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Sept ans de secrets PDF

255 Pages·2013·1.16 MB·French
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Belle, riche, issue d’une famille puissante, Mallory Forest offre l’image d’une femme comblée par la vie. Pourtant, une constante inquiétude la ronge : sa fille, Liddy Bea, souffre d’une malformation rénale et vit tant bien que mal dans l’attente d’une greffe. Un jour, les événements se précipitent, il faut d’urgence trouver un donneur compatible. Vers qui se tourner, alors que Mallory a déjà épuisé toutes les solutions possibles ? Toutes les solutions — sauf une, à laquelle elle se trouve désormais acculée si elle veut sauver sa fille : retrouver le père de Liddy. Qu’est devenu Connor, qu’elle a complètement perdu de vue il y a sept ans, après une violente rupture ? Et comment va-t-il prendre la nouvelle de sa paternité, lui à qui elle a délibérément caché sa grossesse et qui ignore jusqu’à l’existence de Liddy ? Portée par l’énergie du désespoir, Mallory repousse les questions et se lance à sa recherche. 1. Quelqu’un frappa légèrement à la porte de la chambre. Mallory Forrest leva la tête et vit Fredric Dahl, le médecin de sa fille, lui faire signe de sortir. La jeune femme vérifia que Liddy Bea était toujours endormie et le suivit à contrecœur. Elle n’aimait pas quitter la fillette sans la prévenir, mais le chef du service de néphrologie de Tallahassee était un homme trop occupé pour qu’on le fasse attendre. Déposant un léger baiser sur la joue de l’enfant, elle se leva et sortit en refermant doucement la porte derrière elle. Le Dr Dahl se dirigea d’un pas vif vers une petite salle de conférences adjacente au bureau des infirmières. Les battements du cœur de Mallory s’accélérèrent et l’angoisse lui contracta l’estomac. L’attitude du médecin ne laissait rien augurer de bon. Fredric Dahl lui offrit une chaise et, comme à son habitude, s’installa sur un coin de table. Il tenait entre les mains un épais dossier médical. Celui de Liddy Bea. Mallory songea au nombre de fois où Liddy avait été hospitalisée au cours de ses six années d’existence et son cœur se serra. Evitant le regard du Dr Dahl, elle se mit à lisser du plat de la main la jupe de son tailleur. Fredric Dahl s’exprima avec sa douceur et sa délicatesse habituelles. Néanmoins, il n’y alla pas par quatre chemins. — Mallory, ce que nous redoutions le plus a fini par arriver. Le rein que vous avez donné à Liddy est rejeté par son organisme. J’ai besoin de votre autorisation pour le lui ôter. Il tira un papier du dossier et le fit glisser sur la table. — Il ne faut pas traîner. Plus nous attendons et plus nous courons le risque le voir apparaître une infection grave. Un instant désorientée, Mallory ignora le stylo qu’il lui tendait. Elle croisa les bras et crispa les doigts sur sa taille pour les empêcher de trembler. Ce n’était pas possible. Il devait se tromper. — Ne pouvez-vous changer le traitement de Liddy ? Il existe sûrement de nouveaux médicaments que nous pourrions essayer pour empêcher ce rejet ? Elle allait si bien ! Pourquoi… pourquoi elle ? Des larmes se mirent à couler au coin de ses yeux, qu’elle n’eut pas la force d’essuyer. — Allons, allons, Mallory. Nous savions que la transplantation était hasardeuse, à cause de ces satanés anticorps dont je vous avais parlé. En outre, vous n’étiez pas le donneur idéal. — Pourtant, je suis sa mère ! Oh, ce n’est pas juste ! Elle ne mérite pas cela… — Il ne sert à rien de vous torturer, Mallory. Nous avons pesé toutes les conséquences de cet acte il y a huit mois, quand nous avons décidé de tenter l’opération. La vie de Liddy Bea n’est pas en danger ; votre fille sera remise sous dialyse et je vais immédiatement la replacer dans la liste nationale des malades prioritaires en attente d’une greffe. — Mais la liste est déjà si longue… Et pourquoi une autre transplantation réussirait-elle, alors qu’elle a rejeté un premier greffon ? La panique étreignit Mallory et sa voix se fit plus aiguë, presque stridente. — Oh, si seulement Mark… — Il n’est pas question de faire appel à votre frère. La malaria qu’il a contractée dans l’armée exclut totalement cette possibilité. Et vous savez aussi bien que moi que l’état cardiaque de votre père l’écarte également de la liste des donneurs. Je sais que c’est dur à admettre, Mallory, mais nous avons épuisé les ressources de la famille. Notre seul espoir réside à présent dans la liste nationale. Mallory déchira sans s’en apercevoir le mouchoir en papier que Fredric venait de lui donner. Le regard fixé sur les lambeaux de papier blanc, elle murmura d’une voix à peine audible : — Il y a encore quelqu’un dans la famille… Son père… Fredric Dahl se leva. — Le sénateur… enfin Brad, votre père, m’a informé dès le début que le père de Liddy ne faisait pas partie de sa vie, et j’ai cru comprendre que la situation était pour le moins sensible. Si vous avez l’intention de réveiller une vieille querelle de famille en faisant appel à lui, cela risque de me mettre dans une position délicate, je préfère vous le dire tout de suite. C’est à votre père que je dois mon poste d’études sur les transplantations rénales à l’université, ainsi que la direction du service de néphrologie au Forrest Memorial Hospital. Toutefois, dans l’intérêt de Liddy, je suis prêt à m’effacer devant un autre médecin si vous le souhaitez. — Non, Fredric, vous êtes le meilleur, répliqua vivement Mallory. Et papa tient à ce que sa petite-fille bénéficie des meilleurs soins possibles. Mais étant donné la gravité des circonstances il s’inclinera devant ma décision, quelle qu’elle soit. — Je l’espère. Car il n’a pas mâché ses mots concernant le père de Liddy. — Papa ne mâche jamais ses mots en général. Et moi non plus. Je dois penser avant tout à l’intérêt de ma fille. C’est donc à moi de prendre cette décision. Et au père de Liddy, en admettant qu’il accepte d’écouter ce que j’ai à lui dire… Mallory prit le stylo que le médecin lui tendait et griffonna une signature au bas du document posé sur la table. — Brad m’a dit que votre… votre ex-mari vivait à l’étranger, reprit Fredric Dahl. Dans un atoll du Pacifique, à ce que j’ai compris. Cela va poser des problèmes de logistique, Mallory. Y avez-vous songé ? — Connor est revenu aux Etats-Unis il y a quelques mois. Et nous n’avons jamais été mariés. En fait, il ignore même qu’il a un enfant. Croyez-moi, Fredric, si j’avais un autre donneur en vue, je ne ferais pas appel à lui. Mais je suis prête à tout pour que Liddy retrouve la santé et le bonheur. Il y eut un court silence, puis elle ajouta, d’une voix moins assurée : — Quand allez-vous opérer Liddy ? Il faut que je descende demander à Alec la permission de m’absenter de nouveau. Pauvre Alec. Nous sommes déjà en mai et j’ai l’impression d’avoir tout juste repris mon travail, après les mois de convalescence qui ont suivi la transplantation. Fredric Dahl lui tapota gentiment l’épaule. — D’après ce que je sais, le Dr Robinson est prêt à tout pour vous garder. Il répète à qui veut l’entendre que nous avons une chance inestimable de vous avoir. Nous n’avions jamais récolté autant de fonds pour notre fondation. Mallory esquissa un pâle sourire. — J’ai toujours pensé qu’il m’avait offert un poste dans les relations publiques parce que je faisais partie des murs. Je passais ma vie à l’hôpital, pendant la maladie de maman. J’étais enceinte à l’époque. J’avais des nausées et j’étais obligée de sortir si souvent de la chambre, que j’ai bientôt fini par connaître tout le personnel de l’étage. C’est de cette façon que j’ai rencontré Alec et que nous avons sympathisé. — Votre famille a eu largement sa part de souffrances, Mallory. Mais la maladie de votre mère et celle de Liddy n’ont rien à voir l’une avec l’autre. Quant à l’artériosclérose de votre père, elle est due en partie au souci qu’il s’est fait pour votre mère, pour Liddy et pour vous. Sans parler de ses lourdes responsabilités de sénateur. — Si mon père a le cœur malade, il le doit surtout à une nourriture trop riche, à un abus de cognac et à ces affreux cigares auxquels il refuse de renoncer ! rétorqua vivement Mallory. Fredric Dahl eut un petit rire sec. — Votre diagnostic est sévère mais sans doute plus proche de la vérité que le mien. Les vieux bonshommes comme Brad ont la tête dure et il n’est pas facile de leur faire entendre raison. C’est pourquoi je me demande si vous ne devriez pas réfléchir encore un peu avant de contacter le père de Liddy Bea. — Si quelqu’un peut comprendre ma démarche, c’est papa. Il ferait n’importe quoi pour ceux qu’il aime. Cela fait presque sept ans que Connor O’Rourke ne m’a donné aucun signe de vie. Mais s’il existe une chance, même sur un million, que le don de l’un de ses reins aide Liddy à vivre, je suis prête à ramper jusqu’à Miami pour le supplier à genoux. Le médecin passa une main sur son crâne dégarni et marmonna : — Je sais, Mallory, je sais. Et Dieu sait que moi aussi, j’aimerais trouver le donneur idéal. Cependant, il est de mon devoir de vous mettre en garde. Cela fait vingt ans que je travaille dans le domaine de la transplantation d’organes. J’ai assisté à de terribles querelles familiales et même à des bagarres. J’ai vu des parents divorcer et ne plus jamais s’adresser la parole. Mark, Bradford et vous êtes des exceptions, car vous étiez tous les trois prêts à donner un rein à Liddy Bea. Mallory fourra les lambeaux de mouchoir dans sa poche d’un geste nerveux et se leva. — Je me souviens que le père de Liddy Bea, sous une apparence rude, avait un cœur d’or. Je suis sûre qu’il n’a pas changé. Connor m’en voudra sans doute de ne pas lui avoir dit qu’il avait un enfant, mais sa colère ne s’étendra pas à sa fille. Mallory posa une main tremblante sur la poignée de la porte et sortit dans le couloir brillamment éclairé. — Liddy sera opérée à 16 heures, lui annonça Fredric Dahl en lui emboîtant le pas. Nous la mettrons immédiatement sous dialyse péritonéale. Il n’y a donc pas lieu de contacter son père d’extrême urgence. Je veux que Liddy se soit parfaitement remise de cette intervention avant de tenter une autre transplantation. Entre-temps, un donneur de la liste nationale se présentera peut-être. — Vous m’avez toujours dit que les meilleurs donneurs se trouvaient dans la famille proche. Le Dr Dahl fit la moue et hésita avant de répondre. — C’est vrai. Mais si je fais abstraction du fait que je suis médecin et si je me place du point de vue d’un ami, lui-même père de trois enfants, eh bien… je crains que dans ce cas précis qui est le vôtre, vous ne vous exposiez à beaucoup d’ennuis. De nos jours, les pères n’hésitent pas à aller devant les tribunaux pour faire valoir leurs droits. Mallory tressaillit et fixa le médecin à travers un brouillard de larmes. — Je dois être encore plus fatiguée que je ne le pensais. Je ne comprends pas où vous voulez en venir. — Peut-être nulle part. Mais mettez-vous à la place de M. O’Rourke. Liddy est une enfant adorable et très intelligente. Et vous l’avez eue toute à vous pendant six ans. La jeune femme eut soudain la sensation de tomber dans un trou noir. Etourdie, elle s’appuya contre le mur. — Vous croyez que… que Connor pourrait demander la… la garde de Liddy Bea ? — C’est une possibilité, oui. — Vous avez peut-être raison, déclara-t-elle d’une voix blanche. Mais si c’est un risque à courir, je l’accepte. Liddy Bea avait à peine deux ans quand la maladie s’est déclarée. Pendant un an et demi, elle a été sous hémodialyse. Nuit après nuit je suis restée à son chevet à l’écouter pleurer de douleur. Je l’ai bercée pendant des heures, en pleurant avec elle. Si vous saviez comme j’ai prié pour que l’on trouve un donneur. Il n’y en avait pas. Je lui ai donné un de mes reins, tout en sachant que je ne correspondais pas au profil idéal. Mais c’était mieux que rien. Pendant huit mois, huit mois merveilleux, elle a été normale. Heureuse. Aussi, Fredric, je ferais un pacte avec le diable s’il le fallait, pour revivre ce bonheur-là. Un peu hors d’haleine, Mallory regagna la chambre de Liddy et entrouvrit doucement la porte, se cognant par inadvertance contre la cloison. L’enfant battit des paupières et ouvrit les yeux, révélant des prunelles grises qu’elle avait héritées de son père. Elle fixa sa mère et sourit. — C’est déjà le matin, maman ? Tu vas me ramener à la maison ? Mallory se crispa à la pensée de devoir expliquer à la fillette que son calvaire allait recommencer. Mais l’arrivée inopinée de Bradford Forrest lui offrit un sursis. Le sénateur Forrest entrait toujours dans une pièce comme si elle lui appartenait. Mais, étant donné les sommes énormes dont il avait fait don à l’hôpital au fur et à mesure de sa construction, il en possédait probablement une grande partie. Cependant, cet important personnage politique de la Floride demeurait un homme agréable et de belle apparence, malgré une légère tendance à l’embonpoint. Mallory l’adorait et lui pardonnait volontiers ses petits travers. Tout le monde disait qu’elle avait hérité de lui ses yeux bleus à l’expression franche et directe, ainsi que ses épais cheveux bruns, même si ceux du sénateur étaient à présent striés d’argent. On disait aussi qu’elle avait la silhouette souple et élancée de sa mère et son caractère enjoué. Béatrice Forrest était morte le jour même de la naissance de Liddy Bea, et Bradford ne s’était jamais vraiment remis de sa disparition. Récemment réélu pour un cinquième mandat, Bradford était l’un des hommes les plus puissants et les plus influents de Tallahassee. Or cet homme, capable de faire trembler n’importe quel adversaire, fondait littéralement de tendresse devant sa petite-fille. Brandissant l’énorme lapin en peluche qu’il cachait derrière son dos, il le fit rebondir sur le lit de la fillette. Le visage de celle-ci s’illumina et elle serra le jouet dans ses bras. — Oh, merci grand-père ! Merci ! Je l’appellerai Flopsie. Tu vas nous ramener à la maison, dis ? C’est Davis qui me conduira à l’école demain ? Liddy Bea adorait aller à l’école dans la limousine de son grand- père, et ce dernier s’arrangeait aussi souvent que possible pour lui faire ce plaisir-là. Le bar de la voiture était toujours rempli de jus de fruits, car il était capital pour l’état de santé de l’enfant qu’elle s’hydrate régulièrement. D’ordinaire, le sénateur Forrest contrôlait toujours la situation. Mais pour une fois, il fut à court de mots. — Je… hum… je suis venu pour… enfin à cause du message que Fredric a laissé à ma secrétaire, bredouilla-t-il en lançant un regard désemparé à Mallory. Celle-ci comprit aussitôt. Fredric Dahl, qui était devenu un ami de la famille, n’avait pas voulu qu’elle reste seule à l’hôpital pendant l’opération de Liddy. Mallory avait emménagé avec sa fille chez son père quelques semaines avant la première transplantation et depuis, les trois Forrest constituaient presque une famille traditionnelle. Repoussant l’énorme lapin, la jeune femme s’assit au bord du lit et prit la petite main chaude de Liddy entre les siennes. — Liddy Bea, mon bébé, le rein que maman t’a donné ne fonctionne pas bien, murmura-t-elle d’un ton saccadé. C’est… c’est ce qui t’a rendue malade dernièrement. Il faut que le Dr Dahl l’enlève. Liddy battit des paupières, luttant bravement contre les larmes. Le stoïcisme était un des traits de caractère de son père, et elle en avait hérité. A sa naissance, elle lui ressemblait tellement que Mallory avait décidé de lui donner le prénom de la mère de Connor, accolé à celui de la sienne. Même si son père ne devait jamais poser les yeux sur elle, Lydia Béatrice porterait en elle un peu de chaque famille dont elle était issue. Si seulement elle avait averti Connor qu’il avait une fille, à la naissance de celle- ci… Peut-être que…

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