ebook img

La sagesse présocratique : communication des savoirs en Grèce archaïque, des lieux et des hommes PDF

327 Pages·2013·4.084 MB·French
Save to my drive
Quick download
Download
Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.

Preview La sagesse présocratique : communication des savoirs en Grèce archaïque, des lieux et des hommes

La sagesse « présocratique » Communication des savoirs en Grèce archaïque : des lieux et des hommes pp000011--332288--99778822220000227777337766..iinndddd 11 3300//0044//1133 1144::3311 pp000011--332288--99778822220000227777337766..iinndddd 22 3300//0044//1133 1144::3311 S OUS LA DIRECTION DE Marie-Laurence Desclos et Francesco Fronterotta La sagesse « présocratique » Communication des savoirs en Grèce archaïque : des lieux et des hommes Ouvrage publié avec le soutien de l’Institut Universitaire de France et du groupe de recherche Philosophie, Langages et Cognition (EA 3699, Université Grenoble-Alpes) pp000011--332288--99778822220000227777337766..iinndddd 33 3300//0044//1133 1144::3311 Parmi nos dernières publications Chantal Crenn, Laurence Kotobi (dir.), Du point de vue de l’ethnicité : pratiques françaises, 2012. Frédéric Monier, Natalie Petiteau, Jens Ivo Engels, Les Coulisses du politique. Vol. 1 La politique vue d’en bas, 2012. Ariel Mendez, Robert Tchobanian, Antoine Vion (dir.), Travail, compétences et mondialisation, 2012. Jean-Pierre Cléro, Emmanuel Faye (dir.), Descartes. Des principes aux phéno- mènes, 2012. Ivan Sainsaulieu, Muriel Surdez, Sens politiques du travail, 2012. Marie-Luce Gélard, Élisabeth Anstett (dir.), Les Objets ont-ils un genre ? Culture matérielle et production sociale des identités sexuées, 2012. Oliver Lazzarotti, Brigitte Frelat-Kahn (dir.), Habiter. Vers un nouveau concept ?, 2012. Françoise Taliano-Des Garets (dir.), Villes et culture sous l’Occupation. Expériences françaises et perspectives comparées, 2012. Lise Demailly, Michel Autes, La Politique de santé mentale en France, 2012. Anna Caiozzo, Nathalie Ernoult, Femmes médiatrices. Mythes et imaginaire, 2012. Valérie Assan, Les Consistoires israélites en Algérie au XIXe siècle, 2012. Laurence Badel (dir.), Écrivains et diplomates. L’invention d’une tradition XIXe- XXIe siècles, 2012. Geoffrey Grandjean, Grégory Piet, Polémiques à l’école. Perspectives inter- nationales sur le lien social, 2012. Dominique Viart, Laurent Demanze, Fins de la littérature, 2012. Maquette de couverture : Raphaël Lefeuvre ©Armand Colin, 2013 ISBN : 978-2-200-27737-6 www.armand-colin.fr Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays. Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages publiées dans le présent ouvrage, faite sans l’autorisation de l’éditeur, est illicite et constitue une contre- façon. Seules sont autorisées, d’une part, les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou d’informa- tion de l’œuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L. 122-4, L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle). Armand Colin Éditeur • , rue du Montparnasse •  Paris pp000011--332288--99778822220000227777337766..iinndddd 44 3300//0044//1133 1144::3311 Sommaire 1. Introduction ....................................................................... 7 Marie-Laurence Desclos et Francesco Fronterotta 2. Poètes et savants : une fausse opposition ? ........................... 21 I. Traditions poétiques et identités intellectuelles, entre Homère et les « présocratiques » .................................. 21 David Bouvier II. Historiens, médecins et scientifiques : la polymathie comme nécessité heuristique ? ........................ 37 Marie-Laurence Desclos 3. Milet ................................................................................... 61 I. Thalès, Anaximandre, Anaximène : la découverte de l’esprit scientifique ? ........................................................ 61 Jérôme Laurent II. Lire et ne pas lire Héraclite ............................................. 89 Magali Année 4. Égée .................................................................................... 117 Xénophane : construction d’images divergentes par la tradition doxographique antique* ............................... 117 Bruno Centrone 5. Élée ..................................................................................... 131 Une école éléatique ? Parménide, Zénon et Mélissos ............ 131 Francesco Fronterotta 6. Sicile ................................................................................... 149 Une relecture de la double zoogonie empédocléenne : que sont les oulophueis tupoi du fragment 62 ? ..................... 149 Anne-Laure Therme pp000011--332288--99778822220000227777337766..iinndddd 55 3300//0044//1133 1144::3311 La sagesse « présocratique » 7. Calabrie .............................................................................. 167 La figure historique de Pythagore et du pythagorisme antique : un problème encore actuel* ...................................................... 167 Bruno Centrone 8. Abdère ................................................................................ 189 Leucippe et Démocrite : l’atomisme, du système à l’aporie ... 189 Pierre-Marie Morel 9. Athènes ............................................................................... 215 I. Les sophistes, derniers « présocratiques » ? ......................... 215 Marie-Laurence Desclos II. Anaxagore et Homère : trier les moutons, trier les hommes, trier l’univers ....................................................................... 235 Arnaud Macé et Anne-Laure Therme 10. Conclusion ....................................................................... 263 Marie-Laurence Desclos Annexes Bibliographie générale ................................................................ 271 Index des passages cités ................................................................ 299 Index des noms ......................................................................... 311 Index des notions ....................................................................... 317 Index des mots grecs .................................................................... 321 pp000011--332288--99778822220000227777337766..iinndddd 66 3300//0044//1133 1144::3311 1 Introduction Marie-Laurence Desclos et Francesco Fronterotta « Si Timothée n’avait pas existé, il nous manquerait beaucoup de mélodies, mais sans Phrynis, il n’y aurait pas eu Timothée 1. » Que nous soyons là en présence d’une affirmation lourde d’une concep- tion du savoir – quelle que soit la nature de ce savoir – tout à la fois téléologique et continuiste n’est plus à démontrer 2. L’antécédence, en effet, comme le rappelait André Laks, dit à la fois ce qui précède dans le temps et ce qui prépare un déploiement ultérieur qu’elle contient certes en germe, mais auquel elle ne saurait être qu’inférieure 3. Tels seraient ces « premiers philosophes » que depuis le xviiie siècle nous appelons « présocratiques », voire, avec Nietzsche, « préplatoniciens 4 ». À ceci près 1. Aristote, Métaphysique, II [α], 1, 993 b 15-17. 2. On aura reconnu la question des « successions de philosophes (διαδοχαὶ τῶν φιλοσόφων) ». Voir Barnes (1987), p. 9-35 ; Mansfeld (2006) ; Laks (2002b), p. 17-26 et (2006), p. 5-30. 3. Laks (2002b), p. 22. 4. Le terme « présocratique » se retrouve déjà chez un certain nombre d’historiens du xixe siècle (voir Ritter [1829], Brandis [1835] et Zeller [1856]), même s’il a été employé pour la première fois par Johann August Eberhard, auteur d’une Allgemeine Geschichte der Philosophie zum Gebrauch akademischer Vorlesungen, publiée en 1788 (comme le rappellent Paquet-Roussel-Lafrance [1988-1995], t. III, p. 118), mais c’est à Hermann Diels que revient l’étiquette de Vorsokratiker comme substantif. Si Ueberweg (1867) introduisait dans le cadre des « présocratiques » une distinction entre les penseurs « pré-attiques » et « pré-sophistiques », c’est Nietzsche (1994 [1872- 1873]) qui s’opposa le premier à la dénomination dielsienne, suggérant plutôt celle pp000011--332288--99778822220000227777337766..iinndddd 77 3300//0044//1133 1144::3311 La sagesse « présocratique » que « philosophes » tous ne le sont pas, et que ceux que nous serions prêts – aujourd’hui – à enrôler sous la bannière de la philosophie ne se définissaient pas ainsi. Gagnera-t-on plus de clarté, et moins d’am- biguïté, à les appeler « naturalistes » et à faire, avec Aristote, de Thalès « le fondateur de cette sorte de philosophie 1 » ? Ce serait oublier que ce n’est pas parce que l’eau se substitue à Océan et à Téthys, ou au chaos hésiodique, que naît la philosophie 2. Ainsi s’explique que M. L. West ait pu interpréter les fragments du poète Alcman ou du « théologien » Phé- récyde de Syros, au même titre que ceux de Thalès, comme des « cosmo- logies présocratiques 3 ». Ce qui naît, c’est un nouveau type de discours de savoir s’opposant à d’autres discours de savoir, considérés comme tels ou se prétendant tels. Il convient donc de s’interroger sur la nature de cette nouveauté, sans tenir a priori pour acquis qu’elle réside dans l’ab- sence des dieux 4. Car alors que faire, non seulement d’Alcman (Téthys, Tekmor, Poros 5) et de Phérécyde (Zas, Chronos, Chthonia 6), mais aussi, selon le mot de West, du « démiurge féminin (female demiurge) » (Aphrodite ou Dikè-Anankè 7) de Parménide et d’Empédocle, et pour de « pré-platoniciens », qui serait plus appropriée dans la mesure où tous les penseurs qui précèdent Platon, y compris Socrate, se présentent comme des types « purs » et « originaux », dans leurs caractères et dans leurs doctrines, alors que Platon introduit le premier une philosophie « mixte », au sens où elle dépend d’une synthèse théorique et d’une réélaboration de la réflexion des prédécesseurs. Tout en étant (à juste titre) sujette à discussion, la dénomination de « présocratiques » reste aujourd’hui majori- taire, même si des propositions alternatives ont été formulées : on se reportera par exemple à Colli (1975) et (1977-1980), qui, pour sortir de tout classement de nature chronologique et en quelque sorte a posteriori (comme pré-socratiques ou pré-plato- niciens), parle des « sages », pour indiquer ainsi les σοφοί, dont le savoir est cette σοφία encore énigmatique qui se rattache aux pratiques religieuses. Sur « la construction » de cette « catégorie de l’historiographie philosophique », voir Laks (2002b) et, pour la « constellation moderne », (2006), p. 31-53. 1. Aristote, Métaphysique, I [Α], 3, 983 b 21-22. 2. Ibid., 983 b 31-32 et 984 b 23-31. 3. West (1963). En ce qui concerne Alcman, voir également Sassi (2005). Sur les « cos- mologies présocratiques » on renverra à Wright (1995a) et (2008). 4. Voir Laks (2002b), p. 35 : « Le point essentiel est le suivant : l’eau n’est pas une divi- nité, et surtout pas une divinité personnelle, comme dans les cosmogonies proche- orientales ; elle n’est pas non plus entourée d’autres divinités primordiales, telles que, chez Hésiode, la Terre, le Ciel, ou Éros. Cette “naturalisation” est l’une des marques les plus sûres et les plus universellement acceptées, pour fixer les débuts de la philoso- phie grecque. » 5. Alcman, fr. 81 Calame (P. Oxy. 2390, fr. 2, col. II, 22 sqq. et col. III). 6. Phérécyde, fr. 9 [A1] Colli = Diogène Laërce, I, 119 (= 7 B 1 DK). 7. West (1963), p. 154-156 et p. 158. Pour Empédocle, cf. 31 B 74 Diels-Kranz [abrégé en DK] (= Plutarque, Propos de table, V, 10, 4, 685 E 6-F 5). Pour Parménide, 28 B 13 DK (= Dialogue sur l’Amour, XIII, 756 E 1-F 1) ; A 37 DK (= Aétius, 335, 4-16). Voir également Betegh (2001), Primavesi (2006) et Messina (2007a). 8 pp000011--332288--99778822220000227777337766..iinndddd 88 3300//0044//1133 1144::3311 Introduction ce dernier, de la personnalisation de la « quadruple racine » (Zeus, Héra, Aidônéus [Hadès], Nestis 1) ? Face à cette « présence en plein logos des physiciens […] des noms ou épiclèses des dieux mythologiques 2 », la solution doit-elle être cherchée dans une interprétation allégorique, ainsi que le fait, par exemple, Oliver Primavesi à propos d’Empédocle : « Mais pourquoi Empédocle désigne-t-il les quatre masses divines au moyen de quatre noms divins traditionnels ? Assurément ces noms ne peu- vent pas être pris au pied de la lettre » ? S’autorisant alors de Théagène de Rhégion et « d’une méthode de déchiffrement des dieux homériques qui était courante dans l’Occident grec depuis le vie siècle avant notre ère », Primavesi en conclut que « l’auteur combine, dans un seul poème, les deux modes poétiques de référence au divin déjà établis, c’est-à-dire le mode mythologique et le mode philosophique, et il les met en relation l’un avec l’autre en ayant recours à la fonction allégorique 3 ». Or une telle solution prétendue repose sur un certain nombre de présupposés dont Holger Schmid a montré, de façon tout à fait convaincante, le caractère au moins problématique, pour ne pas dire contestable. On crédite, en effet, les « physiciens » d’un rationalisme « areligieux 4 » qui tout à la fois se manifeste et trouve son origine dans la volonté de se démarquer du discours mythique, lequel est identifié, sans autre forme de procès, à la poésie homérique et hésiodique. De ce « décrochage » naîtraient et la science et la philosophie. Il y a là un double problème : un problème de diction, d’abord ; un problème de rapport au divin, ensuite. Problème de diction que posent – face à cette volonté supposée – l’adoption de l’hexamètre dactylique par Xénophane, Parménide et Empédocle 5, l’« allure plus “célébrative” 1. Empédocle, 31 B 6 DK (= Aétius, I, 3, 20 ; Sextus Empiricus, Contre les professeurs [Adversus mathematicos], X, 315). 2. Schmid (2007), p. 39. Voir également Gain (2007), notamment p. 148, n. 47 : « on note chez Empédocle la reprise littérale du premier hémistiche du vers 800 [de la Théogonie] ». 3. Primavesi (2007), p. 66 (je souligne). Cf. aussi Primavesi (2006). 4. Schmid (2007), p. 40. Voir également p. 41 : « lorsque Empédocle ou Héraclite nom- ment Apollon, ce sera allégorie, science areligieuse […]. Mais en quel sens Homère est-il “religieux” ? » Gábor Betegh (2001), p. 68 va dans le même sens : « je ne trouve pas justifié de parler d’une interprétation “allégorique” dans le cas de l’Agrigentin ». 5. En ce qui concerne Xénophane, cf. Most (1999), p. 351-353. Sur la présence de tech- niques anciennes de composition poétique chez Parménide et Empédocle, voir en dernier lieu Année (2012), p. 112-123 (pour l’Éléate) et Wersinger (2012b), p. 294 (pour l’Agrigentin). Il faut lire également Betegh (2001), et notamment p. 67, sur le rapport d’Empédocle à Orphée et à l’auteur du Papyrus de Derveni « qui se présente comme l’exégétès du texte oraculaire d’Orphée » : « il [Empédocle] revendique pleine- 9 pp000011--332288--99778822220000227777337766..iinndddd 99 3300//0044//1133 1144::3311 La sagesse « présocratique » que démonstrative » du style d’Anaxagore 1, le caractère oraculaire de la langue d’Héraclite 2, les « mots poétiques » d’Anaximandre 3. C’est ce pro- blème que l’on cherche à évacuer – comme le montrent Holger Schmid et Maria Laura Gemelli Marciano, lorsqu’on ne voit là que « déguise- ment 4 », « oripeau inutile » ou « artifice littéraire 5 ». Or, Glenn Most a raison de le souligner, « there is no ancient (or even modern) philosopher whose discursive form can safely be neglegted if his thought is entirely to be understood, all the same it is particularly true in the case of the early Greek thinkers as a group that no account of their philosophy that considers only the structure of their arguments, and not also the form in which they chose to communicate those arguments to their public, can be considered fully satis- factory 6 ». Problème de rapport au divin, également, dans la mesure où l’on conclut sans doute un peu vite que le « divin » dont il conviendrait de se détacher pour accéder enfin à la rationalité de l’esprit scientifique est entièrement circonscrit par les dieux « traditionnels », en entendant par là les dieux d’Homère et d’Hésiode. Cependant, rien n’est moins sûr, et il est sans doute fort imprudent d’affirmer, par exemple, que « de la religion traditionnelle des Grecs anciens, Empédocle ne retient rien », ou qu’il « renverse le Panthéon traditionnel 7 ». Il est en effet d’autres traditions, « non homériques et pré-homériques », dont on a décelé la trace chez Héraclite 8. Il existe aussi des traditions non grecques, dont ment pour lui-même son rôle et son prestige. Il n’est pas l’exégétès du poète divin ; le poète divin, c’est lui-même. De plus, dans cet enseignement, on n’a plus besoin d’un exégétès, puisque Empédocle est à la fois le poète divin et son exégétès ». Usage dont on ne rendra pas raison, comme le fait Sassi (2009), en invoquant uniquement la nécessité de se protéger du « scandale » qu’aurait constitué la révélation, par Parmé- nide, d’un savoir « ésotérique » ou, en ce qui concerne Empédocle, d’une accusation d’impiété suscitée par son opposition au sacrifice sanglant. Sofia Ranzato (2009) a raison de le souligner, « le recours à la tradition épique comme moyen de protection semble insuffisamment étayé par les sources ». 1. Gemelli Marciano (2007c), p. 24. 2. Ibid., p. 13-18. Voir également Deichgräber (1963) ; Most (1999), p. 335 et 357- 359 ; Jedrkiewicz (2005), particulièrement p. 7 et 20. Caractère oraculaire que l’on retrouve aussi chez Empédocle : Betegh (2001), p. 64. 3. Simplicius, Commentaire sur la Physique d’Aristote, 24, 20-21 : ποιητικωτέροις οὕτως ὀνόμασιν αὐτὰ λέγων. 4. Schmid (2007), p. 40, qui souligne de façon parfaitement claire la nature de ce pro- blème : « à quoi bon ce déguisement, s’il est vrai, comme nous le pensons d’habitude, qu’en plein ve siècle, les penseurs auraient pu (ou même dû) écrire en prose ? » 5. Gemelli Marciano (2007), p. 11. 6. Most (1999), p. 335. 7. Wersinger (2012b), p. 379 et 380. 8. Schmid (2007), p. 45. Il faut lire l’ensemble des pages 44-47. 10 pp000011--332288--99778822220000227777337766..iinndddd 1100 3300//0044//1133 1144::3311

See more

The list of books you might like

Most books are stored in the elastic cloud where traffic is expensive. For this reason, we have a limit on daily download.