Cohomologie non ramifi´ee des quadriques Bruno Kahn Institutde Math´ematiques de Jussieu 175–179 rue du Chevaleret 75013 Paris, France [email protected] Introduction Lebutdecetexte estdedonnerunsurvoldetechniquespermettant lecal- culdelacohomologienonramifi´eedecertainesvari´et´esprojectiveshomog`enes enpoids≤3.Bienque lacohomologienonramifi´eesoituninvariantbiration- nel des vari´et´es propres et lisses (cf. th´eor`eme 3.3), ces techniques exigent la donn´ee d’un mod`ele projectif lisse explicite. Dans les §§1, 2 et 3, on rappelle les bases de la th´eorie : suite spectrale deconiveau,complexesde Cousin,complexes deGersten, conjecture de Gers- ten. Ces rappels, essentiellement fond´es sur l’article [6], sont formul´es pour une «th´eorie cohomologique `a supports» quelconque qui satisfait a` certains axiomes convenables. Des exemples de telles th´eories sont donn´es au §4. A` partir du §6, on choisit comme th´eorie cohomologique la cohomo- logie motivique ´etale `a coefficients entiers et on suppose que les vari´et´es consid´er´ees sont lisses et g´eom´etriquement cellulaires (c’est-`a-dire admettent une d´ecomposition cellulaire sur la clˆoture alg´ebrique) : c’est le cas par exemple des vari´et´es projectives homog`enes. On introduit le compl´ement in- dispensableauxsuites spectrales de coniveau:les suitesspectrales dites«des poids», cf. [13]. La construction de ces suites spectrales repose sur la th´eorie desmotifstriangul´esdeVoevodsky[44],cequiobligepourl’instanta`supposer que le corps de base k est de caract´eristique z´ero. Si X est une k-vari´et´e projective homog`ene, on souhaite calculer le noyau et le conoyau des homomorphismes Hn+2(k,Z(n))→Hn+2(X,Z(n)),n≥0. (*) nr Lam´ethode est de consid´erer ensemble lasuite spectrale de coniveauet la suitespectrale despoids,chacuneen poidsn:ellesconvergenttoutes lesdeux vers lacohomologiemotiviquede poids n de X. La cohomologienon ramifi´ee faisantpartie du terme E de la premi`ere suite spectrale et le terme E de la 2 2 seconde´etantengrande partiecalculable,onpeut esp´erer ´etudier (*)de cette J.-P.Tignol(Ed.):LNM1835,pp.1–23,2004. (cid:1)c Springer-VerlagBerlinHeidelberg2004 2 Bruno Kahn mani`ere. Des exemples sont donn´es dans les §§6 `a 10 : la plupart concernent l’´etude de (*) pour les quadriques et pour n ≤ 3, faite en collaboration avec RostetSujatha.Unbrefaperc¸udel’applicationdecestechniquesauxgroupes SK et SK des alg`ebres centrales simples est ´egalement donn´e au §9. 1 2 1 Partie non ramifi´ee d’une th´eorie cohomologique D´efinition 1.1 (pour ce mini-cours). a) Soit k un anneau de base (nœ- th´erien r´egulier). Nous utiliserons la cat´egorie P/k suivante : – Les objets de P/k sont les couples (X,Z), ou` X est un sch´ema r´egulier de type fini sur k et Z est un ferm´e (r´eduit) de X. – Un morphisme f: (X(cid:1),Z(cid:1))→(X,Z) est un morphismef: X(cid:1) →X tel que f−1(Z)⊂Z(cid:1). b)Uneth´eoriecohomologique (a`supports)surP/kestunefamilledefoncteurs (hq: (P/k)o →Ab)q∈Z (X,Z)(cid:8)→hq(X) Z v´erifiant la condition suivante : pour tout triplet (Z ⊂ Y ⊂ X) avec (X,Y), (X,Z)∈P/k, on a une longue suite exacte ···→hq(X) →hq (X)→hq (X −Z)→hq+1(X) →... Z Y Y−Z Z fonctorielle en (X,Y,Z) en un sens ´evident. On note hq(X)=hq (X) et onremarque quehq(X) =0pour tout(q,X). X ∅ D´efinition 1.2. La th´eorie hq v´erifie l’excision Zariski (resp. Nisnevich) si elle est additive : hq (X (cid:10)X(cid:1))=hq(X)⊕hq (X(cid:1)) Z(cid:4)Z(cid:1) Z Z(cid:1) etsif∗: hq(X) −→∼ hq (X(cid:1))lorsquef: (X(cid:1),Z(cid:1))→(X,Z)est donn´ee parune Z Z(cid:1) immersion ouverte (resp. par un morphisme ´etale) tel que Z(cid:1) = f−1(Z) et f: Z(cid:1) −∼→Z. Si h∗ v´erifie l’excision Zariski,pour tout recouvrement ouvert X =U ∪V on a une longue suite exacte de Mayer–Vietoris : ···→hq(X)→hq(U)⊕hq(V)→hq(U ∩V)→hq+1(X)→... Sih∗ v´erifie l’excisionZariski,onpeut construire des complexes de Cousin et une suite spectrale de coniveau (Grothendieck) : A) Soit Z(cid:3) = (∅ ⊂ Zd ⊂ Zd−1 ⊂ ···⊂ Z0 = X) une chaˆıne de ferm´es. Les suites exactes ···→hp+q (X) −i−p+−1−,q−−→1 hp+q(X)−j−p→,q hp+q (X −Z ) Zp+1 Zp Zp−Zp+1 p+1 −k−p,→q hp+q+1(X)→... Zp+1 Cohomologie non ramifi´ee des quadriques 3 d´efinissent un couple exact Dp+1,q−(cid:4)(cid:4)(cid:3)1(cid:3)k(cid:3)p(cid:3),q(cid:3)(cid:3)(cid:3)i(cid:3)p(cid:3)+1,q−1(cid:3)(cid:3)(cid:2)(cid:2)(cid:2)(cid:2)(cid:2)j(cid:2)p(cid:2),(cid:2)q(cid:1)(cid:1)(cid:2)Dp,q Ep,q (ou` kp,q est de degr´e (0,+1)), avec Dp,q = hp+q(X), Ep,q = hp+q (X − Zp Zp−Zp+1 Z ). Cela donne une suite spectrale de type cohomologique qui converge p+1 vers D0,n =hn(X), la filtration associ´ee ´etant (cid:8) (cid:9) Fphn(X) =Im hn (X)→hn(X) Zp avec Ep,q =Ep,q, dp,q =kj. 1 1 B) On suppose X ´equidimensionnel de dimension d et on ne s’int´eresse qu’auxZ(cid:3) tels que codim Z ≥p.On passe `a lalimite sur ces Z(cid:3) : on obtient X p un nouveau couple exact, avec Dp,q =−li→mhpZ+pq(X)=:h≥p+pq(X) Z(cid:1) Ep,q =limhp+q (X −Z ). −→ Zp−Zp+1 p+1 Z(cid:1) En utilisant l’excision Zariski, on trouve un isomorphisme (cid:10) l−i→mhpZ+p−qZp+1(X −Zp+1)(cid:2) hxp+q(X) Z(cid:1) x∈X(p) ou` X(p) ={x∈X |codim {x}=p} et X hp+q(X) := lim hp+q (U) x −→ {x}∩U U(cid:8)x U ouvert (groupe de cohomologielocale), ce qui donne la forme classique du terme E 1 de la suite spectrale de coniveau : (cid:10) Ep,q = hp+q(X)⇒hp+q(X). (1) 1 x x∈X(p) La filtration a` laquelle elle aboutit est la filtration par la codimension du support (cid:11) (cid:8) (cid:9) Nphn(X)= Im hn(X) →hn(X) Z codimXZ≥p (cid:11) (cid:8) (cid:9) = Ker hn(X) →hn(X −Z) . codimXZ≥p 4 Bruno Kahn D´efinition 1.3. a) Le complexe de Cousin en degr´e q de h sur X est le complexe des termes E de la suite spectrale : 1 (cid:10) (cid:10) 0→ hq(X) −d−01,→q h1+q(X)−d−11,→q ... x x x∈X(0) x∈X(1) (cid:10) −d−p1−−−1,→q hp+q(X) −d−p1,→q ... x x∈X(p) b) La cohomologie non ramifi´ee de h sur X (en degr´e q) est le groupe (cid:8) (cid:10) (cid:10) (cid:9) E0,q =Ker hq(X)−d−01,→q h1+q(X) =:hq (X). 2 x x nr x∈X(0) x∈X(1) Si X =X1(cid:10)···(cid:10)Xr, on a hqηi(X)=hqηi(Xi)=−li→mU⊂Xihq(U), ou` ηi est le point g´en´erique de Xi : ce groupe ne d´epend que de ηi et nous(cid:12)le noterons habituellementhq(η ) ou hq(K ) si η =SpecK . On a hq (X)= hq (X ). i i i i nr i nr i Pour X connexe, on a donc (cid:8) (cid:10) (cid:9) hq (X)=Ker hq(η)→ h1+q(X) . nr x x∈X(1) 2 Puret´e; complexes de Cousin et complexes de Gersten On se donne une th´eorie cohomologiquegradu´ee h∗: (X,Z)(cid:8)→hq(X,n), q,n∈Z. Z (L’entier n s’appelle le poids.) D´efinition 2.1. h∗ est pure si, pour tout (X,Z)∈P/k avec X r´egulier et Z r´egulierpurementdecodimensioncdansX,ons’estdonn´edesisomorphismes π : hq−2c(Z,n−c)−∼→hq(X,n) X,Z Z contravariants en les (X,Z) comme au-dessus (`a c fix´e). (On dit que h∗ est faiblement pure si la puret´e n’est exig´ee que pour X et Z lisses sur k : si k est un corps parfait, cela revient au mˆeme.) Si k est raisonnable (par exemple un corps ou SpecZ), cette condition entraˆıne l’excisionNisnevich:c’est´evidentpour des couplescommedans lad´efinition, et en g´en´eralon s’yram`ene par r´ecurrence nœth´erienne en consid´erant le lieu non r´egulier de Z, qui est ferm´e et diff´erent de Z. Sih∗ estpure,lasuitespectrale (1)prendlaformepeut-ˆetre plusfamili`ere (cid:10) Ep,q = hq−p(κ(x),n−p)⇒hp+q(X). (2) 1 x∈X(p) Cohomologie non ramifi´ee des quadriques 5 Enparticulier,lescomplexesdeCousindeviennentdescomplexes de Gers- ten (on suppose X connexe pour simplifier) : (cid:10) (cid:10) 0→hq(κ(X),n)→ hq−1(κ(x),n−1)→ hq−2(κ(x),n−2)... x∈X(1) x∈X(2) et on retrouve une d´efinition plus famili`ere de h : nr (cid:8) (cid:10) (cid:9) hq (X,n)=Ker hq(κ(X),n) → hq−1(κ(x),n−1) . nr x∈X(1) Remarque 2.2. Dans certains cas, on n’a la puret´e qu’a` isomorphisme pr`es; pour obtenir des isomorphismes de puret´e canoniques, on doit introduire des variantes de la th´eorie h, a` coefficients dans des fibr´es en droites. C’est le cas notamment pour les groupes de Witt triangulaires de Barge–Sansuc–Vogel, Pardon, Ranickiet Balmer–Walter ([3], voir aussi [39]). 3 Conjecture de Gersten D´efinition3.1. Pourtout(p,q),onnoteEp,qlefaisceauassoci´eaupr´efaisceau 1 Zariski (cid:10) U (cid:8)→Ep,q(U)= hp+q(U). 1 x x∈U(p) On a ainsi pour tout q un complexe de faisceaux 0→Hq →E0,q →E1,q →···→Ep,q →... 1 1 1 aveclesEp,q flasques pourlatopologiedeZariski,ou`Hq estlefaisceauassoci´e 1 au pr´efaisceau U (cid:8)→hq(U). D´efinition 3.2. On dit que h v´erifie la conjecture de Gersten sur X si ce complexe est exact pour tout q. Si c’est le cas, le complexe 0→E0,q →E1,q →···→Ep,q →... 1 1 1 d´efinit une r´esolution flasque de Hq, et on peut ´ecrire le terme E de la suite 2 spectrale de coniveau Ep,q =Hp (X,Hq). 2 Zar Th´eor`eme 3.3 (Gabber [8], essentiellement). Supposons que k soit un corpsinfini.Alors,pour queh v´erifielaconjecturedeGersten surtoutX lisse sur k, il suffit que les deux conditions suivantes soient v´erifi´ees : (1) h v´erifie l’excision Nisnevich. 6 Bruno Kahn (2) Lemmecl´e.Pourtoutn,pourtoutouvertV deAn,pourtoutferm´eF ⊂V k et pour tout q∈Z, le diagramme de gauche est commutatif : hq (A1)(cid:2)(cid:2) j∗ hq (P1) A1 j (cid:1)(cid:1) P1 A1F V(cid:4)(cid:4)(cid:3)(cid:3)(cid:3)π(cid:3)∗(cid:3)(cid:3)(cid:3)(cid:3)(cid:3)(cid:3)P1F (cid:5)(cid:5)s∗∞V V (cid:4)(cid:4)π(cid:4)(cid:4)(cid:4)(cid:4)(cid:4)(cid:4)π˜(cid:6)(cid:6) (cid:5)(cid:5)V(cid:7)(cid:7)s∞ hq(V) V F ou` s∞ est la section `a l’infini. La condition (2) est v´erifi´ee dans chacun des cas suivants : (3) h est invariante par homotopie : pour tout V lisse, h∗(V) −∼→h∗(A1) (il V suffit que ce soit vrai pour V comme en (2)). (4) h est «orientable» : il existe une th´eorie cohomologique e et, pour tout (X,Z)∈P , une application k Pic(X) →Hom(e∗(X),h∗(X)) Z Z naturelle en (X,Z), d’ou` (pour (X,Z) = (P1 ,P1)) un homomorphisme V Z α V,F e∗ (P1) [O(1)]−[O] (cid:1)(cid:1)h∗ (P1) P1Fπ˜ (cid:7)(cid:7) V (cid:5)(cid:5)(cid:5)(cid:5)(cid:5)(cid:5)(cid:5)α(cid:5)V(cid:5),F(cid:5)(cid:5)(cid:5)(cid:5)(cid:8)(cid:8) P1F V e∗(V) F et, pour (V,F) comme en (2), l’application hq(V)⊕eq (V)−(−π−∗,−α−V,−F→) hq (P1 ) F F P1 V F est un isomorphisme. Preuve. Voir[6].Pourkfini,ons’entireensupposantl’existencedetransferts sur h (pour des revˆetements ´etales provenant d’extensions du corps de base). (cid:16)(cid:17) Cons´equences pour la cohomologie non ramifi´ee Th´eor`eme 3.4. Sous les hypoth`eses (1) et (2) du th´eor`eme 3.3, pour toute vari´et´e X lisse sur k : a) hq (X) (cid:2) H0 (X,Hq)(cid:2) H0 (X,Hq), ou` H∗ d´esigne la cohomologie de nr Zar Nis Nis Nisnevich (ceci s’´etend `a tous les termes E de la suite spectrale de coniveau, 2 et ne sera pas utilis´e ici). b) Si X est de plus propre, hq (X) est un invariant birationnel. nr c) Soient X, Y lisses et int`egres et p: X → Y un morphisme propre. Sup- posons que la fibre g´en´erique de p soit k(Y)-birationnelle a` l’espace projectif Pd . Alors, hq (X) −p→∗ hq (Y) est un isomorphisme. k(Y) nr nr Cohomologie non ramifi´ee des quadriques 7 Preuve. [6]. (cid:16)(cid:17) Par cons´equent, sous (1) et (2), X (cid:8)→hq (X) est un invariant birationnel nr stable pour les k-vari´et´es propres et lisses. On lenotera souvent hq (k(X)/k), nr ou simplement hq (k(X)). nr D´efinition3.5. Pour K/k uncorps de fonctions(ayantun mod`elepropre et lisse), on note ηq l’application K,h hq(k)→hq (K/k). nr SiK/k est stablement rationnelle (K(t ,...,t )/k est transcendante pure 1 r pour r assez grand), ηq est un isomorphisme pour tout q. On s’int´eressera K,h principalementa`l’´etudede ηq quandK/k est g´eom´etriquement stablement K,h rationnelle. 4 Exemples de bonnes th´eories cohomologiques Les exemples ci-dessous v´erifient tous l’excision Nisnevich et sont inva- riants par homotopie. (4.2) v´erifie un th´eor`eme de puret´e, (4.1) et (4.4) v´erifientunth´eor`eme depuret´e faible;quanta`(4.3),seulun th´eor`eme depu- ret´e pour un support de dimension z´ero est actuellement d´emontr´e (il s’agit d’ailleurs d’un th´eor`eme de puret´e «tordu», la th´eorie n’´etant pas orien- table) : il est suffisant pour les applications. (4.1) Cohomologie ´etale. hq(X,n)=Hq(X ,µ⊗n), (N,cark)=1. Z Z ´et N Variantes : HZq(X´et,(Q/Z)(cid:1)(n)), ou` (Q/Z)(cid:1)(n) = −li→m(N,cark)=1µ⊗Nn, Hq(X ,Q/Z (n)),ou` Q /Z(n)=limµ⊗n pour l premier (cid:18)=cark,etc. Z ´et l l l l −→ lν Le cas particulier le plus int´eressant pour nous est q =n+1. (4.2) K-th´eorie alg´ebrique. hq(X) =KZ(X)(cid:2)K(cid:1)(Z) (Quillen). Z q q (4.3) Les groupes de Witt triangulaires de P. Balmer. [3, 2] (4.4) Cohomologie motivique, Zariski ou ´etale. SuslinetVoevodskyont d´efinidans[42]descomplexesdefaisceauxZ(n)sur(Sm/k) (cat´egorie Zar des k vari´et´es lisses munie de la topologie de Zariski). On prend hq(X,n)=Hq(X ,Z(n)) Z Z Zar ou hq(X,n)=Hq(X ,α∗Z(n)) Z Z ´et ou` α est laprojection du site ´etale (Sm/k) sur (Sm/k) . Variantes : ´et Zar on prend Z (n) := Z(n)⊗ Z , etc. (Si on est en caract´eristique p, (l) (l) Hq(X ,α∗Z(n)) ne devient invariant par homotopie et ne v´erifie un Z ´et th´eor`eme de puret´e qu’apr`es avoir invers´e p; toutefois, cette th´eorie a les propri´et´es (1) et (4) du th´eor`eme 3.3mˆeme avantd’inverser p,donc 8 Bruno Kahn v´erifie laconjecture de Gersten.) Dans lasuite, on notera en g´en´eral les groupes de cohomologiemotivique avec H plutoˆt que H. On a : (cid:13) (cid:5) (cid:6) 0 si q >n Hq (Speck) ,Z(n) = Zar KM(k) si q =n; n en caract´eristique 01 et sous la conjecture de Bloch–Kato (par exemple pour l=2 ou pour n≤2) : (cid:5) (cid:6) Hn (Speck) ,Z (n) =KM(k)⊗Z (cid:5) ´et (l) (cid:6) n (l) Hn+1 (Speck) ,Z (n) =0 («Hilbert 90»). ´et (l) Enfin, on a une longue suite exacte, pour l(cid:18)=cark : ...Hq(X ,Z (n))→Hq(X ,Q(n))→Hq(X ,Q/Z (n)) ´et (l) ´et ´et l l −→∂ Hq+1(X ,Z (n))→... ´et (l) ou`lesgroupes a`coefficients Q /Z sontceux de(4.1).PourX =Speck, l l ona Hq(X,Q(n))=0pour q >n,donc ∂ est un isomorphismed`es que q≥n+1. Le cas qui nous int´eresse est q =n+1. 5 Cohomologie non ramifi´ee finie et divisible SoientX unevari´et´e lissesur k et mun entierpremier a`cark.On dispose des homomorphismes de comparaison ηi : Hi(k,µ⊗(i−1))→Hi (X,µ⊗(i−1)) m m nr m ηi: Hi(k,Q/Z(i−1))→Hi (X,Q/Z(i−1)) nr et d’homomorphismes Kerηi →Kerηi, Cokerηi →Cokerηi. m m Soitδ le pgcd de cark et des degr´es des points ferm´es de X : alorsKerηi m et Kerηi sont annul´es par δ (argument de transfert). On suppose que δ |m. Supposons la conjecture de Bloch–Kato vraie en degr´e i−1 pour tous les facteurs premiers de m. Alors la suite 0→Hi(k,µ⊗(i−1))→Hi(k,i−1)−m→Hi(k,i−1) m est exacte. On en d´eduit que Kerηi −→∼ Kerηi. m 1 Le travail de Geisser et Levine [9] et le fait que la cohomologie motivique de Speckco¨ıncideavecses groupesdeChowsup´erieurs [46]impliquentquecette (cid:0) (cid:1) restriction n’est pas n´ecessaire. Cohomologie non ramifi´ee des quadriques 9 Pour les conoyaux, supposons pour simplifier que δ = 2 (on trouvera un ´enonc´e g´en´eral dans [17, §7]). Sous la conjecture de Milnor en degr´e i−1,on a alors une suite exacte 0→(Kerηi) →Cokerηi →Cokerηi (3) 2 0 2 avec (Kerηi) ={x∈Kerηi |(−1)·x=0}[17, prop.7.4]).De plus, lafl`eche 2 0 2 de droite est surjective si µ2∞ ⊂k [18, th. 1]. 6 Suite spectrale des poids 6.1 Construction de suites spectrales Soit T une cat´egorie triangul´ee, et soit X ∈ T : une filtration sur X est une suite de morphismes ···→Xn−1 →Xn →···→X. Une tour de sommet X est une suite de morphismes X →···→Xn →Xn−1 →... On ne s’int´eresse qu’aux filtrations et aux tours finies, c’est-a`-dire telles que X →X (ou X →X ) soit un isomorphisme pour n assez grand et que n n X =0 pour n assez petit. n Sion se donne une filtration,onnote Xn/n−1 «le» cˆone de Xn−1 →Xn : rappelons qu’ilest d´efini a` isomorphisme non unique pr`es. Pour Y ∈T, on a de longues suites exactes de groupes ab´eliens ···→Hom(Y,Xq−1[n])→Hom(Y,Xq[n])→Hom(Y,Xq/q−1[n]) →Hom(Y,Xq−1[n+1])→... d’ou`, comme au §1, un couple exact et une suite spectrale fortement conver- gente de type cohomologique E2p,q =Hom(Y,Xq/q−1[p+q])⇒Hom(Y,X[p+q]). (Lanum´erotationchoisieiciesttellequ’onobtientuntermeE etnonpas 2 un terme E .) 1 Sionsedonneune tour,onobtientdemˆemeunesuite spectrale fortement convergente de type homologique,aboutissant `a Hom(X[p+q],Y). 10 Bruno Kahn 6.2 La cat´egorie DMeff (k) de Voevodsky [44] gm C’estunecat´egorietriangul´eetensoriellemunied’unfoncteurM: Sm/k→ DMeff(k), v´erifiant entre autres gm – Mayer–Vietoris : Si X = U ∪V est un recouvrement ouvert, on a un triangle exact M(U ∩V)→M(U)⊕M(V)→M(X)→M(U ∩V)[1]. – Invariance par homotopie : M(A1 )−∼→M(X). X Ceci permet demontrer une d´ecompositioncanonique(quid´efinitZ(1)) M(P1)=Z⊕Z(1)[2] ou` l’on a pos´e Z := M(Speck). (Voir §1 de l’article de Vishik dans ces comptes rendus.) – Puret´e : si Z ⊂ X est un couple lisse de pure codimension c, on a un triangle exact M(X−Z)→M(X)→M(Z)(c)[2c]→M(X −Z)[1] ou` M(Z)(c):=M(Z)⊗Z(1)⊗c. Sous la r´esolution des singularit´es, il y a aussi un foncteur Mc: Sch/k → DMeff(k), ou` Sch/k est la cat´egorie des sch´emas de type fini sur k, covariant gm pour les morphismes propres, contravariant pour les morphismes ´etales, et v´erifiant : – Localisation :siZ −→i X est une immersionferm´ee, d’immersionouverte compl´ementaire X −Z −→j X, on a un triangle exact Mc(Z)−i→∗ Mc(X) −j→∗ Mc(X −Z)→Mc(Z)[1]. – Il existe un morphisme M(X) →Mc(X) qui est un isomorphisme si X est propre. – Dualit´edePoincar´e :siX estlissededimensiond,onaunisomorphisme M(X)∗ (cid:2)Mc(X)(−d)[−2d] ou` M(X)∗ est le dual de M(X) dans la cat´egorie rigide DM (k), ob- gm tenue a` partir de DMeff(k) en inversant l’objet de Tate Z(1). gm D´efinition 6.1. a) Une vari´et´e r´eduite X ∈Sch/k de dimension n est cellu- laire (d´efinition r´ecursive) si elle contient un ouvert U isomorphe `a An et tel k que X −U soit cellulaire. b) X ∈ Sch/k est g´eom´etriquement cellulaire si X¯ := X ⊗ k¯ est cellulaire, K ou` k¯ est une clˆoture alg´ebrique de k. Exemple 6.2. L’exempleprincipaldevari´et´esg´eom´etriquementcellulairespro- jectives et lisses est celui des vari´et´es projectives homog`enes X, c’est-`a-dire