Quand une civilisation se décompose, il est approximatif de se contenter d’énoncer qu’elle retourne à la barbarie. Elle fait autre chose. La civilisation s’est construite grâce au refoulement des pulsions sexuelles et meurtrières. Dans des situations de régression culturelle, on admettait que, le refoulement civilisateur ayant échoué, le pulsionnel tendait à régner sans contrôle, l’homme était revenu à l’état animal. Mais le XXe siècle a connu une régression d’une autre nature, un état de confusion entre le sujet et la masse. Cette confusion ne débouche pas sur une préhistoire de l’humanité, mais bien sur une post-histoire, un état nouveau de la civilisation où, en se résorbant dans la masse, c’est la mort et ses idoles que l’homme révère et célèbre. Cette révérence, cette célébration, c’est le mal absolu. Dans cette étude, Nathalie Zaltzman fait voir de façon radicalement différente ce qu’on appelle « crime contre l’humanité ».