République Algérienne Démocratique et Populaire Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique Université Mouloud Mammeri-Tizi-Ouzou Faculté des Lettres et des Langues Département de langue et culture amazighes THESE DE DOCTORAT Spécialité : Langue et Culture Amazighes Option : Linguistique Présenté par : SABRI Malika THEME IMAGINAIRE LINGUISTIQUE DES LOCUTEURS KABYLOPHONES. (Volume I) Membre de jury : -M. Abderrezak DOURARI, Professeur, Alger 2 /CNPLET Rapporteur -Mme. Anne-Marie HOUDEBINE, Professeure, Paris V, Co- directeur - Mme. Noura TIGZIRI, Professeure, DLCA, UMMTO, Présidente - M. Amar NABTI, Professeur, DLCA, UMMTO, Examinateur -M. Lakhdar MAOUGAL, Professeur, Université d‟Alger, Examinateur -M. Mohand MAHRAZI, MCA, Université de Bejaïa, Examinateur Date de soutenance : 2014. A la mémoire de mon père A la mémoire du Professeur Mohamed YAHIATENE DEDICACES Je dédie ce travail à ma mère qui n‟a jamais cessé de me soutenir. -A toute ma famille. REMERCIEMENTS Je tiens à remercier les Professeurs Anne-Marie HOUDEBINE et Abderezzak DOURARI, qui sans leur aide, leurs conseils et leur disponibilité, ce travail n‟aurait pas été possible. Que soient, ici, remerciés tous ceux qui ont, de près ou de loin, contribué à l‟accomplissement de cette recherche. Qu‟ils voient dans cet aboutissement l‟expression de ma profonde gratitude au soutien dont ils ont fait preuve au fil de ces années. Se reconnaitront ici : Dr Mouloud Lounaouci, M. Abdelaziz Khati, M. Hakim Hessas, Mes amis et collègues du DLCA et toutes les personnes qui j‟ai rencontrées dans le cadre de cette recherche. Je tiens à remercier également les membres de jury pour avoir accepté d‟évaluer ce travail. Abréviations : I.L : Imaginaire Linguistique. ENA : Etoile Nord Africaine. FLN : Front de libération national. MTLD : Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques. CRAPE : Centre de Recherches Archéologique, Préhistorique et ethnographique. CEB : Centre de Recherche berbère. INALCO : Institut National des Langues et Culture Orientales. PRS : Parti pour la révolution socialiste. HCA : Haut Commissariat à l‟Amazighité. JORA : Journal officiel de la République algérienne. APN : Assemblée Populaire Nationale. PPA : Le Parti du Peuple algérien. SNED : Société Nationale d‟édition et de diffusion. UMMTO : Université Mouloud Mammeri- Tizi-Ouzou. LM : Langue maternelle L.N.M : Langue non maternelle M : masculin Fn : féminin. FIC : Normes fictives identificatoires constatives. FIRC : Normes fictives réflexives constatatives. FIRA : Normes fictives réflexives affirmatives. FIRS : Normes fictives réflexives stratificatoires. FLL : Faculté des lettres et des langues. DLCA : Département de langue et culture amazighes. DLLA : Département de langue et littérature arabes. DLLF : Département de langue et littérature françaises. DLLAn : Département de langue et littérature anglaises. s/d : Sous la direction. sd : Sans date. API : Alphabet phonétique international. K : kabyle AC: arabe classique AA : arabe algérien. F : français AN: langue anglaise. Tam : tamazight I : illettré My : Moyen P : primaire Sec : secondaire S : supérieur / : sans réponse O : oui N : Non O/N : Oui/non V : Ville C : Campagne V/C : Ville/campagne R : Riche Pr : Pauvre A : Autre Pr/A : Pauvre/autre R/Pr : Riche/pauvre R/A : Riche /autre. B : Bonne chose Mc : Mauvaise chose Pf : Positif Ac : Acquis Op : optionnel. OB : obligatoire. Conventions de notation : La transcription proposée dans ce travail s‟inspire essentiellement de la notation usuelle de l‟INALCO telles que présentées dans le tableau suivant. Tableau N°I.1 : Notation. Lettre Exemple Traduction b baba " Père " f tafat " Lumière " P (emprunt au apaki " Paquet " français) m aman " Eau " w awal " Parole " d dir " Mauvais " t tala " Fontaine " d id " Nuit " î aîas " Beaucoup " n ini " Dire " z izi " Vésicule biliaire " z izi " Mouche " s subb " Descendre " s as " Jour " ž aženwi " Couteau " c amcic " Chat " g taga " Cadre " k akursi " Chaise " q Aqerru " Tête " ii " Petit lait " x axxam " Maison " audiw " Cheval " h hudd " Protéger " h hudd " Détruire " tt tidett " Vérité " dz ldzayer " Algérie " č ečč " Manger " g eg " Laisser " bb ebb " Cuire " (labiovélaire) g (labiovélaire) agi " Refuser " k (labiovélaire) aker " Voler " q aqbayli "Kabyle" l lmal "Bétail" r tawwurt "porte" r rwu "être rassasié" y llatay "thé" a awal "Parole" i ini "Dire" u ul "Cœur" ă/ A.P.I [ƒăbγ] "Chambre" ε/ A.P.I [sεj ] "Singe" - Les emphatiques sont souscrites par un point [d] - Les chuintantes sont suscrites par un chevron [č] - Les consonnes tendues sont notées par le redoublement de la consonne [rr, bb] Les citations sont mises entre guillemets « ». Les énoncés pris des informateurs sont en italiques ; le métalangage est mis en normal. La traduction des propos est présentée entre parenthèses ( ). Quand l‟enquêté ne répond pas à une question, il a été convenu d‟y mettre le signe (/). Nous avons recouru aussi aux symboles pour marquer les pauses (…) lors des entretiens. INTRODUCTION : 1. Motivation du sujet Le paysage linguistique algérien se caractérise par la coexistence de plusieurs variétés linguistiques dont les domaines d‟utilisation tendent à se chevaucher : a. La langue arabe dite classique ou littéraire ou bien scolaire1, la langue du Coran et de la poésie arabe anté-islamique est essentiellement écrite, et a le statut de langue nationale et officielle. Elle est utilisée dans les domaines formels et à l‟école principalement. b. La langue tamazight, occupant une place dans le marché linguistique et se présentant sous forme de parlers distincts (le kabyle, le chaoui, le mozabite, le targui, etc.), a le statut de langue nationale et est enseignée principalement dans les régions amazighophones. c. L‟arabe algérien utilisé actuellement dans la plus grande partie du pays. Cette langue est cependant défavorisée parce qu‟elle ne bénéficie d‟aucun statut officiel bien qu‟elle reste l‟instrument de communication commun des locuteurs algériens.2 Sa fonction de langue véhiculaire lui octroie un statut social qui lui assure une certaine pérennité contrairement à tamazight qui jouit d‟un statut juridique de langue nationale qui reste de fait symbolique. La constitutionnalisation n‟est jamais irréversible puisqu‟elle dépend essentiellement du rapport de force politique. Concrètement l‟arabe dit algérien est le concurrent direct de tamazight et donc peut se révéler plus glottophagique3. d. La langue française qui occupait une place dans l‟enseignement et l‟administration quasi-exclusive à l‟indépendance voit ces domaines d‟utilisation se restreindre après l‟application d‟une politique d‟arabisation. 1 DOURARI Abderrezak, Les Malaises de la société algérienne- crise de langues et crise d’identité, Alger, Casbah, 2003, p. 8. 2 DOURARI Abderrezak, Les Malaises de la société algérienne- crise de langues et crise d’identité, Op.cit, p. 52. 3 La glottophagie est un terme créé par Louis Jean CALVET et utilisé dans son ouvrage : Liguistique et colonialisme. Petit traité de glottophagie, 1974, et où les rapports entre le discours sur les langues sont analysés. Ce terme explique la tendance qu‟a une langue dominante à marginaliser ou à faire disparaître d‟autres langues. Cette situation sociolinguistique complexe caractérise les régions amazighophones où s‟imbriquent des bilinguismes et des diglossies. A ce propos, nous reprenons les propos de G. Grand-Guillaume : « Trois langues sont utilisées : la langue arabe, la langue française et la langue maternelle. Les deux premières sont des langues de culture, de statut écrit. Le français est aussi utilisé comme langue de conversation. Toutefois, la langue maternelle, véritablement parlée dans la vie quotidienne, est toujours un dialecte, arabe ou berbère ; cette langue maternelle, sauf à de très rares exceptions, n‟est jamais écrite »4. L‟influence de ces deux langues (le français et l‟arabe scolaire) sur les langues maternelles apparaît dans l‟emprunt massif de mots expliquant, entre autres, la situation de plurilinguisme. 2. Présentation du thème Notre travail de recherche porte sur le terrain kabylophone où des phénomènes de plurilinguismes sont visibles et où « des effets communicatifs particuliers »5 méritent d‟être étudiés. Le kabyle, parler du groupe amazighophone le plus nombreux, continue de résister. Il reste parlé par plusieurs millions de locuteurs en dépit du temps et de l‟influence des autres parlers. Notre réflexion est particulièrement centrée sur l‟Imaginaire Linguistique des jeunes locuteurs kabylophones (il s‟agit notamment des étudiants de la Faculté des Lettres et des Langues de l‟Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou). Elle est centrée sur leur potentiel de production, en tant que sujet parlant, de discours sur leur propre langue et sur d‟autres, coexistant dans le même espace d‟énonciation. Nous viserons ainsi les différents marqueurs qui permettent de mettre en évidence, d‟identifier et de qualifier leurs Imaginaires Linguistiques et de voir, avec précision, leurs attitudes. Selon A.-M. Houdebine : « L‟Imaginaire Linguistique est une voie pour comprendre la dynamique de la langue, de repérer les différents éléments qui alimentent leur discours sur la langue. C‟est-à-dire de qualifier les attitudes des locuteurs en écoutant leurs discours sur la langue, de 4 GRAND-GUILLAUME Gilbert, Arabisation et politique linguistique, Paris, Maisonneuve et Larose, 1983, p.11. 5MORSLY Dalila, « Sociolinguistique de l‟Algérie : du discours institutionnel à la réalité des pratiques linguistiques », Sociolinguistique au Maghreb, UER de linguistique, université René Descartes, Paris, pp.136- 137.
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