur est simple utilisateur et rachète sa semence chaque année. suite p.6 5 L’Aquitaine cultive la biodiversité - 10 ans Le renouveau des semences paysannes ...paysannes car les variétés disponibles les semences afin de suivre de près sur le marché n’étaient pas adaptées les évolutions de la réglementation aux modes de culture biologique et à et de rendre visibles les enjeux des faibles intrants. changements actuels. Le RSP réalise De plus, le développement et l’arrivée également des actions de plaidoyer sur le marché des Organismes lors des discussions de lois au niveau Génétiquement Modifiés a décidé de européen et national afin de faire nombreux agriculteurs, notamment reconnaître les droits des paysans sur bio, à se réapproprier la maîtrise de leurs semences. leurs semences. Extrait de la déclaration finale du 6ème S’ORGANISER COLLECTIVEMENT forum européen du Réseau Semences POUR EXISTER Paysannes « Libérons la diversité ! », Février 2011 : Le Réseau Semences Paysannes (RSP) «[…] nous demandons à l’Union est né lors des rencontres d’Auzeville Européenne et à chacun de ses Etats de la volonté des paysans qui font Membres de reconnaître que les leurs propres semences de ne plus se agriculteurs européens contribuent eux cacher. Bio d’Aquitaine et la FNAB font aussi à la conservation des ressources partie des membres fondateurs de ce phytogénétiques, et d’inscrire réseau. positivement dans leurs lois les droits des agriculteurs : Le RSP compte aujourd’hui 60 - de choisir librement, de sélectionner organisations membres et regroupe et de cultiver leurs propres semences un syndicat agricole, des organisations (sauf pour les OGM), puis d’en vendre locales et nationales de développement la récolte, qu’elles appartiennent de l’agriculture biologique, des ou non à des variétés inscrites au organisations spécialisées, des catalogue ; artisans semenciers, des paysans, - d’accéder librement aux ressources des jardiniers, des associations de phytogénétiques des banques de développement local, des Organisations semences ex-situ ; Non-Gouvernementales… - d’échanger et de vendre ces semences dans des buts de conservation, de gestion dynamique ou de sélection Les missions de ce réseau s’articulent dans le champ de production agricole. autour d’objectifs collectifs : En cela, nous demandons que soit développer et mettre en réseau explicitement reconnu le droit des les initiatives innovantes de gestion agriculteurs de sélectionner et de dynamique de la biodiversité cultivée, conserver leurs propres semences favoriser la reconnaissance juridique, et, pour cela, d’échanger tout comme scientifique et institutionnelle des les obtenteurs des ressources semences paysannes. phytogénétiques n’appartenant pas à des variétés inscrites au catalogue ; Le RSP entretient également des liens - de reproduire leurs propres et milite aux côtés d’organisations semences dans le but de les adapter similaires en Europe et au niveau localement. Il est indispensable international. de reconnaître explicitement que les agriculteurs disposent comme Le RSP a participé, en 2008, à la les obtenteurs du droit d’utiliser ASSURER UNE VEILLE JURIDIQUE campagne «Semons la biodiversité» librement et sans aucun droit de aux cotés de plusieurs centaines ET LA DÉFENSE DES DROITS DES licence toute variété, protégée ou non d’organisations et de citoyens PAYSANS par un droit de propriété industrielle, pour en sélectionner une autre ; Le Réseau Semences Paysannes a - de protéger leurs semences des créé une veille juridique citoyenne sur contaminations génétiques et de 6 L’Aquitaine cultive la biodiversité - 10 ans l’appropriation par la contamination COMMUNIQUER POUR SORTIR de gènes brevetés. DE L’OMBRE Nous demandons pour chaque variété nouvellement enregistrée que Le Réseau Semences Paysannes s’est soient décrites obligatoirement les donné pour buts de faire connaître et méthodes de sélection qui ont été de défendre la diversité des variétés utilisées. paysannes comme celle des pratiques qui les accompagnent. Pour lui, la Nous demandons d’interdire la biodiversité cultivée ne doit pas rester dissémination en milieu ouvert de confinée dans des réserves naturelles plantes génétiquement modifiées ou des conservatoires fermés, elle «d’une manière qui ne s’effectue doit d’abord vivre et évoluer dans les pas naturellement», que ce soit champs et les jardins. par transgénèse ou par toute Le RSP a publié, depuis sa création, autre technique de transformation de nombreux ouvrages et documents génétique non réglementée. La techniques afin d’informer le grand coexistence entre cultures OGM et public sur les enjeux des semences non OGM est en effet impossible. paysannes et de diffuser auprès Toutes les formes de brevet sur le des agriculteurs et jardiniers les vivant doivent être interdites. informations techniques et savoir- faire nécessaires pour sauvegarder Nous demandons que les droits de cette biodiversité. propriété industrielle sur les plantes, comme le Certificat d’Obtention Il a organisé en 2010, année Végétale, ne puissent pas affecter les internationale de la biodiversité, une droits des agriculteurs de multiplier grande campagne de communication et échanger leurs semences de intitulée «La biodiversité ça se cultive ferme... » aussi !». suite p.9 «La biodiversité cultivée ne doit pas rester confinée dans des réserves naturelles ou des conservatoires fermés, elle doit d’abord vivre et évoluer dans les champs et les jardins». 7 L’Aquitaine cultive la biodiversité - 10 ans Une règlementation qui exclue les semences paysannes Les semences paysannes ne pour une espèce autorisée, il peut font aujourd’hui l’objet d’aucune être poursuivi pour «contrefaçon» et réglementation en France et en voir sa récolte saisie. Europe. Elles n’ont pas accès au marché. Celui-ci est en effet réservé Aujourd’hui en France, une Cotisation aux variétés inscrites au catalogue Volontaire Obligatoire est prélevée selon des normes de distinction, sur la récolte de tout agriculteur d’homogénéité et de stabilité utilisant ses semences fermières de (DHS) opposées à leur grande blé tendre, même lorsqu’il a utilisé diversité et variabilité génétique. une variété non protégée par un Il exige aussi des protocoles COV. de certification sanitaire et de biosécurité inaccessibles aux petits Pourtant, selon les lois actuelles : agriculteurs ou artisans semenciers. les variétés non protégées par Pour le législateur, les semences un COV peuvent être librement paysannes n’existent que dans les reproduites par les agriculteurs banques de germoplasme où elles sur leurs fermes, sont qualifiées de «ressources les agriculteurs disposent comme phytogénétiques» et ne peuvent être les obtenteurs de «l’exception de échangées qu’en vue de la recherche, sélection» qui autorise la libre la sélection, la conservation utilisation d’une variété protégée ou de l’autoconsommation. La par un COV pour en sélectionner règlementation considère de une autre, fait que les agriculteurs utilisent les agriculteurs ont le droit exclusivement des semences comme les obtenteurs d’échanger commerciales, sélectionnées par des semences pour développer des semenciers spécialisés qui des programmes de recherche, protègent leurs variétés par des de sélection, de conservation ou Certificats d’Obtention Végétale en vue de l’autoconsommation. Ils (COV) et plus récemment par des n’ont aucune obligation pour cela brevets sur les gènes manipulés. de payer une cotisation au GNIS. Un agriculteur qui vend ses propres La réutilisation par un agriculteur de semences, ou un commerçant qui sa propre récolte comme semence, les revend, est poursuivi si ces les échanges traditionnels variétés ne sont pas inscrites au entre agriculteurs de semences catalogue officiel et s’il n’a pas payé paysannes pour assurer l’évolution une cotisation à l’interprofession et éviter la dégénérescence de leur semencière (GNIS). Un agriculteur variété ou la commercialisation n’a pas non plus le droit de ressemer de semences de variétés non une partie de sa propre récolte issue inscrites à des jardiniers en vue de variétés commerciales protégées de leur autoconsommation sont par un COV («semences fermières»), ainsi en permanence réprimés. La sauf pour 21 espèces de cultures France a pourtant approuvé le Traité agricoles pour lesquelles il ne peut International sur les semences le faire qu’à condition de verser de la FAO (TIRPAA) qui reconnaît des royalties à leurs obtenteurs. l’immense contribution des La quasi-totalité des variétés agriculteurs à la conservation de la commercialisées est ainsi protégée biodiversité cultivée et leurs droits par ses obtenteurs. Si un agriculteur qui en découlent de conserver, utilise ses propres «semences d’utiliser, d’échanger et de vendre fermières» d’une espèce non leurs semences : il est temps qu’elle autorisée, ou sans payer de royalties applique ces engagements... 8 L’Aquitaine cultive la biodiversité - 10 ans En 2007, le RSP a organisé à Clermont Ferrand (63) le colloque «Quelles plantes pour des agricultures paysannes ?» Grâce à ces différentes publications et variétale au profit des firmes programmes où agriculteurs, à de nombreux évènements organisés semencières a entraîné une perte techniciens et chercheurs s’associent par les membres du RSP sur ce thème, importante des savoir-faire paysans en pour sélectionner des variétés les semences paysannes sortent de matière de production et de sélection adaptées aux pratiques des paysans. l’ombre et les médias relaient de plus de semences. en plus régulièrement les actions et Le concept de «Maison de la revendications de ce collectif. Pour cela, le RSP a organisé plusieurs Semence» est aujourd’hui aussi en rencontres à travers le monde (Brésil, plein essor. Il s’agit d’organisations Syrie, Europe de l’Est, Afrique…) avec collectives locales de gestion et de ECHANGER POUR des communautés agricoles qui ont développement de la biodiversité SAUVEGARDER ET DÉVELOPPER conservé ou re-développé les savoir- cultivée par la diffusion et l’échange LA BIODIVERSITÉ CULTIVÉE faire traditionnels et les techniques de de semences et de savoir-faire. Les sélection végétale paysanne. Maisons de la Semence se situent dans Au sein du réseau, au-delà des une logique de gestion dynamique de semences, ce sont principalement les Les savoir-faire se partagent aussi, la biodiversité cultivée. expériences et savoir-faire qui sont depuis peu, avec le monde de la Le Réseau Semences Paysannes échangés et partagés. En effet, en recherche au sein de programmes accompagne de manière active le une génération, la dépossession des de sélection participative. Plusieurs développement de ces programmes de agriculteurs des actes traditionnels membres du Réseau Semences recherche participative et des projets de sélection, production et création Paysannes ont participé à ce type de locaux de Maisons de la Semence. Voyage d’étude sur les blés, Europe de l’Est, 2007 9 L’Aquitaine cultive la biodiversité - 10 ans Gestion dynamdieq ulae b/io dGiveesrtsiointé s ctualttiiqvuéee Malgré la reconnaissance par la FAO Leur «numérisation» actuelle dans et un renouvellement constants de l’importance de la biodiversité des bases de données génétiques de la biodiversité. Ainsi ce ne cultivée, à l’heure actuelle, la informatisées ne les maintiendra sont pas des individus ou des principale stratégie de conservation pas pour autant en vie. phénotypes précis qui sont de ces «ressources génétiques» conservés mais un réservoir de est une conservation ex-situ. La gestion dynamique consiste à variabilité génétique, un potentiel Cela signifie une conservation cultiver des populations végétales d’évolution. Les traditionnels des graines sèches à basse génétiquement hétérogènes et à les échanges de semences entre température. Cette conservation ressemer d’une année sur l’autre. agriculteurs participent au maintien en «banques de germoplasme» Dans un champ cultivé, ces variétés de cette diversité et à sa capacité publiques ou privées n’est pas évoluent de manière continue sous d’adaptation. Enfin, sous l’effet de durable : la remise en culture l’effet de leur environnement lui- la sélection paysanne, l’évolution régulière destinée à préserver le même en perpétuelle évolution, de ces variétés de population est pouvoir germinatif des centaines ce qui génère une augmentation guidée par l’agriculteur pour que de milliers de variétés collectées celle-ci soit adaptée aux techniques devient impossible hors des culturales et aux attentes en champs des paysans. matière de consommation. Bien qu’elle ait permis de sauver ces variétés menacées de Le Réseau Semences Paysannes disparition après la Seconde défend l’idée que les gestions Guerre Mondiale, le seul intérêt de dynamiques et statiques sont cette conservation, dite statique, complémentaires et aussi est qu’elle permet aux acteurs de indispensables l’une que l’autre. la sélection moderne de disposer Elles doivent bénéficier des mêmes La gestion dynamique, c’est conserver provisoirement d’un réservoir les variétés en conditions de culture droits et des mêmes soutiens de diversité génétique de base. dans les champs publics. Conclusion Le Réseau Semences Paysannes et ses membres ont, depuis une dizaine d’années, travaillé activement et avec succès au renouveau des semences paysannes et des savoir-faire associés. Ces actions participent au maintien de la souveraineté alimentaire des peuples, à l’entretien du patrimoine cultivé de l’humanité et à la revalorisation des métiers de la terre. Mais même si beaucoup de chemin a été parcouru dans ce sens, la reconnaissance du rôle des agriculteurs dans la gestion de la biodiversité cultivée ainsi que celle de leurs droits de ressemer et d’échanger leurs semences restent encore à conquérir. Réseau Semences Paysannes 3, avenue de la Gare - 47190 AIGUILLON Tél./Fax : 05 53 84 44 05 - courriel : [email protected] Site internet : www.semencespaysannes.org 10 L’Aquitaine cultive la biodiversité - 10 ans
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