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Le Retour de Lilith PDF

23 Pages·2014·0.3 MB·French
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Joëlle de Gravelaine Le Retour de Lilith La Lune Noire Q uelQues précisions astronomiQues Certains diront que la Lune Noire n’existe pas, sous pré- texte qu’il ne s’agit ni d’une planète ni d’un astre, ni même d’un satellite de la terre. On oublie un peu vite, en pareil cas, que l’astrologie se réfère en permanence à des points fictifs, ne serait-ce que l’Ascendant, « trace » du lever du soleil sur l’horizon, ou le Milieu du Ciel (zénith) sur lesquels se construit essentiellement l’horoscope ou thème de naissance. Il est vrai que certains auteurs, tels que J. Desmoulins et R. Ambelain, ont décrit une Lilith qui fait de la Lune Noire un second satellite de la terre. Ce n’est pas la Lune Noire que nous utilisons aujourd’hui. Don Néroman, de son côté, parle d’un grand axe de l’ellipse et d’un foyer situé à égale distance du centre de l’ellipse, sur l’axe qui joint la terre à l’apogée de la lune et qui, selon Louis Millat, « polarise l’ellipse en l’orientant dans le Cosmos ». « C’est ainsi, écrit-il, que l’on peut concevoir ce foyer comme Anti-monde, puisque ponctuel, la Terre étant considérée comme le Monde. » Et il ajoute : « Bien entendu, tout ce qui vient d’être dit du point de vue de la lune est trans- posable sur l’orbite terro-solaire pour laquelle le second foyer sera appelé “Soleil Noir” par analogie avec la “Lune Noire”. » Ainsi, pour Néroman et pour Millat, la Lune Noire — ou Lilith — représente le deuxième foyer de l’orbite lunaire. 7 Le Retour de Lilith On pourrait formuler les choses plus simplement : la lune tourne autour de la terre en décrivant une ellipse et celle-ci pos- sède toujours deux foyers. L’un d’eux est la terre, l’autre la Lune Noire1. C’est pour ma part à la définition de R. Dautremont que je souscris le plus volontiers2, ainsi qu’à ses tables de la Lune Noire fondées sur la ligne des absides lunaires (périgée et apogée). Cet auteur précise : « La lune noire est le champ d’influences occultes de la lune qui, dans son mouvement elliptique autour de la terre, forme un axe dont les deux extrémités se nomment l’une le périgée, point de son orbite où elle se trouve le plus près de la terre et l’autre, qui est son opposé, l’apogée, point de son orbite où elle se trouve le plus éloignée. Le périgée n’est pas fixe et son déplacement est d’environ 40° par an. Son pas journalier se calcule sur 6 à 7 minutes d’arc. Sa révolution se fait en 3 232 jours, soit environ 8 ans, 10 mois et quelques jours. » Dans les pages qui suivront, il ne sera pas question d’autre chose que de cet axe Lilith-Priape, périgée-apogée, à ne pas confondre avec l’axe des Nœuds lunaires, encore appelés Tête et Queue du Dragon. Dautremont ajoute que Lilith-Lune Noire constitue « un élé- ment essentiel du cortège lunaire » et aussi « une influence de liaison invisible entre la lune et la terre ». 1. L. Millat rend les choses sensiblement plus compliquées en écrivant : « Constatons qu’en partant de la terre vers l’apogée, on trouve successi- vement sur le grand axe de l’orbite lunaire le centre de l’ellipse (environ à 20 000 kilomètres du centre de la terre) puis le second foyer auquel nous donnerons plus volontiers le nom de Lune Noire, à 40 000 kilomètres, puis l’apogée fourni par les tables astronomiques officielles et à laquelle, si on voulait faire une différence, attacher plus particulièrement le nom de Lilith. » (Supplément Almanach Chacornac 1970.). 2. R. Dautremont. Almanach Chacornac, 1950. Éd. Traditionnelles. 8 Quelques précisions astronomiques Mais comme tous ceux qui ont abordé la Lune Noire, il a lui aussi, à la suite des rabbins, été fasciné et terrifié par « l’as- pect maléfique et caché dans l’être » qu’il prête à Lilith. Hadès et Michel Mériel se sont surtout attardés, pour leur part, à la nature érotique et dangereuse de Lilith ; Néroman a assimilé le Soleil Noir à Lucifer ou à l’œil du Jour de Seth, dieu égyptien de la nuit, des ténèbres, de la corruption morale, tueur d’Osi- ris, identifié à Apap, serpent colossal qui engloutit la lumière, selon J. J. Walter. Quant à la Lune Noire, elle est associée par Néroman aux « dérèglements physiologiques, dégradations sen- suelles » et autres turpitudes, ainsi qu’à l’œil de la nuit de Seth. De même, je ne crois pas qu’il faille différencier Lilith de la Lune Noire, l’apogée du deuxième foyer. Certains auteurs, enfin, utilisent la Lune Noire corrigée. On trouvera ici ces tables de correction. Pour ma part, depuis plus de vingt ans, je place la Lune Noire non corrigée dans les thèmes, après avoir pendant dix ans, comparé les deux posi- tions systématiquement. Le recours aux images monomères ou degrés symboliques3 a achevé d’emporter ma conviction il y a quelques années (en relevant et comparant le degré symbolique attaché à la Lune Noire corrigée puis non corrigée). Un auteur néerlandais, Georges Bode, voyait dans Lilith non corrigée, la cause ; et l’effet dans la Lune Noire corrigée. Que chacun apporte donc sa pierre à l’édifice et multiplie les expériences ! Si j’ai une dette, en matière de Lune Noire, c’est à l’endroit de Jean Carteret qui, le premier, m’a mise sur la voie et avec qui, des années durant, j’ai travaillé et cherché. Je livrerai ici quelques-unes de ces notes de travail prises au vol, lorsque l’ins- piration emportait Jean Carteret, sur ces subtiles dialectiques entre Lilith et Priape, Soleil Noir et Queue de Soleil Noir. 3. K. Hitschler. Le secret des 360 degrés symboliques. Dervy. 9 Le Retour de Lilith 10 Quelques précisions astronomiques 11 Le Retour de Lilith D es valeurs noires « Je suis noire mais belle, filles de Jérusalem. » (Cantique des Cantiques) La mauvaise réputation de la Lune Noire vient-elle de ce sombre qualificatif ? C’est vrai, le noir fait peur. Mircea Eliade nous dit du temps qu’il est « noir, parce qu’irra- tionnel et sans pitié ». Selon Peter Mohr « la valorisation du noir signifierait : péché, angoisse, révolte et jugement ». Rete- nons bien ces termes, car nous allons les retrouver souvent. Selon Bachelard « une seule tache noire, intimement complexe, dès qu’elle est rêvée dans ses profondeurs, suffit à nous mettre en situation de ténèbres4 ». Les ténèbres, c’est aussi la nuit : Leïla ou Lavlah. Le nom même de Lilith viendrait d’elle. Et la nuit, c’est l’obscurité, le noir. Mais le noir n’est-il pas la couleur la plus foncée due à l’absence des rayons lumineux ou, tout au contraire, à leur absorption totale ? Symboliquement, cette double hypothèse influencera notre recherche. Nous faisons du noir la couleur du deuil (alors que ce sera le blanc en Orient ; et là encore on verra à quel point s’impose cette dialectique du noir et du blanc, du jour et de l’ombre, 4. Cité par Gilbert Durand in Les Structures anthropologiques de l’imaginaire, Bordas. 13 Le Retour de Lilith à propos de toute étude sur la Lune Noire). Nous sommes dans le monde du mal. Le noir, c’est ce qui reflète l’erreur et le néant. Mais, écrit Jean-Pierre Bayard, « une couleur ne peut valoir par elle-même ; elle ne vit qu’au contact d’une autre lumière. Et la représentation noire d’Osiris, dieu suprême égyp- tien, n’était révélée qu’au stade de la plus haute initiation, sans doute comme le symbole hermétique de la pierre primitive. Comment comprendre autrement ce culte de la pierre noire de La Mecque adorée dans la Kaabah ? », ailleurs associée à Cybèle. Tout nous autorise à affirmer que le noir est certaine- ment « l’emblème d’une science secrète et la couleur du grand œuvre alchimique5 ». Le nom même de l’Égypte, d’ailleurs, n’est autre qu’El Kemit, la Noire mais aussi l’Alchimie. Osiris est noir lorsqu’il juge les âmes et devient Époux de la vie universelle. Le noir serait en quelque sorte le degré qui pré- cède la régénération. J. Portal pense que le noir est consacré aux dieux parce que « ces divinités bienfaisantes descendent dans le royaume des ténèbres pour ramener à elles les hommes qui se régénèrent ». En Chine, le noir est emblème de souveraineté, couleur de déli- vrance, terminaison d’un cycle. Et les nombreuses Vierges Noires, toujours situées sur l’em- placement d’anciens sites initiatiques, nous disent aussi le rôle du noir, symbole de vie, lien avec les anciennes déesses de vie et de mort, de fécondité et de forces telluriques, bien antérieures au christianisme et même au patriarcat triomphant. 5. L’œuvre au noir représentait la phase de séparation et de dissolution de la matière. Pour les alchimistes, cela constituait la partie la plus délicate du Grand Œuvre. « Elle symbolisait les épreuves de l’esprit se libérant des pré- jugés. » Cette distance avec les préjugés sera l’une des marques de l’influence de la Lune Noire. 14 Des valeurs noires Ce noir, on le retrouve encore dans le culte chtonien du « feu pétrifié dans la roche », dans les rites éleusiens où il fallait des- cendre dans la crypte souterraine pour y renaître, après être passé par une mort symbolique. Ce noir invisible est pour nous aussi évocateur des trous noirs chers aux astrophysiciens modernes. Il s’agirait d’astres dont le champ gravitationnel est tel qu’aucun rayonnement ne peut en sortir et qui se manifeste à l’observation par son seul champ gravitationnel ou par des rayonnements de matière qu’il cap- ture. Ils représenteraient l’ultime stade d’évolution des étoiles massives. Le noir, couleur maléfique ? Ce noir, materia prima, couleur de la potentialité mais aussi de la puissance, contient tout ; il est porteur du prin- cipe fécondant et féminin, donc mortel, qui veut que la nuit — Lavhla — inquiète, — car elle amplifie tout, les bruits, les sensations, les angoisses —, que les ténèbres soient associées au diable… Dans le piège tendu par Lilith, puissance de l’ombre, plus d’un est tombé, qui en a fait « la mère obscure », « la part maléfique », « la femme phallique » ou cette « sorcière au vagin denté » qui hante l’inconscient masculin depuis le commence- ment des temps. Pour peu qu’à propos de la Lune Noire on évoque le com- plexe du glaive, les jeux de couteaux et de poignards, la coupure ou la castration, on éveille aussitôt l’angoisse. Pourtant, nul ne peut se passer d’elle qui désire abandonner en route ses oripeaux inutiles, accéder au cœur de l’essentiel, passer de l’autre côté, sur le versant de la plus intense lumière, se dépasser lui-même, accéder à la conscience pure. Comment cela se ferait-il sans souffrance, sans sacrifice, sans douleur ? Comment ferions-nous l’économie de cette déchirure qui nous fait passer de l’existentiel à l’essentiel ? 15

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R. Ambelain, ont décrit une Lilith qui fait de la Lune Noire un second satellite de la terre. Ce n'est pas la Lune Noire que nous utilisons aujourd'hui.
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