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Le martyre de Saint Aréthas et de ses compagnons (BHG 166) PDF

304 Pages·2007·24.2 MB·French
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f' Le massacre de Najrân Religion et politique en Arabie du Sud au VIe siècle sous la direction de Joëlle BEAUCAMP, Françoise BRIQUEL-CHATONNET et Christian ROBIN Volume 1: Le martyre de saint Aréthas et de ses compagnons (BHG 166), édition critique, étude et annotation par Marina DETORAKI, traduction par Joëlle BEAUCAMP et appendice sur les versions orientales par André BINGGELI Volume II: Himyar vaincu par Aksûm: le dossier des sources épigraphiques et narratives, par Joëlle BEAUCAMP, Françoise BRIQuEL-CHATONNET et Christian ROBIN (à parruÎre) Volume III: Himyar vaincu par Aksûm: chronologie et essai d'interprétation, par Joëlle BEAUCAMP, Françoise BRIQUEL-CHATONNET et Christian ROBIN (à parruÎre) COLLÈGE DE FRANCE - CNRS CENTRE DE RECHERCHE D'HISTOIRE ET CIVILISATION DE BYZANCE MONOGRAPmES 27 Le massacre de Najrân 1 LE MARTYRE DE SAINT ARÉTHAS ET DE SES COMPAGNONS (BHG 166) édition critique, étude et annotation Marina DETORAKI traduction par Joëlle BEAUCAMP appendice sur les versions orientales par André BINGGELI Association des amis du Centre d'histoire et civilisation de Byzance 52, rue du Cardinat Lemoine - 75005 Paris 2007 © Association des amis du Centre. d'histoire et civilisation de Byzance - 2007 ISBN 978-2-916716-09-1 ISSN 0751-0594 Infographie: Fabien TEsSIER Secrétariat de rédaction: Denyse VA ILLANCOURT à Bernard AVANT-PROPOS Le présent volume offre à la communauté scientifique la première édition critique du Martyre grec ancien de saint Aréthas et de ses compagnons (BHG 166). Ce long texte constitue - avec le Livre des Himyarites, dont le manuscrit est malheureusement lacunaire -le récit le plus riche sur des événements singuliers qui se sont déroulés en Arabie du Sud dans les années 520. D'après lui, le souverain juif de Himyar déclencha alors une persécution contre les chrétiens qui se trouvaient sur son territoire; la persécution culmina avec le massacre des chrétiens habitant Najrân, la grande oasis au nord du royaume; poussé par Justin, qui régnait alors sur Byzance, le roi éthiopien organisa une expédition et triompha du persécuteur; sa victoire lui permit d'affermir le christianisme dans le royaume himyarite et de rétablir la suzeraineté éthiopienne sur celui-ci. En raison du caractère extrêmement détaillé de sa narration, en raison également des indications chronologiques qu'il contient, c'est en général le Martyre grec qui est pris comme base pour écrire l'histoire de ces événements. C'est donc l'édition critique du Martyre, établie par Marina Detoraki et accompagnée d'une traduction de Joëlle Beaucamp, qui ouvre la série des études consacrées à ce dossier. Le but de cette série, intitulée« Le massacre de Najrân. Religion et politique en Arabie du Sud au VIe siècle» est, dans un premier temps, de rendre accessible l'ensemble des sources, en les rassemblant et en en donnant une traduction française; il est, dans un second temps, d'élaborer une synthèse sur des faits qui intéressent à la fois l'histoire des religions monothéistes et la politique internationale dans la zone de la mer Rouge. Le deuxième volume sera donc consacré aux autres catégories de sources: inscriptions sudarabiques et guèzes (Christian Robin), textes syriaques (Françoise Briquel-Chatonnet), traditions arabes, sources grecques autres qu'hagiographiques (Joëlle Beaucamp). La synthèse historique fera l'objet d'un troisième volume, où seront mises en perspective les différentes sources et leur présentation des événements: un des décalages les plus flagrants s'observe, de fait, entre les sources syriaques, où l'État byzantin est pour ainsi dire absent, et le Martyre grec, qui accorde à l'empereur un rôle déterminant dans la réaction éthiopienne. Cette confrontation des sources est un préalable à toute tentative de reconstitution historique. Le commentaire historique du Martyre d' Aréthas a ainsi sa place dans le volume final. Ce premier volume offre, lui, un commentaire d'ordre philologique, tant dans l'introduction que dans les notes: l'étude d'ensemble consacrée à la genèse du texte, à ses modèles, au lieu et à la date de composition est complétée par une annotation linéaire, centrée sur les différentes versions du texte et sur les phénomènes de langue. Joëlle BEAUCAMP Françoise BRIQUEL-CHATONNET Christian ROBIN INTRODUCTION Sous le règne de l'empereur Justin, en 523, le roi des Homérites Dounaas, juif de religion, massacre les chrétiens de la ville de Najrân en Arabie du.Sud. Ces événements et, d'une façon plus générale, les persécutions qui les accompagnent, puis l'expédition punitive du roi d'Éthiopie Élesbaas, qui, après avoir vaincu et tué Dounaas, établit sur le trône homérite un souverain chrétien, ont eu un grand retentissement. Plusieurs textes, principalement en syriaque, mais aussi en grec, sont nés à cette occasion. Dans cette littérature, le Martyre grec de saint Aréthas et de ses compagnons (BHG 166) occupe une place importante. Son prologue nous situe à Najrân, alors que Justin règne sur les Romains, Élesbaas sur les Éthiopiens, et que Dounaas, roi juif, est monté sur le trône des Homérites et lance une persécution contre les chrétiens. La première partie du texte est consacrée au martyre des Najrânites, qu'il s'agisse de groupes d'habitants - les clercs et les moines, les femmes et les enfants, la noblesse de la ville - ou de protagonistes que l'auteur distingue: une noble dame et ses filles, une mère et son petit enfant, et bien sdr Aréthas, le chef de la ville. La seconde partie, séparée de la première par une hymne en l'honneur de Najrân, relate l'expédition punitive du roi d'Éthiopie, la défaite et la mort de Dounaas, le rétablissement du christianisme dans tout le pays. Elle s'achève avec l'abdication d'Élesbaas et son entrée dans un monastère. Le but du présent travail est de nature littéraire et philologique, le commentaire historique devant faire l'objet d'un volume à venir. Dans une première partie, sur la genèse du texte, j'étudie les rapports du martyre grec avec ses sources syriaques (chapitre 1: Du syriaque au grec) ainsi que la question des modèles bibliques qui ont inspiré l'hagiographe (chapitre II: Une œuvre et ses modèles), puis je tente de situer cet auteur (chapitre III: La question de l'auteur). Une deuxième partie est consacrée à l'histoire du texte grec. Enfin, dans une troisième partie, je propose une nouvelle édition critique, fondée sur l'ensemble des manuscrits connus à ce jour. Elle est accompagnée d'une traduction française due à Joëlle Beaucamp. Les notes à la traduction sont les miennes, sauf celles signées J(oëlle) B(eaucamp). Elles ont pour but d'expliquer certains choix de leçons. J'ai laissé de côté la tradition indirecte du texte, qu'il s'agisse des métaphrases l ou des synaxaires 2. Les versions orientales, en particulier l'importante version arabe, sont l'objet d'une étude par A. Binggeli 3. Pour les textes syriaques relatifs aux martyrs de Najrân -la lettre de Syméon de Beth Arsham éditée par Guidi, la recension brève de cette lettre dans l' Histoire ecclésiastique 1. On connat"t quatre métaphrases du martyre d'Aréthas : BHG 166y (métaphrase anonyme, cf. DETORAKI, La métaphrase du Martyre de s. Aréthas (BHG 166y); BHG 166z (autre métaphrase anonyme, éd. HALKIN, Six inédits d'hagiologie byzantine, p. 133-178); BHG 167 (par Syméon Métaphraste, PG 115, col. 1249-1289); une métaphrase inédite due à Nicolas Mésaritès et conservée dans l'Ambr. gr. 350 (F 93). 2. Synax. CP, col. 159-161. 3. Pour les versions orientales, voir la contribution d'André Binggeli, ci-dessous, p. 163- 177. Il existe aussi un fragment d'une traduction latine BHL 671: voir ci-dessous p. 126- 127. de Zacharie le Scholastique, la nouvelle lettre découverte par 1. Shahîd et le Livre des Himyarites-,j'ai utilisé les traductions françaises de F. Briquel-Chatonnet, qui seront publiées prochainement. Les noms des principaux personnages du martyre grec posent un problème particulier, dans la mesure où ils se présentent sous des formes diverses. Ainsi, le roi d'Éthiopie, Élesbaas dans notre texte, est connu aussi sous le nom biblique de Caleb, qu'on trouve dans le Livre des Himyarites. Dounaas du texte grec est le Masrouq des textes syriaques, et le prince des Lakhmides, Alamoundaros dans les textes grecs, est Mundir dans les sources orientales, tandis qu'Aréthas est la forme grecque du nom Harith. D'une façon générale, j'ai conservé le nom des personnages tel qu'il figure en grec, sauf bien sûr dans les cas où je me réfère à une source orientale. Une première version de cet ouvrage a été présentée à la Sorbonne comme thèse de doctorat et soutenue en mai 2000. Au terme de ce travail, je souhaite remercier Bernard Flusin, professeur à l'université de Paris-Sorbonne, qui a dirigé scientifiquement ce travail du début jusqu'à la fin. Sans lui ce livre n'aurait jamais vu le jour. Il m'est agréable aussi de remercier les amis byzantinistes qui m'ont aidée de leurs conseils et de leur science. Parmi ceux-ci, Ioannis Vassis, professeur à l'université de Crète, a lu en détail l' édition et m'a fait profiter de ses remarques et André Binggeli, chercheur au CNRS, m'a suggéré plusieurs corrections, en particulier dans le texte grec. Je voudrais remercier aussi le comité de l'Association des amis du Centre d'histoire et civilisation de Byzance d'avoir accepté cette édition dans la série des Monographies ainsi que Denyse Vaillancourt et Fabien Tessier qui ont travaillé avec beaucoup de patience à la publication de ce livre. Enfin, mes pensées plus personnelles vont vers mes parents pour leur soutien constant; vers mes enfants, qui ont tout fait pour que ce livre ne paraisse pas; et vers mon mari, dernier martyr de Najrân. Marina DETORAKI ... PREMIERE PARTIE ... LA GENESE DU TEXTE CHAPITRE 1 DU SYRIAQUE AU GREC Le Martyre grec de saint Aréthas (= MgA) n'est pas le premier texte consacré aux martyrs de Najrân. Il dépend largement d'œuvres antérieures, conservées ou perdues, écrites pour la plupart en syriaque, et la compréhension de sa genèse a été tributaire de la découverte progressive de ces textes. La publication de la première lettre (conservée 1) de Syméon de Beth Arsham par 1. Guidi en 1881, celle du Livre des Himyarites par A. Moberg en 1924, enfin l'édition par J. Shahîd, en 1971, d'une deuxième lettre qu'il attribue à Syméon constituent des jalons importants dans l'étude des documents sur la persécution de Najrân et des rapports qu'ils ont entre eux. Le débat est lancé dès la fin du XIXe s., avec un article de J. Halévy2; mais c'est après la publication de la découverte d'l. Shahîd qu'il rebondit et s'établit sur des bases plus solides, avec les contributions d'l. Shahîd 3 lui-même, de M. van Esbroeck4, G. L. Huxley 5, 1. Ryckmans 6 et Y. Shitomi 7. Un article de J. Beaucamp, F. Briquel Chatonnet et C. Robin, capital pour la chronologie des événements, donne la liste des diverses pièces du dossierS. Dans le présent chapitre, nous nous proposons d'étudier les relations entre le Martyre grec de s. Aréthas et les documents syriaques relatifs aux persécutions des chrétiens enArabie du Sud au début du VIe siècle. Nous tiendrons compte principalement de trois documents: la première lettre de Syméon de Beth Arsham (LG), le Livre des Himyarites (Lll), la« nouvelle» lettre attribuée à Syméon (LS) 9, que nous étudierons dans leur ordre chronologique (LG, LS, Lll). Comme on le verra, la lettre de Syméon de Beth Arsham constitue un document de première importance pour la genèse du texte grec, dont elle est l'une des sources, la seule qui soit conservée. Nous prendrons pour base l'édition qu'en a donnée 1. Guidi, qui nous a été accessible à la fois par la traduction italienne de cet auteur et 1. Dans la lettre éditée par 1. Guidi, Syméon mentionne une lettre précédente qu'il avait écrite à Ramla. La Lettre Guidi est donc une deuxième lettre. Cependant, comme la lettre précédente est perdue, nous parlerons ici de la Lettre Guidi comme de la première lettre. Quant à la lettre découverte et éditée par 1. Shahîd, nous l'appellerons la nouvelle lettre de Syméon (son attribution à cet auteur restant hypothétique). 2. HALÉVY, Examen critique. 3. En plus de l'édition de la lettre de Syméon en 1971 et de l'étude qui l'accompagne (SHAHîD, The Martyrs), il faut signaler: SHAHîD, Further Reflections; ID., The Martyrs of Najrân: Further Reflections. 4. VAN EsBROECK, L'Éthiopie. 5. HUXLEY, On the Greek Martyrium of the Negranites. 6. RYCKMANS, A Confrontation; ID., Les rapports de dépendance. 7. SHlTOMI, Note sur le Martyrium Arethae § 20 ; ID., Réexamen des deux lettres. 8. BEAUCAMP et al., La persécution. 9. La lettre de Jacques de Saroug aux martyrs himyarites, qui se réfère à un épisode antérieur de la persécution, n'a pas à être prise en compte ici. 14 LA GENÈSE DU TEXTE par la traduction française préparée par F. Briquel-Chatonnet, qui l'a mise à notre disposition. Nous avons tenu compte aussi de la tradition indirecte de cette lettre, en particulier de la recension transmise dans l'Histoire ecclésiastique du Ps.-Zacharie de Mytilène. L'utilité de l'étude de ce document est évidente: nous aurons l'occasion d'observer les phénomènes de traduction et de transformation qui ont présidé à la genèse du martyre grec, au moins pour sa première partie. Nous utiliserons ultérieurement le témoignage du syriaque pour préciser et affiner l'histoire du texte grec 10. Le Livre des Himyarites et la nouvelle lettre de Syméon (LS), de leur côté, bien qu'ils n'aient pas de rapports directs avec le martyre grec, aident eux aussi à en comprendre la genèse. Leur témoignage montre qu'a été produit, en syriaque, un certain nombre de documents proches des événements, parmi lesquels il faut sans doute situer la ou les sources que MgA utilise dans sa deuxième partie. Ils montrent aussi dans quel sens les témoignages sur Najrân ont évolué. Enfin, après l'étude de ces trois textes syriaques, une dernière partie du chapitre sera consacrée aux relations plus ponctuelles que MgA entretient avec trois autres documents, l'un conservé actuellement en arabe, un deuxième en syriaque et le troisième en grec: la Chronique de Séert, l' Histoire ecclésiastique de Jean d'Éphèse, et les Lois des Himyarites. 1 - LA PREMIÈRE LETIRE DE SYMÉON DE BETH ARSHAM (LG) 1. Le document et son auteur A. Un évêque monophysite à la réunion de Ramla Le Martyre grec de saint Aréthas, au début de sa seconde partie, mentionne que, lors d'une réunion à la cour d'Alamoundaros (le Mundir des sources orientales), il y avait, en plus de l'ambassadeur romain, également des envoyés perses, en présence desquels on lut la lettre du roi persécuteur Dounaas: KUL 'twv 't0'Û !J.uouQo'Û YQu!J.,...,a'twv à,vuYLvwo'X.ollivwv, jtuQoV'toç 't0'Û 8eo<j>IÀEO'ta.'tOU A~QU!J.LoU xUL 'twv MO I1EQoLôoç MOO'tUÀ.ÉV'twv jtuQà. 't0'Û ~uotÀÉwç I1EQOWV, ~ulJ.EwvCOU jtQEO~U'tÉQou 'X.uL MO'X.QLOLUQLoU 'twv oQ80ôo;wv 'twv Èv I1EQOCÔL 11 ••• C'est avec ces mots que le nom de Syméon C:~::UIJ.EWVLOÇ) de Beth Arsham fait une brève apparition dans notre texte. L'épisode se déroule à Ramla, au sud-est de Hirtha, à l'occasion de négociations entre une légation byzantine envoyée par Justin 1er (518- 527) et le roi lachmide Mundir III 12 au début de 52413• À la tête de l'ambassade 10. Voir plus bas, Ile partie, L'histoire du texte (en particulier p. 153-157). 11. MgA, § 2513-17. 12. MARTINDALE, PLRE, II, p. 40 (Alamundarus II = al-Mundhir III). Sur la dynastie des Lachmides, voir ROTHSTEIN, Die Dynastie der Lachmiden in al-Hîra. 13. Sur la réunion de Ramla, on peut citer: BURY, History of the Later Roman Empire, II, p. 324; STEIN, Histoire du Bas-Empire, p. 266; VASILIEV, Justin the First, p. 278-283; RUBIN, Das Zeitalter Justinians, p.272-273 et 310-311; SHAHÏD, The Conference, p. 115-131 ; PIGULEWSKAJA, Byzanz auf den Wegen nach Indien, p. 186; BEAUCAMP et al., La persécution, p. 50-53. Les travaux de la conférence s'achevèrent en février 524. La date est fournie par la première lettre de Syméon de Beth Arsham (voir ci-dessous): GUIDI, La lettera, p.488. La

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