Rapport annuel 2012 www.appartenances.ch Notre mission La mission d’Appartenances est de favoriser le sa globalité; cette vision nous permet de consacrer mieux-être et l’autonomie des personnes migrantes, notre action et nos compétences à la personne et de faciliter une intégration réciproque avec la migrante; c’est en valorisant sa diversité, sa singu- société d’accueil dans un rapport d’équité. larité et son individualité que nos approches spéci- fiques, comme l’intégration critique, se trouvent Multiculturelles, ses équipes de professionnel-le-s déterminées et motivées. qualifié-e-s, salarié-e-s ou bénévoles, s’efforcent de répondre de manière transversale aux divers Les compétences:Appartenances, de par son acti- besoins psychologiques et sociaux des personnes vité spécifique, requiert de ses collaborateurs une migrantes en difficulté. Des services tels que for - expertise spécialisée et une exigence élevée de mation, recherche et interprétariat communau- professionnalisme. Elles se caractérisent par une taire sont destinés aussi aux professionnel-le-s complémentarité des compétences individuelles et concerné-e-s. des approches collectives mises en place dans les différents secteurs. En pleine reconnaissance des Nos valeurs principales limites de son action, Appartenances joue un rôle Dans le cadre de la redéfinition de son identité, actif dans le réseau des acteurs sociaux de la place. Appartenances a qualifié trois valeurs de particuliè- rement importantes. Inspirées par son histoire, elles L’intégrité:au cœur du souci éthique d’Apparte- sont un reflet de la personnalité de l’association. nances, il y a la ferme volonté de répondre aux Pour que ces valeurs soient consciemment vécues besoins véritables de la personne migrante, sans et appliquées par chacune et chacun, le comité l’instrumentaliser, en la respectant dans sa totalité. a cherché à définir ci-après ce qu’elles impliquent Par intégrité, nous nous rendons redevables envers au quotidien: nos usagers, nos collaborateurs et nos divers parte- naires. Cette valeur d’intégrité motive la transpa- Le respect de l’identité et de l’altérité:Apparte- rence de la gestion financière d’Appartenances aussi nances se fonde sur une vision de l’humain dans bien que son engagement politique et citoyen. 3 Sommaire Message du Comité 6 Souvenirs en miroir 8 20années d’Appartenances 14 Editorial 20 Consultation Psychothérapeutique pour Migrant-e-s CPMLausanne 22 CPMVevey (Antenne Riviera) 24 CPMYverdon-les-Bains (Antenne Nord vaudois) 25 Statistiques CPM2012 26 Espaces sociaux Leur mission 28 Centre Femmes –Lausanne 30 Espace Mozaïk –Lausanne 34 Espace Femmes Riviera –Vevey 38 Interprétariat communautaire 42 Secteur Formation 47 Nos collaboratrices et collaborateurs en 2012 Siège de Lausanne 52 Antennes Riviera et Nord vaudois 56 Nos bénévoles en 2012 58 Les chiffres en 2012 61 Partenaires et donateurs 70 Soutenez notre action! 73 Coordination: Natacha Noverraz, Appartenances, Lausanne. Création et mise en page: Cayenne Communication Visuelle, Lutry. Illustrations: collaboratrices et collaborateurs, usagers et usagères d’Appartenances photographiés par Yves Leresche. Impression: Imprimeurie Fleury, Yverdon-les-Bains. Mai 2013. Message du Comité Claude Schwab, Président Quand on a 20ans, on regarde en avant! Le présent rapport retrace avec gratitude les débuts d’Appartenances, avec ce pari fou, cet engagement total et cette inventivité des pionniers qui se sont mis ensemble pour démarrer une aventure. Chapeau bas! Puis il a fallu croître, structurer pour répondre aux besoins... et s’adapter aux exigences d’une société qui aime à cultiver l’ordre et l’amour des lois. Il a fallu troquer la 2CVcontre un autocar, tout en gardant le même parcours, le même esprit... mais avec une conduite plus lourde et moins improvisée. Mais un anniversaire n’est pas l’occasion de cultiver la nostalgie, mais de se projeter dans l’avenir. Et déjà je rêve des 50ans d’Appartenances, auxquels ni les fondateurs ni la plupart des collaborateurs actuels n’assisteront... Trois scénarios semblent possibles: Appartenances sera encore plus grand, tant la nécessité de l’interaction des cultures et des itinéraires sera reconnue non seulement par les politiques mais aussi par l’ensemble de la population. Le pari de vivre un enrichissement par la multiculturalité aura été tenu et la société de demain privilégiera les carrefours plutôt que de parquer dans des ghettos ceux qui viennent d’ailleurs ou qui vivent autrement. Les cours de français y seront couplés à des cours dans la centaine de langues que l’interprétariat communautaire cultivera, les espaces sociaux seront des places incontournables pour toutes les générations et toutes les provenances, la formation aux accueils réciproques sera reconnue et valorisée jusque dans l’école obligatoire, le soutien thérapeutique, dans la ligne d’Appartenances, sera pratiqué sous toutes les latitudes... 6 Le second scénario est plus sombre: Appartenances n’existera plus parce que laminé par un nationalisme étriqué, aveuglé par une idéologie d’une supposée pureté de «nos» origines. La tendance du repli identitaire aura triomphé et les deniers publics seront refusés à tous ceux qui tenteraient de s’accrocher à une barque supposée pleine. Mais ce sera l’heure de nouveaux pionniers qui inventeront des engagements solidaires et lanceront des actions à contre-courant des enfermements... Pour le troisième scénario, j’ai fait le rêve qu’Appartenances n’existera plus, parce que son action sera devenue inutile. Toute institution sociale doit envisager de devenir inutile le jour où ses objectifs et son action seraient repris par l’ensemble de la société. Je rêve d’un temps où Appartenances n’aura plus de raison d’être, où les valeurs fondatrices auront gagné toute la société, où ses pratiques auront déteint sur les comportements quotidiens... Mais quand on a 20ans, on fait la fête... avant de rester fidèles et engagés pour l’année qui suit. A cette occasion je remercie tous les collaborateurs, participants et partenaires pour leur contribution à cette (encore) nécessaire aventure. Merci pour l’engagement du comité, qui a été enrichi par la venue de MmesAriane Ayer et Mercedes Novier. Membres du Comité Ariane Ayer, Vincent Barras, Marc-Etienne Diserens, Magaly Hanselmann, Jean Martin, Mercedes Novier, Alain Pécoud, Claude Schwab, Marcelo Valli. 7 Souvenirs en miroir Marianne Adler Mœckli et Jean-Claude Métraux Sollicités pour parler de la création d’Appartenances, un projet concret, un lien avec sa propre histoire nous avons souhaité présenter cet écho du passé de migration, une manière de prendre son destin sous forme de dialogue. L’origine d’Appartenances en main ou encore un développement professionnel. étant plurielle, nous-mêmes n’étant que deux des co-fondateurs parmi d’autres, il fallait que ce texte, L’atmosphère du moment a joué un rôle. Une partie pour correspondre à la réalité de l’époque, fasse de la population se montrait hostile, les prestations entendre une pluralité de voix. pour les requérants commençaient à se réduire. Mais des personnes privées, des associations, les Jean-Claude:A l’origine d’Appartenances, il y eut églises faisaient preuve d’une grande solidarité. le groupe Lokolé qui a ensuite donné naissance au Beaucoup de mes collègues associaient leur travail groupe Prévention et promotion de la santé et qui, à un engagement militant. entre 1991et 1992, se réunissait au Centre d’accueil de requérants d’asile des Grangettes. En son sein se JC:Au début des années 90, des milieux très divers se sont rencontrées des personnes actives dans les sont fortement investis. Notamment l’Office fédéral trois «groupes» qui co-créeront Appartenances: de la santé publique qui a soutenu, dans toute la outre le groupe Prévention, le groupe Femmes et le Suisse, le développement de l’interprétariat commu- groupe Clinique. nautaire et apporté une contribution capitale aux premiers pas d’Appartenances en finançant le projet Marianne:Les trois groupes rassemblaient des per- Prévention et promotion de la santé. sonnes aux professions, cultures et statuts diffé- rents. Ce fait a été déterminant. Nos motivations se M:Des centres pour femmes migrantes ont aussi sont croisées: un engagement pour l’amélioration été créés dans d’autres villes, avec qui nous avons des conditions de vie des migrants, l’envie de réaliser tissé des liens. 8 JC:Plusieurs membres de Lokolé étaient donc liés à des migrants, leur qualité aussi, en offrant aux pa - d’autres groupes: tu faisais par exemple partie du tients la possibilité de parler leur langue, en prenant groupe Femmes et François Fleury du groupe Clinique. en compte les contextes culturels et sociaux. M:Oui, les débuts du groupe Femmes datent de la M:Nos projets étaient complémentaires les uns des grève des femmes du 14juin 1991. Une réunion de autres. Des personnes ont pu prendre des places collaboratrices de la Croix-Rouge s’est tenue ce différentes dans divers secteurs de l’association, être jour-là pour faire un état des lieux de la condition à la fois une patiente du groupe Clinique et l’instiga- des femmes migrantes. Beaucoup ne pouvaient pas trice d’une activité au Centre Femmes. Cette multi- suivre de cours de français faute de garde d’enfants. plicité a été décisive dans le choix du groupe Femmes de s’associer à la création d’Appartenances. Elles se trouvaient aussi très isolées. De là est née l’idée d’un lieu de rencontre, ouvert tant aux mi- JC:Parmi les pépites d’Appartenances, il y a cette grantes qu’aux Suissesses, avec notamment des altérité au sein même de l’association : trois groupes, cours de français et un accueil enfants. Comme au des visées différentes, travailler ensemble tout en sein de Lokolé, nous sommes parties des ressources étant différents. Appartenances (au pluriel)prend des personnes. Faire avec les femmes et non pas pour tout son sens. elles. Offrir un espace de création pour reprendre confiance et développer leurs compétences. M:La pluralité encore dans les liens développés, autant avec les associations féminines vaudoises JC:En parallèle, plusieurs psychothérapeutes se qu’avec des institutions publiques et des fondations sont réunis au sein du groupe Clinique avec l’objectif privées. Lieu de convergence autour de l’accueil des d’améliorer l’accès aux soins psychothérapeutiques migrants, Appartenances a aussi bénéficié d’appuis 9 individuels. Beaucoup d’amis, de membres de nos salaire et continuaient d’effectuer une part de tra- familles, nous ont offert temps et compétences. vail militant (bénévole dirait-on aujourd’hui). Nos projets ont pu se développer grâce à cette solidarité, JC:Trois groupes... Je regrette follement que le entre les membres et entre les projets. Même si ce fut groupe Prévention, pilier dans la création d’Appar- parfois difficile, avec des discussions, des disputes. tenances, se soit plus tard évanoui. Tout participant y était reconnu co-auteur du projet. Cette philoso- JC:La structure que nous avons mise en place a phie a ensuite nourri notre conception originale joué un rôle primordial. Les trois groupes initiaux de l’interprétariat et a certainement constitué la clef bénéficiaient d’une forte autonomie. La quasi tota- de la réussite d’Appartenances: nous avons osé un lité des salariés étaient membres de l’association. projet dont nous nous sentions les co-auteurs, parce Nous construisions ensemble des repères théoriques que les migrants faisaient le même pari. Et notre pari sans cesse alimentés par nos expériences dans la un peu fou a réussi. Ce n’était pourtant pas gagné pratique. Tous les collaborateurs participant sur tous d’avance. Nous avons loué des locaux sans la moin- les plans à notre projet pluriel, nous nous en sentions dre garantie que nous pourrions les payer. Ce succès pleinement les auteurs. Appartenances ne pouvait doit beaucoup à l’engagement résolu et militant de se développer qu’avec une structure de ce type. tous les membres fondateurs d’Appartenances, puis de ceux et celles qui nous ont rejoints. Ainsi, notre M:Oui. Au Centre Femmes, une direction collégiale décision de ne pas nous rémunérer, dans un premier assistée par une commission consultative débattait temps, limita beaucoup nos frais. et décidait. Ces espaces de réflexion ont donné un dynamisme particulier durant toute la période M:C’était une prise de risque personnelle pour nom- de création. Notre grande force venait du groupe. bre d’entre nous. Ensuite, lorsque nous avons pu nous Nous avons réussi ensemble ce qu’aucun n’aurait payer, tous les collaborateurs touchaient le même pu faire seul. 10
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