Hannah Arendt et la faculté de juger Un éclairage pour le cinquantenaire des indépendances en Afrique Léon MATANGILA Musadila Hannah Arendt et la faculté de juger Un éclairage pour le cinquantenaire des indépendances en Afrique L’HARMATTAN © L'HARMATTAN, 2010 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com [email protected] [email protected] ISBN : 978-2-296-12738-8 EAN : 9782296127388 « Juger est une importante activité, sinon la plus importante, en laquelle ce partager-le-monde-avec-autrui se produit… C’est l’aptitude à distinguer le bien du mal, le beau du laid. Voilà ce qui peut, aux rares moments où tout est joué, éviter les catastrophes, pour le moi tout au moins … L’analyse du jugement est ici à nouveau centrale car elle y localise la source des plus grands maux politiques, le mal du totalitarisme personnifié par Eichmann… L’opinion et non la vérité, est l’une des bases indispensables de tout pouvoir… Toute prétention dans le domaine des affaires humaines à une vérité absolue, dont la validité ne nécessite aucun appui du côté de l’opinion, ébranle les fondements de toute politique et de tout régime…Les modes de pensée et de communication qui ont affaire avec la vérité, si on les considère dans la perspective politique, sont nécessairement tyranniques ; ils ne tiennent pas compte des opinions d’autrui, alors que cette prise en compte est le signe de toute pensée strictement politique … Il est clair que le jugement et l’opinion vont indissolublement de pair en tant qu’ils sont les facultés maîtresses de la raison politique. L’intention d’Arendt est absolument évidente : concentrer l’attention sur la faculté de jugement, c’est sauver l’opinion du discrédit dans lequel elle est tombée depuis Platon.. Puisque l’opinion est le pilier de la politique, la revalorisation de l’opinion contribue à rehausser le statut de la politique »1. « Si l’on pouvait découvrir que dans les aptitudes2, les échanges régulateurs et le commerce entre des hommes étroitement liés les uns aux autres par la commune possession d’un monde (la terre ), il existe un principe à priori, alors on aurait la preuve que l’homme est essentiellement un être politique ». « Et si l’intérêt porté au jugement conduit à prendre conscience des impératifs tragiques, seul peut-être un penseur qui appréhendait pleinement ces réalités tragiques pouvait pénétrer l’essence du jugement et le conceptualiser. Pour Arendt, l’acte de juger représente le couronnement de l’activité triadique de l’esprit parce que, d’une part, il maintient le contact avec « le monde de l’apparaître » caractéristique du « vouloir », et que, d’autre part, il accomplit la quête du sens qui anime le « penser »…. La vie de l’esprit atteint son ultime accomplissement non dans la vision d’ensemble de la métaphysique, comme chez les anciens, mais dans le plaisir désintéressé de l’historien, du poète ou du conteur qui jugent »3. 1 Arendt, Juger sur la philosophie politique de Kant, Paris, Seuil, 1991, p. 149. 151- 152.153.154. 156. 159. 2 Arendt, Cours donné à Chicago sur « Kant’s political Philosophy », automne 1964 ( Hannah Arendt Papers, Library of Congress, Container 41, p. 032259 3 Arendt, Juger, Op. Cit., p. 199. 5 Dédicace A Justine Matangila Mikubu Léois Matangila Erwan Matangila Pour tant d’amour, d’affection et de privation Remerciements Toute ma gratitude aux professeurs Jacques Poulain et Isidore Ndaywel qui m’ont soutenu, chacun à sa manière, pour la réalisation de ces pages. Merci à Matngila Mikubu Justine, à Leois et Erwan Matangila, pour tant d’affection et de privation à la fois. Je remercie Denis et Xavier Pryen ainsi que Armelle Riché des Editions l’Harmattan à Paris : vos diverses implications pour la transformation sociale de l’Afrique, par le biais de la culture notamment, ne peuvent pas passer inaperçues. Je suis reconnaissant aux frères et amis de longues dates : Ingolf Diener, Cômes Khonde, Clément Molo, James et Elise Mikubu. Aux étudiants du second et troisième cycles de philosophie des universités de Kinshasa en RD Congo et de Ouagadougou au Burkina Faso, je dis tous mes meilleurs souvenirs pour le cheminement dans la réflexion et la pensée. Vous avez, par vos questions et débats, motivé la sortie de ce livre. Mes amitié à tous ceux qui, d’une manière discrète mais efficace, ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour ce livre.
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