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Les dieux et l'Afrique : la philosophie africaine PDF

202 Pages·1993·12.258 MB·French
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Un peuple sans une histoire C'est un arbre sans racine. Un peuple sans chef C'est un corps sans tête. Un peuple sans langue C'est un peuple muet. Il ne faut pas simplement parler Il faut faire. Il ne faut pas simplement faire Il faut persévérer. Il ne faut pas simplement persévérer Il faut réussir. 1 ÉDITORIAL Qu'est-ce qui peut bien se passer au ciel ? Les dieux ont-ils abandonné l'Afrique ? Pourtant les textes sont unanimes : C'est bien dans la terre africaine qu'est née la première notion de Dieu. C'est dans les langues africaines que les premières louanges furent adressées aux dieux ; mais « Ra » n'a pas voulu prendre partie dans ce nouveau drame qui a remorcelé le corps de l'Afrique et amené une partie de l'autre côté de la mer. D'autres dieux se sont installés et la mémoire collective a oublié, il n'y a plus eu d'héritiers, les temples se sont vidés et les enfants n'ont plus connu l'Histoire de leurs ancêtres. C'est à travers des cartons ethnographiques qu'une nouvelle histoire est créée : celle des hommes sans 2 passé, celle des cueillettes, des chasses, des arcs et des flèches. Il fallait une rupture. C'est cette rupture épistémologique qu'opéra Cheikh Anta Diop et son école pour que les enfants de la terre africaine retrouvent le lien qui les unissait à leurs ancêtres. La barque de Nomade va donc naviguer dans les sources des religions révélées pour y voir plus clair, interroger le passé, relire et interpréter les stèles de Kemit(ta) à travers la philosophie africaine de Théophile Obenga, l'endocentrisme de Kotto Essome, le mécanisme de l'esprit de Pfouma, l'afrocentrisme des Africains-Américains, etc. A partir de là il faudra sûrement plus d'un numéro à Nomade pour couvrir tous ces événements. D.K. 3 SOMMAIRE Origine Africaine des principales religions révélées, Simon Bolivar Njami-Nwandi LES DIEUX Les Dieux et l'Afrique, Esso Gome Quel Dieu pour l'Afrique, Doumbi Fakoly Les Mandings en Crète, Clyde Ahmed Winters Étude de la cosmogonie du temple d'Esna, Esso Gome Les cérémonies post mortem dans la - religion négro-égyptienne, Saliou Kandji Problématique initiatique négropha- raonique, Oscar Pfouma Hymne de l'ANC RAGGA Mémoire au Peuple Noir, Pablo Master MUFFIN Kemetic Pledge 4 Colloque International, Théophile PHILOSOPHIE Obenga Recherches sur les mécanismes de (cid:127) a(cid:127)e 134 (cid:9) l'esprit, Oscar Pfouma Le concept de civilisation avec Kotto (cid:127) a(cid:127)e 152 (cid:9) Essomè, Wogbe Agblevon L'Afrique et le concept des frontiè- (cid:127) a (cid:127) e 156 (cid:9) res, Kotto Essomè COURRIERS Les réalités des sociétés africaines, LIVRES Matungulu Kaba © L'Harmattan, 1993 ISBN : 2-7384-2101-6 5 DISOUMBA Le harpiste est solitaire telle une liane qui ne croît qu'isolée. Au pied de l'arbre de la vie j'ai vu la lumière du soleil, de la lune et des étoiles. Le Pygmée Boussingué était parti en forêt pour y cueillir des fruits sauvages et il grimpa sur un arbre qui pousse dans les endroits humides. Il fit une chute, ses pieds restèrent accrochés dans une branche fourchue, ses intestins se répandirent jusqu'au sol pénétrant dans la terre. C'est là l'origine de Midouwa, ces racines aériennes dont on fait les cordes de la harpe rituelle ; elles des- cendent du ciel et pénètrent au plus profond de la terre où elles enlassent les maxiliaires des cadavres. O harpe en bas tu es la mort car tout ce qui naît doit mourir en haut tu es aussi la mort car c'est par la bouche que s'échappe le souffle mais ta vibra- tion est celle de l'arc ton géniteur qui l'a fait tressaillir dans ton sein car le plus grand des Bwété c'est le vieil ancêtre qui demeure à l'amont c'est l'être qui tressaille entre les dents comme un oiseau bavard qui s'agite sans cesse d'une branche à l'autre et qui articule la parole. Scène de la vie initiatique de la confrérie Bwété. Aux origines une corde est descendue du ciel de chez notre père Zambé. La terre reçut les bénédictions rituelles des pluies qui font danser le sol. Disoumba - Disoumba. Tu es le début et la fin tu es le pieu fiché en terre le poteau qui soutient l'édi- fice et la pirogue de la vie. Harpe tu pleures la souche et le tronc emputés l'un à l'autre la souche et le tronc de l'arbre qui t'a engendrée. Ils pourrissent à présent au sol et s'enfon- cent dans la terre où ils rejoignent les maxillaires des cadavres. O Père Zambé j'ai peur de l'initiation car le corps du nouvel initié est plein d'amertume et celui de l'ancien plein de vision de l'au-delà. Derrière le joueur de harpe nul ne peut passer si ce n'est le vieil ancêtre qui lui a donné la parole. (Suite p. 100.) 6 LES DIEUX O RIGINE AFRICAINE DES PRINCIPALES RELIGIONS REVELEES par Simon Bolivar NJAMI-NWANDI Introduction Li on a souvent qualifié l'Afrique de mystérieuse, en rele- vant par là la propension de notre continent à se ren- fermer sur ses multiples réalités spirituelles et morales. Celles-ci sont généralement imprégnées de connaissances ou des faits religieux. D'aucuns vont jusqu'à penser qu'en Afrique, tout est à base religieuse. Qu'est-ce en fait que la religion, si ce n'est simplement la relation de l'homme avec la divinité entendue comme source et auteur de tout ce qui existe ? En cela, personne ne saurait échapper à la religion dont tou- tes les manifestations n'intéressent exclusivement que l'homme. C'est pourquoi on soupçonne généralement en tout Africain un religieux. Cette thèse défendue par Placide Tempels dans La philosophie bantoue', sera par la suite partagée par bien d'autres savants. Mais même ici, au lieu de reconnaître la pri- mauté de l'Afrique en matière religieuse, on la rabaissera à de simples considérations anthropologiques d'ethnologues classi- ques. 8 Le terme aussi vague qu'ambigu d'animisme a été inventé pour être appliqué à ce qu'on a fini par appeler « les religions traditionnelles » d'Afrique en lesquelles on n'a souvent relevé que de grossières pratiques sauvages de sorciers ! Le noble terme de religion est alors confisqué et appliqué aux seuls « peuples civilisés ». Pour plus de précision, on ajoutera au con- cept religion le qualificatif de « révélée » pour insinuer une pré- tention d'authenticité liée à l'acceptation d'un Dieu unique se faisant connaître aux hommes à travers des messages commu- niqués à des élus appelés « prophètes ». Le Judaïsme et le Chris- tianisme sont, dans ce sens, présentés comme des religions par excellence auxquelles s'ajoutera l'Islam toléré comme leur succédané. L'article qui suit va démontrer que même dans ce domaine réservé de ces « religions révélées », l'Afrique en est le ber- ceau. Peut-il en être autrement dès lors que la vérité histori- que et scientifique fait de notre continent le berceau de l'huma- nité ? Quel fait humain échapperait-il à la source de l'humanité ? Nous avons dit plus haut que la religion était une réalité humaine à laquelle personne ne saurait échapper. Avant d'être une construction théologique, la religion est en effet une sensi- bilité humaine qu'on aurait dû normalement classer parmi les sciences humaines. Car la religion, c'est l'homme, c'est la popu- lation, c'est la parole, c'est le geste, c'est le langage, c'est l'his- toire, le tout étant enveloppé dans un certain comportement. La maxime latine : « Cujus regio, ejus religio » (telle la reli- gion du prince, telle celle du pays) indiquant que l'homme est généralement de la religion qui domine dans son pays, illustre parfaitement notre propos. L'Indien est bouddhiste, l'Israélien juif, l'Européen chrétien et l'Arabe musulman. C'est un constat historique indéniable. Notre article s'intéresse notamment aux trois principales grandes religions révélées que sont le judaïsme, le christianisme et l'islam dont il dégage l'origine africaine. La Bible est la source dont il se sert pour le démontrer. Le judaïsme Le judaïsme est l'antique religion d'Israël, peuple élu de Yahvé, son Dieu révélé. Israël est le nom que Yahvé donne à Jacob, le fils cadet d'Isaac, de retour de son exil et à la veille de sa rencontre avec son frère aîné Esaü dont il avait usurpé la béné- diction auprès de son père, avec la complicité de sa mère Rebecca (Genèse 27 ; 6-29). Cet homme intrépide et comblé 9 Pasteur en train de prêcher : assemblée au Désert (Musée du Désert) lutte âprement avec un inconnu qui lui déboîte la hanche. Il sol- licite et obtient de lui une nouvelle bénédiction. A la demande de son nom, il répond : Jacob. Et c'est alors qu'il se fait dire « Ton nom ne sera plus Jacob, mais tu seras appelé Israël ; car tu as lutté avec Dieu et avec des hommes, et tu as été vain- queur » (Gen. 32 : 28). En fait la religion dont nous parlons devrait mieux s'appeler « Israélisme ». Mais Juda, le quatrième fils de Jacob, obtient de son père la bénédiction de détenir le sceptre de la royauté d'Israël dont David sera le premier sou- verain et Jésus, l'ultime héritier (Gen. 49 : 8-12). C'est donc ce Juda qui finit par prêter son nom au peuple et à la religion d'Israël. Le patriarche fondateur de ce peuple élu est un Sémite nomade du nom d'Abraham que Yahvé appelle des abords d'Ur en Chaldée. Il répond positivement à cet appel devant l'amener à Canaan où, à peine arrivé par Sichém, il ira d'abord 10

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