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1 universite paris val-de-marne faculte de medecine de creteil ****************** annee 2007-2008 PDF

113 Pages·2008·2.29 MB·French
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1 UNIVERSITE PARIS VAL-DE-MARNE FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL ****************** ANNEE 2007-2008 THESE POUR LE DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE Discipline : Médecine Générale ----------------- Présentée et soutenue publiquement le : A : CRETEIL (PARIS XII) ----------------- Par Fanny NORDMANN Epouse GUEZ Née le 27 Décembre 1977 à Paris XIIIe ----------------- TITRE : L’alcoolisme chez les Rougon-Macquart : un exemple d’apport mutuel entre médecine et littérature. DIRECTEUR DE THESE : LE CONSERVATEUR DE LA Dr B. Halioua. BILBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE Signature du Cachet de la bibliothèque Directeur de thèse universitaire 2 L’apprentissage de la médecine doit s’appuyer aussi sur la culture, telle qu’y contribuent par exemple les grands écrivains et que l’on retrouve dans les textes de portée universelle, car ces auteurs explorent et décrivent des expériences individuelles telles que les rencontrera le médecin et qu’assurément il manquera si, limité à la raison brute, il reste un instruit inculte. Michel Serres. 3 Introduction 5 Préambule 8 I. Les raisons d’une littérature médicale _________________________________________ 8 A. Zola et la maladie ________________________________________________________________ 8 B. Doctrine naturaliste, roman expérimental ____________________________________________ 10 C. Influences et formation médicale de Zola ____________________________________________ 12 II. Présentation des Rougon-Macquart __________________________________________ 15 1ère partie : L’alcool décor d’une société en pleine transformation: une nouvelle épidémiologie de l’alcoolisme 19 I. Un alcoolisme de classes ____________________________________________________ 19 A. Alcoolisme et travail ____________________________________________________________ 20 B. Alcoolisme ouvrier ______________________________________________________________ 22 C. Bourgeoisie et alcool ____________________________________________________________ 32 D. Alcoolisme rural ________________________________________________________________ 38 II. Des individus qui boivent ___________________________________________________ 41 A. Femme et alcool ________________________________________________________________ 41 B. Les enfants et l’alcool ___________________________________________________________ 46 C. Artistes et alcool _______________________________________________________________ 48 D. Soldats et alcool ________________________________________________________________ 50 III. Conclusion _______________________________________________________________ 53 2ème partie : L’alcool, symptôme d’une société malade : l’alcoolisme, un nouveau champ de la médecine. 54 I. Transformations de la médecine _____________________________________________ 54 A. Nosologie et méthode anatomo-clinique _____________________________________________ 55 B. Naissance d’une médecine de masses _______________________________________________ 56 II. L’alcoolisme, une maladie __________________________________________________ 58 A. Avant Magnus Huss _____________________________________________________________ 58 B. Magnus Huss (1807-1890) ________________________________________________________ 59 C. Après Huss en France ___________________________________________________________ 60 III. Une sémiologie de l’alcoolisme ______________________________________________ 61 A. Alcoolisme aigu ________________________________________________________________ 61 B. Alcoolisme chronique ___________________________________________________________ 63 C. Texte médicaux et descriptions littéraires : exemple du Délirium tremens de Coupeau _________ 67 D. Limites _______________________________________________________________________ 72 IV. Conclusion _______________________________________________________________ 74 3ème partie : l’alcool au cœur d’une société en perdition : alcoolisme et dégénérescence 75 I. Concepts d’hérédité et de dégénérescence _____________________________________ 75 A. Théories de l’hérédité ____________________________________________________________ 75 B. L’élaboration des arbres __________________________________________________________ 77 C. Concept de dégénérescence _______________________________________________________ 78 II. L’alcool, principale cause hérédo-dégénérative _________________________________ 80 A. Une théorie largement répandue ___________________________________________________ 80 B. Dégénérescence à tous les niveaux chez Zola _________________________________________ 82 4 III. Limites : les Rougon-Macquart, une mythologie ? ______________________________ 92 IV. Conclusion _______________________________________________________________ 93 Conclusion : une société à guérir ? 94 A. Des remèdes ? _________________________________________________________________ 94 B. Zola, un pessimiste ? ____________________________________________________________ 96 C. Un apport scientifique ? __________________________________________________________ 96 Bibliographie 99 Notes 103 5 Introduction L’alcoolisme est un sujet passionnant pour le médecin généraliste, car y sont contenus implicitement les différentes facettes, les différents substrats de l’humain, puisqu’il s’agit d’un problème à la fois d’ordre médical, sociologique et moral ; et c’est bien à ces trois tensions , à ces trois « forces » que le médecin, et plus particulièrement le médecin généraliste a affaire. Médical tout d’abord, car c’est sa fonction propre ; les lésions organiques provoquées par l’alcool peuvent être curables, rôle qui incombe au médecin. Sociologique ensuite, car alcoolisations et façons de boire trouvent leurs origines essentiellement dans le milieu, l’environnement du patient, et que la connaissance de ce « milieu extérieur » permet d’en comprendre les causes et le fonctionnement, première étape de la prise en charge. Moral enfin car l’alcoolisme est perçu comme un « mal » chargé de représentations auxquelles soignants et soignés ont parfois du mal à faire face. L’alcoolisme fait donc partie de ces pathologies « typiques » de la médecine générale, puisqu’il implique la « prise en charge globale » du patient par excellence. Outre le fait qu’il est toujours passionnant de rendre compte de la vision de nos aînés, le XIXe nous interpelle car il a été le témoin de transformations spécifiques, qui ont profondément modifié l’organisation sociale d’une part, et l’exercice de la médecine d’autre part, pour ériger les bases de notre société moderne. Du point de vue social tout d’abord, la Révolution Industrielle a réorganisé non seulement la répartition géographique de la population, mais également le travail, les loisirs, et, plus largement la « façon de vivre », et donc de s’alcooliser. Parallèlement, la médecine a, elle aussi, subi de profondes transformations. En effet, elle qui jusqu’alors était un « art » basé sur l’équilibre instable des « humeurs », tend à cette période à devenir une « science », avec le développement des méthodes anatomo- clinique et expérimentale, grâce auxquelles la « maladie alcoolisme » est identifiée en tant que telle, et, si les connaissances à propos cette dernière se sont affinées depuis, c’est bien à cette époque qu’ont été jetées les bases qui restent pour nous les mêmes. Par ailleurs, les liens qu’entretiennent médecine et art sont complexes, et cela depuis toujours. Comme nous l’avons mentionné, la médecine avant le siècle de la Révolution Industrielle et de la méthode anatomo-clinique était considérée comme un art, et, si elle s’apparente depuis à une science à part entière, sa toute puissante « technicité » admise jusqu’à la fin du XXème siècle est de plus en plus remise en cause. En effet, l’on constate que, si les perfectionnements 6 techniques améliorent la prise en charge d’un certain point de vue, certains aspects pathologiques échappent à ce domaine des sciences exactes. Plus que cela, cette « technicisation » de plus en plus pointue occulte parfois totalement certains aspects de l’être, pouvant ainsi devenir délétère si ces aspects ne sont pas pris en compte. La médecine scientifique et ses rituels thérapeutiques ne suffisent donc pas, surtout dans un domaine aussi complexe que l’alcoolisme. Cette médecine n’est en fait qu’un des « regards », qu’une des « écritures » de la réalité, mais elle n’est pas la seule ; d’autres sont possibles, et notamment ceux de l’art. Les artistes, et en particulier les romanciers du courant réaliste et naturaliste du XIXe siècle, dont Balzac, Maupassant, les Goncourt, Flaubert, et bien sûr Zola comptent parmi les plus célèbres représentants, ont voulu eux aussi, de façon contemporaine aux transformations liées à la Révolution Industrielle et aux bouleversements de la médecine, poser leur « regard », faire leur propre « écriture », leur propre « diagnostique » de la réalité de cette époque, dont l’alcoolisme fait partie ; et ceci pas uniquement pour, comme nous pourrions le dire vulgairement, la « beauté de l’art », mais plutôt en s’inscrivant dans le courant positiviste de l’époque, pour eux-mêmes participer aux bouleversements profonds de la société, et peut-être, au travers de cette vision, cette « écriture » de la réalité, en soigner les maux. Zola, comme nous allons le voir dans notre préambule, est témoin des progrès scientifiques de son temps, tant sur le fond que sur la forme, tant par sa méthode qui relève d’une science « expérimentale », que par son contenu qui découle du « naturalisme ». Mais cela ne suffit toujours pas ; peut-être plus qu’un scientifique, c’est grâce à une sensibilité extrême et une extraordinaire puissance de narration, que le romancier doit parvenir à faire ressortir la dimension profondément tragique, qui s’applique à l’humain en général, et particulièrement au thème de l’alcoolisme. En effet, pour mieux saisir cette pathologie, qui dépasse le cadre « limité » de la science, pour en comprendre la « tragédie », c’est bien l’artiste qui doit venir en aide au scientifique : « la phrase est une palpitation de la vie, […] l’œuvre est un cri humain »1. L’humain est en effet trop complexe pour qu’un savoir uniquement « scientifique » permette d’en saisir la globalité, et le médecin ne peut faire l’économie de la connaissance et de la compréhension du caractère tragique, c’est-à-dire « romanesque » de chaque individu, surtout dans une problématique telle que l’alcoolisme. Ainsi, après un préambule portant sur les sources et les raisons d’une « littérature médicale », et une brève présentation de la fresque des Rougon-Macquart, notre étude portera tout d’abord, au travers du regard de Zola, sur l’alcool comme « décor » de cette France 7 socialement profondément modifiée, une épidémiologie de l’alcoolisme propre à cette société moderne de classes . Ensuite, nous aborderons le sujet de l’ invention de la « maladie » alcoolisme en mettant en perspective regards du médecin et de l’écrivain. Enfin, nous parlerons de l’alcoolisme chez Zola en relation avec le concept moral de dégénérescence. L’alcoolisme et ses représentations sont en effets multiples et nous interrogent aujourd’hui encore sur des conceptions diverses et non résolues : s’agit-il d’une maladie, d’un malheur, d’un mal ? Zola nous apporte, si ce n’est une réponse, un éclairage passionnant. 8 Préambule I. Les raisons d’une littérature médicale Avant d’aborder le sujet de l’alcoolisme lui-même, il nous a semblé intéressant d’évoquer les raisons contextuelles, aussi bien dans l’univers personnel que culturel de Zola, qui ont permis d’extraire de la fresque de ce dernier cette thématique médicale. A. Zola et la maladie Si l’alcoolisme en tant que tel ne semble pas avoir concerné directement Zola, la pathologie et la préoccupation du corps semblent, elles, avoir été omniprésentes dans la vie du romancier. Ceci pourrait en partie expliquer sa volonté d’identifier les maux de la société, pour mieux les guérir. Un certain nombre d’éléments permettent en effet de constater l’importance de la maladie dans l’existence de Zola. Tout d’abord, il semble incontournable de mentionner l’enquête du Docteur Toulouse. En effet, Zola, qui considère, comme nous allons le voir, l’œuvre comme un terrain d’observations et d’analyse devient à son tour, en 1896, un objet d’observation et d’étude. Il se prête « durant près d’un an et avec une bonne foi admirable »2 à une série de tests menés par le Docteur Toulouse, médecin à l’asile Sainte-Anne, visant initialement à établir un lien entre supériorité intellectuelle et névropathie3. Si les conclusions de cette enquête sortent du cadre de notre propos, elles constituent néanmoins une source précieuse d’informations sur le romancier, nous permettant notamment d’expliquer, au moins en partie, son regard obsessionnel sur le corps et la maladie. On y apprend par exemple que la petite enfance de Zola s’est avérée « chétive et entrecoupée d’alertes pathologiques nombreuses », qu’il aurait été un enfant « pâle, fluet, de formes un peu féminines », et qu’il aurait été frappé d’une fièvre typhoïde à l’âge de dix-huit ans, « une fièvre grave avec vertiges », qui l’aurait laissé « la bouche ulcérée, les dents déchaussées, incapable de parler ». Zola précise également, dans une lettre datée du 19 mai 1896 au Docteur Toulouse lui-même, qu’il souffre de « troubles névropathiques » depuis l’âge de vingt ans se traduisant sous forme 9 de « coliques nerveuses très douloureuses, […] pseudo-angine de poitrine, cystite aiguë, rhumatismes articulaires etc.»4. Figure 1 : Emile Zola, Edouard Manet, 1868, Musée d’Orsay, RF 2205. Ainsi, toute sa vie, Zola se plaindra de troubles organiques et fonctionnels. En dehors de l’enquête du Docteur Toulouse, sa correspondance en témoigne, comme par exemple cet extrait de lettre adressée à son ami Jean-Baptistin Baille datée du 18 juillet 1861 : « Ma santé est fort mauvaise. Voici longtemps que je n’ai passé un jour sans douleurs. Organes digestifs affaiblis, oppression de la poitrine, éruptions de sang… » Même en dehors de toute maladie, Zola semble vivre en conflit permanent avec son corps, comme le montre cette lettre datée du 3 mars 1861 à son ami Paul Cézanne : « Ce diable de corps est gênant parfois, on le traîne partout, et partout il a des exigences terribles. Il a faim, il 10 a froid, que sais-je ? Et toujours l’âme qui voudrait parler et qui, à son tour est obligée de se taire et de rester comme si elle n’était pas, pour que ce tyran se satisfasse. » Si Zola s’intéresse à la connaissance du corps et de la pathologie, au point de lui donner une place prépondérante dans son œuvre, c’est bien pour en exorciser l’angoisse que la maladie peut générer, comme l’analyse Roger Ripoll, qui pense que chez Zola, « le recours à la science est le moyen d’apaiser une angoisse, l’angoisse que l’homme ressent devant les forces monstrueuses tapies dans son être, et un moyen de défense contre cette monstruosité, posée en objet de connaissance. La bête palpite, pousse des cris, tandis que l’analyste conserve sa clairvoyance et son sang-froid »5. Cette conviction fait largement écho aux théories psychiatriques de l’époque voulant nécessairement lier art, génie et folie, et auxquelles on tenterait de remédier par le biais de la connaissance médicale : « A faire l’artiste, on risque de devenir fou. Mais un artiste scientifique ? N’absorbe-t-il pas l’antidote en même temps que le poison ? »6. Il semble ainsi que cette omniprésence du corps et de la maladie au sein de l’existence du romancier ait pu influencer ce dernier dans son obsession des maux aussi bien du corps humain que du corps social, d’autant que le développement de la physiologie et d’une nouvelle médecine au XIXe siècle semble pouvoir apporter une réponse aux angoisses générées par la maladie, une maîtrise du corps jusqu’alors non accomplie. B. Doctrine naturaliste, roman expérimental Si médecine et littérature au XIXe siècle sont souvent associées, c’est également parce que ces deux disciplines modifient leur méthode, leur regard sur elles-mêmes : la médecine procède, comme nous le verrons dans les chapitres suivants, par le biais du développement des méthodes anatomo-clinique et expérimentale à ce que Michel Foucault appellera « la naissance de la clinique » - et qui débouchera sur l’identification de l’alcoolisme en tant que maladie - interagissant ainsi avec une littérature se réclamant elle aussi d’une certaine scientificité, où l’écrivain devient un anatomiste-clinicien, ce que l’on retrouve particulièrement chez Zola, au travers de la doctrine réaliste et naturaliste et du roman expérimental. En effet, l’école naturaliste, se veut celle du réel, de l’objectivité, en rupture avec l’école romantique jugée trop « rhétorique », trop « lyrique ». Pour Zola, « le but à atteindre n’est plus de conter, de mettre des idées ou des faits au bout les uns des autres, mais de rendre

Description:
d'usines ou d'ateliers où l'atmosphère surchauffée est chargée de poussières, d'odeurs d'huile et de matières .. Il semble intéressant de noter la différence que Zola fait ressortir, dans L'Assommoir entre essentiel de la sociabilité, car il est à la fois un lieu de rencontres et d'ident
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